Paris, le 11 juin. «Je ne comprends pas qu’on oblige les gens aujourd’hui en France à faire, dans l’illégalité, des tests ADN pour découvrir qui sont leurs parents», s’agace Sylvain, ancien biologiste.
sur la démarche du volontariat, l’article 3 de la loi actuellement en débat au Parlement. Il est même tellement d’accord que, ces derniers mois, il a tenté de joindre plusieurs fois le Cecos de Tenon, où il avait fait son don, pour se rappeler à leur bon souvenir, « mais ils ne répondent pas ».Sylvain n’est pas militant, ne s’adonne à aucun discours politique.
Il se déclare juste en faveur de la promulgation de la loi. « Je ne comprends pas qu’on oblige les gens aujourd’hui en France à faire, dans l’illégalité, des tests ADN pour découvrir qui sont leurs parents », s’agace l’ancien biologiste, qui explique « n’avoir aucun problème avec la science ». « Ça ne me fait pas peur », précise-t-il.
On ose la question qui nous brûle les lèvres. Comment s’imagine-t-il, face à un éventuel ado, venu rencontrer son père biologique ? « J’expliquerais que je n’ai pas fait ce geste-là uniquement pour donner la vie. J’ai fait ça pour des gens qui étaient dans une grande souffrance, car ils n’arrivaient pas à avoir d’enfants », répond Sylvain.
« Mais de toute façon, je n’ai que deux filles et je n’aurai toujours que deux filles. C’est le lien qui est important dans la filiation, pas la génétique », ajoute-t-il, avant de préciser le fond de sa pensée : « Reste que c’est extrêmement important de savoir d’où l’on vient, pour se construire psychiquement en tant qu’individu ». Lui-même, « pour rigoler » (encore !) a fait un test ADN pour connaître son origine ethnique il y a peu.
Sylvain viendrait d’Europe et d’Irlande du Nord, en majorité, avec un peu de sang espagnol. Aucune surprise, il le savait déjà. « Et bizarrement, je m’en fous complètement.
»Ce que peut changer la loiÀ l’heure actuelle, en France, le don de gamètes (sperme ou ovocytes) est anonyme, au même titre que le don de tout élément ou produit du corps humain. L’article 3 de la loi de bioéthique, qui doit repasser au Sénat pour une troisième lecture prévoit de lever l’accès aux données non identifiantes et à l’identité du tiers donneur. En clair, le texte de loi prévoit la création d’une commission d’accès aux données non identifiantes et à l’identité du tiers donneur rattachée au ministère de la Santé.
La personne qui, à sa majorité, souhaite accéder à ces informations s’adressera à cette commission qui sera aussi chargée de recueillir et enregistrer l’accord des tiers donneurs qui étaient anonymes au moment de leur don. Elle transmettra leurs données, s’ils le souhaitent, à l’agence de biomédecine. Les donneurs pourront bien entendu manifester leur désaccord.