W Series, avec sa grille entiĂšrement fĂ©minine, offre 18 places Ă temps plein, tandis que le format unique de l’Extreme E prĂ©voit une rĂ©partition Ă©gale entre hommes et femmes. Un soutien supplĂ©mentaire sera apportĂ© en 2023 avec l’introduction de la F1 Academy, une nouvelle compĂ©tition junior visant Ă aider les femmes Ă intĂ©grer la pyramide des monoplaces.
Pourtant, si vous cherchez dans les Ă©chelons les plus Ă©levĂ©s de certains des sports automobiles les plus populaires, vous constaterez qu’elles ne sont pas prĂ©sentes derriĂšre le volant. Pourquoi les femmes restent-elles Ă l’Ă©cart de la grille de dĂ©part ? Pour un certain nombre de raisons, on pourrait dire, du manque potentiel de force physique Ă la vitesse, du manque de soutien professionnel et financier au fait de ne pas ĂȘtre la bonne personne pour un sport essentiellement masculin.
La réponse ne se trouve pas dans un seul registre par rapport à tous les autres, mais dans de multiples facettes, ce qui rend plus difficile la recherche de la bonne méthode pour inspirer une génération de filles.
L’enquĂȘte mondiale More Than Equal, organisĂ©e par Motorsport Network, espĂšre comprendre les rĂ©ponses aux questions concernant les obstacles et les barriĂšres potentiels, et explorer la perception des fans quant Ă l’Ă©mergence d’une star fĂ©minine Ă l’avenir. L’enquĂȘte pose des questions sur la croyance des fans en leurs capacitĂ©s physiques et spatiales, leur dĂ©termination Ă piloter vite et durement, et sur le soutien des fans et des sponsors Ă l’Ă©mergence d’une star fĂ©minine. Avez-vous dĂ©jĂ rĂ©pondu Ă l’enquĂȘte ?
La pilote d’Extreme E Catie Munnings ne sait que trop bien ce que veut dire s’attaquer de front aux dĂ©fis auxquels les femmes sont confrontĂ©es. La pilote de 25 ans, qui court pour Genesys Andretti United dans la sĂ©rie tout-terrain entiĂšrement Ă©lectrique, a commencĂ© la compĂ©tition Ă 14 ans. Elle a d’abord participĂ© Ă l’ERC, avant de passer Ă l’Extreme E pour sa saison inaugurale en 2021. Elle encourage activement les jeunes filles Ă prendre leur destin en main, au sens propre du terme, mais souligne que la pĂ©nurie de modĂšles fĂ©minins ayant remportĂ© des championnats constitue un obstacle, car les jeunes filles ne trouvent pas toujours la voie Ă suivre.
S’exprimant pour Motorsport.com, Munnings a dĂ©clarĂ© : « Je me souviens que lorsque j’ai commencĂ© Ă m’impliquer dans diffĂ©rentes organisations, j’Ă©tais ambassadrice de la campagne ‘Dare To Be Different’ de Susie Wolff. Je me souviens que nous nous rendions Ă diffĂ©rents Ă©vĂ©nements, que des jeunes filles venaient Ă ces Ă©vĂ©nements et nous disions souvent ‘levez la main si vous voulez ĂȘtre pilote de Formule 1’. Et en gros, toute la salle disait ‘Eh bien, tu ne peux pas ĂȘtre pilote de Formule 1 si tu es une fille’, parce qu’ils ne voyaient pas cela reprĂ©sentĂ©, donc ils pensaient sincĂšrement que c’Ă©tait une sorte de rĂšgle. »
Catie Munnings, Timmy Hansen, Genesys Andretti United Extreme E
Et est-ce que suffisamment de gens connaissent les rĂšgles du sport automobile, et savent que tout le monde peut concourir, quel que soit le sexe auquel il s’identifie ?
« Je pense que petit Ă petit, Ă mesure que d’autres championnats introduisent plus de femmes au plus haut niveau, on sait un peu mieux que c’est une option », ajoute Munnings. « Le sport fĂ©minin s’est vraiment dĂ©veloppĂ©, avec le football fĂ©minin et le rugby fĂ©minin ces derniĂšres annĂ©es, il serait bien que le sport automobile connaisse la mĂȘme Ă©volution. Il n’y a pas que la Formule 1, il y a aussi le rallycross, le WRC, tous les autres types de courses, mais il y a encore une inĂ©galitĂ© en nombre sur la grille de dĂ©part. »
Selon Munnings, il est crucial que les jeunes femmes qui envisagent de faire carriÚre dans le sport automobile puissent avoir des exemples à suivre, et elle pense que la perception a « définitivement changé », avec plus de femmes dans le paddock qui travaillent comme mécaniciennes, pilotes et ingénieurs.
