PRINCIPES
Ag T pis rt
DE GRANDE CHIRURGIE,
ÆExtraiss des Ouvrages d’Hippocrate & de
…. : Boerrhaave, Etc. Gc.
Par M. La NSEL DE M AGNY, Docteur
en Médecine, &c,
Praclare in obeundo fui oficii munere verfantur quorum animo im-
prefla eff notieia antecedentium temporum , & confequentium pre:
greflus ; ut cum morbi hujus, aur illius indolis ,’inciderint , ali.
quid novum contigiffe non dicant , 6 novorum morborum , tam-
uam incogniti cujusdam monftri acceflu , ac fronte non terrean-
æur, Quod iis accidit, qui in diem vivunt, paulim admodim
fentientes quid olim adventarit, &c. Baillou Med. Parif.
be Lrinreé,
Chez LeseraranT, Libraire, Quai de Gèvres:
paca
+ nu nee mnt nnemennere amie ame oo
» M. DCC.LXVHIL.
Avec Approbation É Privilégé du Roi,
y We à ere tr ..
On peut traduire virtuellement l’Épigra-
phe par ce paflage de Freind.
Un Homme peut voir des malades toute fa
vie fans être plus éclairé, S’il ne voit d’autres
objets que ceux qu lui préfente fa foible vue,
il n’entirera jamais que de frivoles obfervations.
Mais celui qui lit, étend fes lumières. La Leéture
+ fait parcourir à l’efprit ua champ plus vafte que
la pratique la plus étendue : elle joint à notre
expérience ceHe de nos Prédéceffeurs ; c’eft de
_ leur concours qu’on peut attendre quelques pre:
grès ; EG | NT eÈE
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Lx.
CE
HIST@RICAL
MEDIGAL
TRS
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D AIN ASS AN SP |].
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ÉPITRE
* ès 2:90 ME D I PAR
Doéteur-Régent de la Faculté de Médecine
de Paris, &c, 6’c,
vx LE
LORS. | [ES
M oxsizur,
4 9 ®
En agréant ce fruit de mes foibles Ta-
lens, vous m’impofez filence [ur vous-mé-
me. Vous me permettrez de vous dire que
fa a 2
vous devez faire certe défenfe , non feule-
sent à vos amis, qui manififlent votre
bon: cœur, votre fenfibilité pour les mal-
heureux , €. votre “défi éntéreffement dans
out; mais encore & ces Académies qui fe
Fons: ‘gloire de vous compter au nombre
d’un de leurs membres. Cette defenfe con-
yient-encore plus æ& ces efprits fins & dé:
licats, qui découvrant dans vos Ecrits, &
dans toute votre: perfonne, homme d’ef-
prit , de génie, & ce qui vaut encore mieux,
l’homme de fentiment, vous repréfentene
comme un de ces mortels rares & néceffai-
res, fur la terre, La défenfe que vous m’a-
vez faite fe inutile, D’ailleurs que pour-
rois Je dire 4 mon âge fur votre ejprie, VOa
tre érudition , vos qualités de vrai am
& de grand Citoyen ? Il faut avoir en foi
pour le moins le germe des qualités de Jon
Héros pour bien Le louer : auffi c’efl moins
par lefprit que par le Sentiment , que ma
dédicace vous plaira. C’eft l’avantage- dont
je juis UIIQUEMENL } jaloux,
Croyez moi pour toute la vie; avec un
attachement refpeilueux.,
Votre très-humble &
très-obéiffant fervireur ,
LANsEL DE MAGNY, D. M.
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ee Et
PERTE RER S
(SEE VW d’a “té AXE
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Fest LÉ
PRÉFACE.
L A ve courte & La médecine eff ur
art long. Je conclus de. cet aphorifme
d’Hippocrate, que c’eft une mauvaife mé-
thode dans l’étude de la médecine , de’
s’arrêter à des queftions uniquement cu
rienfes , qu’on ñe peut apprendre qu’avec:
beaucoup de peines & de rems.Cette étude:
de chofes inutiles en médecine eft caufe
que ceux qui s’y livrent font embarraffés:
auprès des malades elle eft caufe que les
Grands Théoriciens font de foibles Pra-
ticiens ; non pas à caufe que la théorie
eff inutile pour la pratique de la méde-
cine ,.( car un bon Praticien eft un grand
Théoricien ) mais à caufeque la plüparr
des théories en médecine ne conduifent
à rien. Je le répete /a vie eff courte & La
médecine ef? un are long ; W eft dons,
dt
ij PIRE FACE, |
inutile d’en furcharger l’étude de mille
queftions vaines , frivoles & embarraf-
fantes. Je n’excepte pas même certaines
queftions qui ont rapport à l’anatomie,
L’étude de l’anatomie eft la bafe de la
médecine & de la chirurgie à la vérités
mais ce n’eft point l’étude de cette ‘ana-
tosnie fublime-& minuatieufe ;-imais de
cette anatomie pathologique; c’eft-à-di-
re , de cette anatomie qui explique le
fiége , & les caufes des maladies, pat
l’anatomie même. Si la vie étoit longue
& la médecine & la chirurgie pratiques
des arts moins difficiles à étudier, à ap-
prendre à connoître même dans le cabi-
net; je confentirois volontiers qu’on fe
livrâcà ces queftions vaines & curieufes
qu’on enfeigne ordinairement dans les
écoles, qui ne tendent ni à rehdre l’hif-
toire des maladies & des médicamens
plus. claire , n1 plus intelligible.
Pour bien étudier la médecine, il faut
fe choilñir de bons Maïîtres, très-verfés
fur-tout dans l’étude des ouvrages des
anciens Médecins ; ne paffer aucun jour
de fa vie fans apprendre quelque chofe
de nouveau ; lire peu & réflechir beau-
coup fur fes lectures ; ( les Médecins les
plus habiles ne font point ceux qui ont –
PRÉFACE.
le plus lu & le plus vu , mais ceux qui
ont le plus réflechi fur ce qu’ils ont lu
& fur ce qu’ils ont vu.) On ne réfléchit
jamais mieux que dans la folitude. Je
peux ajouter ici pour relever l’excellence
de l’étude profonde & réfléchie de la
médecine & de la chirurgie pratiques,
que ceux qui s’y font le plus adonnés ,
fonc les plus heureux dans le traitement
mème des maladies qu’ils n’ont jamais
vues;mais qu’ils ontbien étudiées,& bien
lues. Ce que je.dis ici paroït un paradoxe
à plufeurs; ileft même contraire au fen.
timent qui perfuade le peuple , qu’il faut
être vieux Médecin , pour être fçavant
& heureux Médecin. J’ai vu de jeunes
Médecins plus heureux, que de vieux
Médecins renommés , dans la curation
des maladies graves, difficiles , qu’ils
voyoient pour la premiere fois ; mais
qu’ils avoient fans doute mieux étudiées,
que les vieux Médecins. La remarque
que nous venons de faire eft virtuelle-
ment renfermée dans le fentiment de
Rhafts , Médecin arabe , très-fçavant &
très-célébre, qui préféroit un jeune Mé-
decin qui avoit éminemment bien étudié
l’hiftoire des maladies , à un vieux Mc-
dècin qui ne les avoit que médiocrement
étudiées.
L”
ir PRÉFACE
Voici les livres qui doivent princi-
palement compofer la bibliothéque d’un:
Etudiant, foit en médecine, foir en chis
turgie. Les Entretiens Phyfiques du Père:
Regnaud ; les Leçons de Phyfique de l’Ab-
bé Nollet ; l’ Anatomie de Lieuraud ; de
Verdier, de Winflow ;. la Phyfiologie de:
Hall. Les Principes de Chirurgie. de la:
Faye ; le Cours de Chirurgie de Col de:
Villars ; les Infliturions de Médecine dë
Bocrhaave ; les Aphorifmes du même Au-
teur [ur la connoiïffance des Maladies com-
mentés par Van-Swieren ; les Mémoires de:
L’Academie de Chirurgie de Paris ; les Él4.
mens de Chymie, Théorique & Pratique de:
Macquer ; la Chymie & la Pharmacie de
Lémery ; les Élémens de Pharmatie de
Beaume ; les Plantes de Chomel ; les Acæ
couchemens de Levret ; les Opérations de
Dionis ; Les Inflivirs de Tourneforr pour
d’Étude des Plantes ; l’Hifloire Naturelle
de l’Homme dans l’état de Maladie par
Clerc ; les, Éc. &c. Quand les jeunes Mé:
decins & les jeunes Chirurgiens:ont com-
pris dans ces Auteurs tour ce qui eft re-
latif à leur tar ; quand ils font en état’.
de le mettre en prarique ; 1ls doivent:
ctudier les anciens Médecins, fur-tous’
lés Obfervateurs rant anciens que moder=
PRÉFACE. v
ñes. C’eft un moyen d’aprendre plus vite
la médecine , que de fuivre un Médecin
dans quelqu’hopital , que d’étudier chez
foi la maladie que l’on a vue , que d’en
comparer le progrès & l’iffue avec ce que
lon a lu. Enfin fi l’on veut fe faire vrai-
ment honneur en pratiquant la médecine
ou la chirurgie, il faut fe faire une loi.
d’étudier toute là vie. Hippocrate dit:
Perfonne n’a jamais [çu la médecine à
fond , pas même celui qui l’a inventée,
Quoique vieux je ne me flatte point d’a-
voir atteint le fafte de cet art. 1] conviene
donc qu’un étudiant, foit en médecine,
foit en chirurgie fe faile de bonne heure.
un plaifir d’étudier, puifque c’eft un de.
voir qu’il eft obligé de remplir toute la
vie , sil veut connoître profondément
fon état. D’ailleurs le plaifir de l’étude
Je dédommagera des peines que la mé-
chanceté & l’envie ont attachées à la pra=
tique de l’art de guérir. Plufeurs me blä-
meront peut être 1c1 de faire ferntir aux:
jeunes gens que l’art de guérit eft un art
d’ficile. Ce n’eft pas rendre fervice à
quelqu’un de lui cacher les peines de
l’état qu’il veur embraffer. Cette délica
tefle malentendus occafionne des regrets
à celui qui embrafle un état dont il ne
vf PRÉFACE,
connoiffoit point les défavantages,
: Quelque fimple qu’on vueille rendré
l’art de guérir, il fera toujours le plus
difücile des aïts ; & le Médecin & le
Ghirurgien mériteront toujours beaucoup
de confidération dans l’état ; non pas feu+
lement à caufe qu’ils font ceux qui appro-
chentle plus de la divinité par leurs bien-
faits,mais encore à caufe que ce font ceux
dont l’état eft le plus pénible, le plus
difhcile & le plus utile.
Je prélferis qu’un critique qui lira cet
Ouvrage me féra ces objections, que les
extraits font inutiles , qu’ils n’apprénnent
rien de nouveau , que noûùs he manquons
point de principes de médecine , que les
miens paroiffent obfcurs dans certains
endrois. PHNER Pi
La critique eft aifée, dit un Pocte, &
Part difficile ; un bon extrait donne l’en-
vie de lire un Ouvrage excellent qui re-
bute par fa longueur, rien n’eft plus dif-
ficile à faire que certains extraits ; ceux
de médecine font certes de ce nombre;
Quelle fagacité ; quelle pénétration, quel-
le profondeur de jugement , quelle éren-
due de génie ne faut-il pas pour rédiger
un livre entier en trois ou quatre propo-
fiions , quelquefois plus claires, plus
LA
PRÉFACE vij
intelligibles , que le livre dont elles font
Jabrégé!
Soit que certains extraits n’apprennent
rien de nouveau, les miens pourront plai-
re à certains curieux par les efforts que j’ai
faits pour accorder. les anciens avec les
modernes & les modernes entr’eux fur le
tems de purger, ain que fur plufeurs autres
point de la dernière importance ; tels que
la faignée, pour diftinouer les cas où elle
tue , ceux où elle guérit, &c. &c. je peux
mème ajoûter que je pourrai plaire par les
efforts que j’ai faits pour fimplifier la def-
cription des maladies & des remèdes,
Soit aufli que nous ne manquions pas
de principes de médecine ; je dis, fois,
car je ne crois pas la république des fcien-
ces auffi riche, qu’on la fuppofe , j’ofe
affurer que jai eu la hardielfe de traiter
dans mes principes des queftions que
chacun n’a point voulu fe donner la peine
d’approfondir.
Si l’on me dit que mon Ouvrage pa:
roîc obfcur dans certains points, je ré-
ponds que des perfonnes qui ne font
point de l’art, m’ont compris dans ce
qui m’avoit donné le plus de peine ; que
cet Ouvrage devoit être le fujet d’un
commentaire que je devois faire dans un
viÿ PRÉFACE. |
cours particulier, & que mon critiqui
doit en qualité d’aîné me critiquer.en rs
‘fant quelque chofe de mieux ; Ze devoir
d’un Médecin, dit Hippocrate , ef? de faire
de nouvelles découvertes dans [on art , ou
de perfeilionner celles qui ont déja été far-
tes, plutôt que de perdre Jon tems a cen-
furer des autres © à les rendre méprifa-
bles. CAES
PRINCIPES
PRINCIPES
DE MEDECINE
ET Fes
DE GRANDE CHIRURGIE,
Extraits des Ouvrages d’Hippotrate
| 6 de Boerhaave, &cx
: DE LA PHYSIOLOGIE,
Surtout en tant qu’elle expliqué les déran-
gemens de l’économie animale, :
4. . D E la, Fibre & de fes propriétés, La
Fibre fimple eft un tuyau cylindrique, femblable
à un cheveu; elle. eft compofée,de parties ter-
sefkres;sunies enfemble par. le moyen d’un fuc
gluant & épais. Toutes nos parties folides font
-éompofées de fibres , même.nos os. Toutes nos
fibres ont. été. molles dans léur,commencemert.
