À cause de cette pollution, 8 000 Fuxéens avaient été privés d’eau en 2011. On fait le point sur ce procès.
L’après-midi de ce mardi devrait être consacrée, en grande partie, au procès de la pollution de l’eau de l’Ayroule, au tribunal de Foix. Un procès attendu par les Fuxéens, 11 ans après les faits, qui ont privé d’eau potable 8 000 habitants pendant plus de deux mois.
En mai 2011, lors d’un contrôle, l’Agence régionale de santé détecte un taux de tétrachloréthylène dans l’eau très supérieur aux limites admises. Très vite, la consommation de l’eau du robinet est donc interdite pour 4/5e des foyers de la cité comtale. En effet, sa consommation peut entraîner des troubles neurologiques, rénaux et hépatiques. C’est la nappe phréatique qui est polluée par ce solvant cancérogène probable utilisé dans l’industrie, dans des secteurs qui vont du textile à l’automobile, et pour le nettoyage de locaux industriels. L’usage de ce produit est d’ailleurs interdit.
De fait La station de lavage de camions n’aurait, en effet, pas été entretenue. Et le propriétaire n’avait pas d’autorisation de la préfecture, selon plusieurs sources. Il ne sera d’ailleurs pas suivi pour pollution mais pour « violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité ».Reste à savoir si les parties civiles demanderont à ce potentiel « auteur indirect » de réparer l’ensemble des préjudices. Car ils sont nombreux. Économiques d’abord, notamment pour la mairie et le SMDEA, qui sont parties civiles. En effet, dans les premiers temps après la pollution, la mairie a dû filtrer l’eau à l’aide de charbon actif, un procédé très coûteux. Puis, le syndicat mixte départemental de l’eau et de l’assainissement a pris le relais, et alimenté les 8 000 Fuxéens avec de l’eau du Scios. Au bilan, il a fallu créer 12 kilomètres de canalisations pour un coût estimé entre 1.8 et 3 millions d’euros. Le SMDEA et la mairie sont parties civiles du procès.Autres parties civiles : trois associations environnementales, à savoir le Chabot, le CEA et France nature environnement Midi-Pyrénées. Il faut dire que le préjudice environnemental est lui aussi remarquable : la nappe phréatique est toujours polluée. Et, selon les associations environnementales, le Scios est un ruisseau mis en danger car il manque d’eau du fait de l’alimentation des foyers fuxéens.Que va-t-il se passer après le procès de demain ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord dire que le jugement sera sans doute mis en délibéré. On connaîtra la décision des juges dans plusieurs semaines.Notons aussi que plusieurs associations environnementales se posent l’interrogation suivante : faut-il demander de relancer l’enquête ? Mais vient alors une autre question, soulevée par un fin connaisseur du dossier : « 11 ans après les faits, l’enquête pourra-t-elle réellement conduire à des pistes sérieuses ? »Et d’ajouter : « Si l’enquête est relancée, il ne faudra pas simplement aller interroger les chefs d’entreprise des sociétés clientes, comme cela a été fait. Il faut aller chercher dans la comptabilité, le registre des déchets… »
indique un connaisseur du dossier. Selon les enquêteurs, le code d’accès à la station de lavage est resté le même pendant de nombreuses années, donc les investigations pourraient être élargies. « Ça peut être des clients ou d’autres personnes… », confirme notre source. On sait en revanche que, « vu les quantités, ça ne peut pas être fait en un seul camion. Ça s’est fait en plusieurs fois ».