ONG, think tank, syndicats et représentants des entreprises, à l’approche des présidentielles. Alors que la transition écologique peine à émerger, le sujet se cantonnant au débat énergétique autour du nucléaire et des éoliennes, les Français assurent que ce sera l’un de leurs critères de vote en avril prochain.
Après l’Affaire du Siècle, l’Enquête du Siècle
À l’issue d’un questionnaire envoyé à chacun des candidats, elles définiront ceux qui sont les plus à même de redresser la trajectoire actuelle afin de se conformer aux décisions de justice prises dans le cadre de l’Affaire du Siècle. Pour rappel, la France a été condamnée en octobre dernier à réparer le préjudice écologique causé par le non-respect de ses engagements climatiques et a jusqu’à la fin d’année pour agir. Le prochain locataire de l’Élysée est donc directement concerné.
Les candidats en lice doivent répondre à 19 questions sur les énergies renouvelables, la sortie des énergies de chauffage au gaz fossile et au fioul dans les logements, les rénovations énergétiques, les transports en commun, l’aérien, la part modale du vélo, le nombre de bovins à viande ou encore la part de surfaces dédiées aux légumineuses. Une question concerne spécifiquement la réparation du préjudice écologique lié au dépassement du plafond des émissions de gaz à effet de serre.
Pour aller plus loin : L’Enquête du Siècle
Le Shift Project publie son Plan final de transformation de l’économie française
Fruit de deux ans de travaux, le PTEF de son petit nom vient d’être publié aux éditions Odile Jacob. Il s’agit d’un vaste programme vers la neutralité carbone qui fixe pour 15 secteurs de l’économie les objectifs à atteindre et ce que cela représente en termes d’emplois. Par exemple, si l’on vise 20 % de déplacements à vélo, le Shift Project a calculé les emplois liés pour fabriquer, vendre, réparer et entretenir ces vélos. Ce sont des mesures dont le prochain gouvernement pourra se saisir clés en main, précise le think tank.
le président du Shift Project. Sans surprise la priorité est de sortir des énergies fossiles. « La première nation qui ouvrit le passage marquera l’Histoire », indiquent les auteurs.
Pour aller plus loin : Climat, crises : Le plan de transformation de l’économie française, the Shift Project, éditions Odile Jacob, janvier 2022, 262 pages. Et aussi le site dédié ilnousfautunplan.fr.
Les 90 propositions du Pacte du pouvoir de vivre
Lancé par la CFDT en 2019 pour le Grand débat national, le Pacte du pouvoir de vivre a fait peau neuve à l’occasion de la campagne présidentielle. Il compte désormais sur le soutien de 63 acteurs de la société civile et dresse 90 propositions. Parmi elles, il y a la fin des dépenses néfastes à l’environnement et l’objectif de 10% de dépenses favorables dès 2025. Le Pacte propose aussi d’abonder un fond de financement de la transition écologique par une taxe exceptionnelle sur le patrimoine financier, hors dépôts à vue et livrets réglementés, et d’établir une fiscalité carbone ambitieuse et juste en reversant l’ensemble des recettes aux ménages modestes et au financement de la transition. C’est le retour de la taxe carbone, devenue taboue depuis les Gilets Jaunes.
Côté entreprises, il souhaite imposer aux grandes entreprises de publier annuellement un plan climat comprenant leur empreinte carbone et leur trajectoire de réduction des émissions de CO2 compatible avec l’Accord de Paris. Il développe également l’idée d’ »une banque des temps » pour mieux articuler les temps de vie. il s’agit d’un compte épargne temps attaché à la personne tout au long de la vie, qui permettrait aux travailleurs de disposer d’un capital de temps pour pouvoir faire une pause dans leur vie professionnelle, développer un projet personnel, artistique, sportif, familial…
Pour aller plus loin : Le Pacte du pouvoir de vivre
Le monde des entreprises se mobilise aussi
afin de faire avancer plus vite et plus efficacement les nombreux projets techniques, financiers ou éducatifs en faveur de la transition énergétique et climatique. Il demande aussi aux candidats d’expliquer comment ils comptent, à périmètre constant, flécher les ressources issues de la fiscalité vers les besoins de transition énergétique et climatique.
Même le Medef y consacre une large part. « Il y a eu une prise de conscience massive sur le changement climatique des entreprises », reconnaît Geoffroy Roux de Bézieux, le patron des patrons, affirmant « ne pas avoir peur du terme de planification écologique (terme emprunté au programme de Jean-Luc Mélenchon) » et réclamant une vision claire sur dix ans avec des signaux sur l’évolution du prix du carbone. L’organisation patronale propose en outre d’inciter financièrement toutes les entreprises à mesurer leur impact environnemental et de développer le score carbone auprès des consommateurs.