La chaleur, la texture particulière des fibres,
À
À
2. PrincirEes DE MEDECINE
tantôt courbe , tantôt étroite , retiennent le fuc
gluant embarraflé dans les parois de la fibre , &
l’oflifient de cette manière. La plüpart de nos
fibres font fenfibles , élaftiques & irritables.
Tout le monde connoît que la fenfibilité dans
une fibre eft la faculté de produire des fenfa-
tions dans l’ame , dès qu’elle eft agitée. L’élaf-
ticité eftune force qui remet un corps dans le
premier état dont il d’été dérangé. L’irritabilité
dans. une fibre eft,un pouvoir de,fe contraéter
plus ou moins de fois quand elle a été muë :
inje@ez de l’eau dans le corps d’un homme
mort , vous le verrez palpiter plus ou moins
de fois. 11 paroît que la caufe de l’irritabilité de
nos fibres eft la matière ignée & humide dont
ciles font pénétrées. La matière ignée eft facile
à agiter 5,,elle communique fon mouvement
avec d’autant plus de facilité qu’elle eft répan-
due dans un corps plus mol & plus humide.
La caufe de l’élafticité eft aufli la matière ignée
“extrémement mobile, qui après s’être muë,
tend à fe remettre dans fon premier état. La
caufe de l’élafticiré de la matière ignée eft un
pouvoir qui lui eft particulier de recevoir Je
mouvement obliquement & direétement.
6. Ils DuGerveau: Le. Cerveau eft formé de
deux fubftances , l’une cendrée , l’autre médul-
laire. Ces fubftances font fibreufes “elles occu-
enttoute la cavité du crâne & du-canal de
Yépine. Les fibres du cerveau fe croifent , celles
du côté gauche paflent au côté droit ;’& celles
du côté droit pañlent au côté gauche: Ainfi qui-
‘onque voudra chercher les caufes de Ia paraly-
fie ; à l’accafion d’un coup , d’une chüte, oûde
quelque autre caufe , doit la cherchei‘ordinai-
rément dans Le côté de la rêce qui eft’oppolé à
|
|
:
|
|
.
LA
ET DZ CRANDE CHIRURGIFS 3
la partie paralyfée. La fubftance du cerveau
donne naiffance aux nerfs , les nerfs la don-
ment enfuite. aux différentes parties du corps,
ou du moins ils leur font continus , ainfi
u’on le prouve dans les réflexions fuivantes.
L piquure ou la felion incomplette d’un nerf
donne lieu à la fiévre, à la phrénélie, & à la
douleur de toutes nos parties. La piquure d’une
aponévrofe , même dans l’endroit où l’on n’apper-
soit aucun nerf, excite des convulfions dans toutes
les parties du corps. Ces deux réflexions prou-
vent inconteftablement, ou que nos parties tirent
leur naïffance des nerfs , ou qu’elles leur font.
contiguës. Les nerfs fervent à donner au corps
le fentiment & le mouvement; ils donnent ce
fentiment & ce mouvement par le moyen d’un
fluide dont la nature n’eft pas encore démon-
trée. Si on lie & fi on coupe quelques nerfs,
les parties qui font au – deflous de la ligature
perdent.le. fentiment & le mouvement ; celles
qui font. au-deflus confervent l’un & l’autre.
Il faut donc qu’il y ait un fluide , concluent
tous les Auteurs, pour donner le fentiment &
le mouvement. Je fuis perfuadé de l’exiftence
de ce fluide ; mais je crois que cette expérience
ne prouve rien.autte chofe, finon que le fen-
timent & le mouvement s’opèrent par le mou-
vement des nerfs que la ligature fufdite em-
pêche. Quoi qu’il en:foit, il paroït certain que
Ja nature fe pañle quelquefois de ce fluide pour
_ donner le mouvement au corps. Nous avons
des hiftoires d’enfans nés fans cerveau , &
fans moëlle allongée , qui ont vécu quelques
heures. OP RO FEES
4$.,1IL, De la fympathie de la Tête & du.
“Cerveau avecitoutes les parties du corps. Pour
| <0 Ai)
déni.
SET
»
4 Princrres De Mrprcine
bien connoître la fympathie de la rêre , du cer:
veau & de fes parties , ‘il faut remarquer les
chofes’ fuivantes.! Sous l’éxpanfion\‘tendineufe
dont la têre eff couverte , eff le périofte du crâne
compofé de dèux lames , dont la première , com-
me intérieure, perce l’os en différens points, &
communique fur-tout du côté des futures avec la
dure-mère , qui tapiffe intérieurement le crâne ;
Des nerfs fortis de [2 cinquième paire & de la
portion dure de la feptième ; fe diftribuent aux
parties extérieures de la tête. Voïci ce que l’Ana+
tomie apprend dela communication des parties
extérieures du crâne avec les parties intérieures.
Comme Les parties intérieures du crâne fe propa-
gent, s’écendent dans toute l’étendue du corps,
Joit médiatement , foit immédiatement , il eff clair
que les mauvaifes difpofitions des parties exté-
rieures du crâne pourront étendre leurs effets dans
toutes Les parties du corps. On lit dans les Epi-
démiques d’Hippocrate qu’une petite plaie faite
au col avoit caufé des convullions & la mort le
jour furvant. 2e |
Il eft intéreffant de connoître quelle partie
de la tête, foir intérieure, foit extérieure ; for-
me principalement la fympathie de la tête avec
les autres parties du corps. L’expérience nous
apprend que toutes.les parties de’ la tête , foit
contenantes foit contenues , forment éga-
lement cette fympathie. Il eft encore plus intéi
reffant de connoître quand une partie du corps
cit léfée à la fuice dés plaies de rêre , quelle
artie du crâne, foit intérieure, foit extérieure,
ft affectée ; & donne:lieu aux affections contre
nature des différentes parties du corps. Perfônne
n’a encôre examiné profondément cette quef-
tion ; ainfi je laiflerai bien des chofes à defirek
ÆT DE GRANDE CHIRUKGCIE,
dans ce queijc vais en dire. La légereté d’une
bleffure au crâne fait croire que fes parties ex-
térieures donnent lieu aux affeétions contre na-
ture des, parties du corps, quelque confidéra-
bles que ces affe@tions contre nature paroïffent.
L’enfoncement des os du crâne märque que c’eft
l’épanchement du fang ou la compreflion du
cerveau qui donnent lieu aux affections contre
nature du corps. Une chute de bien haut, fans
-que le crâne paroïfle contus, dénote que les
accidens qui en font la fuite proccdent de la com-
preflion , de l’affaiffement du cerveau, ou de la
rupture de quelque vaifleau fanguin. Un coup
violent à l’extérieur du crâne marque que les
-accidens qu’il occafionne, proccdent de l’inflam-
mation des méninges , fur-tout. lorfque l’inci-
‘fon cruciale n’a point. donné de foulagement
‘au bleffé. Les affections. contre nature qui arri-
vent long-temis ‘après le coup dénotent abcès
dans les os du. crâne ,; ou dans les méninges,
ou dans.les différentes circonvolutions du cer-
sveau. Comme les nerfs s’entre-croifent, on juge
-que s’il furvient paralyfie à la fuire de quelques
coups, la caufe de la paralyfie exifte ordinaire-
-ment dans le côté du crâne oppofé à la partie
-paralytique: Comme le crâne Iéfé dans les mê
-mes endroits a produit maintes fois des affections
contre nature , tantôt dans un endroit déter-
-miné du corps , tantôt dans un autre 3 comme
les mêmés affections contre nature du corps ont
été produites , tantôt par telle léfion de telle
partie du cerveau , tantôt par la léfion de telle
autre partie du cérveau ; comme une bleffure
dans le crâne a produit des inflammations , des
-accidens dans les parties du corps avec lefquelles
‘a partie bleffée du crâne n’avoit aucune conne-
LS RATE
6 PrrRcrr#s pe MrEpDEcine.
xion apparente ; comme la léfion des parties ex-
térieures du crâne a produit les mêmes fymptô-
mes que la léfion des parties mrérieures 5 il pa-.
roît qu’il eft téméraire de déterminer par les
fymprômes, que les bleflures dé rête occafon-
nent , l’endroit déterminé du crâne où du cer-
veau qui eft léfé & bleffé. Cependant quand
les accidens des bleffures ne cedent point aux
incifions cruciales, on peut croire que la partie
bleffée eft dans l’intérieur du crâne. Si les acci-
dens des plaiës de tête furviennent après quel-
ques bleffires faites à la face , on peut croire
e leur caufe exifte dans ke bas du crâne. Les
Hignées abondantes dans le commencement
de la bleffure peuvent fauver ceux qui font
ainf blefés. Si les accidens qui arrivent long-
tems après ‘les plaies de’ tête furviennent
à la fuite d’une bleflure faité au péricräne , ôn
peut croire que la bleflure eft à l’extérieur du
cerveau , ou-dans l’os du crâne du côté oppolé
à la partie du corps qui eft malade : dans ce.
cas on peut faire l’opération du trépan ; fans
ofer en affurer le faccès , à caufe des raifons
ci-deflus énoncées.
&: IV. De lEflomac. L’Eftomac eft un vaif-
feau membraneux, deftiné principalement à fot-
mer la digeftion des alimens. La digeftion fe fait
par trituration ; par diffolution & par fermen-
tation. ( On entend par fermentation un mou-
vement inteftinal qui s’excite dans les parties
infenfibles d’un mixte pour en changer la forme :
ou la figure. ) L’objet principal dont on doit
s’entretenir en parlant de l’eftomac , eft fa fym-
pathie avéc toutes les parties du corps. L’ana-
tomie, & l’hiftoire des maladies fur-tout , prou-
vens cette fympathie. L’anatomie nous apprend
Le
ET DE GRANDE CHIRURGIE 7
que l’eftomac à plufeurs nerfs confidérables.
Ces nerfs viennent de la huitiéme paire 3 ils
s’étendent en formant fur l’œfophage deux ple=}
xus. Le plexus antérieur fe porte:de l’œfophage:
fur la grande courbure & la face antérieure
de l’eftomac. Le plexus poftérieur fe rend dans
la petite courbure de l’eftomac:, enfuite au,
foie , au pancréas, au diaphragme. Par le moyen:
de ces nerfs l’eftomac communique médiatement
avec toutes les parties du corps. La pathologie
nous apprend auf fur la fympathie de l’eftomac
des chofes que l’anatomie la plus exacte ne nous
auroit jamais fait foupçonner. Un enfant après
avoir avalé de:la cigue aquatique tomba en con-
vullion de toutes les parties du corps s! il perdit
connoiffance trop peu de tems après avoir avalé
cette ciguë pour qu’on pât foupçonner que la moin-
dre partie de cette cigué avoit paf[é dans la maffe
du fang : après avoir perdu toutes fes forces il
mourut. Je fus appellé il y a quelques jours poux
voir un malade qui commencçoit à devenir para-
lytique des deux mains ; je lui ordonnai premie-
rement des bains aromatiques & des fudorifiques
fans fuccès fenfible. Perfuadé que les nerfs, de
l’eftomac communiquent avec toutes les parties
du corps, je le fis vomir avec l’ippecacuana. Je
rendispar ce moyen, en peu de jours, à mon
malade l’ufage des mains & des bras. Des Au-
teurs de mérite & de réputation affirment que la
plüpart des maladies des enfans & des adultes
procedent du vice de l’eftomac. Ils difent : /orfc
qu’une;partie de notre corps, quelle qu’elle foir, ef
mulade ; lorfqu’on ne peut foupsonner aucun vice
dans les humeurs , ou dans la partie affligée , il
faut croire le plus fouvent que.la caufe de la ma-
ladie exifie fur-tout dans l’eflomac. En voici aflez,
SAT AW
# Prrreorres Dr Mrprernr
pour prouver la fympathie de l’Eftomac. Je con.
feille au Lecteur de lire un Ouvragede Rega
fur la fympachie de l’eftomac. Quoique Rega dans:
cet Ouvrage -paroifle trop infinuer que la caufe:
& le fiége de toutes les maladies exiftent dans!
l’eftomac ; quoique ce fentiment foit une erreur:
dangereufe , fon Livre fur la fympathie de l’ef-
tomac eft néanmoins un des bons ouvrages de:
Médecine, que l’on doit fe hâter de lire & d’ap-
profondir.: | :ogts
$. V. Des forces de la vie. L’origine des for-:
ces de la vie æft dans la femence. Il paroît que»
la femence ef compofée de parties fluides 8:
liquides: La partie fluide renferme certainement:
du feu ;.la partie folide eft élaftique. :La ma+r
tière ignée de la femence qui eft toujours -en:
mouvement agit dans l’Urerus fur la partie fo>:
lide de la femence ; la partie folide de la fe-
mence avit fur la matière ignée:. Dans ces mou-.
vemens nous: recevons la vie ; ou plutôr’ces:
môuvemens font la même chofe que la vie, ou’
la force de lavie. La force: de la vie s’entre-:
tientrparles alimens , par les bonnes digeftions:
| fur-tout: Un homme qui digère mal eft toujours
| foible, tanguiffant ; un homme qui digère bien
|eft conjours affez fort, aflez robüfle. D’où i
| fuitque l’eftomac eft; pour ainfi dire , l’origine
| dela force della vie. Je: crois cette conclufont
” vraie dans de fens Je plus étendu. Aufli les plus:
fçavans Médecins ont regardé l’eftomac comme
| Ja fource dé la plûpart des maladiesils fe fonc
( | principalement attachés:à l’art de purger, &
d’employer les ftomachiques ; leurs fuccès ont:
prouvé la vérité de leurs principes ; certains me-
me ont guéri de nos jours des affections vapo-
reufes par l’ufage du quinquina; comme fomas:
Re À
ETiDÉ GRANDE CHIRURGIE. -.9
chique 5 & n’ont point douté d’affurer qu’an des
plus grands médicamens, eft ie choix des alr-
mens: /proportiônné aux. forces – de l’eftomac.
