Embouteillages dans la vallée du Paillon: découvrez les résultats de notre sondage


Vous avez été 439 à répondre à notre grand sondage sur la circulation dans la vallée du Paillon, lancé le 9 septembre. C’est dire si le sujet mobilise. Les femmes se sont montrées particulièrement réactives et concernées puisqu’elles sont 62,6% à avoir participé à cette enquête, contre 37,4% d’hommes. 
Dès 18 ans et jusqu’à 71 ans, vous avez joué le jeu de notre questionnaire même si, ce sont les actifs, entre 25 et 55 ans, qui ont cliqué en masse. Rien d’étonnant quand on sait que les routes de la vallée du Paillon s’engorgent principalement aux heures d’entrée et de sortie de bureau ou de classe. Le mercredi est un soupçon plus apaisé. Quant au week-end, il semble plutôt calme. 
Nombreux sont ceux qui pointent du doigt les mardis et jeudis. Le début et la fin de semaine étant assurément des temps privilégiés pour poser des jours de repos et étoffer le week-end…
Plus des ⅔ prennent la route pour aller travailler, quand 2,3% roulent uniquement pour accompagner les enfants à l’école. Enfin 28,5% font les deux: ils déposent leurs têtes blondes et filent au bureau.

Plus d’une heure pour arriver au travail

Il faut au moins une heure pour faire les 18 kilomètres qui séparent Contes de l’entrée de l’autoroute A8. Photo Sébastien Botella.

Qu’en est-il du temps de trajet, justement? Pour 56% de nos votants, il faut au moins une heure pour arriver au bureau. Et ce, qu’ils parcourent les 18 kilomètres qui séparent Contes de Nice ou qu’ils partent de Peillon, de Lucéram, de La Trinité ou Drap. Seuls 17% des habitants du Paillon mettent moins d’une heure. Et là, on sait que les deux-roues sont les plus à même d’afficher des temps de trajet réduits. 
Enfin, près de 25% mettent régulièrement – voire quotidiennement – entre une heure trente et deux heures pour aller de leur point A à leur point B. Sont notamment concernés les travailleurs monégasques ou sophipolitains. 
Sachant qu’atteindre l’autoroute A8 reste un peu le Graal des actifs du secteur… Pas que la suite du chemin soit un long fleuve tranquille – les points noirs ne manquent pas dans le département – mais nous avons aussi sondé nos lecteurs à propos de ce trajet maison-autoroute et les résultats sont éloquents: le plus difficile consiste souvent à sortir de la vallée, puis à passer le « noeud » des feux tricolores de la Trinité puis de l’Ariane, – et même pont Garigliano – pour enfin commencer à rouler.

« Quand il pleut trois gouttes c’est l’enfer… » Voilà un commentaire que tous les citadins azuréens pourraient faire aussi. La pluie freine le trafic. Les motards laissent leurs engins au garage, la route est détrempée, la visibilité parfois limitée et les automobilistes inquiets. Il y a davantage d’accidents. Mais du côté du Paillon, particulièrement sensible à l’eau en abondance, s’ajoutent les fermetures de tunnel et de voies…
Certains de nos témoins ont vu leur temps de trajet doubler – voire plus – en ces périodes-là. « Il m’est arrivé de me garer sur le bas-côté, après plusieurs jours de blocages liés aux précipitations, pour faire une pause. La situation m’avait tellement usée nerveusement que je ne pouvais plus conduire… »
« Tous les matins, mon mari et moi devons nous lever de plus en plus tôt pour essayer d’être à l’heure au travail. Et même en partant à 6h45, mon mari n’arrive pas toujours à embaucher à 8 heures à Monaco. En cas de pluie ou d’accident, je ne vous raconte même pas. »
L’impact de la météo, ils sont 89,5% à le relever. 

La voiture largement en tête des modes de déplacement

Quel est le mode de déplacement privilégié? Sans surprise: la voiture est reine. Près de 95% des habitants de la vallée préfèrent leur véhicule personnel à toutes autres options. Les deux-roues représentent néanmoins 3,1% des usagers. Viennent ensuite le vélo (0,9%) et le bus (0,7%).
Le train? C’est totalement anecdotique puisque seulement 0,2% des internautes disent en faire usage. Desserte en bus ou train insuffisante, horaires de travail, activité des enfants, Covid – « Avec ce virus en ce moment, hors de question d’utiliser les transports en commun », écrit un de nos témoins -, distances, les raisons de ne pas privilégier un autre moyen de transport que la voiture sont nombreuses et assurément légitimes. 

