Interview de la semaine : me vial-bondon "rendre justice"


Publié le 28 Juin 23 à 11 :32 

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deux ans. Mais il s’en passe des choses, dans ce laps de temps, malgré tout  ! Si vous en doutez, posez la question à Maître Dominique Vial-Bondon, la désormais future-ex bâtonnière du Barreau des avocats de Béziers qui passera, le 1er janvier prochain, les rênes de cette belle et noble institution à laquelle elle aura consacré toute son énergie vingt-quatre mois durant. Alors que son successeur sera connu cette semaine, suite au vote du 29 juin, nous avons souhaité la convier à déjeuner pour connaître son état d’esprit et l’interroger sur sa vision d’une justice aussi indispensable qu’insaisissable, il faut le dire, en raison de réformes incessantes.

Interview de la semaine : me vial-bondon

Interview

 Pour répondre à votre question sur le ton du « bilan » que vous attendez mise à jour et alimentation du site Internet de la maison des avocats pour qu’il devienne au-delà d’une ressource à qui nous tâchons de rendre justice. Raison pour laquelle, pour achever de répondre à votre question initiale, je suis très fière d’avoir mise sur pied la journée des droits de la Femme, La Journée des fiscalistes, en lien avec la Chambre de Commerce et d’industrie, et aussi très satisfaite d’avoir renforcé nos permanences (habitat, violences conjugales…) au cœur des villes, que ce soit à Béziers, à Pézenas ou encore à Agde. 

suite à un déménagement Un incendie aura Le droit est humain, il est histoire d’hommes et de femmes, le devoir de mémoire doit donc être accompli. Je n’aurais pas supporté que nos confrères disparus tombent dans l’oubli.

alors que votre mandat s’achève ? Il m’a façonnée et ne me quittera jamais. On devient avocat parce qu’on aime les autres, du moins, je le pense. Le bâton n’appartient à personne, on se le passe de main en main avec toute la solennité qui s’impose. La symbolique est forte, les responsabilités aussi. Pour autant, ne comptez pas sur moi pour vous dire que je pars avec le sentiment du devoir accompli  !    D’une part, parce que je trouve le terme trop pompeux ; d’autre part, parce qu’il y a encore du pain sur la planche. Mais ce sera à la prochaine d’établir sa feuille de route. Continuerez-vous de vous investir ? Différemment, mais assurément. L’exercice du droit me passionne, tout comme l’avenir de notre Barreau me préoccupe, au sens positif du terme. Je compte rester active.

Ce « pognon de dingue » qu’on nous donne soi-disant, c’est un « pognon de gueux ».

Greffiers, avocats… Ça manifeste un petit peu, en ce moment, dans vos rangs. Sourire. Vous trouvez cela surprenant, au regard des moyens qu’on nous donne ? Si ce n’était seulement de cela qu’il s’agit… Mais il y a, en plus, ce contexte de réformes incessantes. On a tous envie de crier « STOP  !  ». À nouveau, je partage un sentiment personnel, mais à quoi bon engager des réformes quand on sait qu’on n’a pas les moyens de les faire vivre ? Ce « pognon de dingue » qu’on nous donne soi-disant, c’est un « pognon de gueux ». Vous lirez entre les lignes. Mais avaler de la réforme à longueur d’années et nous gaver, comme le qualifie M. Dupond-Moretti, de « sucres rapides », du nom qu’il donne aux auditeurs de justice qui viennent, sur une période donnée, nous aider au traitement des dossiers, histoire de calmer quelques tensions momentanées, pour ensuite mieux repartir, c’est tout sauf une solution durable. Même remarque concernant les juges « placés ». Pour combien de temps ? Comment envisager un avenir serein quand on sait que leurs jours parmi nous sont comptés ? Et puis, j’aimerais exprimer, puisque j’en ai l’occasion aujourd’hui, notre colère envers ces réformes pour lesquelles nous n’avons même pas été concertés. J’ai prêté serment car je souhaitais exercer le droit, contribuer à le faire évoluer… Pas pour le subir. Voilà une excellente punchline pour introduire votre événement de fin d’année… C’est vrai. Pour vos lecteurs, je précise que vous faites allusion aux Assises nationales des Avocats d’enfants, qui se tiendront à Béziers les 1ers et 2 décembre prochains et qui offrent l’opportunité aux professionnels et bénévoles du secteur de se rencontrer, d’apprendre et d’échanger, autour d’un thème à chaque session différent. Avis aux entreprises charitables, nous recherchons des entreprises sponsors pour cet événement, national, de grand intérêt. L’autre événement de fin d’année, c’est la remise du bâton à votre successeur. Cela se fera dans le cadre de notre assemblée générale annuelle, en privé, selon un rituel bien établi. Vous avez raison d’appeler cela un événement car dans une vie d’homme ou de femme, dans un parcours dédié à l’exercice du droit, c’est quelque chose. Cela me procure toujours beaucoup d’émotion.

Bon courage  que la fonction est lourde Le bâtonnat notamment, à l’opération « Diego » (libre dans sa tête) et, si je n’ai rien constaté d’indigne à Béziers, hormis bien sûr une surpopulation préoccupante, j’ai surtout été surprise par le degré de réflexion qui accompagne l’incarcération des individus. Cela reste de la prison, bien sûr… Mais en 2023, elle s’interroge à la réinsertion future de ses ressortissants, au respect des droits humains. J’en ai vraiment pris conscience lors de cette visite, où j’ai tenté de me plonger dans la tête d’un nouvel arrivant, pour comprendre son ressenti.Vous êtes avocat d’enfant et aussi la co-fondatrice de la fondation « L’avocat de l’enfant », dont vous avez été présidente pendant plus de vingt ans. Pourquoi cette spécialité, cet engagement ? Mon désir d’accompagner les mineurs et d’assurer leur défense est né d’un constat, ou plutôt d’un sentiment d’injustice. Ces citoyens comme les autres, à l’exception du fait qu’ils ont moins de 18 ans, se voyaient proposer une justice au rabais, avec des avocats souvent inexpérimentés, à qui l’on remettait des dossiers si fins qu’il devenait impossible d’assurer une défense digne de ce nom… Les juges connaissaient parfois mieux les gamins que l’avocat supposé les représenter ne les connaissait lui-même ! J’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice. Je suis même très fière d’avoir contribué peut-être par notre pratique à  faire inscrire dans le Code, à une époque où ce n’était pas prévu, le principe « d’un enfant, un avocat », qui renforce la défense de ces mineurs. Je vis le droit avec passion, je vis mon métier avec passion, je vivrai mon rôle de Bâtonnière jusqu’à la dernière seconde avec passion. C’est ma fonction qui change, pas moi.Vidéos : en ce moment sur ActuSuivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.