Elisabeth Borne lance 22 chantiers et assume une écologie « complexe »


Une transition « plus juste », mais « complexe »… C’est par ces mots qu’Elisabeth Borne a présenté ce vendredi 22 chantiers relevant de la planification écologique dont elle est chargée et qui vise à faire de la France une « nation verte ». « Evitons de nous fracturer. Entendons à la fois ceux qui craignent que l’on aille trop vite et ceux qui ont peur que l’on n’en fasse pas assez. Nous devons joindre nos forces  : monter au front ensemble » et « allier radicalité et progrès », a affirmé la Première ministre.Accompagnée par plusieurs ministres, dont Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Christophe Béchu (Transition écologique et cohésion des territoires), Élisabeth Borne s’exprimait à La Recyclerie, espace dédié à l’éco-responsabilité dans le 18e arrondissement de Paris, en amont d’un Conseil national de la refondation sur le climat et la biodiversité.

« Pas de solution miracle »

a dit « assumer » une écologie « de la responsabilité, où l’on refuse le simplisme et l’on dit aux Français (…) que les solutions sont complexes », en identifiant « des leviers » à partir de « séries d’indicateurs », ce qui « peut paraître complexe ou abstrait ».

« La transition écologique ne connaît malheureusement pas de solution miracle et pourtant, beaucoup ne cessent de la réclamer et de choisir des totems plutôt que des changements structurels. Ma conviction, c’est que nous devons agir, en même temps, et sur tous les fronts », a-t-elle insisté, réfutant les « courses au symbole » quand certains, y compris au sein de son gouvernement, prônaient de réguler l’utilisation des jets privés.

Pas à ceux en précarité énergétique de « faire des efforts supplémentaires »

Elle a présenté 22 chantiers, de la rénovation des logements jusqu’à la décarbonation des industries, qui s’articulent autour de six thématiques de la vie quotidienne  : se déplacer, se loger, se nourrir, produire, consommer et préserver nos écosystèmes (les sols, les forêts, l’eau, les océans). Ils se déclineront en « plans d’action » sous la bannière « France nation verte ».Elisabeth Borne a défendu une France « plus verte » qui soit aussi « plus juste », « condition pour que la transition écologique soit acceptée, efficace et fédératrice ». Le président Emmanuel Macron avait dû abandonner un projet de taxe carbone après la levée de boucliers du mouvement des « gilets jaunes » en 2018. « Ça n’est évidemment pas à nos compatriotes en situation de précarité énergétique de faire des efforts supplémentaires », a-t-elle dit. « A l’inverse, ceux qui émettent le plus et qui ont le plus de moyens doivent aussi être ceux qui accompagnent le plus notre transition écologique », en « montrant l’exemple » et en investissant « pour financer l’innovation ».

Elisabeth Borne a promis d’accompagner « les plus modestes et ceux qui seront percutés par les transitions » dans leurs emplois, et assuré que la transition « serait synonyme de mieux vivre » – même si « le défi est immense », puisque « nous devons faire en huit ans plus que ce que nous avons fait en trente-deux ans » en matière de baisse d’émissions.

Eviter de « stigmatiser »

arguant de récentes décisions de l’État « contre la nature et la biodiversité » mais n’exclut pas d’y revenirInterrogée par Libération sur la question de savoir si elle assumait de dire aux Français qu’il fallait manger moins de viande ou moins prendre l’avion, Elisabeth Borne a répondu ne pas vouloir « stigmatiser les gens sur leur façon de vivre », préférant « donner envie d’autre chose »