On se sent étouffés, pris en otage dans notre vallée

Puis même si le circuit le plus répandu est celui qui part de la vallée du Paillon pour aller à Nice – 72% des usagers travaillent en capitale Azuréenne -, nombreux sont ceux qui oeuvrent à Monaco (5,9%), à Sophia Antipolis (2,1%) ou à La Trinité, Saint-Laurent-du-Var, Carros, etc. (20%). Il y a une disparité de destination qui contraint fortement les usagers à utiliser leur véhicule privé.
 

Covoiturage, bus, vélo, qu’ont-ils expérimenté?

Ce qu’ils nous glissent aussi, c’est qu’ils sont quelques-uns (20% des sondés) à avoir essayé de gérer les choses autrement. En délaissant la voiture pour les transports en commun, par exemple. Mais l’expérimentation n’a que rarement été réitérée.
« Ca ne change pas la donne, le bus étant bloqué dans le trafic », nous explique un internaute. “J’aimerais faire le trajet en train mais les horaires ne correspondent pas du tout à mon emploi du temps.” Beaucoup nous expliquent aussi que ces autres modes de fonctionnement sont peu compatibles avec leur vie de famille. 

On n’arrive pas à donner un horaire fixe et à absolument s’y tenir.

« Prendre un bus, pour aller ensuite prendre un train allongerait encore mon temps de trajet et je ne suis pas d’accord. » Trop éprouvant, donc, pour beaucoup de nos votants qui, même en se sentant régulièrement « pris en otage » et « étouffés » dans leur vallée, n’envisagent pas d’autres option que la voiture.
Et la voiture partagée justement? Ils sont 13% à déclarer avoir essayé le covoiturage.

Le covoiturage, une option qui ne rencontre pas grand succès dans le Paillon. Photo Philippe Bertini.

Résultat? « On a trop de contraintes différentes le soir. Les courses, les rendez-vous médicaux, etc. On a besoin d’être autonomes. » Un autre témoin raconte: « Quand on dit à la personne qu’on sera là à 7h15 et qu’on se retrouve coincé un peu plus haut… on arrive en retard. On n’est jamais fiable. Un raté, deux raté puis trois… et la collaboration s’arrête. On n’arrive pas à donner un horaire fixe et à absolument s’y tenir. »
Nombreux sont ceux, également, qui n’ont aucun voisin sur les mêmes créneaux, ni aucun collègue sur le parcours.
Il y a des courageux qui ont osé le vélo: au moins 4%. Mais nos lecteurs sont unanimes: « C’est loin » et « c’est trop risqué ». Quand les voitures sont pare-chocs contre pare-chocs, on est loin d’une ambiance promenade du dimanche… Mieux vaut être féru et expérimenté.
D’autant que les pistes cyclables, ce n’est pas ça. On a écrit – dans Nice-Matin et ailleurs – que le projet est d’aménager une piste sécurisée dans la vallée du Paillon pour connecter La Trinité à l’Est de Nice pour 2022-2023. Mais d’ici là…

Le train, les lecteurs l’évoquent à peine. Et pourtant, il pourrait être un précieux relai pour gagner le centre ville de Nice en toute fluidité. « Il me faut 45 minutes pour rejoindre une gare et une fois arrivé je dois encore prendre le tram pour me rendre sur mon lieu de travail… même avec des embouteillages, en voiture, je suis gagnant. » Beaucoup disent qu’ils ne trouvent pas de créneau compatible avec leurs horaires… ni le matin, ni le soir.

Et maintenant?

Les usagers de ces routes très fréquentées espèrent ne pas assister à une nouvelle flambée démographique de leur secteur, ce qui les « étoufferait » encore davantage. « Il y a beaucoup de constructions à Drap, par exemple. Je ne comprends pas que l’on puisse autoriser ça quand on sait combien il est compliqué de circuler. »

On part avec la boule au ventre en se disant qu’on sera encore sûrement en retard. Il ne faut pas nous laisser dans cet état-là.

Plus qu’en colère, les habitants du Paillon se disent  « usés » et lancent des bouteilles à la mer. Des appels à l’aide. « On attend la mise en place d’actions de long terme et non des pansements de courte vie! » réclame un automobiliste. Quand une maman excédée explique qu’elle doit « lever son enfant de 3 ans à 5h30, avec elle, pour partir au plus vite de Peillon et le déposer à l’école à Nice dans les temps avant de rejoindre son lieu de travail » – elle a seulement 19,5 kilomètres à parcourir.
Notre sondage demandait aussi aux lecteurs leur propositions et leurs attentes vis-à-vis des pouvoirs publics. Comment résorber les points noirs? Quelles solutions mettre en œuvre? Nous aborderons ces questions dans nos prochains volets.