LES TALIBANS NE MONTRENT « AUCUN SIGNE » DE CHANGEMENT
Les talibans n’envoient « aucun signe » de changement depuis leur retour au pouvoir à Kaboul, a déploré le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dans une interview au Figaro à paraître vendredi. « Pour l’instant, nous n’avons aucun signe qu’ils prennent cette direction », a-t-il dit, que ce soit la « rupture totale avec toute organisation terroriste », le respect des droits des femmes ou « la levée des entraves pour ceux qui veulent quitter le pays ».
Le Quai d’Orsay continue donc à « recueillir tous les signalements des personnes à risque » susceptibles de fuir l’Afghanistan, a-t-il ajouté, en concédant qu’il restait « encore du monde » à sortir malgré la fin du pont aérien consécutif au retrait américain le 31 août. « Notre priorité est de trouver de nouvelles portes de sortie au plus vite », a relevé Jean-Yves Le Drian. « L’idéal serait la réouverture de l’aéroport de Kaboul, avec des mesures de sécurisation », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Le Qatar a indiqué jeudi travailler avec les talibans pour rouvrir « dès que possible » l’aéroport, un enjeu stratégique et humanitaire majeur fermé depuis le départ des Américains. « La leçon de l’Afghanistan, c’est qu’on ne peut pas imposer de l’extérieur à un pays par la force armée un mode de gouvernance quand il n’a pas un large appui du peuple et de sa classe politique », a poursuivi le chef de a diplomatie française, interrogé sur le bilan de 20 ans de présence américaine en Afghanistan. Il a réfuté toutefois toute comparaison avec la situation de l’armée française au Sahel. « Nous y sommes à la demande des autorités locales. Enfin, nous ne sommes pas partis du Sahel », a-t-il pointé.
Jean-Yves Le Drian a jugé par ailleurs que l’image désastreuse laissée par le départ des États-Unis d’Afghanistan ne remettrait pas forcément en cause la puissance américaine. « Contrairement à ce qu’écrivent de nombreux éditorialistes, je ne crois pas que l’Afghanistan soit synonyme de déclin américain », a-t-il lancé. « En 1975 (lors de la chute de Saïgon), on avait annoncé la fin de l’empire américain. Il s’est produit exactement le contraire dans les années 1980, une période de forte croissance des États-Unis. »