Quand les digeftions fe font bien , il fe fait
un bon chyle qui répare promptement les for-
ces Iperdues; qui donne des forces à la, nature
-pour la:coétion des mauvaifes humeurs. Un bon
chyle forme un, fang louable, quiirrite-le cœur,
-êcile fait: contracter & dilarer convenablement.
Un mauvais chyle éreintmême quelquefois. les
mouvernens du cœur, comme-on-le voit dans
certaines indigeftions ; un mauvais chyle occa-
fionne la fiévre, &c. en irricant & en obftruant
les -vaifleaux. C’eft lé pouls qui noas inftruit
_-des degrés, de l’écatide la force de, la vie, &
par conféquént des: degrés de-la-fanté & de la
maladie. s}Un:pouls fort dans l’état de fanté
marque uné grande force de -la vie, beaucoup
+d’efpritsanimaux du cervelet envoyés au cœur,
‘de bonnes digeftions, de bons alimens, de for-
tes boïffons’, une grande abondance de fang.
-Dans-les maladies aiguës ,1ce-pouls: marque la
-Taréfaction du fang3 quand ileft non-feule-
ment, fort; mais: vite &c fréquent; il dénote
une grande:fiévre. Le pouls fort peut tromper
-dans-les maladies du cervedn ou, quoiqu’il y
aitiunfüx libre du cervelet au cœur ,.les-autres
-parties du cerveau font embarraïffées. Le pouls
foible dans l’état de-fanté déñorc’lecontiaire du
pouls fort. Le pouls foible dans f’érat ide; mala-
“die, fi c’eft au commencement; :dénote pout-
ritute: dans les: premières &:dansi les-fecondes
voies… Le -pouls foible” à la finides maladies’,
“après les crifes ; dénote difetted’efprits vitaux
-&.de bon fang. Le pouls foible dans les ma-
ladies chroniques: dénote défaut de bonnes hu-
À v
10 Princrrss Dr Meéprcrnr
meurs. Le pouls foible peut aufli dénoter dans
Jes maladies aiguës , des pléthoriques fur-tout:,
abondance de fang. Le pouls dur dans les: ma-
‘Ladies dénote ou des obftructions dans 1a mem-
brane de l’artère, ou de la féchereffe dans‘les
mêmes membranes ; ou la trop grande pléni-
tude des artères , ou des obftruétions à: l’extré-
mité des perités artères, ou un fang denfe:,
compat, enflammé , ou inflammation d’une
partie quelconque du‘corps de l’homme: ‘Un
pouls rare marqüe dans tôûs les’érats de la ‘vie
que le cœur fe contraéte plus lentement’; »il
marque par conféquent Ja difetre des efprits’ani-
maux , l’abftinence d’alimens , la foibleffe: de
Ja force de la vie ; il eft:un mauvais: préfage
‘dans les maladies. Prefque:tous. les Auteurs &
tous les vrais Obfervateurs difent que leipouls_
intermittent dans les maladies aiguës eft le figne
d’une diarrhée critique 3 ce pouls imarque que
Ja force de la vie augmente du côté des inref-
tins pour chafler les matières nuifibles. Lorfque
Tintermiffion ne dure que l’efpace d’une diaf-
‘tole, élle annonce une petite évacuation ; elle
annonce une plus grande évacuation lorfqu’elle
dure davantage. La tenfion. de l’artère ; jointe-
à l’intermittence du pouls’, marque: une:crife
par les urines, & la diarrhée. Plus: l’intermit-
‘tence fe fait fentir rarement dans un tems:don-
né, plus la‘diarrhée tardera x ‘paroître ; plus
l’intermittence du’ pouls fe! fait fentir fouvent .
“dans le même tems donné ; iplus la diarrhéeeft
‘prochaine. La raifon de :ces: phénomenes:; que
Solano dit. avoir obfervés ;: me: paroît celle-ci:
plus l’intermittence du pouls fe fait fentir:rare-
ment , moins il‘fe porte de force wivale >aux
intefti ns; & au contraire. Ordinairement ce-
LS
ÉT:DE GRANDE CHIRURGIE.: 11
pendantla diarrhée & l’indication de.purger. exif-
tent fans l’intermittence du pouls ; elles exiftent
même avec un pouls conftamment, fort.& non
intermittent. Le pouls redoublé dénore le fai-
gaement du nez ; ce faignement paroît d’autant.
plus vite qu’il fe fair fencir plus fouvent ; &.au con-
traire. Le pouls plein & mel, joint à la moiteur.
des chairs , dénote la fueur. So/ano s’eit fait cer-
tains partifans célèbres , même. de’ nos jours.
dans É pronoftics fur le pouls. Nous ne voyons
pas conftamment dans la pratique ordinaire de
la: Médecine l’événement des pronofitics de So-
lano , parce que l’on prévient beaucoup les
crifes par les remèdes de l’art 3: je fuis perfuadé,
qu’il eft maintes maladies où il eft fage de pré-.
_venirles crifes; dans.les fiévres que la pléthore
& certaines autres caufes occafionnent, 1} fe peut
aufli bien rompre un vaifleau du’cerveau que
. du nez ; dans les maladies avec matière dans les
premières voies , attendre une évacuation criti-
que de la nature , c’eft expofer le malade poux
le moins à quelques jours de douleut de plus *
ces raifons me font croire que ceux qui nè fui
vent pas aveuglément la doétrine de Solano,ont
taifon. Je fuis cependant perfuadé,qu’il elt.des
cas où il eft de la fagefle de la fuivre : j’en pare
lerai dans le courant de cet Ouvrage. Il eft inü-
tile que nous enfeigriions dans cet article ce que
nous avons fait remarquer plus haut, qu’une
partie ne devient ordinairement, plusforte qu’au
détriment de l’autre, Si le: pouls eft plus fort
dans les maladies, l’eftomac, par exemple, de-
vient plus foible ; fi l’eftomac & les inteftins de
viennent plus forts pour chafler les matières pus
trides , le pouls deviens quelquefois plus foïble.
Je dis quelquefois ; çar dans la dyfenterie, dans
? + AY er Wu 8
t
12! Prindrres nr Memrcins
lés inflammations de bas-vertre ; dans le cas de:
certaines indigeftions , la-force du poulsfe con=:
fèrve avec la force de l’eftomac & dés intefkins.:
11éft cepéhidant vrai, même dans ces derniers:
cas , que la force de quelqu’autre partie du:
corps eft diminuée. Il fuit des affertions que je:
viens de décrire , que la diarrhée dans certaines
rhaladies de poitrine eft capable d’empêcher lex-
pcétoration , parce que la fürce de la vie qui fe
porte aux inteftins diminue celle qui exifte dans
lé poumon pour procurer l’expeétoration. C’eft:
pour cette raifon qu’Hippocrate , qui ordonnoit.
des clyfteres , des purgatifs, dans les pleuréfies,
les fupprimoit, lorfque le malade comfmençoit+
à éxpeétorer , de crainte que l’expeétoration ne»
s’arrétât , & que le malade ne périr de fuffoca=
tion lé fepriéme ou le neuviéme jour. Cettere=
marque s’obferve encore ; un Médécin: éclairé:
me difoit fe repentir de ne l’avoir pas aflez ref=
pecté dans’un malade , qui expeétoroit, & qu’il
dévoit purger. Û
“Objedion. Les forts purgatifs augmentent la
fiévre ; donc les grandes excrétions inteftinales –
nc diminuent point la force du pouls. : R
” Réponfe. Les forts purgatifs donnent lieu à la
fiévre , ou ‘parce qu’en partie ils paffent dans
{1 mañlé du fang , ou parce qu’ils excitent une
gere inflammation telle qu’elle foir, qui par
fympathie fe communique aux artères. Jamais
Jés purgatifs modérés, prudemment adminif-
trés, ne donnent la fiévre. Cette, réponfe eft
fi viäie qu’Hippocrate défend de purger dans
lé plus haut degré dés fiévres continues , parce
que. dit-il, on doit plut6t aider la nature dans
lé combat qu’elle foutient, que l’affoiblir par des
éyaéuations, L’ébjedtion à laquelle nous. venons
on
ET: DE GRANDE CHIRURGIEÉ. L3:
derépondre éxplique pourquoi les forts purgatifs,
dans l’apoplexie glutineufe nuifent, quand ilsne
foulagent point ; ils nuifent, parce que le mou-!
vement fébrile qu’ils excitent engage de plus en;
plus la matière , ou la caufe à l’apoplexie ;.
dansles vaifleaux du cerveau. Les forts purga-
tifs peuvent foulager dans l’apoplexie glutineufe
. En dérournant la.caufe de l’apoplexie, ou en l’ex-.
primant .promptement des artères engorgées. +.
e $: VI. Des: Humeurs. Les humeurs naïflent
du chyle 3 le chyle:naît de la. digeftion. des ali-
mens : le chyle a la nature du lait. Il eft aifé,
d’appercevoir dans le lait trois parties, la crême,
le férum ; le caillé. Ces trois parties reftent unies
tant qu’elles font mues dans le corps de l’ani-
mal , &-tant qu’un vice particulier ne les défunit.
point, Le férum efl un acide répandu dans beau- «
coup d’eau ; la crême eft une huile; le caillé eft
un mucilage plus ou moins parfait, felon la na-
ture des.diffèrens laits. dont il fait partie. Le
chyle devient fang quand il a circulé quelque
._tems dans Jes grands vaifleaux. Il paroït que le
chyle devenu fang n’eft redevable de certe nou-
velle forme qu’à la crême extrêmement divifée.
La grande divifion que la crême a foufferte luiæ !
donné Ia couleur rouge. La crême devenue rou-
ge, extrèmement divifée, colore toutes les autres
parties du fang. Le caillé du chyle, après qu’il
eft devenu fans , devient la Iymphe nourricière:
ducorps. La lymphe dans le fans. n’eft qu’un,
mucilage plus atténué. Il y a dans le fang la ma-,
tière-des humeurs excrémentitielles &.récrémen-
titielles..Les humeurs:excrémentitielles-font cel-
les qui fe féparent du fang pour le rendre plus
pur ; les humeurs récrémentitielles font celles
qui fe féparent du fang , qui acquièrent une
ra Prinorrss De MrDecrns
nouvelle forme dans quelques glandes du corps,’
&’qui fe «mêlent enfuire aux humeurs du corps 3°
les unes, comme la bile, la falive, perfection
nent les digeftions ; les autres, comme la {e-
mence , &c. augmentent les forces du corps. On!
difpute beaucoup fur la caufe efficiente des hu-.
meurs ; cette ira me paroît inutile pour la
pratique dela Médecine: je vais dire deux mots”
fur la caufe efficiente des humeurs. La forme!
dés glandes qui donne la figure à nos humeurs
eit différente dans chaque glande ; donc le mou-:
vement que chaque glande communique eft dif:
férent ; donc chaque glande doit produire des’
humeurs différentes. Le repos des humeurs; les:
humeurs excrémentitielles retenues, le mauvais:
chyle , les matieres étrangeres répandues. dans’
– les vaifleaux fanguins , donnent lieu à la divi-:
fion &: à l’altération des humeurs: : « 10
r 4
“DELHYGIÉNE. g
L’Hygiéne donne la connoiffance des cho-
fes naturelles qui éonfervent la fente.
6. VE. D E l’air & de fes propriétés. L’air eft un
fluide pefant & élaftique ; dont nous fommes
continuellement environnés. Il aide la circulation
du fang par fon élafticité qui réagit fur les vail-
feaux. Plus l’air eft pefant, plus il reflerre les
vaifleaux ; il peut être quelquefois fi pefant , qu’il
refferre trop les vaiffeaux de la pleure , qu’il em-
pêche le paflage du (ang , & qu’il occafionne des:
inflammations. L’air n’eft jamais plus pefant que
!
}
ET DE CRANDE CHIRURGIE. 1f
dans les tems froids & dans les lieux bas; it n’eft
jamais plus léger que dans les tems chauds & dans
les lieux élevés. L’air léger ne réfifte pas aflez
à la dilatation des vaifleaux; il eft incapable dé’les
-æeflerrer , autant qu’un air pefant. La légéreté de
Vair produit des laffitudes , des péfanteurs, des:
Jenteurs fpontanées:; elle: donne lieu au fang de
‘s’infinuer dans des vaifleaux , dont le diametre
efb trop étroit pour qu’il y puiffe refter; fans pro-
duire de la douleur. L’air léger donne lieu pr
conféquent aux inflammations.: L’air trop chaud
ou trop fec diflipe Îes parties les plus Auidés
de?nos humeurs ;! par le:même méchanifme,
qu’ildiflipe les parties les plus fluides d’un linge
mouillé ; l’air chaud épaiflit par conféquent nos
“humeurs , donne lieu à Finflammation & à Ja
mélancolie. L’air trop chaud excite auf la pu-
tréfaétion , foit dans nos humeurs, foit dans
nos ‘alimens.: L’air trop froid occafionne des
maladies inflammatoires ; même la gangrène,
L’air modérément froid rétablit Ha tranfpiration.
