Ni la 13e rente AVS, ni la retraite à 66 ans n’ont le soutien du Conseil fédéral. Si la première initiative pourrait soulager de nombreux seniors en difficulté, pour Elisabeth Baume-Schneider, il ne s’agit pas d’une solution à long terme. Mais « ça ne veut pas dire que le Conseil fédéral est indifférent à la question de la précarité », note-t-elle dans La Matinale.
Le 3 mars prochain, le peuple suisse se prononcera sur une 13e rente AVS et une augmentation de l’âge de la retraite à 66 ans pour tout le monde. Deux initiatives que le Conseil fédéral recommande de rejeter.>> Lire aussi: Le Conseil fédéral rejette les deux initiatives qui concernent l’AVS en votation le 3 marsPour la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, toutes deux vont bien trop loin et ne sont pas adaptées pour résoudre les problèmes à long terme, comme elle l’argumente ce jeudi au micro de La Matinale.
Une 13e rente coûterait trop cher
Concernant l’idée d’une rente AVS supplémentaire tout d’abord, elle coûterait bien trop cher à mettre en place. Si la population l’acceptait, les caisses de l’assurance sociale se réduiraient comme neige au soleil, déplore la Jurassienne. »Actuellement, l’AVS est dans les chiffres noirs, grâce notamment à deux objets acceptés dans les urnes: le projet de Réforme fiscale et de financement de l’AVS (RFFA), ainsi que la réforme sur la stabilisation de l’AVS (AVS 21). »
Mais cette situation n’est pas éternelle, poursuit-elle. « Dès 2030, on devrait à nouveau être dans les chiffres rouges. Et si le peuple acceptait une 13e rente, on serait en difficulté dès 2026 déjà. »
Contenu externe Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Services Tiers. Accepter Plus d’info En cas de oui, le Conseil fédéral devrait vite rechercher d’autres moyens pour financer l’AVS, par exemple en augmentant la TVA.
« Mais là, on sait que ça touche aussi très directement le pouvoir d’achat. Ce n’est donc pas la mesure la plus sociale qui existe », insiste-t-elle.Quelle solution propose-t-elle donc aux seniors qui ont de la peine à boucler leurs fins de mois? « Il faut que les seniors n’hésitent pas à demander des prestations complémentaires.
Pour ce faire, il faut qu’ils soient au courant de leurs droits et qu’ils n’hésitent pas à les faire valoir », répond-elle, soulignant que c’est là que réside toute sa mission.Et pendant ce temps, la précarité des seniors continue de préoccuper à Berne. « On ne peut pas dire que le Conseil fédéral est indifférent à cette question », assure-t-elle.
Et les Chambres fédérales s’activent aussi pour trouver des solutions. Deux motions sont d’ailleurs en discussion sous la Coupole. »On ne reste pas les bras ballants à se dire que la question ne nous intéresse pas.
Au contraire, elle nous préoccupe, car si on met l’AVS en difficulté, ce sont les personnes les plus précaires aujourd’hui – notamment celles qui ne peuvent pas compter sur un 2e ou un 3e pilier – qui souffriront à terme. »
Hausse de l’âge de la retraite: fausse bonne idée
En ce qui concerne la seconde initiative, qui veut instaurer un mécanisme de départ à la retraite lié à l’espérance de vie, il s’agit d’une fausse bonne idée, selon l’élue socialiste. Car il faudrait tout d’abord augmenter l’âge de la retraite à 66 ans pour tout le monde, et « la population n’est pas prête à le faire ».
Notamment en raison de la pénibilité de certains métiers.Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, une telle mesure ne réglerait pas la question du financement de l’AVS. « C’est clair que ça rapporterait gros la première année, de l’ordre de deux milliards.
Mais ensuite, on oublie d’aborder la question démographique. On sait que les « baby boomers » vont se retrouver à la retraite tout bientôt et que, en corrélation, il y a moins de personnes qui cotisent. »Pour ceux qui espèrent un changement de système pour mieux s’adapter à l’évolution de la société, Elisabeth Baume-Schneider leur dit d’attendre que l’AVS 21, votée en 2022, entre totalement en vigueur.
Propos recueillis par Valérie HauertAdaptation web: Fabien Grenon