Par
Coralie Ganivet
Publié le
16 oct. 2024 à 14h02
Voir mon actu
Suivre L’Hebdo de Sèvre et Maine
Marie est émue aux larmes devant les portraits d’elle que les jeunes viennent d’afficher dans le hall de l’Ehpad. « Je suis touchée par ce qu’ils ont écrit. Par la façon dont ils ont fait ressortir ma vie », ressent-elle.Pendant 5 semaines, chaque jeudi, les 27 élèves de la classe de CM1-CM2 de l’école publique Gustave Roch d’Aigrefeuille-sur-Maine (Loire-Atlantique) sont venus à la rencontre des résidents de l’Ehpad Mon Repos.Ils ont appris à les connaître par le biais d’échanges et de jeux. Avec l’objectif final de dresser, en texte et en photos, le portrait de 13 seniors.Jeudi dernier 10 octobre, tous étaient réunis une dernière fois pour l’ultime étape de ce travail intergénérationnel, la mise en place de l’exposition, qui est visible jusqu’au 4 novembre.
S’ouvrir à la différence
Tout est parti de Laëtitia Leroy-Ruiz, la professeure, qui avait déjà fait un projet similaire avec l’Ehpad de Gorges il y a deux ans. « Je trouve que c’est très intéressant pour les élèves parce que ça répond à un objectif pédagogique sur l’écrit d’abord, mais aussi parce que ça les ouvre à la différence », explique-t-elle.Vidéos : en ce moment sur ActuEt sur ce dernier point, la glace a été vite brisée. Des deux côtés d’ailleurs. « Les jeunes peuvent avoir des appréhensions à venir en maison de retraite où l’ambiance est différente de ce qu’ils connaissent. Et les résidents peuvent avoir des a priori sur la jeunesse d’aujourd’hui. Mais les barrières se sont très vite levées », se réjouit Prescillia Guibert, l’animatrice de l’Ehpad.
Des élèves qui grandissent…
Au même moment, une autre des résidentes « portraitisée » arrive dans la salle où tout le monde est réuni. Les deux jeunes filles qui formaient avec elle un trinôme pendant ces dernières semaines venaient d’aller la chercher dans sa chambre. « Elles sont venues frapper avec force, ça m’a amusée », sourit-elle.Car oui, à mesure que les liens se tissaient, les écoliers prenaient de l’assurance et leurs marques dans l’établissement. « C’était aussi intéressant de voir comment ils s’exprimaient différemment avec les résidents, de voir qu’ils adaptaient leur langage », souligne la maîtresse, comme ses élèves l’appellent tous.
Des résidents « citoyens jusqu’au bout »
Des résidents qui ont aussi de leurs côtés évolué pendant ces quelques riches semaines d’échanges. « Ça leur a permis de retrouver de l’estime, observe l’animatrice. J’ai été frappée de voir qu’ils ne se trouvaient aucune qualité d’eux-mêmes quand les enfants leur ont posé la question. C’est venu en creusant leur vie, leur métier d’avant ».
Grâce à ce projet, ils ont été revalorisés, eux qui se sentent ici souvent à l’écart de la société. C’est hyper intéressant de pouvoir se sentir citoyen jusqu’au bout.
Prescillia Guibert, l’animatrice de l’Ehpad Mon Repos, à propos des résidents
Un projet gagnant-gagnant
Cette valorisation à travers le regard de l’autre, les deux Hugo et Morgan, qui ont travaillé avec Marie, l’émotive mamie, l’ont d’ailleurs bien ressentie. « C’est de la joie de voir qu’elle aime ce que l’on a fait, parce qu’on y a passé beaucoup de temps et qu’on s’est appliqué le plus possible. Pour nous aussi c’est beaucoup d’émotion », témoignent-ils avec une grande maturité, après s’être délecté des bonbons que Marie avait pensé à leur rapporter. « Ils sont tellement gentils », conclut l’aînée, conquise.Exposition « portraits de résidents » à l’Ehpad Mon Repos, 23 rue de Vieillevigne à Aigrefeuille-sur-Maine. À voir jusqu’au 4 novembre. Entrée libre.Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.