Il faut éviter de pafler fubitement d’un air froid
a un air chaud, & d’un air chaud à un air froid;
icette viciflitude occaflionne des rhumes; : L’air
hamide affoiblit , il relâche , il donne heu aux
diarrhées ; aux péripneumonies , a la pourri-
turedes humeurs, à a rétention des humeurs
excrémentitielles des fecondes voies, &‘aux fié-
vres malignes par conféquent. L’air le plus fain
en général eft celui qui eft le moins chargé de
«corps étrangers; toutefois l’air du printems ,
chargé departicules odoriférentes ; eft rrès-fain ;
mais ‘un’air quitaiété refpiré , qui vient de la
mer ; qui parcourt des endreits mal fains , ren+
* ferme: néceflairement des corps nuifibles à la
fanté sil eft mème certains égoûts ,: certains
té Prrncrres DE MeDEcInE
cimetières , que l’on fait après les grandes bä-
tailles , qui répandent un poifon dans l’air ; da
elte , (par exempless,5lure re) MES xml ass
$: VIII. Des Alimens en général. Les alimens
font des mucilages 3 les mucilages font d’exaétes
proportions de fel, d’huile, de terre , répandues
dans tous les corps nutritifs , :foir végétaux,
foit animaux. Dans l’enfance des plantes ,-on
y apperçoit que la matière du fel., la terre &
l’eau 3 quelque tems après fe forme le fel ; en-
fuite l’huile, enfin le mucilage. La différence
des mucilages dépend: du climat , & de l’arran-
gement différent des fibres des corps qui les pro-
duifent. Dans le rems froid les plantes croiflent
moins ; dans un air froid & humide elles croif-
fent davantage, mais l’eau abonde. Les aroma-
tes croiflent bien dans ce tems’; témoin des
plantes aromatiques qui naiflent au bord des
rivières. Dans les pays chauds! le mucilage eft
plus acténué ; les aromates y font plus parfaits.
Le propfe de la chaleur eft de mettre tout,en
mouvement. La différente configuiation, des
plantes, dont les unes ont les tuyaux de leurs
fibres plus larges ; les autres plus étroits doit
auffi donner néceffairement lieu à la différence
des: mucilages. Plus un mucilage .eft atténué,,
plusil eft parfait; il eft d’autant plus atténué
qu’il paffe dans des fibres plus étroites, qu’il
naît dans un tems plus chaud , qu’il reçoit plus
de mouvement , & que les matières qui fervent
à le former font elles-mêmes plus atténuées., Les
racines , fi on excepte peur-être : cellesiqui oùr
beaucoup d’odeur , -ont un mucilage:moins atr
ténué que Iles feuilles 3 & les feuilles soncrun
mucilagé moins atténué , moins parfait que les
femences. Les plantes légumineufes :forment
fé
ET DE GRANDE CHIRURGIE. 17
plus promprement leur mucilage que les plan-
cès céréales ; les plantes céréales forment le leur
plus vite que les arbres à fruit. Les plantes fort
tendres donnent promptement leur mucilage,
mais en petite quantité. Plus les plantes ont de
profondes racines , plus leur mucilage tarde à
fe faire ; du moins plus il eft aqueux : le foleil
touche moins facilement les racines de ces plan-
tes, & les deffeche moins par conféquent. Les
mucilages ont befoin d’une certaine atténuation
pour (Envie ‘à notre nourriture. Plus leftomac
et fort , moins il a befoin que les mucilages
foient atténués. Plus l’eftomac eft foible, plus
il a befoin que les mucilages foient atténués.
Le mucilage eft d’autant plus atténué , qu’on
lui donne plus de mouvement. Le moyen par
lequel nous communiquons le mouvement au mu-
cilage pour l’atténuer eft la fermentation & la
coctioh. Un mucilage, pour bien nourtir;ne doit
avoit aucun goût éminent ; il doit donc étre
d’une faveur moyennne : les mucilages qui ont:
un goût amer ou aigre ne font que des muci-
lages imparfaits; ceux cependant à qui ces corps:
peuvent plaire, ceux par qui ils peuvent être:
digérés , peuvent regarder ‘ces corps comme
mucilages , du moins pour eux. Toutefois il eft
des mucilages mixtes qui renferment plus ou
moins d’odeur & de faveur; on peut dire en
général que la partie aromatique de ces muci-
lages les rend’ plus parfaits ; elle aiguillonne:
les fibres de l’éflomac pour en faire faire plus
facilement la digeftion : nous ofons aflurer que
cette partie odorante eft dans certains fujets
abfolument néceffaire pour la digeftion. Quand
Ja nature ne met! point’cette partie odorante
dans Ies*corps fort denfes ; l’art doit l’y mettre;
18 Princrret ns Msprcins
c’eft pour cela que certains villageois mettent
naturellement de l’ail, du poivre dans certains
frornages fort épais dont ils fe nourriflent. Les
mucilages dont nous nous nourriffons font ti-.
rés non-feulement des végétaux, mais auffi des
animaux. Le mucilage des animaux en général
eft plus atténué que celui des végétaux , parce
qu’il a reçu plus de mouvement ; puifque ce
_ qui étoit végétal a dû s’atténuer dans. les vaif-, :
mt des animaux , pour devenir animal. IL
fuit de cette remarque contre, maints auteurs
que le mucilage des animaux, ne peut, pasifi
bien nourrir certains témpéramens délicats, que
le mucilage des animaux , qui eft plus atténué
& plus élaboré. La différence du mucilage des
animaux de la même efpèce dépend de leur
âge , du climat qu’ils habitent , des nourritu-
res qu’ils prennent, & du genre de vie qu’ils
menent ; ainfi les bœufs fauvages , les animaux.
qui habitent un pays chaud , ceux qui font d’un
moyen âge , ceux qui ont Ja ffbre plus roide ,
ont un mucilage. plus atrénué que les bœufs do-
meftiques , que ceux qui habitent un pays froid.
& que les jeunes animaux ; parce que la force de
la fibre, l’exercice, la chaleur augmentent le mou-
vement, l’atténuation par conféquent. Les ani-
maux qui vivent d’herbes defléchces , odorantes,
ont aufli un mucilage plus atténné que ceux.que
J’onnourritd’herbes plus épaiffes. Toutefois le mu-
cilage des animaux fe putréfie plus promprement
que celui des végétaux; parce qu’ils font plus près
du dernier degré d’atténuation, qui eftla putréfac-
tion. La différence du mucilage des animaux
de différente efpèce dépend de la différence de
leurs fibres &c de leur nourriture. 11 eft conftant
que les animaux dont Je diamètre des fibres eft
ZT DE GRANDE CHrIRURGIE. 19
plus petit, ont un mucilage plus volatil, moins .
denfe que les animaux dont les fibtes font plus
compaétes 3 il eft aufi conftant que les animaux
dont les fibres font différemment figurées, doi-
vent produire un mucilage différent. J’ajoute
que les animaux de différente efpèce, fe nour-
riflant différemment: , doivent néceffairement
produire un mucilage différent. 44
$.:1X. Des alimens tirés de certains animaux
en particulier. Les jeunes animaux ont:leurs fi-
bres plus tendres ; ils font plus faciles à digé-
rer; c’eft pourquoi le poulet fe digère plus ai-
fément que la poule ; la vieille poule cependant
rend un mucilage plus attémué. Le bœuf four-
niten décoétion un mucilage excellent : il eft lui.
même un bon aliment. Le lièvre, la bécafle ont
un mucilage d’un goût éminent. Le lapin , la
caïlle-ont: un mucilage- aflez, doux. Le veau
rend un mucilage rafraïîchiffant. Le mouton en
donne un échauffant. Le poumon des. animaux
femble faire une-exception à nos principes , . &
donne un mucilage fort, doux. : :
$. X. Des Œufs. Les œufs font un mucilage
fort nourriffant ; quand ils font durs ils font
difficiles à digérer ; parce qu’un mucilage eft
d’autant plus difficile à digérer qu’il eft moins
poreux , qu’il eft plus folide , qu’il pefe davan-
tage , & qu’il contient plus de matière fous le
même volume. : bis
$ XI. Du Lait. Le lait eft un chyle tout
formé. Le lait de femme eft celui qui convient
Je:mieux à l’homme 3 fes parties font plus atté-
nués Le lait de vache eft plus épais, & a fes
parties plus denfes. Le lait de chevre eft échauf.
fant, il convient aux tempéramens froids ; il a
fes parties fort atténuées & peu de féroficé, Le
–
to Principes DE MeDpscrns
lait de brebis à les vertus du lait de chevre
mais à un plus haut degré. ‘Le fait d’âneffe.eft
fort féreux & fort peu nourriffant. On:peut
trouver les raifons de la différence de ces laits
dans ce que nous avons’dit des alimens en gé-
néral. : ASC DT CELL |
$. XII. Du Pain. Le pain eft là bafe des
alimens ; pour qu’il foit bon, il faut qu’il air
fermenté , qu’il foit léger, qu’il n’ait aucun
goût éminent. Moins; Ft un: même volume
donné, un aliment contient de matière | phusil
eft léger ; c’eft pourquoi il faut faire férmenter
la farine ; la fermentation augmente le volume
de la matière du’pain. Le pain de froment:eft
le plus fain. Le pain de feigle eft plus rafraî-
chiflant. Le pain d’orge ou dechâtaigne eft pe-
faut. 9 sua 86 Ta
“+6 XIII Des Pois, &c. Les petits. pois
verds , tendres.) font rafraïîchiffans ; nourrif-
fans. Les haricots font difficiles à digérer. L’o-
fcille eft rafraïchiffante. La poirée:eft adoucif-
fante. Les plantes potapères, comme le panais,,
le” poireau , ‘le céleri , cuits dans le. potage
donnent un fel aromatique qui en augmente
la vertu & en facilite la digeftion. Lesaromates,
comme le poivre, la canelle, la mufcade ; le
café , le chocolat, font ftomachiques. |
$ XIV. Des Poiffons. Les poiflons d’eau
douce , comme la carpe , la tanche , le bro-
chet , la roche, font faciles à digérer ; ils font
légers. L’anguille eft pelänte , nourriflante ce-
endant. Les poiffons de mer, comme [a morue,
e faumon , la raie, font des alimens nourrif-
fans. Quand les poiffons ont fermenté, ils font
des alimens mal fains. |
$: XV. Des Boïffons. L’eau eft la premiere
ÉT DE GRANDE CHIRURGIE. z£
boifloa : c’eft la boiffon , pour parler en général ,
la plus faine. Les tempéramens Pibles doivent l’ai:
guifer avec un peude vin : ou la faite bouillir avec
quelques plantes aromatiques ; comme la fauge ;
le thin, le laurier, &c. quand ils font obligés de
la boire pure. L’eau pure, pour les tempéramens
foibles , eft trop relächante, L’eau la plus faine
& la plus pure, eft celle qui eft moins pefante,
qui’eft moinschargée de corps étrangers. La mau-
vaifeeau donne lieu aux maladies aiguës & chro-
niques, aux écrouelles, aux fiévres putrides, pef-
tilentielles. Quand on eft obligé de fe fervir de
mauvaife éau, il faut la laifler repofer, la filtrer
enfuite par le fable, & la faire bouillir avec quel-
ues plantesaromariques. La biere eftuneboiflon
nournillante & rafraichiflante ; la bière eft une
forte déco&tion d’orge & d’houblon. Le vin eft
rafraîchiflant , quand il eft mêlé avec beaucoup
d’eau. Le vin pur échauffe ; plus il eft nouveau,
plus il eft échauffanc. Le vin vieux en général eft
un grand cordial, un grand ftomachique , foit
dans l’état de fanté, foit dans l’état de maladie,
fur-tout pour ceux qui n’en font point habituel-
Jement ufage. ne
– $. XVI. Des Pafions. Les pafñions, qui nui-
fent le plus à l’homme, font l’amour & la triftefle.
Les plaifirs de l’amour font perdre à l’homme la
femence qui eft.une des principales fources de la
force de la vie ; les plaifirs de l’amour affoiblif-
fent , détruifent par conféquent la force du tem-
pérament. La cree affoiblit le genre nerveux,
l’eftomac fur-tout qui eft la fource de la fanté,
“Les paflions cependant bien dirigées peuvent en-
tretenir la fanté,. l’efpérance fur-tout qui donne
un mouvementdoux, falutaire au genre nerveux,
entretient les facrétions dans le degré néceflaire
pour Ja fanté,
22 Parncrres De MEeDecrnE
$. XVII. De l’Exercice L’exercice augmente
Je reflort, la force des folides, & de la vie par
conféquent ; il affermit ; il rend les fibres plus
denfes &:les fluides plus parfaits. On peut renfer-
mer ence peu de mots ce que nous avons dit fur
l’hygiène. Le bon air, la bonne eau; l’exercice &
le bon vin font les plus grands médecins du corps,
Le bon air eft néceffaire dans toutes les maladies.
La bonne eau eft néceflaire fur-tout dans les ma-
Jadies aiguës. L’exercice & le bon vin dans les
maladies chroniques. tou To
DE LA PATHOLOGIE EN GÉNÉRAL,
Des caufes des Maladies.
