Publié le 20 janv. 2022 à 8:15Des petits clics à foison qui finissent par former de gros nuages de CO2 et des montagnes de matériaux arrachés à la terre. La magie du numérique masque une face sombre, d’un point de vue environnemental, sur laquelle deux études publiées mercredi et menées conjointement par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et l’Autorité de régulation des communications (Arcep) jettent une lumière crue.Le trafic Internet représente 2,5 % de l’empreinte carbone du pays, tandis que ses véhicules (ordinateurs, portables, etc.) et ses infrastructures (data centers, réseaux…) représentent chaque année une consommation annuelle de ressources de 62,5 millions de tonnes et 20 millions de tonnes de déchets.
Faire durer les produits
Au niveau du consommateur, les chiffres sont également vertigineux. L’équipement numérique de chaque Français, estimé à 15 appareils connectés, soit près du double de la moyenne mondiale, nécessite l’extraction et la transformation de pas moins de 932 kg de matériaux. Quant aux émissions de CO2, il n’y a pas de secteur où celles-ci augmentent aussi vite, assure-t-on à l’Ademe.Les premiers responsables sont les terminaux « utilisateur », c’est-à-dire les appareils électroniques (entre 64 % et 92 % des impacts, en premier lieu les écrans de télévision). Suivent les centres de données (entre 4 % et 22 % des impacts) et les réseaux (entre 2 % et 14 %).La fabrication d’un bien numérique représente 78 % de son empreinte carbone. C’est presque quatre fois plus que son utilisation (21 %). Un bilan « qui confirme l’importance des politiques visant à allonger la durée d’usage des équipements numériques à travers la durabilité des produits, le réemploi, le reconditionnement, l’économie de la fonctionnalité ou la réparation », commentent les experts de l’Ademe, à l’appui d’une seconde étude.
Le salut par le reconditionnement
Dans l’idéal, la première vie d’un smartphone mériterait d’être d’au moins trois ans avant de lui en faire connaître une seconde que son nouvel utilisateur devrait s’efforcer de faire durer le plus longtemps possible. Car il faut faire en sorte « que le marché du reconditionnement ne devienne pas une caution à la surconsommation », plaident l’Ademe et l’Arcep.Sur le plan environnemental, le jeu en vaut la chandelle. L’acquisition d’un téléphone mobile reconditionné permet en effet une réduction d’impact environnemental annuel de 55 % à 91 % (selon les catégories d’impacts) par rapport à l’utilisation d’un smartphone neuf. Très concrètement, ce sont 82 kg de matières premières en moins qui sont extraites. Ce sont aussi 25 kg de gaz à effet de serre (GES) qui sont évités par année d’utilisation, soit 87 % de moins qu’avec un équipement neuf.Heureusement, ce marché du réemploi est en plein boom et séduit de plus en plus les opérateurs qui intègrent des appareils reconditionnés dans leur offre. En 2020, il s’en est ainsi vendu 2,8 millions d’unités. Un chiffre qui représente l’équivalent de 230.000 tonnes de matières premières économisées et de 70.000 tonnes d’équivalent CO2 non rejetées.