ENTRETIEN. Électricité : coupures, risque de black-out, état du parc nucléaire… Le patron de RTE répond à nos qu...


 

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ENTRETIEN. Électricité : coupures, risque de black-out, état du parc nucléaire… Le patron de RTE répond à nos qu...

Selon nos dernières observations, la France consomme globalement moins d’énergie, de l’ordre de – 5 à – 6 % sur la semaine passée. Cette réduction est pour l’instant essentiellement liée aux grandes industries. Néanmoins, on voit doucement apparaître une baisse dans le tertiaire et chez les particuliers, mais qui est infime comparée aux industriels.

Vous avez annoncé, il y a plusieurs jours, que le signal rouge de l’application EcoWatt (qui signifie que les réseaux électriques sont en tension, ndlr) pourrait se déclencher entre cinq et dix fois en janvier. Ces projections sont-elles toujours les mêmes aujourd’hui ?

Notre mise à jour du mois de novembre n’a sensiblement pas évolué. Si la situation du parc nucléaire reste la même, alors on s’attend à entre 0 et 6 signaux EcoWatt rouges sur les 6 mois d’hiver. En revanche, si l’hiver est plus rigoureux que prévu et que les centrales ne redémarrent pas, on peut craindre un peu plus d’une dizaine de signaux rouges durant la saison hivernale.

Si vous évoquez bien des coupures, vous excluez tout risque de « black-out électrique ».

Nous avons justement mobilisé de nombreux moyens de sauvegarde pour garder le contrôle du système électrique, à commencer par les délestages.

Justement, concernant ces délestages (des coupures localisées et temporaires, ndlr), comment les éviter ?

On conseille d’abord de toujours garder un œil sur EcoWatt, qui indique au jour le jour nos prévisions de consommation. Ensuite il y a les bons gestes. En cas de signal rouge, les Français doivent faire en sorte de baisser eux-mêmes leur consommation. L’idée est d’éviter des coupures subies en ajustant sa consommation au bon moment.

On parle donc de baisser le chauffage, réduire l’éclairage.

Effectivement. On recommande aux particuliers de surveiller le chauffage, l’éclairage et la cuisson dans les cas de signaux EcoWatt rouges.

avertit Enedis

Comment se déroulent ces coupures locales ? Quelles zones ou bâtiments sont épargnés ? Lesquelles ne le sont pas ?

Si on est contraint d’aller jusqu’au délestage, on agit au niveau de « poches de consommation ». Grosso modo, RTE prescrit des baisses de puissance – à Enedis essentiellement – et ce sont les distributeurs qui s’organisent pour couper les poches à hauteur de la baisse de consommation dont nous avons besoin. Ces poches se calculent la plupart du temps à l’échelle d’un quartier. Si des établissements prioritaires se situent dans ces poches (établissements de santé, hôpitaux, Ehpad – NDLR), alors on ne les coupe pas.

Avant d’en arriver à des délestages, vous prévoyez, en cas de signal EcoWatt orange, une diminution générale de la tension de 5%. Comment cette mesure sera-t-elle ressentie ?

C’est totalement transparent pour les Français. L’efficacité des appareils baisse très peu, c’est quasiment imperceptible.

Dans quelles mesures l’arrêt de 26 centrales nucléaires (sur 56, ndlr) pèse-t-il sur le réseau électrique ?

Historiquement, le parc nucléaire couvre les trois quarts de la consommation électrique française. L’autre quart concerne les énergies renouvelables et le gaz. Lorsque le moyen de production majoritaire accuse des retards, alors cela impacte beaucoup la consommation française.

La guerre en Ukraine joue aussi son rôle.

La guerre rend surtout cette énergie plus chère – du fait des difficultés d’approvisionnement – et fait peser un nouveau risque.

Cette crise pose plus que jamais la question des énergies renouvelables. Un projet de loi visant à accélérer le déploiement de ces énergies est justement examiné à l’Assemblée cette semaine. Que prévoit RTE en ce sens ?

Il y a une nécessité d’atteindre le plus vite possible la neutralité carbone, ce qui passe d’abord par l’électrification. Le projet de loi porté par le gouvernement est une bonne nouvelle car il répond au constat de la vitesse : en France, nous sommes trop lents sur le déploiement des énergies renouvelables. Si nous avions été plus rapides il y a une quinzaine d’années, nous n’aurions pas de difficultés d’approvisionnement aujourd’hui. Par ailleurs, nous disons qu’il ne faut négliger aucune énergie : il faut autant encourager le solaire que l’éolien terrestre ou offshore.