$. XVIII. Lortque Ja force de a vie n’eft pas
affez grande pour changer en bennes humeurs la
matière des alimens , ces alimens acquièrent ou
une acrimonie acide, ou une vifcofité glutineufe À
ou une acrimonie alkaline. L’acrimonie acide
procede fur-rout des alimens tirés des Végéraux ;
clle produit des rots acides, la faim , la cardial-
ie, des prurits, des enflures ,.des obftrutions,
des épaïfliffemens de lalymphe , des’ulcères ; des
convulfions. On guérit les maux.que produit l’a
crimohie acide par l’ufage de ‘bons alimens que
l’eftomac digère aifémént, par la gelée des ani-
maux vVolatils, par de. lègers cordiaux , ‘par des
apéritifs’, des ftomachiques. La vifcofité eluti-
ncufe procede fur – tout des alimens mal digérés,
tirés dés végétaux. non-fermentés ; elle produit
des œdèmes,des enfures;& fouvent tousles maux
qüé produit l’âcrimonie acide. On guérit la vifco-
fité glutincufe pdr les mêmes rémédes que nous
ET DE GRANDE CHIRVRGrIz 23
vemons-dé décrire pour f’acrimonie acide. L’acri-
-monie alkaline procede de la mauvaife digeftion
– des alimens tirés des animaux ; elle produit une
matière fordide, puante dans la bouche , des foi-
blefles , des inflammations dans les fecondes
voies, & fur la fuperficie du corps ; elle caufe
auffi la putréfaction des urines. On guérit l’acri-
monie alkaline , en évacuant les humeurs cor-
rompués des premières voies par les purgatifs,
en corrigeant celles des fecondes voies, en ufant
de boiflons acides, de liqueurs fermentées ; d’a-
limens tirés des végétaux, faciles à digérer. Nous
n’excluons cependant point les alimens tirés des
animaux qui fe nourriflent de végétaux, pourvu
que ces alimens{e digèrent bien.
I] faut remarquer que l’acrimonie acide produit
Ja vifcofité glutineufe, & que la vifcofité gluti-
-neufe produit l’acrimonie acide; que la vilrofte
“glutineufe & l’acrimonie acide produifent f’acri-
monie alkaline. El faut encore remarquer qu’il eft
‘extrêmement dangereux d’attaquer la vifcofité
“glutineufe uniquement par les purgatifs. Les pur-
“gatifs conviennenc-dans.la vifcofité glatineufe ,
“dans les écrouelles,, par exemple, qui font une
‘efpèce de vifcocité glarineufe, lorfqu’on l’a mife
en mouvement par les apéritifs, & lorfqu’on a
fortifié l’eftomac par les ftomachiques.
$: XIX. Si la force de la vie eft fi confidérable –
qu’elle change , autant qu’il eft poflible , la ma-
tière des alimens en bonnes humeurs, elle donne
lien à la pléthore. La pléthore produit des laflitu-
des, un pouls dur, des aux de tête, des veines
enflées, une couleur rouge fur la peau, des in-
-#lammations, des fiévres dans le cas de mouve-
inent & d’agitation extraordinaire du corps. On
guérit la pléthore, & les maladies qu’elle produit,
aa “Prrnxorres Dr MrpDeciNr
“parla faignée & par la diére. L’eftomac, comme
l’on voit, eft la caufe principale des maladies.
Cette doctrine paroît fort ancienne. Hérodote
rapporte que les anciens Egyptiens frappoient
J’eftomac des cadavres avec un bâton, comme fi
l’eftomac étoit la feule caufe de la mort. Il eft
encore plufieurs autres caufes de maladie : les
excrétions retenues, les défauts de fair, les
corps étrangers qui y font répandus, les poifons,
‘Ja foibleffe du genre nerveux , &c: &c. Nous
“avons parlé de toutés ces caufes en leur lieu.
Des Symptômes des Maladies.
6. XX. O N appelle fymptôme de maladie Le
‘dérangement que la maladie produit dans l’éco-
‘nomie animale. On ne peut rien écrire de fenfé
für les fymptômes des maladies , fans parler des
caufes des maladies. Il faut remarquer que deux
maladies peuvent avoir les mêmes fymptômes ,
-& demander desremèdes différens , parce qu’elles
ont des caufes différentes. Un Menuifier avoir la
févre ; il avoit été faigné, purgé inutilement; for
Médécin découvrit par hafaxd qu’ilsuvoit reçu: ur
coup à l’occiput ; il y fic faire une incifion qui le
guérit prefqu’auffi-16t de fa fiévre. Je fus appellé,
il y a quelque tems, pour voir une femme pleu-
rétique. Je tentai tous les remèdes prefcrits Le
hafard ine fit découvrir que ma malade rendoit
des vers. Je fufpendis dès-lors tous les remedes
prefcrits pour la pleuréfie. J’eus recours aux pur-
‘gatifs avecle plus grand fuccès. La malade, dont
je patle, avoit la langue aufli propre que la ‘per-
“fonne la plus faine. Comme des réflexions particu-
lières m’ont appris que l’état de la langue n’an-
«honce pas toujours infailliblement celui de l’efto-
MAC»
_ÊT DE GRANDE CHIRURGIX: 2$
Mac, jepréfumai, & le fuccès mele prouva, que
la pleuréfie , dont je parle ;’étoit produite par une
cacochimie vérmineufe, Je me confirmai d’autant
plus volontiers dans ce jugement ; que la malade,
_ dont je parle, s’étoit plaint d’envie de vomir au
commencement de fa maladie. Un Sculpteur ,
d’un tempérament fort délicat ; après avoir tra-
väillé trop long-tems fur une ffatue de marbre ,
gagna une-colique qu’il négligea : cette néglivence
lur occafsonna la fiévre ; & enfuite la confomption ÿ
o1tenta er vaïn fa guérifon par des toniques.
Baglivi, qui rapporté cette hiftoire, foupçon
que la caufe du mal étoit une trop grande ren-
fion des fibres, caufée par le froid que le marbre
avoit excité , ordonna au malade des bains d’eau
‘ tiéde’, des rélâchans, des ftomachiques; avecces
remedes il le guérir, En-vain donciplufieurs Au-
teurs & plufieurs Praricienis raifonnent fur les fym-
ptômés des maladies , pour établir la manière de
les guérir; s’ils ignorent la caufe des maladies,
ils agiflent fort fouvent en aveugles, parce que
les mêmes fymptômes peuvent être produits par
des caufescppofées, & demander par conféquent
des remedes différens, & parce qu’une feule &
même caufe peut produire des fymptômes oppo-
fés que quelques-uns rapportent faufleménta dif-
férentes caufes. : |
– 6. XXI. De la Douleur. La douleur eft un
fymptôme effentiel à prefque toutes les maladies.
La douleur confifte dans une tenfion trop grande
des fibres nerveuüfes ; or toutes les caufes des ma-
Tadies peuvent produire cette tenfion : donc pour
connoîtreles caufes de la douleur, il faudraitcon-
noitre routes les caufes des maladies infinies en
nombre. | x
$. XXI Dé la Fiéyre, Le fymptôme qui ac-
B
#
26 Prrnaorres DE MEDECINE
compagne prefque toutes les maladies, c’eft la
fiévre. La Ave confifte dans la. fréquence du
pouls & dans.une douleur répandue dans tout,
ou dans une partie déterminée du corps. Les
caufes de la fiévre font les coups , les chütes,s
les mauvaifes diseftions, une matière âcre , Vif
queufe , étrangère aux humeurs, répandue.ou
dans les premieres-ou dans les fecondes, voies ,
une tranfpiration arrêtée par le froid , un venin
répandu dans l’air qui fe-méle aux humeurs ;
les piqures, les morfures des bêtes vénimeu-
Les , la pléchore , enfin l’abus, un vice de tou-
tes les chofes créées , dont nous faifons ufage,
ou qui entrent dans la compofirion de notre
individu. Toures ces caufes appliquées au corps
excitent une plus grande force dans le cœur ;
pour changer , détruire tout ce qui produit la
fiévre. Par conféquent: le mouvement de la
fiévre tend même à détruire tout ce qui produit
Ja fiévre. Par-une conféquence ultérieure, la
fiévre détruit la fiévre , & les maux qu’elle pro-
duit: Le mouvement de la fiévre tend, même a
détruire un nerf à demi-coupé, dont la fection
incomplette.eft caufe de la fiévre. Lorfque les
folides fe détruifent par là violence qu’ils fouf-
rent, lorfque le fang eft , où fi abondant, ou
tellement vicié & déprâvé qu’il bouche , ou
n’anime que foiblement les yvaifleaux , la fiévre
caufe la mort. Il eft vifible que dans le pre:
mier cas on doit employer les faigaées , pour
défemplir les vaifleaux ; que lorfque cette foi-
‘bleffe procede d’un vice du fang ; on doit l’ant-
-mer par quelques dordiaux. Si les humeurs. n’ont
‘aucune àcreré, fa éhaleur., la force, desiar-
tères font fi grandes , & fi l’obftruction ef fi
confidérable que le mouvement dela fiévre ne
_/ ET DE GRANDE CHIRURGITE. 27
puifle la réfoudre, la fiévre preduit la fuppu-
ration. La fuppuration reite plus ou moins de
tems à fe former ; tantôt quatre jours, tantôt
trois, felon que la fiévre eft plus confidérable ;
d’où il fuit que pour empêcher la fuppuration
dans les maladies qui le permettent ; il fant di-
“minuer de bonne heure la fiévre par da faignée.
Si les humeurs font âcres, agitées , ou fi l’obf-
truétion eit grande, ou fi lé mouvement des
vaifleaux eft trop fort, la fiévre produit quel
quefois la gangrène. La gangrène elt un corm-
mencement de mort de la partie qu’elle arta-
que. Comme la gangrène procede fur-tout du
défaut de circulation, il faut croire que les fai-
_gnées locales, qui Ôtent l’éngorgement des hu-
meurs, font un bon moyen pour la prévenir.
“Si la matière de la fiévre eft domptée; devenue
mobile , affimilée aux autres humeurs par la
fiévre même, c’eft une curation très-parfaite,
appellée réfoiution. Si la matière de la fiévre
domptée , devenue mobile , n’eft pas encore
arfairement, ifaine , alors elle oirrite les
vaïfleaux , elle empêche l’égale diftribution des
fluides, elle produit fouvent des fymptômes
ficheux , & elle occafionne quelque évacuation
enfible , comme da fueur, la diarrhée, avecla-
uelle elle eft expulfée hors du corps. :::
SA XXIIT. La fiévre, qui n’eft qu’un fymp-
tôme de maladie , produit, ou eft accompagnée
d’autres fymptômes, dont nous allons parler;
tels que le froid fébrile , la conyulfion fébrile,
Ha fueur fébrile, &c.
… Le froid fébrile fuppofe la ceffation ou Ja
diminution du mouvement dans les perits vai-
feaux. Cette ceflation du mouvement déhote [a
crifpation des vaiffleaux , icetté crifpation ‘des
Bi}
28 Prirnacrres DE MeDpecrneE
vaifleaux dénote l’inflammation , ou une cha-
leur confidérable dans quelque vifcère 3 d’ou il
fuit que les aromates, le vin chaud ne con-
viennent point. dans le froid fébrile ; les tifannes
rafraïchiflantes , les émolliens conviennent. La
convulfon eft une conrraëélion violente & in-
volonraire.d’un mufcle. La caufe de la convul-
fon fcbrile eft ou le-vice de l’eftomac, ou la
pléthore , ou linfammation des.vaifleaux du
cerveau ou.un âcre répandu dans nos humeurs.
La fueur au commencement des maladies ai-
_guës , dont la-caufe cft opiniâtre ; la fueur ,
dis-je, qui dans ces maladies n’eft point pro-
_duite par d’amples boiffons , épaiffit le fang 3
il convient de la modérer , de couvrir moins le
malade La fueur ‘qui furvient fur la fin des ma-
Jadies aiguës dénote que la matière de la ma-
Jadie. eft en mouvement :.elle eft alors quel-
quefois accompagnée de fyncope. Dans les ma-
ladies chroniques la fueur marque la foibleffe du
tempérament,
Des SIGNES DEs MALADIES.
Les fignes des maladies , à proprement
parler, ne font que des réflexions fur
‘es fymptômes des maladies, pour en
connoître la nature , le fiège & l’iffue.
‘6. XXIV. Les fignes de pléthore font la du-
reté du pouls & la foiblefe fpontanée. NET
– 6. XXV, Les fignes de l’inflammation font la |
chaleur & la douleur, Les caufes de l’infamma-
tion font les mêmes qne celles de la fiévre. L’ins
{
ET DE VRANDE CHIRURGIE. 2%:
flimmation fe termine par la fuppuration, la
réfolution , le fquirre & la gangrène. On connoît:
ue Ja fuppuration fe fait par l’augmentation de
Ja douleur l’efpace de plufieurs jours ; on con-.
noît qu’elle cft faite quand la douleur qui a
augmenté , ou qui a été violente l’efpace de plu-
fieurs jours, a diminué. Lorfque la fuppuration
a lieu intérieurement, non-feulement l’inflam=
mation a été violente & a diminué, mais il refte
encore un fentiment de gène & de pefanteur.
On connoît que la réfolution fe fair , lorfque
q he
là douleur n’eft point exceflive , & lorfqu’elle
diminue infenfiblement. On connoît que la gan-
grène a licu, lorfque la douleur augmente rout-
a-coup , & diminue de même. Cetre diminu-:
tion fubire des grandes douleurs donne dans les
maladies internes un calme trompeur , fuivi.
