EPR2 à Penly : encore trop de questions en suspens pour les écologistes


Par Rédaction Dieppe
Publié le

19 Fév 24 à 17:43
 

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Les élus municipaux du groupe Dieppe écologique et solidaire s’opposent au projet d’implantation de deux unités de production EPR2 sur le site de Penly (Seine-Maritime). Ils rappellent leur position alors qu’une enquête publique sur les demandes d’autorisation nécessaires à la réalisation des travaux préparatoires est en cours jusqu’au 6 mars 2024.

Des permanences jusqu’au 6 mars

Permanences des commissions d’enquête jeudi 22 février (de 9 h à 12 h à Envermeu et de 14 h 30 à 17 h 30 à Penly), mercredi 28 février (de 9 h à 12 h au Tréport et 15 h à 18 h à Criel-sur-Mer), samedi 2 mars (de 9 h à 12 h à Saint- Martin-en-Campagne) et mercredi 6 mars (de 9 h 30 à 12 h 30 à Dieppe et 14 h 30 à 17 h 30 à Saint-Martin-en-Campagne). Vous pouvez retrouver le dossier en version dématérialisée sur le site internet : www.registre-numerique.fr/epr2 ou sur le site de la préfecture de Seine-Maritime. 

Pour rappel, Emmanuel Macron a fait de la relance du nucléaire l’une des priorités de son quinquennat après avoir annoncé, en 2018, la fermeture de plusieurs réacteurs. Un changement de cap à 180° dont la construction de l’EPR2 à Penly marque la volonté du gouvernement à aller vite « pour une meilleure souveraineté énergétique et atteindre la neutralité carbone ».« La loi d’accélération du nucléaire a été votée avant même que le débat public mené par la CNDP, la Commission nationale du débat public, ait rendu ses conclusions sur la pertinence ou non à relancer la filière EPR », lancent les élus dieppois.

Lobby nucléaire

« Nous dénonçons le régime dérogatoire dont le lobby nucléaire bénéficie depuis ses origines, les largesses financières avec lesquelles on traite ce modèle et les menaces écologiques que cette industrie peut faire subir aux générations futures qui, elles, n’auront pas d’autres choix que de vivre avec ce modèle et avec les déchets nucléaires qui vont avec », souligne le groupe dieppois.Il pense aussi que « la technologie EPR n’a pas été suffisamment éprouvée ». « Le retour d’expérience sur les réacteurs construits en Finlande ou en cours à Flamanville et au Royaume-Uni est extrêmement indigent sauf sur la question de l’extravagance des coûts de construction : 34 milliards d’euros au lieu des 16 milliards pour le projet Hinkley Point et 19,1 milliards au lieu de 3,3 milliards pour le projet de Flamanville. »

Quelle utilisation de l’eau ?

La ressource en eau est également une question importante pour le groupe Dieppe écologique et solidaire, « à l’heure où celle-ci doit faire l’objet de toute notre attention au regard des alertes exprimées par le Giec normand à l’horizon 2050/2100 (modification des fréquences de pluie, modification du débit des rivières…) Mais aucun élément factuel n’est présenté par le maître d’ouvrage pour répondre aux demandes formulées par la commission nationale du débat public ».Les élus s’interrogent : combien de mètres cubes d’eau sont nécessaires pour alimenter les deux nouveaux EPR2 ? Le chiffre de 100 000 m3 en eau déminéralisée par réacteur donné dans un rapport EDF de 2007 est-il toujours exact ? On maintient de manière tout à fait artificielle un niveau bas pour les nappes phréatiques en pied de falaises. Y a-t-il un risque inondation (par remontée de nappes) évalué sur le site ?Vidéos : en ce moment sur Actu

Quelles pollutions aériennes ?

« On nous dit que trois nouvelles cheminées seront créées pour les rejets d’effluents radioactifs par voie atmosphérique : une cheminée par unité de production ainsi qu’une cheminée sur le bâtiment de traitement des effluents communs aux deux unités EPR2 », soulignent les Dieppois écologistes. « On ne nous indique pas la nature de ces rejets radioactifs ni leur durée de vie dans l’atmosphère. »

Quel démantèlement ?

Concernant la conception des EPR2, « on ne sait déjà pas si la conception des EPR intègre, techniquement et financièrement, la question du démantèlement des deux réacteurs et ses conséquences éventuelles sur l’environnement : déchets, durée de la déconstruction. »Les élus municipaux du groupe Dieppe écologique et solidaire aimeraient avoir des réponses sur le recyclage des matériaux et la remise en état du site. « La question a été plusieurs fois soulevée dans les débats et n’a, semble-t-il, pas été reprise dans le rapport de la CNDP », notent-ils.

Quelles compensations ?

Les travaux d’aménagement du site intègrent le reprofilage de la falaise et la création d’une terrasse sur une zone calcicole. « Quel a été le niveau de compensation pris en compte ? », demandent les écologistes.« Y a-t-il des compensations écologiques prévues concernant l’aménagement de tranchées pour le passage des lignes 400 000 volts qui vont complètement détruire les sols ? »Par ailleurs, une plate-forme va être construite sur la mer avec, notamment, les gravats du déroctage de falaise. Se pose alors la question du transit des galets, rendu plus difficile, et de l’érosion du pied de falaise, soit 30 cm par an sur la zone de Penly.Lors des travaux, de nombreux camions, barges et engins de chantier vont dégager des quantités conséquentes de CO2. Une compensation carbone est-elle prévue ?Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.