Vous évoquez l’inauguration du Foirail. Vous prévoyez un week-end de portes ouvertes très animé, les 1er et 2 octobre ?
Il y a une grande impatience de voir et d’entendre la nouvelle salle, je parle de musique, de danse, de théâtre… C’est évidemment très important dans le paysage culturel de la ville. On entend dire qu’un des premiers qui pourrait en profiter pour l’inauguration serait Emmanuel Macron…
Les gens font des spéculations pour tout. Moi, je ne dis que des choses certaines. En attendant, la foire-expo lance une énième nouvelle formule sur deux fins de semaine. De quoi relancer son attractivité ?
Fallait-il tout réaliser en même temps ?
Ça se passe bien, ou assez bien pour la plupart des chantiers. Je vais prendre un exemple : les travaux de l’entrée Est où la circulation n’est même pas ralentie parce que nous avons fait sauter le feu.Sur notre rocade, qu’on appelle la boucle, je milite d’ailleurs pour qu’il n’y ait pas de feux du tout, mais des ronds-points ou des ronds-points originaux, par exemple à Batsalle où on a fait un « rond-point haricot ». C’est beaucoup plus sécurisant et plus fluide, parce que les feux rouges coûtent chaque jour beaucoup de temps aux automobilistes, même quand il n’y a personne sur la voie qu’on croise. Mais fallait-il qu’ils soient concomitants ?
Vous vouliez qu’on attende quoi pour les faire ? Que le mandat soit fini ? Heureusement que nous avons fait très vite beaucoup de travaux dans cette ville. Un exemple emblématique : la rue Carnot dont tout le monde disait qu’elle était morte. Il y a aussi la rue des Cordeliers, où il n’y a aujourd’hui plus une cellule vide. La rue Barthou, j’ai refusé de la laisser dans l’état dans lequel elle était, tous les riverains et tous les commerçants se plaignaient à juste titre, et ils vont avoir une rue superbe. Pour moi, c’est la réussite d’une stratégie.Et le fait que Linkedin, le grand réseau social des professionnels, annonce que Pau est la ville de France plébiscitée par les professionnels, c’est évidemment très encourageant. Dans tous les classements de qualité de vie, Pau est dans les trois premiers. Cela ne s’est pas fait par hasard : il faut des travaux, c’est incommode et désagréable pendant quelques semaines mais après on est content.Et c’était le moment de le faire, parce que nous avons emprunté à pas loin de 0 %, avant l’inflation, pour faire des travaux comme ceux-là. Justement l’inflation et la crise de l’énergie sont là. On sait comme vous souhaitez garder des marges de manœuvre pour investir, la Ville pourra-t-elle continuer sur la même tendance ?
Nous avons programmé, dès le premier jour de ce mandat, qu’on continuerait à investir fortement sur les premières années et qu’après on décélérerait, parce qu’il faut des alternances de jaillissement et de respiration. On ne savait pas alors que l’inflation viendrait nous donner raison à ce point.Vous vous rendez compte de tout ce qu’on a fait : les halles, les deux stades de rugby et de football, la place de Verdun, le trajet du Fébus, l’école des arts, la Sernam que nous allons commencer… Quand j’ai été élu, nous nous étions fait une réflexion avec Jean-Paul Brin : il n’y avait plus une seule grue dans la ville. On ne peut plus dire ça maintenant ! C’est une ville redevenue attrayante et si vivante ! Vous venez d’annoncer que le tarif de la cantine va être revu à la hausse, certaines communes ont des soucis pour faire fonctionner leurs piscines énergivores… Pau va-t-elle devoir baisser la voilure sur certains postes ?
On fera des efforts sur tout, mais je veux autant que possible ménager la qualité de la vie dans la ville. Je n’ai pas envie de baisser le niveau d’exigence, ni le niveau de services offert à la population. Ce que nous avons voulu prouver, c’est que la bonne gestion vous donne des marges de manœuvre, c’est pour cela qu’on peut investir et proposer des événements. Et il faut aussi un peu de savoir-faire pour trouver des subventions. Parmi les grands projets dans les cartons, il y a votre volonté de faire revivre les Galeries Lafayette, quitte à ce que la Ville mène les travaux. Elle pourra toujours se le permettre ?