{ouvent de la mort. On connoît extérieurement
Je fquirre par fa dureté ; on connoît qu’il a lieu
intérienrement quand linflammarion!n’a:pas été:
violente , & quand le malade reflent habituel-
lement un fentiment de gêne & de pefantenr.
$. XXVI. Les fignes de cacochimie ou dé-
pravation des humeurs , font les mauvaufes
digeftions , les envies de vomir , les mauvais
©, à
goûts à Ja bouche , les douleurs vagues des
membres , quand on ne peut pas préfumer:
qu’elles proviennent de la pléthore, du froid ,:
ou d’une caufe extérieure quelconque , les pâles
couleurs. Ces fignes dénotent que la cacochi-
mie procéde de l’eflomac. Cette cacochimie
peut dépendre indireétement du vice de l’air &c
des eaux, ou parce que ce vice diminue les:
forces de l’eftomac , ou parce qu’il corrompt
les humeurs , foit des premières foit des fecon-
des voies. Il faut remarquer ici qu’un Auteur
B ii}
LL.
se Frrncrres DE MEDECINE
très-ancien,, Dioclès Cariflius , dit que les dou
leurs du corps , quelles qu’elles foient , dont ôn
ne peut déterminer la caufè , doivent faire [oup-
sonner que leur caufe exiffe dans leffomac. Per-
fuadé de la vérité de ce principe , je fus appel-
lé, l’autre jour’, pour voir un malade , qui avoit
des douleurs de rête infupportables , accompa-
gnées de fyncope &d’une légere pleuréfie. Je
me déterminai à le-puiger , me propofant de,
tenter d’autres remèdes , fi les fymptômes dé-
ctits n’avoiént pas cédé aux purgarifs. Tout ré-,
pondit à mon attente, le malade fut princi-
palement guéri par les purgatifs. Un vieux Mé-
decin , qui avoit vu ce malade avant moi, l’a-
voit fait faigner du pied, pour abattre fon mal
de tête; maiscéroit en vain: la faignéé n’avoit
rien changé à fonétar. Il eftà remarquer que je me
déterminai à tenter la guérifon du malade, dont
je vienside parler ; par les purgatifs , quoiqu’il
n’eût aucun mauvais goût à la bouche , ni au-
cune envie de vomir. Je me perfuadai que le
principe de Dioclès Cariflius évoit d’autant plus
vrai, à l’égard de mon malade , qu’il éroic
d’un tempérament foible , pituiceux , & qu’il fe
pourrifloit mal. ,
.$: XXVIL Une puanteur cadavéreufe en
tour; ou en une partie du corps, dans les nia-,
tières : excrémentitielles fur-tout , dénote une
acrimonie alkaline. Le fang tenu diffous fe con-
gélant à peine , des eflufions de fang non cri-
tiques dans les maladies inflammatoires, des
érofions de fubftance à l’extérieur dans des par-.
ties enflammées , l’urine , la fueur fœtide, dé-
notent que l’acrimonie alkaline exifte dans les.
fecondes voies. Les acides conviennent dans
J’acrimonie alkaline , ou putride,
»
ET DE GRANDE CHrRUROTÉE. 3
6. XXVII. Uné puanteur aigre en tout, ou
en une partie du corps, dans les matières ex-
crémentitielles fur-tout , dénote une acrimonie
acide. Des fueurs aigres , des pâleurs , dénotent
que l’acrimonie acide exifte dans les fecondes
vôiés. Les alimens tirés: des animaux volatils,
les infañons des plantes aromatiques , convien+ .
nent dans l’acrimonie acide.
$. XXIX. Les fignes d’acrimonie , comme
celle de la faumure , exiftante dans les premières
voies, font un goût falé , une foif continuelle
qu’on peur à peine appaifer. Une urine falée ,
le defléchement , la rigidité , des éroñons lentes
avec prurit & rouweur , dénotent que cette acri-
monie exifle dans les fecondes voies. Les chofes
aqueufes, mucilapineufes détruifent cette efpèce
d’acrimonie. | |
$. XXX. Les figres d’une acrimonie huileufe
putréfiée , font une puanñteur empyreumatique ,
un goût amer; comme de pourriture. Des in-
flimmarions âcres , promptes , des urines fœti-
des, dénotent que cetre acrimonie exifte dans
les feconides voies. On fe trouve bien des ma-
tières froides, acides.
$ XXXI. Les vomiflemens habituels déno-
rent , où foibleffe du vente nerveux , où mau–
vailes digeftions ; ou un äcre dans l’eftomac,
ou compreflion du foie fur l’eftomac. Ce der-
nier cas arrive aux mélancoliques ,: à ceux qui
ontlajauniffe, en qui on peut foupçonner en-
gorgement dans le foie. L’exercice, les forts
alimens faciles à digérer, comme les forts bouil-
lons, conviennent dans le premier cas ; les vo-
mitifs conviennent dans le fecond & dans le
troifième cas ; les apéritifs & les ftomachiques
conviennent dans le quatrième cas. |
B iv
:
32 | Prracrres pre MrDpecrine
$ XXXIT. Il exifte un vice, ou cacochimie ;
caufe de maladie aiguë-fur-tout, dont. il eft,
difficile de déterminer la nature, & dontilin-
térefle , on ne peut davantage , de connoître le.
fiége. Les naufées , les mauvais goûts à la bou-.
che , dénotent que ce vice exifte dans l’eftomac.
Toutefois des envies de vomir >- accompagnées,
de douleur lancinante , quand quelque chofe
tombe dans l’eftomac, dénotent inflammation de
Jeflomac. Les pertes de force qui atrivent fu-
bitement , qu’on ne peut pas foupconner être
produites par la! difetre d’alimens , par. les hé.
morragies , par Un exercice. violent ,1ou par
une caufe extérieure; quelconque ,. une douleur
fous les faufles côtes , la colique que reffenrent,
les Peintres ; tous ces fignes ,-même confidérés
féparément ,. marquent que la cacochimie, ou
Ja caufe: de la maladie, exifte dans les premières
voies. Un homme qui tombe malade , qui di-
gère mal depuis quelques jours , qui fait des.
excés dans le boire & dans. le manger, donne
auf, lieu. de cfoire que Eine 422 ou,
la caufe de la maladie , ‘exifte dans les pre-
micres voies. Un enfant, quife pince le nez,
donne lieu de croire qu’il a des vers dans les
premieres voies , quelque fächeux que foienr,
les fymptômes de fa maladie. Quand lle. vo-
mifflement ;:piosuré par l’art où para nature,
ne foulage. point ie-malade , il faut croire que.
la cacochimie exifte dans les fecondes voies. On
peut encore aflurer que la cacochimie exifte dans
les fecondes voies , quand on connoît la na-
turé de la maladie régnante, qui eft d’a fecter
les humeurs des fecondes voies, comme la pe-
ute vérole, certaines pleuréfies, &c. prefque.
toujours , j’ofe ledire après des Auteurs de mé
ZT DE GRANDE CHIRURGIE 33
rite, la cacochimic ; dont nous venons de par-;
ler , dont la nature eft d’affecter principalement
_ les humeurs des fecondes voies, exifte dans les:
premières & dans les fecondes voies. Oneftenco-.
re sûr que la cacochimie exifte dans les fecondes.
voies , quand queique vifcère eft affe@té , quand:
on ne peur point croire que fon affcétion dé-,
peud de la fympathie avec. l’eflomac ou avec
les inteftins. fa sal ène
$. XXXIIL. Quand la cacochimie exifte dans
les fecondes voies, il éft névceflaire que la na-
ture Ja meuve , la chafle hors du corps, en.
fafle la coétion , ou changement en une mail-
leure: {ubftance 3 fans ce travail de la nature,
lc malade ne peur efpérer de guérifon parfaite.
H importe donc de connoître les fignes de.coc-
tion & de mouvement de, la matière de la :ma-
Jadie, C’eft la force de la vie qui fait la coftion
des mauvailes humeurs ; quand.elle eft grande;
il y a lieu de préfumer que la co&ion fe fera
bien; quand elle eft foible, il y a lieu de pré-
fumer que la co@ion fe fera mal : d’où il fuit
que le pouls fort , qui marque.la force de la
vic , eft d’un bon augure pour la coétion 3
qu’un pouls foible au contraire , qui marque la
foiblefle, de. la force de la vie , eft d’un imau2
vais augure pour la coétion. Si la matière. de
la maladie , qui étoit crue, a été tellement
changée par la force de la vie , qui doit. être
plus ou moins confidérable ; felon la qualité &
la quantité de la matière de la maladie, qu’elle
s’éloigne moins de l’état fain , & diminue con-
féquemment l’impétuofité de la maladie ; la ma-
tire eft cenfée ‘cuite. On dit cependant auf
qu’elle s’eft réfolue, lorfqu’’elle eft devenue tout-2-
fait femblable aux humeurs faines. La réfolu-
Bvie
3à Prrncrrgs De MrDEcINE
tion donneun prompt foulagement au malade ;.
elle n’eft jamais précédée d’une fiévre confidé-
rable.. |
Les urines claires, limpides font voir que la
matière de la maladie n’eft pas en mouvement.
Si le malade n’a aucun mauvais goût à la bou-
che’, c’eft auffi une marque que la matière de
la maladie‘n’eft pas en mouvement du moins.
. dansles premieres voies. Lesurines font deftinées
à porter hors du corps les matières nuifibles :
quand donc on les voit troubles, épaifles , on peu.
conjedturer que les matières nuifibles fe meuvent.
:$.:XXXIV. Dans les grandes maladies aiguës
qui affectent les humeurs, il eft un tems de:
crife , fur-tout vers le déclin de ces maladies
où la: matière du mal fe difpofe à un change-,
ment fubir qui doit décider de la vie ou de la
mort: Moins la matière de la maladie dans ces
tems de crife eft femblable aux bonnes hu-
meurs, plus la nature fouffre. Les fymprômes
qûi arrivent dans les tems de crife doivent être
abfoluüment diftingués des fymptômes des ma-
ladies. Les fymptômes critiques donnent du fou-
lagement, ceux de la maladie n’en donnent au-
cun. Les fymprômes critiques ont été précédés
des fignes de coétion ; c’eft-à-dire , d’un pouls
fort , & de la diminution dans la douleur ; ceux
de la maladie ne l’ont point été. Quand on a
vu paroîcre les fignes de coétion ;’ les fymrômes
critiques qui furviennent dénotent une crife fu
ture. Une évacuation quelconque , précédée
des fignes de coction , dénote une cnife pré-
fente ; qui eft toujours d’un bon préfage ,quand
même elle feroir accompagnée de fymptômes
cffrayans, Toute évacuation, {oit par la bouche,
foit par les naines, eft incertaine dans les ma=
ET’DE GRANDE CHIRURGIE. 3$
ladies avec matière dans les fecondes voies,
quand elle n’a point été précédée des fignes de
coétion. On fçait qu’il furviendra une autre
maladie , lorfque dans les maladies avec ma-
tière dans les fecondes voies , il ne fe fait au-
cune coétion , aucune réfolution , ou qu’une
crife imparfaite. ( On juge qu’une crife eit im-
parfaite , lorfqu’elle ne foulage pas enriérement
la malade. ) On fçait même que la matière cuire
ou crue de la maladie fe jettera fur la partie du
corps où l’on reflent une douleur inaccoutumée.
Enfin on juge que la mort eft certaine dans
les maladies aiguës , dans lefquelles il y a léfion
des principales fonctions, foi vitales, foit ani-
: males, lorfqu’il ne fe fait aucune crife, aucune
cottion , ni rélolution ; toutefois dans ces der-
– hiers cas on peut tenter une ciife en purgeant,
& en mélant des cordiaux aux purgatifs.
$. XXXV. IL paroît, d’après ce que nous ve-
nons de dire fur les maladies aiguës, que nous
fommes perfuadés, comme les anciens, qu’elles
procedent toutes de cacochimie, Je penfe que
cette doftrine demande des reftrictions. Il-eft
des fiévres aiguës produites par Ja pléchore 3
celles qui arrivent aux pléthoriques dans les tems
froids, après un violent exercice, font de ce
genre. Certaines épilepfes , qui arrivent pério-
diquement aux tempéramens fanguins, ne re-
connoïflent aucune cacochimie pour.caufe; mais
une abondance de fang. 11 paroïtauflique nous
reconnoifions , comme les anciens; un caractère
malin ; dans toutes les cacochimies, qui caufenr
toutes maladies , foit aiguës , foit chroniques.
Je crois que l’on doit diftinguer deux fortes de
cacochimie , comme caufes de maladies , foit ai-
güës ; foit chroniques, l’ane bénigne , l’autre
B y;
!
36 | Princirrs Dex Meprcinr
maligne ; la première, eft une humeur retenue,
ou trop abondante , non corrompue; la feconde,
eft la dépravation d’une humeur particulière ,
que la force de la fiévre doit chafler hors du
corps , ou changer , afimiler aux bonnes hu-
meurs, pour la guérifon du malade. La caco-
chimie bénigne dans les chroniques eft quelque-
fois fans fiévre , du moins fans fiévre confidé-.
rable ; elle eft dans un fujet qui digère aflez
bien , qui-eft bien conftitué , qui. n’eft point
gâté par la débauche, elle eft ordinairement
récente , comme certaines jauniffes , certaines
enflures. La cacochimie bénigne dans les aiguës
eft avec fiévre à la vérité, mais la fiévre n’eft
point confidérable ; les principales fonctions,
{oit vitales, foit animales, fubfiftent. Souvent
Ja cacochimie bénigne n’eft qu’une tranfpiration
arrêtée 5 elle n’eft, par exemple, qu’une abon-
dance de matières glaireufes , arrêtée dans des
poumons. La cacochimie maligne dans les chro-
niques eft avec fiévre ; elle exifte dans un [ajet
mal conftitué , cachectique, foible , languif-
fant, gâté par la débauche , qui digère mal.
