À Martel, Rachida Dati affiche ses ambitions pour la Culture 


Par Jean-Claude Bonnemère
Publié le

6 Avr 24 à 17:00
 

À Martel, Rachida Dati affiche ses ambitions pour la Culture 

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« Le département du Lot en matière de ruralité et de Culture serait une bonne destination pour vous !  » glisse à l’oreille de Rachida Dati la nouvelle ministre de la Culture peu après sa nomination le 11 janvier 2024, Huguette Tiegna députée du Lot. Ainsi furent retenus le département et la ville de Martel avec notamment le dossier vite arrivé rue de Valois, du projet de consolidation de la chapelle privée de Malodène (érigée sur la commune de Martel), renfermant les fresques de Miklos Bokor (reportage à retrouver prochainement dans les colonnes de La Vie Quercynoise).
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Martel, cité au tissu associatif et culturel dense, ne manquait pas d’atouts pour susciter l’intérêt de la visite de la ministre de la Culture.

Une prise de pouls de la ministre auprès des élus et des acteurs de la Culture

Arrivant tout droit de la Corrèze voisine, où elle venait d’inaugurer la Cité de l’Accordéon et des Patrimoines de Tulle, en présence de l’ancien Président de la République François Hollande, Rachida Dati, aux côtés de la préfète du Lot, Claire Raulin, a rencontré élus et représentants du monde culturel, musical et artistique. 

Après avoir longé la Halle, la ministre s’arrête devant la mairie de Martel, en écoutant les indications fournies par Yannick Oubreyrie, premier magistrat de la ville aux sept tours. ©Jean-Claude BONNEMÈREUne séance de questions-réponses de plus d’une heure s’est tenue au Palais de la Raymondie de Martel, où la ministre a été accueillie par le maire Yannick Oubreyrie entouré des deux sénateurs, de la députée et autres élus locaux, dont le président de Cauvaldor Christophe Proença. La plupart de ceux qui avaient fait le déplacement, y compris depuis Cahors et la vallée du Lot, n’ont pas hésité à faire suivre un dossier, avec demande d’aides à la clé.Lors de cette rencontre à bâtons rompus, en présence d’une bonne soixantaine de personnes, la ministre a écouté une à une les différentes interventions, s’appliquant à apporter des réponses personnalisées ou à défaut, rappelant les orientations de la politique qu’elle entend mener, malgré la cure d’amaigrissement, préconisée par le président Emmanuel Macron, en raison de l’importance du déficit des finances publiques. – « J’entends me battre pour une offre culturelle de qualité !  » déclare d’emblée la ministre, peu encline à inaugurer les chrysanthèmes. Rachida Dati souligne au passage que la préservation et la valorisation du patrimoine constituent un premier accès à la culture. « Malheureusement, il arrive trop souvent que l’on se préoccupe de restaurer, lorsque les dégradations sont avancées !  » déplore-t-elle. Rachida Dati a promis des « annonces fortes » pour la fin du mois d’avril, vraisemblablement en compagnie du président de la République.Vidéos : en ce moment sur Actu

Pourquoi les musées ruraux ne pourraient-ils pas accueillir des œuvres qui dorment dans des caves ?

C’est le maire de Souillac, Gilles Liébus qui a ouvert le feu des questions en rappelant l’organisation de manifestations d’ampleur nationale dans sa ville, telle l’exposition consacrée à Joséphine Baker. Puis il évoque les projets de la Ville menés en faveur du patrimoine, avec l’entretien de l’abbatiale et la restauration des locaux de l’abbaye. Or sa question portait en réalité sur le fait qu’il serait bon que l’État accepte de sortir de ses « caves » des œuvres qui mériteraient d’être montrées en province et en particulier en milieu rural. Reste que les coûts de déplacement et de sécurisation de ces œuvres s’avèrent exorbitants. « Que pourriez-vous faire Mme la ministre ? » demande-t-il. 

Dans la cour du Palais de la Raymondie, la ministre écoute les observations du sénateur Raphaël Daubet et du maire, concernant les travaux en projet pour une mise aux normes… ©Jean-Claude BONNEMÈRES’agissant du patrimoine, Mme Dati a évoqué un plan bientôt dévoilé concernant la restauration des édifices religieux et autres bâtiments remarquables. La ministre estime que le coût du déplacement des œuvres et leur sécurisation pour une exposition en milieu rural ne devraient pas être un frein ! « Sauf bien sûr pour une pièce telle la Joconde !  » ajoute-t-elle. Et plusieurs voix s’élèvent alors dans la salle pour rappeler à la ministre que cette même Joconde a été cachée dans le Lot, pour être protégée des risques d’usurpation ou de dégradation durant la Deuxième Guerre mondiale. Comme quoi ! Il s’en est suivi toute une kyrielle de questions, aussi diverses que variées. Ainsi Marie Cossart, de la librairie « Le vent d’autan » à Cazals, fait état d’animations autour du livre, organisées en direction des jeunes. Elle se plaint des limites liées aux coûts que représentent pour les établissements scolaires, les déplacements des élèves, dès lors qu’il convient de recourir à un bus. À ce sujet, la ministre entend étendre la portée du Pass Culture en faveur des jeunes, sachant qu’il représente pour 70% d’entre eux, le premier contact avec la Culture. 

Inquiétude aux grottes du Pech-Merle

Guilhem Cledel, directeur des grottes du Pech Merle et président de l’Anecat (Association nationale des exploitants de cavernes aménagées pour le tourisme) s’inquiète d’un certain durcissement de la règlementation qui pourrait compromettre la pérennité des visites, au regard de la présence de radon (gaz radioactif d’origine naturelle qui peut nuire à la santé) dans les grottes… La ministre n’a pas transigé sur la question de la santé publique, invitant M. Cledel à ne pas prendre de risque. Quant à Jean-Pierre Alaux, maire d’Albas, il n’a pas manqué de mettre en avant la question du devenir du Domaine de Marquayrol d’Henri Martin, à Labastide-du-Vert, sauvé de la ruine et porté à bout de bras par 750 adhérents de l’ARJEHM (Association pour la Réhabilitation des Jardins Extraordinaires d’Henri Martin). La ministre se montre favorable à financer des projets, plutôt que des structures, en mettant l’accent sur la question de l’ingénierie. 

Au moment du départ, Frédéric Decremps (de dos), interpelle la ministre de la Culture en évoquant des projets pour sa commune de Saint-Cirq-Lapopie… ©Jean-Claude BONNEMÈREAurélie Lassaque, a attiré l’attention de la ministre, sur les résidences d’artistes, qui manquent cruellement de moyens. Et pour terminer ce bal des questions, Sonia Sempéré de ClassiCahors est montée au créneau en relevant qu’en dépit d’un succès grandissant de ce festival départemental de musique, tenant à son palmarès 80 concerts en 8 ans et plus de 20 000 spectateurs, il apparaît que le public fait montre de difficultés financières pour s’offrir des places. La ministre s’est montrée préoccupée par cette ultime question et a évoqué plusieurs pistes, dont le recours à des mécènes. « Face à la tentation du rejet de l’autre que connaît notre période, la Culture doit s’ouvrir au plus grand nombre, car elle est un facteur structurant des politiques publiques ; là où est la Culture, l’école avance, les inégalités reculent, la culture est un ciment du vivre ensemble !  » concluait en substance Rachida Dati, avant de prendre congé de ses hôtes.Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.