Oui. Une bonne gestion permet de faire face à la nécessité. Et il n’est pas interdit d’être intelligent et donc de chercher des projets plus équilibrés. Il y aura donc un Grand Prix auto en 2023 ?
Je le crois vraiment. Le Grand Prix nous coûtait un million et demi par an, il nous aura coûté cinq fois moins cette année. Pourquoi ? Pas parce que son prix a baissé, mais parce que nous avons trouvé des sponsors et un modèle attrayant et novateur.Contrairement à ce qu’on croit, ce qui manque en politique, c’est moins l’argent que les idées. Parce qu’il arrive assez souvent que les équipes à la tête des villes n’en aient pas beaucoup ou pas assez. Or nous, nous fourmillons d’idées – toutes n’arrivent peut-être pas à leur terme, mais beaucoup. Et il suffit que les gens se promènent pour voir que Pau ne ressemble pas à la moyenne des villes de la même strate. Et c’est normal, parce qu’on a une fonction de capitale, régionale. La taxe foncière a augmenté l’an dernier, à Pau et dans l’Agglo. Doit-on s’attendre à une nouvelle hausse des taxes locales cette année ?
Ce n’est pas prévisible à court terme. Ce n’est pas moi qui ai fait la place Clemenceau et je suis de ceux qui la trouvent très minérale, mais c’est très compliqué parce que sous la place, il y a un parking, et on ne peut pas facilement mettre des arbres. Mais l’esquisse de votre programme de 2020 montrait de nouveaux massifs et des arbres.
Pas au centre de la place, mais autour. C’est toujours dans mes plans, mais il faut attendre de sortir de la crise. Ce qui est urgent sur la place Clemenceau, ce sont les Galeries Lafayette. On verra donc les Galeries avant les arbres ?
J’espère que ce sera concomitant. En pleine canicule, des arbres ont été abattus place de la Monnaie et d’autres devraient disparaître sur la place Gramont…
La place Gramont, c’est vous qui avez inventé le sujet. Vous avez extrapolé d’un document de préservation du patrimoine sur lequel sont marqués des arbres remarquables, à préserver, et vous avez observé que parce qu’ils n’étaient pas marqués sur le document, ils étaient condamnés.Je pense que la place Gramont est un joyau inexploité, que c’est la plus belle place de Pau, mais que personne ne le sait parce que personne ne la voit. Et quand on reprend son histoire, on se rend compte qu’elle n’était pas du tout conçue comme ça. Est-ce qu’on peut révéler ce joyau ? Ma conviction est que oui. Est-ce que les arbres sont beaux ? Je les trouve inadaptés à l’architecture et aux dimensions de la place. Je pense qu’on a besoin de révéler et de végétaliser – on a déjà végétalisé le centre de la place.Je prendrais le temps pour discuter et concerter avec les riverains et tous les gens intéressés par la beauté architecturale de la ville. Mon programme, c’était la métamorphose : on prend ce qui existe et ne va pas, et on en fait quelque chose d’attrayant. C’est ce que nous avons fait dans tous les quartiers historiques, et ailleurs. Peut-on dire que les magnolias de la place Gramont ne tomberont pas ?
Je veux réhabiliter la place Gramont.Et nous avons de surcroît une politique, pour tout arbre qu’on est obligé d’enlever, on en plante cinq. Il faut multiplier les arbres et nous sommes dans une ville qui a probablement le plus grand nombre d’arbres par habitant. Et nous avons planté des centaines d’arbres, par exemple place de Verdun, ou sur le parcours du Fébus, ou à Saragosse où on a créé des hectares de jardins… Et ceux que nous avons dû abattre sont seulement quelques dizaines. Votre nomination à la tête du Conseil national de la refondation va-t-elle modifier votre emploi du temps consacré à Pau ?
Non, mon emploi du temps ne changera pas parce que les fonctions que j’assume sont étroitement voisines et cohérentes les unes avec les autres. Plan et refondation sont la même chose.