On connoît que la cacochimie elt maligne dans
les aiguës , quand elle eft produite pat quelque
vice décrit au commencement de cette Séméio-
tique ; par un vice épidémique régnant , que
nous décrirons à l’article des maladies chirurgt-
cales ; quand elle eft accompagnée d’une perte
totale, de forces, d’une léfion des principales
fonctions, foit vitales , foit animales. IL faut
remarqner ici que la-cacochimie n’eft ni bénigne
ni maligne abfolument ; télle -cacochimie fait
mourir tel tempérament foible,, qui ne.donne
qu’une indifpoñtion, à tel autre fujer plus
fort & plus robufte. Plufieurs dc çes dernieres
ET DE GRANDE CHIRURGIE 37
remarques me paroiflent expliquer poarquorter-
taines faignées abondantes guérifflent radicale-
ment certaines inflammations , & pourquoi el-
les font mortelles dans d’autres: elles expliquent
auf pourquoi les purgatifs indifféremment ad-
miniftrés dans tous tes tems des maladies fonc,
tantôt falutaires, tantôt nuifibles. Les abon-
dantes faignées peuvent guérir radicalement
toutes les maladies caufées par la pléthore, el-
les font nuifibles dans les maladies avec matière
dans les fecondes voies 3 parce qu’elles em-
pêchent la coétion. Les purgatifs font falutaires
dans tous les rems des maladies caufées par la
cacochimie bénigne , pourvu qu’elle foir mo=
bile , c’eft-à-dire , pourvu qu’elle circule bien ,
& qu’elle foit bien liquide. Les purgatifs font
nuifiblés |, adminiftrés indiftinétement dans tous
les tems des maladies caufées par la cacochimie
maligne ÿ à moins qu= la cacochimie maligne
ne foit mobile dans les premieres voies; ou
que fi elle exifte dans les fecondes voies , elle
n’y {oit mobile ; ou que fa nature ne foit d’être
déterminée des fecondes voies vers les preiniè=
res volés: EU
Il paroît aufli dans ce que nous avons dit juf-
qu’à préfent , que nous ne reconnoiflons point
de maladie produite par la foibleffe des folides.
Il eft maintes maladies uniquement produites
par la foibleffe du genre nerveux, comme cer-
taines vapeurs dans un:fujet fain , qui n’a aucun
ulcère fur le corps, qui digère ; & qui fe porte
habituellement bien. :: 2: | a SEE
+
L.
58 Principes pe Mspscinz
DE LA THÉRAPEUTIQUE.
La Thérapeurique dans la connoiffance des
médicamens,
$. XXXVI: D Es Cardiaques. Les cardiaques
entretiennent, réparent, augmentent les forces
de la vie. Ileft des cardiaques doux, nourri(-
fans , qui réparent promprement les forces de
la vie. Il eft des cardiaques irritahs, qui. par
leurs parties aromatiques aiguillonnent les fibres
motrices , & augmentent leurs forces pour.cuire,
digérer la matière des alimens & dela maladie,
Enfin il eft des cardiaques mixtes , qui renfer-
ment des parties nourriflantes, mucilagineufes, |
& des parties aromatiques. %
-l Pour bien connoître l’ufage que nous devons
faire des cardiaques nourriflans , fur-tout dans
les maladies aiguës , il faut fe pénétrer des ré
flexions fuivantes. La caufe ordinaire de la fié-
vre eft, ou un vice de digeftion ou un vice de
l’air qui alière La pureté de nosihumeurs. La fé»
vre eff un effort de La nature pour chaffer da
caufe de la: fiévre. Plus la fiévre_ eff violente,
moins l’effomac a befoin de fortes -nourritures y
méme pour détruire la fiéure ; plus il-a perdu de
| fes forces ; & plus il demanderdes, alimens attér
nués. Les nourritures font des moyens: qui entrez
tiennent les mouvemens néceffaires à la vie. Plus
la fiévre eff foible & plus elle diminue, plus
l’effomac reprend fes forces. Il fuit de ces pro-
pofitions que le moment le plus propre pour
ET DE GRANDE CHIRURGIE. 39
donner des nourritures au malade eft le tems
du relâchement de la fiévre ; alors il digère
mieux, & on ne rifque pas d’augmenter la fié-
vre ; qu’il faut s’abftenir de donner au malade
de trop fortes nourritures , parce qu’elles pour-
roient augmenter la fiévre ; car la caufe de, la
fiévre eft un vice de digeftion ; plus la fiévre
eft forte , plus l’eftomac a perdu de fes forces
digeftives , & la force de la vie n’eft déjà que
trop grande dans certaines fiévres aiguës: il
n’eft pas befoin par conféquent de l’augmenter
en fuppofant même que l’eftomac puifle bien di-
gérer. Il fuit aufli des propofitions ci-deflus ,
– qu’il faut donner peu de nourriture au malade
dans la fiévre , puifque les forces de l’eftomac
font diminuées ; qu’il lui en faut donner pet
& fouvent , puifqu’en lui en donnant fou+
vent l’eftomac eft moins furchargé ; que plus
une maladie doit être courte , aiguë , moins
on doit donner d’aliment, parce que les ali-
mens augmenteroient la fiévre , & parce que
la nature qui doit combattre peu de tems trouve
affez de force dans elle-même pour chafler la
matière de la fiévre. Il fuit encore que plus une
maladie fera longue , moins il faut ufer de ré-
ae onnre MÉrornree E
moins Jong , & puifqu’elle a befoin de forces
pour combattre fon ennemi. On me dira peut-
être. ici, que le défaut de digeftion eft une des
caufes’de la-fiévre ; que plus donc on npumira
le malade ; ‘plus on augmentera: la fiévre: Je
répands que-cette conféquence ft vraie; i fi l’on
donne des alimens épais au malade ,:comme;dés
viandes; qu’elle.eft fauffe , fi on donne des ati-
mens fort atténués au malade , comme de bens
bouillons, Etifin‘il fuit des mémes propofrions
45, Principes DE MsDecinz,
de ci-deffus, que plus la fiévre eftfoible, que plus
elle diminue , plus on peut augmenter la nour-
riture du malade, puifque l’eftomac reprend fes
forces. Ces règles fur le régime de vie dans les
maladies aiguës font tirées des œuvres d’Hippo-
crate. Hippocrate n’ordonnoit à fes malades que :
des tifannes d’orge mondée , qu’il rendoit plus
ou moins noutriflantes felon la nature & la du-
-rée de la maladie. Les Médecins de ce fiécle ne
s’éloignent point de la pratique d’Hippocrate,
ils n’ordonnent que de légers bouillons, qu’ils
rendent plus où moins nourriflans, felon la qua-
lité de la maladie. Il eft des Médecins de mé-
rire qui dans les maladies aiguës , où il y a pour-
riture, préfèrent les tifannes d’Hippocrate à nos
bouillons ; parce que ces ifannes, faites avec
l’orge , réfiftent davantage à la pourriture ; &
parce que les alimens , tirés des animaux, fur-
tout des animaux qui vivent d’autres animaux,
fe corrompent trop vite. re +
Dans les maladies chroniques l’eftomac . eft
moins foible que dans les maladies aiguës ; l’on
peut par conféquent nourrir davantage. Comme
Ja curation des maladies chroniques dépend fur-
tout des digeftions , comme dans ces maladies
les fibres font” lentes , pareffeufes , il convient
d’ufer de cardiaques mixtes. |
-Les cardiaques irritans ne convienñent point
dans les maladies aiguës: oti la nature cft aflez
forte ‘pour faire d’elle-même: la coétion, de la
matière de: larmaladie; ils ne convicahent que
dans les: cas, d’une: grande foiblefle; Les çat-
diaques’‘irritans conviennent fur-toutr dans lés
maladies chroniques ;: où la premiere caufe du
mal exifte: dans l’ination &. le:rallentiflement
du mouvement des folides ,’& dans un certain
ET DE GRANDE CHIRURGIÉ. 41
. vice des fluides, qu’on ne peut guérir, chan-
ger, cuire, chafler hors du corps, que par un-
mouvement fébrile. ÿ
Les cardiaques doux , nourriflans, font des
mucilages extrêmement atténuës , comme les
gelées , les bouillons. Lorfque les humeurs ont
une difpofition alkalefcente , ou une putréfac-
tion réelle, ces cardiaques fe prennent fort bien
d’une décoétion bien müre de graîne farineufe,
comme le froment , l’orge, l’avoine. On peut
& on doit ajouter dans les maladies aiguës, qui
naiflent de l’alkali, Les fucs de grofeille , de ce-
rile , d’abricot , de fraife , de framboife. Dans
les maladies chroniques, caufées par l’alkcali,
on peut prefcrire le lair 3 mais il faut purger.
avant d’en faire ufage : on peut nourrir le ma-
lade avec des bouilions faits des parties des ani-
maux qui vivent de végétaux, & lui faire pren-
dre des préparations de fruits acides , joints,
aux doux ftomachiques. Si on trouve que l’acide
domine , dans les maladies chroniques fur-tout,
les.cardiaques doivent être des bouillons fairs
avec les parties des animaux qui vivent d’autres
animaux. On ajoute le fuc de crefflon , de co-
cléaria, de roquette, de raifort , l’infufion de
feuilles de laurier. On prefcrit ici ies échauf- –
fans, les alkalis dans les maladies caufées par les
acides ; parce que l’on fuppofe que l’acide re-
froidit , caufe des obftruétions. On prefcrit au
contraire les rafraïchiffans , les acides dans les
maladies caufées par l’alkali ; parce que l’expé-
rience a appris que l’alkali caufoit des inflamma-
tions. On ajoute encore , pour motif de certe
méthode de guérir, que l’alkali détruit l’acide,
ê& que l’acide détruit l’alkali, & forment un
nouveau fel en s’uniffant enfemble,
4% Prinerrts De Mzprèrnr
Les cardiaques irritans font , +19, les végé+
taux , dont l’odeur agréable fe répand au loin,
comme les fleurs d’orange, delis, de jafmin,
de mélifle , de fyringa , les écorces d’orange &
de citron 3 2°. les végétaux , quiont une odeur:
âcre & fuave , comme l’abfynthe, l’angeliqué ;:
la canelle , l’hyffope , le genièvre , le laurier ,
la menthe, la rue, la fauge , le bafilic : toutes
ces plantes font des cardiaques itritans , quiai-
guillonnent nos folides par leurs parties aroma-
tiques, & divifent par conféquent nos fluides ,
en augmentant le mouvement des folides. .:
– Les aftringens, comme les poires un peu auf-
tères, les coings, les plantes d’un goût un peu
acerbe , comme l’ofeille , Ie plantain , la pim-
prenelle , les fleurs de grenadier , les écorces:
de grenade , les fucs de prunes fauvages, les
vins auftères , peuvent mériter le nom de car-
diaques; parce qu’ils reffèrent par leurs parties
auftères les fibres trop flafques, qui laiffent cou-
ler des humeurs eflentielles à la vie ; ou qui,
à caufe de feur grandé foibleffe; n’en peuvent
point former de bonnes. II faut ici remarquer
qu’il eft dangereux de fe fervir d’aftringens , &c
même de toniques , que l’expérience nous a ap-
pris reflerrer les vaifleaux , comme les prépa-
rations de fer , de quinquina, lorfqu’il y a un
vice dans les humeurs. |
Les ftomachiques méritent aufli le nom de
cardiaques ; les principaux font les amers,qui divi-
fent, expriment la bile du foie, ou le fuc gaftrique
épaifi. Ces amers font l’abfynthe , la menthe.
Les acides , la limonade , le fyrep de vinaigre
font aufli ftomachiques, quand la bile couie
trop 3 car ils l’arrêtent. Le quinquina, les ara=
matiques font auffi ftomachiques , quand l’efto-
\
BT DE GRANDE CHIRURGIF. 43
‘mac eft trop relâché : ces remèdes font toni-.
ques. | ge
Les fudorifiques , les apéritifs , comme la
véronique, le houblon, la fumeterre , la ca-
momille, le panais, l’ache, méritent aufli le nom.
de cardiaques; ils augmentent la force de la vie
par leur odeur pénétrante, pour chafler , cuire
les matières nuifibles.
6. XXXVII. Des Médicamens calmans. On
ne connoît point certainement comment les
calmans agiflent , fi c’eft en relâchant, fi c’eft
en diminuant, en modérant, en empêchant le
flux des efprits, ou en provoquant le fommeil.
L’opium eft un grand calmant ; il a deux par-
ties , l’une réfineufe , l’autre gommeufc. La
partie téfineufe de l’opium provoque le fom-
meil, la partie gommeufe calme les douleurs,
L’opium eft un des grands remèdes de la mé-
decine ; fa dofe cft un, deux grains ; il con-
vient dans les cas défefpérés & dans les fymp-
tômes des maladies où il y a une grande dou-
leur ; il ne convient point dans les fymprômes
‘ critiques : on peut cependant excepter les gran-
des évacuartions critiques que l’opium modère.
