Les écoles privées ont le vent en poupe : « Je me suis assez vite rendu compte que l’enseignement public était totalement pourri »


Ceci dit, deux données existent afin d’extrapoler cette réalité.

Équivalence

D’une part, la Fédération Wallonie-Bruxelles recense actuellement sur son territoire 20 établissements privés qui, à défaut de recevoir un subside donc, bénéficient d’une reconnaissance par le gouvernement de la Communauté française.Cela signifie que « la fréquentation de ces écoles est, soit susceptible de mener à l’obtention d’un titre bénéficiant d’une décision d’équivalence (ex. : École européenne), soit susceptible de mener à l’obtention d’un diplôme ou d’un certificat relevant d’un régime étranger et dont l’enseignement est reconnu par la FWB (ex. : British Junior Academy of Brussels ) », nous détaille-t-on au sein de l’Administration générale de l’enseignement (AGE).

Préparation aux jurys

D’autre part, les jeunes mineurs âgés de 5 à 18 ans étant soumis à l’obligation scolaire en Belgique, une trace de la scolarisation de chaque jeune compris dans cette fourchette est conservée au sein de cette même AGE. Laquelle souligneque « les établissements privés non reconnus relèvent, quant à eux, de l’enseignement à domicile. Ces établissements proposent leurs services payants pour aider les élèves à se préparer aux jurys. Comme ces structures ne dépendent pas de nous, nous ne disposons d’aucune donnée les concernant. » Mais ajoute : « Sur base des informations dont nous disposons, nous en avons répertorié 79 pour l’année scolaire 2023-2024, de tous niveaux et de tous types. »Si l’on compile ces deux données, cela signifie donc qu’une centaine d’établissements privés proposent une offre d’enseignement à destination des élèves devant répondre à l’obligation scolaire.

À domicile

Combien d’élèves sont concernés? Là encore, difficile de donner un nombre. Car « l’information nous est dans la plupart des cas spécifiée par les parents », souligne l’AGE. Et que les effets de décrochage scolaire liés à la crise du Covid-19 sont passés par là…En 2023-2024, ce sont ainsi 3188 enfants (+64 % en 4 ans) qui étaient bénéficiaires de cet enseignement alternatif et recensés par l’AGE comme étant scolarisés « à domicile » (1948; +87 % depuis la crise du Covid), « dans une école privée » (1013; +21 %) ou « en voyage » (224; +255 %). « Ces chiffres se basent sur les déclarations recevables et non sur l’ensemble des déclarations reçues », précise toutefois l’administration.

Du changement

Mais du changement au cours de la législature qui s’amorce est à prévoir.Dans sa déclaration de politique communautaire, le gouvernement MR-Engagés envisage de réduire de 50 % d’ici 2028 le nombre de bénéficiaires de l’enseignement à domicile. Il prévoit en outre « la révision du décret fixant les conditions pour pouvoir satisfaire à l’obligation scolaire en dehors de l’enseignement organisé ou subventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles ».

L’exemple de la Schola Nova: « On a fait des miracles sociaux »

Créée en 1995 sur le territoire de la commune d’Incourt, l’école internationale d’humanités classiques Schola Nova est l’une des 79 écoles privées recensées par la FWB mais ne bénéficiant pas d’une reconnaissance.Son fondateur, Stéphane Feye, explique ses motivations : « J’ai été professeur pendant des années dans le public. Je n’ai donc jamais eu une passion pour le privé. Mais je me suis assez vite rendu compte que cet enseignement public était totalement pourri et qu’il ne se relèverait jamais! C’est foutu. Mais je n’en veux à personne. Seulement, quand une maison brûle, il faut en rebâtir une nouvelle ».Si cela n’a pas été simple au début, l’école a désormais atteint son rythme de croisière avec une centaine d’élèves inscrits : « On m’a traité de tous les noms d’oiseaux. On a tout dit sur nous pour tenter de nous discréditer. Mais on a fait des miracles sociaux. Et nos élèves réussissent chaque année brillamment les épreuves de jurys ».