Quand je lui ai demandé pourquoi elle me l’avait conseillé, elle a répondu : « Parce que ça parle de générosité et de gentillesse et je pensais que ça te plairait. » Trop chou !
Le roi lire
Surtout que l’inverse l’est moins, car on a souvent tendance à verser du côté du parent autoritaire dans la recommandation (« lis ça ! »). On demande alors à notre progéniture de bouquiner pour acquérir des connaissances, confondant un roman avec une encyclopédie destinée à accumuler un savoir pour l’école, ou avec le Bescherelle pour pallier un problème de conjugaison. Heureuse-ment qu’il y a les copains pour leur faire ouvrir un bouquin. Et quoi de mieux, pour les encourager dans cette démarche, que de partager leurs coups de cœur, s’ils veulent bien nous en faire part ? Pour Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, « si les parents d’aujourd’hui viennent de façon plus naturelle que les générations passées à la littérature jeunesse quand leur enfant leur suggère un titre, c’est parce qu’ils ont lu eux-mêmes ce genre de livres quand ils étaient petits. Ils sont aussi davantage dans un dialogue transversal en famille, globalement. C’est très intéressant, car reconnaître les recommandations de ses enfants est une bonne façon de les inscrire durablement dans la lecture. D’ailleurs, s’ils les écoutent, les parents liront des choses formidables. En effet, la littérature jeunesse n’est pas qu’enfantine. On y prend un vrai plaisir lié aussi au développement d’une illustration de grande qualité. » Comme le dit l’auteur Timothée de Fombelle, lorsqu’on écrit pour la jeunesse, il faut être d’une grande clarté. Cela peut être un bon socle de discussion avec son fils ou sa fille.
Les coups de coeur de Sylvie Vassallo parmi les parutions de 2022
Un livre illustré Règlobus, de Pierre Alexis (La Partie), dès 4 ans.
de Blexbolex (La Partie), dès 6 ans, et Merci pour la tendresse, de Myren Duval et Emma Constant (Rouergue), à partir de 10 ans.
Une bande dessinée Magda, cuisinière intergalactique,tome I : le grand tournoi, de Nicolas Wouters et Mathilde Van Gheluwe (Sarbacane), une fable écologique sur fond d’engouement pour la cuisine, dès 10 ans.
À consulter aussi : kibookin.fr, le site de conseils de littérature jeunesse.
Comme une cure de jouvence.
/h2> Comme s’il avait eu sa maman pour lui tout seul et l’impression d’être le grand de la fratrie. Ça lui a fait du bien. »
« C’est le plaisir du partage, comme des bonbons que l’on s’échangerait »
Le petit se livre justement
Un message quasi subliminal peut être envoyé par ce biais, et donc reçu. « C’est sûr que, à chaque fois qu’un enfant vous prescrit un livre, ce n’est jamais pour rien, et il ne faut pas faire comme si c’était anodin, puisque ça ne l’est pas », affirme Catherine Dolto, haptothérapeute et coauteure de la collection « Mine de rien » (dans laquelle est paru, entre autres, Harcelés, harceleurs), chez Giboulées Gallimard Jeunesse. « Les livres sont à la fois des bouteilles à la mer et des bouées de sauvetage qu’on lance au peuple des parents », poursuit-elle. Les auteurs prêtent ainsi leurs mots et leurs images, et, de façon plus ou moins consciente, les jeunes les envoient à leur tour aux adultes quand un sujet les préoccupe. Ils se débrouillent, habilement d’ailleurs, pour le mettre sur le tapis. « Un livre tendu à un parent est un peu comme une question indirecte », renchérit la thérapeute. Pour les thèmes très tabous (la séparation, le harcèlement, la mort, la sexualité, la grossesse…), les enfants posent des questions détournées du type : « Sais-tu que les parents de Max divorcent ? » Les romans peuvent aussi fonctionner de la sorte, sans brusquer personne, surtout quand l’enfant est très pudique. Il n’ose pas transgresser cet accord tacite du « on n’en parle pas ». Heureusement qu’il peut aller à la librairie ou à la bibliothèque, car les livres lui donnent une parole qu’il ne s’autorise pas. Au parent, bien entendu, de lui lancer ensuite des perches pour lui montrer qu’il a compris. Comme le précise Catherine Dolto, « les adultes doivent se laisser guider par leurs antennes affectives pour savoir s’il faut en parler après la lecture. Mais, c’est toujours une bonne idée de signaler à l’enfant que sa démarche est formidable et qu’il avait peut-être envie de parler de ce sujet sans oser. En la matière, il n’y a pas de réponse univoque ni de règles. » Alors, prêts à vous transformer en chasseur de trésor enfoui – celui que votre lecteur en herbe a bien hâte que vous découvriez ?