ENTRETIEN. Festival Les Petites folies à Quiberon  : « La question d’une troisième édition se


La deuxième édition du festival les Petites folies à Quiberon (Morbihan), qui s’est déroulée les vendredi 13 et samedi 14 septembre 2024, vient de s’achever. Déjà le regard est porté sur 2025. Entretien avec Yann Autret, directeur du festival Les Petites folies en baie de Quiberon.

Directeur du festival, Yann Autret (à droite sur la photo) est venu sur scène, s’adresser au public, samedi soir. Ouest-France
Quel est votre ressenti ?Au moins, on a été extrêmement chanceux côté météo. Elle nous sauve.

Mais l’édition n’a pas été simple. La projection de billetterie est décevante. On n’a pas senti le même engouement que l’an dernier, où on avait eu 8 000 festivaliers.

Avec une jauge d’un peu plus de 50 % [soit 2 500 festivaliers vendredi, puis 2 700 samedi], ce n’est pas viable. On va être en déficit.En 2023, c’était notre première ici et on est conscient qu’il faut semer, que tout est à écrire.

Mais on avait vu un engouement, festivaliers et partenaires. Là, on s’interroge sur la pertinence du projet. On avait essayé de commencer fort avec la programmation l’an dernier.

Peut-être est-on allé trop vite, car cela nécessitait ensuite un budget cette année.Comment s’est organisée cette édition ?Il a fallu arbitrer financièrement. En amont, on a ramené le budget de 470 000 à 400 000 €.

Notre complexité : on est peu soutenus. À part par Aqta, pour une aide en urgence, exceptionnelle, et la Ville de Quiberon, qui nous accueille magnifiquement. Les festivals sont exposés à l’inflation de tous les coûts : transport, énergie, artistiques, etc.

On alerte chaque année.À Lampaul-Plouarzel [où se déroulent depuis 2011 Les Petites folies en pays d’iroise], en mai, nous étions complets, 30 000 festivaliers. Ici, on doit faire nos preuves, c’est normal.

Mais de là à être aussi bas. Keziah Jones, Yamê, FFF… On avait pourtant une belle affiche, une programmation avec une aura.Quelles perspectives ?La question d’une troisième édition se pose, clairement.

On a différentes pistes de réflexion : sur les dates et la période dans le territoire, le modèle. Pourtant, ce festival on y est déjà attachés dans les équipes. On a envie de continuer.

Les artistes nous disent qu’on a un site extraordinaire. Ce littoral est dans notre ADN. Il n’y a pas de plus bel endroit.

Et l’an dernier, on avait eu 8 000 personnes : il y a un potentiel.Des satisfactions ?Une fierté et une satisfaction. Les retours des locaux, beaucoup d’enfants vendredi.

 La satisfaction du travail accompli, malgré les difficultés : la prestation des équipes, pros et bénévoles, a été vraiment à la hauteur. Les festivals, on est des acteurs du lien social. Réunir les gens, c’est ce qui nous habite.

 On a aussi des partenaires qui nous encouragent. Cela envoie des signaux positifs.Mais on a une équation financière.

Où est la Région Bretagne ? On apporte une attractivité. Un euro dépensé sur un festival génère un euro dépensé sur le territoire. Plus nos achats directs sur place, par exemple 15 000 € de matériaux ici.

On participe à animer le lien intergénérationnel. On a choisi volontairement une date en septembre pour, après le pic touristique, conserver la lumière pour les locaux. On anime des territoires.

Peut-on installer un festival en deux éditions ?Deux ans, ce n’est pas suffisant. Dans le Finistère, les Petites folies ont treize ans et on est encore en apprentissage. Il faut du temps pour améliorer.

On est conscient qu’il faut être patient, bien quatre à cinq ans avant une maturité et fidélité. La question de l’avenir est posée. Dates, territoires, programmation : il y a certainement quelque chose qu’on ne fait pas bien.

 Les prix ? On est conscient que cela joue, mais on ne pouvait faire en dessous. Pour les dates, il ne faut pas être trop proche de ce qui existe déjà dans le Morbihan : il est important de ne pas apporter un déséquilibreVous êtes-vous fixé une date pour la décision ?Trouver un aussi beau site et une ville qui nous accompagne autant, ce n’est pas rien. On va se laisser du temps.

Je vais prendre mon bâton de pèlerin auprès de la Région, on va poser la question aux acteurs du territoire. Faire le point, le bon et le moins bon. Voir si on fédère.