Julia Wall-Clarke, responsable de la communication de l’Extreme E, pense que les limites pour les femmes rĂ©sident toujours dans l’accessibilitĂ©, et souligne que « l’accĂšs, l’aspiration et le fait de rendre cela rĂ©alisable » sont les principaux obstacles. Il est urgent de supprimer les barriĂšres Ă l’entrĂ©e, selon Wall-Clarke, afin d’attirer davantage de femmes dans le sport automobile.
« Il s’agit de trouver une aiguille dans la botte de foin des pilotes au moment de trouver des pilotes qui gagnent des championnats », ajoute Kate Beavan, conseillĂšre stratĂ©gique et membre du conseil d’administration de l’initiative More than Equal, « ce qui devient encore plus difficile lorsque le rĂ©servoir pour rechercher des talents fĂ©minins reprĂ©sente moins de 5% de l’ensemble du rĂ©servoir. »
Wall-Clarke est d’accord sur le fait que les compĂ©titions doivent supprimer les barriĂšres Ă l’entrĂ©e, par exemple en rĂ©duisant le coĂ»t de la participation, tout en mettant en avant les autres possibilitĂ©s offertes par le sport automobile, comme l’ingĂ©nierie. Elle se fait l’Ă©cho de Munnings en expliquant que les jeunes filles ont besoin de voir plus de femmes Ă des postes stratĂ©giques dans le sport automobile pour croire que ce monde peut ĂȘtre Ă©galitaire. « Voir, c’est croire », selon elle.
« Nous n’avons pas de fans sur place traditionnellement [en Extreme E], mais nous nous rendons dans les groupes locaux STIM [science, technologie, ingĂ©nierie et mathĂ©matiques, ndlr] du programme Girls on Track que nous avons dirigĂ©s ou qui ont Ă©tĂ© dirigĂ©s vers nous par les contacts locaux, plus prĂ©cisĂ©ment des jeunes filles qui ont Ă©tĂ© invitĂ©es Ă venir visiter le paddock, Ă rencontrer les pilotes. C’est cette expĂ©rience de l’intĂ©rieur qui vous habite. »
Catie Munnings, Genesys Andretti United Extreme E, Hedda Hosas, Extreme E, et Kevin Hansen, Veloce Racing
« Je pense que la responsabilitĂ© incombe Ă tout le monde, absolument tout le monde, des propriĂ©taires d’Ă©quipes aux responsables marketing, en passant par la FIA, les pilotes fĂ©minines elles-mĂȘmes, et les pilotes masculins aussi qui les soutiennent. Je pense qu’il est de notre responsabilitĂ© Ă tous de changer cela. »
Il y a aussi la question du rÎle joué par les médias dans la perception et les stéréotypes concernant les femmes dans le sport automobile.
James Allen, prĂ©sident de Motorsport Network, reconnaĂźt qu’il y a « un long chemin Ă parcourir » pour amener plus de femmes journalistes dans les paddocks, ainsi que pour sensibiliser les hommes dans les mĂ©dias. « Le projet More than Equal est une initiative importante dans la mesure oĂč il s’appuiera sur des preuves et cherchera Ă faire tomber les barriĂšres qui empĂȘchent les femmes d’atteindre le sommet de notre sport et interviendra financiĂšrement et politiquement pour y parvenir. »
« Nous avons vu un plus grand nombre de journalistes et de crĂ©atrices de contenu fĂ©minins arriver dans le sport ces derniĂšres annĂ©es, ce qui est trĂšs bien, mais il y a un long chemin Ă parcourir Ă ce sujet et aussi en termes d’Ă©ducation des journalistes et des crĂ©ateurs de contenu masculins sur les dĂ©fis auxquels les compĂ©titrices sont confrontĂ©es. »
Mais si l’on pouvait classer les responsabilitĂ©s par ordre hiĂ©rarchique, qui serait le plus Ă mĂȘme de mener le changement ? Vous pouvez vous exprimer dans le cadre de l’enquĂȘte mondiale More Than Equal sur ce sujet et sur la question du rĂŽle jouĂ© par des modĂšles moins nombreux dans le sport automobile.
Cette enquĂȘte en ligne, hĂ©bergĂ©e par Motorsport.com jusqu’au 3 fĂ©vrier, est accessible dans le monde entier, disponible en 15 langues, et vise Ă ĂȘtre l’Ă©tude de ce type la plus complĂšte jamais rĂ©alisĂ©e.
Pour participer Ă l’enquĂȘte, veuillez vous rendre sur https://more-than-equal-survey-2023.motorsportnetwork.com/