Festival La Rochelle Cinéma  : l’interview imaginaire d’Audrey Hepburn


En 1944, installée avec votre mère aux Pays-Bas, vous connaissez l’occupation allemande, la malnutrition, vous êtes si maigre que vous devez un temps arrêter la danse classique… ce fut une période éprouvante.

D’où vous vient ce port de tête si gracieux, inimitable ?

Cela fut une période heureuse ?

Au début, j’étais très triste quand Madame Rambert, ma professeure de danse à Londres, m’a dit que je n’avais pas le niveau pour intégrer un ballet. Mais après, tout s’est enchaîné si vite que je n’ai plus eu le temps d’y penser  ! Et puis j’étais jeune, j’avais l’avenir devant moi. Forcément, j’étais heureuse  !

Festival La Rochelle Cinéma  : l’interview imaginaire d’Audrey Hepburn

En 1953, vous obtenez un Oscar pour votre premier grand rôle dans « Vacances romaines », une comédie romantique au côté de Gregory Peck  ! Quels sont vos souvenirs de tournage ?

C’était merveilleux. J’ai découvert Rome, le tournage avait lieu en grande partie en décor naturel, ce qui était rare à l’époque. Le réalisateur, William Wyler, a su installer une ambiance très agréable sur le tournage. J’ai beaucoup aimé tourner avec lui. Nous avons fait trois films ensemble  !

« La Rumeur » de William Wyler avec Audrey Hepburn et Shirley MacLaine, à redécouvrir sur grand écran au Festival La Rochelle Cinéma du 1er au 10 juillet.

« SO »

On dit que vous avez refusé le rôle dans « West Side Story » et « Cléopâtre ». Pour quelles raisons ?

C’était une période où j’avais décidé d’arrêter le cinéma, pour me consacrer à ma famille. Je n’avais rien contre ces films en particulier, mais j’ai tout refusé, pendant dix ans  ! Et puis, en 1976, j’ai senti que ça me manquait, et j’en avais un peu marre de la vie domestique. Mes enfants n’étaient plus des bébés, et mon couple battait de l’aile. Alors j’ai accepté la proposition de Richard Lester de tourner dans « La Rose et la Flèche ».

Oui, Truman Capote l’a souvent répété  : je n’étais pas faite pour le rôle  ! Quand il a écrit « Petit déjeuner à Tiffany », il n’avait que Marilyn Monroe en tête. Dans le champ des actrices à Hollywood, nous sommes à l’opposé  ! Mais le script a été retravaillé pour qu’il soit moins trivial que dans le roman de Capote. Ça restait toutefois l’histoire d’une call-girl, même si le mot n’est jamais prononcé. Je ne me sentais pas très légitime pour ce genre de personnage, mais j’avais envie d’un défi, alors pourquoi pas. Mais quand les producteurs m’ont dit qu’ils avaient pensé à John Frankenheimer pour le réaliser, j’ai pris peur  ! On le connaît aujourd’hui pour « Le Prisonnier d’Alcatraz », mais à l’époque, c’était un inconnu complet. Je n’ai rien contre lui personnellement, mais j’avais besoin d’être rassurée, avec des gens en qui je savais que je pouvais avoir confiance. Finalement, on m’a proposé Blake Edwards. Je ne le connaissais pas non plus, mais j’avais vu sa série « Peter Gunn », qui m’avait beaucoup plu. Et Cary Grant, qui avait déjà tourné avec lui, m’a assuré qu’il était génial. Il avait raison  !

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Au début des années 1990, vous devenez ambassadrice de l’Unicef. Pourquoi cet engagement auprès des enfants d’Afrique ?

Pas uniquement d’Afrique  ! Nous sommes allés en Amérique du Sud, en Asie, et en Turquie. Mais c’est vrai que l’Afrique est hélas un continent où l’Unicef doit intervenir souvent. Plusieurs raisons  : j’avais envie de m’engager, de mettre ma renommée au service d’une cause. Et j’ai été profondément marquée par les caisses de nourriture envoyées par l’ONU juste après la guerre. Ça nous a sauvés à l’époque, et j’en suis éternellement reconnaissante. Ensuite, pendant le tournage en Afrique d’« Au Risque de se Perdre », j’ai découvert la détresse de la pauvreté extrême d’une partie de la population, à quelques rues à peine des bungalows de la production. Ce n’était pas alors un déclic conscient, mais je pense que cela a joué dans mon engagement.

Cela vous plaît-il d’être une icône de mode ?

Je n’ai jamais cherché ni à être une star, ni une icône  ! Les choses se sont faites ainsi. Si je suis icône de la mode, tant mieux, mais je dois partager les honneurs avec Hubert de Givenchy, un grand artiste et mon plus cher ami. Sans lui, je ne serais pas qui je suis.