L’opium convient aufli dans les maladies chro-
niques ou il faut calmer les douleurs. Quoique
lopium ne foit qu’un remède palliatif, il a quel-
quefois guéri radicalement des maladies diffi-
ciles & embarraflantes, dont on ignoroit la
caufe.
$. XXXVII. Des Rafraïchiflans. Il eft des
fels qui occafionnent la foif dans l’eftomac,
& agicent le fang dans les fecondes voies 3,
toutefois la foif peut procéder d’autres caufes :
les rafraïchiffans font. les corps qui enveloppenc
ce fel, qui l’étendent dans un véhicule con-
44 Prncrres Dr MeDrcinr
venable ; ces corps font des femences froides ;
le riz , les feuilles de laitues, les racines de:
nénuphar , les gommes adragante & arabique :
la chaleur excite auffi la foif. La chaleur qui
procede de la raréfa@tion fe rempère par l’ufage
des fruits acides 3 fi la chaleur eft excitée par
une obftruétion , caufée par des acides vicieux,
les apéritifs doux , comme la chicorée fauvage,
la racine de fraifier , doivent être regardés com-
me de grands rafraîchiffans.
6, XXXIX. Des Antidotes. Le feu eft un srand
antidore. Quand le venin eft dans l’air il Ént le
purifier par le feu. Quand le venin eft dans le
corps , 1l faut connoître comment il nuit au
corps. La plüpart des venins tirés des végétaux
& des minéraux, euflamment les folides par
leurs parties pointues, comme le fublimé cor-
rofif , l’arfenic , la ciguëé , la morelle. Le
moyen de remédier à ces venins, c’eft de re-
Fcher les fibres du malade par les huileux , &
de les chaffer hors du corps par les purgatifs. Le
venin particulier qui de l’air fe méle aux hu-
meurs , agit fouvent en affoibliflant le malade ;
les fudorifiques raniment le malade, ils le chaf-
fent , ils cuifent le venin qui l’infecte ; les cau-
tères favorifent l’iffue du venin ; parce que le
vice des humeurs a coutume de fé porter vers
la partie la plus foibles & les purgatifs le chaf-
fent hors des premières voies. Il eft des venins
qui agiflent en refferrant les fibres & en épaif-
fiffant les fluides ; ils produifent à la longue
des inflammations. Ces venins indiquent la né-
ceflité des vomitifs & des délayans. Le venin:
de la vipère paroît agir en affoibliflant le ma-
Jade , en lui caufant des défaillances. Les :n-
ciens donnoient aux malades, en quile venin
ET DE GRANDE CHIRURGIF. 4$
de la vipère produifoit cet effet , de la théria-
que. On ordonne actuellement , pour le venin
de la vipèrc, l’alkali volatil. Il eft auffi des ve-
nins dont on ne connoit pas trop la facon d’a-
gir , comme le venin de la rage ; cependant
comme on a expérimenté que le vinaigre détruit
.
ce venin , oæ peut croire qu’il cit un alkali ou
un chauffant. Enfin , il eft des venins dont la
feule vapeur tue fur le champ ceux qui la ref-
pirent : je fuis perfuadé que c’eft , ouen détrui-
fant l’élafticité de l’air , ou en tefferrant nos
nerfs. On voit par ce que nous venons de dire
_ pourquoi le feu , l’eau , le lait, la thériaque
font de fi grands antidotes.
. $ XL. Des Emolliens. On remarque fou-
vent, dans les maladies chirurgicales fur-tout ,
une tenfion dans les fibres qui peut être funefte.
On emploie dans ce cas les émolliens. La vertu
des émolliens eft de relâcher ; ils relâchent par
des parties aqueufes, douces, huileufes , mu-
cilagineufes. Les émolliens font la mauve, la
guimauve , la paritaire , la poirée , les épi-
nats, le bouillon blanc, la graine de lin, l’huile
d’olive. La
$. XLI. Des Réfoluifs. Souvent des hu-
meurs s’engorgent dans les vaiffeaux : Le moyen
de guérir eft de les diffoudre , de les rendre
mobiles par l’ufage des émolliens , & de les
chafler enfuite par des réfolutifs. Les réfolurifs
font la grande. & petite fcrophulaire , l’ortie
uante , l’ortie morte , la camomille , le mar-
rube. Il faut remarquer que les réfolutifs de-
viennent fouvent fuppuratifs , malgré les foins
de celui qui les emploie, Les fuppuratifs font
des remèdes attifs , qui augmentent la force de
la vie par leurs parties odorantes, pour cuire,
X
46 Princires De MeDrcinx
chaffer hors du corps, faire abcéder la matière:
engorgée. PET » AP ES
$. XLIL. Des Dérerfifs. Les déterfifs font
des remèdes qui, par des parties fort aétives ,
rongent , dérruifent les mauvais fucs, qui em-
nes la réunion & la cicatrice des plaies. La
eflive des cendres , l’herbe aux gueux, l’herbe
aux verrues , font déterfives; il convient de ne
Les employer qu’à l’extérieur : la ronce , le lierre, |
la perfcaire , s’emploient pour déterger les ul-
cères intérieurs.
$. XLIIL. Des Purgatifs. Les purgatifs agif-
fent, ou en lubréfiant , en relächant le canal
inteftinal, ou en l’irritant, Ils lubréfient par des
parties douces, huileufes , onétueufes. His irri-
tent par des particules, ou fels plus où moins
Acres. L’huile d’amandes douces eft le purgatif
le plus relachanc ; 11 convient dans les inflam-
mations de la poitrine , du bas-ventre. On en
foutiént ordinairement trois ou quatre dofes de
trois onces chacune , données dans huit heures
e tems. La cale, les tamarins font aufli des
purgatifs qui agiflent doucement. La cafle & les
tamarins S’ordonnent jufqu’a demi-fivre en
décoction ; quand la caffe & lés tamarins font
mondés, on n’en ordonné qu’une once. Parmi
les purgatifs irritans , il en eft de plus & de
moins irritans. Les légers irritans font la man-
# o . 4 .
ne , la‘rhubarbe ; la manne s’ordonne depuis
une once jufqu’à trois. La rhubatbe en poudre
s’ordonne depuis deux fcrupules jufqu’à quatre
fcrupules Ce dernier purgatif purge en forti-
fiant. Les forts itritans font le féné , le jalap,
la coloquinthe. Le féné s’ordonne depuis deux
gros jufqu’a quatre en décottion. Le jalap s’or-
‘donne en poudre depuis demi- gros jufqu’à un
ÊT DE GRANDE. CHIRURGI2. 47
gros. La celoquinthe eft un des purgatifs les plus
arritans : 1l s’ordonne en lavemerit dans les coli-
ques, de Peintres depuis quinze grains jufqu’à
vingt, &( Re pres
Il faut purger dans tous lestems des maladies
aiguës , lorfqué leur caufe eft la corruption des
humeurs des premières voies , il ne faut pas at-
tendre que.ces matières foient en mouvement.
Il eft fage de les délayer par des boiffons tiédes
& les chafler premiérement par des purgatifs
doux, & enfuite par des purgatifs plus forts.
Quand Hippocrate dir : 1{ ne faut point purger,
ni les matières crues , maïs cuites , ni dans Les
-Commencemens des maladies aiguës ; a moins que
la matière de la maladie ne foit er1 mouvement.
Quand il ajoute que rarement la matière de la
maladie eff en mouvement au commencement des
maladies , il paroît qu’il ne connoifloit point,
quand il fit cet aphorifme ,.que la plus grande
‘partie des maladiesa pour çaufe la fympathie de
leftomacavec toutes les parties du corps, jointe
aux mauvais fucs dontce même eftomaceft remplis
s’il le connoifloit, ce que je ne crois pas, quelques
efforts que lesplus favans Commentateurs de cet
silo pour le perfuader , il faut en-
tendrel’aphorifme cité, des maladies avec ma-
tière dans les fecondes voies: même dans.cette
dernière fuppofñtion., comme la matière de. la
maladie exifle préfque toujours dans les premié-
res & dans les fecondes voies , on ne rifque rien
.de purger bénignement le malade au commen-
-cement des maladies aiguës 3 il convient même
-de lé faire. J’avoue que ce feroit tuer un ma-
Jade que de vouloir guérir avec des purgatifs les
maladies avec matière dans les fecondes voies, ou
-dans les glandes des inteftins, fans attendre que
+:
43 Princirrzs Dr Mrpecixr
‘Ja matière foiten mouvement. J’ajoute que lorf-
que la matière de la maladie veut fe chafler du
corps,foit par les fueurs, foit par l’expeétoration,
il eft nuifble d’ufer de purgatifs pour la déter-
ner à fortir par l’anus. On n’afe de purgatifs
dans le tems du mouvement de la matière fé-
brile dans les fecondes voies , qu’autant qu’elle
fe porte fur des vifcères effentiels à la vie,
comme le cerveau ; ou qu’aurant qu’elle rentte
de la fuperficie du corps dans les humeurs , ou
qu’autant qu’elle ne choifit aucune iffue favora-
ble; ou qu’autant que la crife eft imparfaite.
Les maladies aiguës font fouvent compliquées;
ar excmple ; tantôt la petite vérole eft compli-
quée avec la fiévre maligne : il me paroît qu’il
ne fant point héfiter dans ce cas d’ufer de remé-
‘des oppolés en apparence, de purgarifs & de
Jépers cordiaux ; même dans lé tems de l’érup-
tion de la petite vérole. Toutefois ii faut un ha-
bile Médecin pour connoître cette complication
de maladies, & pour purger dans les maladies
avec matière dans les premières & dans les fe-
condes voies. | i%
Il eft dangereux de vouloir guérir est mala-
‘dies chroniques avec matière , foit dans lesipre-
mières, foit dans les fecondes voies , unique-
ment par les purgatifs. Les purgatifs convien-
nent dans les maladies chrooniques , avec ma-
tière dans les premières voies , quand la matière
eft mobile ; c’eft-à-dire , liquide : ils convien-
nent aufli dans le cas d’une caäcochimie bénigne,
mobile dans les fecondes voies ; ils ne con-
viennent point dans le cas d’une cacochimie
maligne, foit mobile, foit non mobile , exif-
tânte dans les fecondes voies ; à moins qw’onne
prefcrive au malade des ftomachiques , des cor-
diaux.
EŸ DE GRANDE CHIRURGIÉ. 49
diaux. Il eff prudent d’allier les ftomachiques &
les cordiaux aux purgatifs dans toutes les mala-
dies, fur-tout dans les chroniques , où il y a foi-
blefle, &’où il faut encore chafler une partie
de la matière de la maladie exiflante dans les
{econdes voies. , |
$. XLIV. Des Antiputrides, Lorfque les hu-
meurs ont une certaine âcreté, que la nature ne
peut point changer ; lorfqu’elles ne peuvent point
circuler , foit à caufe d’une grande inflamma-
tion , foit à caufe d’un grand froid , foit à caufe
de la foibleffe, de la force de la vie, qui don-
ne lieu à leur corruption, foit à caufe d’une
obftruétion intérieure ou extérieure, il arrive
qu’elles fe corrompent , & qu’elles font ceffer
la vie dela partie où elles exiftent. On emploie
dans ce cas des médicamens extrêmement vola-
tils qui fe répandent dans les plus petites parties
du corps pour augmenter leur mouvement ,
pour détruire l’obftruétion , pour chaffer la pour-
riture arrètée , pour corriger l’âcre dominant,
& pour empêcher le progrès de la corruption.
Le camphre eft un grand antiputride volatil,
defobftru@if ; il n’augmente peint fenfble-
ment la force du pouls, même à une forte dofe.
Le quinquina eft aufli regardée comme antipu-
tride , par fa vertu tonique & cordiale,
$. XLV. De la Suignée. Si on lit les Méde-
cins Grecs les plus Sçavans , il paroït qu’ils n’ont
jamais emploié la faignée, afin de guérir les
maladies aiguës; mais (eulement afin de modé-
rer les mouvemens de la nature ; qui étoient
trop violens , & qui faifoient craindre une in-
flammation confidérable. Cette pratique. étoit
fondée fur ce principe : {a fiévre dans les mala-
dies aiguës ; eft un mouvement de la nature pour
| C
so Pr:ixerrrs DE MeDprcrxs»
détruire la matière de la maladie. 1 eft à remar-
quer que Îles maladies dans lefquelles les Méde-
cins cités craignoient d’abattre la fiévre par la
faignée, étoient des maladies avec matière dans
les fecondes voies, comme certaines fiévres ma-
lignes ; toutefois ils faignoient même dans ces
maladies d’autant plus abondamment dans les
affections inflammatoires de la tête, de la poi-
trine , fur-tout qu’ils appréhendoient la fuppu-
ration , ou une hémorragie dans ces parties.
Mais jamais ils n’ofoient faire cefler la fiévre par
la faignée. Hippocrate ne faignoit point ordinai-
rement après Le cinquième jour, de crainte d’’em-
pêcher la fuppuration commencée. Il faignoit
cependant en tout tems lorfque la fiévie étoit
confidérable , même dans les affections inflam-
matoires de la tête, lorfqu’il y avoit lieu de
croire que la fuppuration n’étoit pas encore for-
mée. On ne peut donc point faire ceffer la fié-
vre par les faignées répétées ; toutefois on pour-
roit le faire, fi on étoit für que l’inflammation
procéde uniquement de l’abondance du fang ,
comme dans certains pléthoriques. On faigne
du pied dans les affections de la tête, on faigne
du bras pour les maladies du tronc, & des par-
ties inférieures afin de faire révulfñon. I faut
remarquer dans ce que nous avons dit, qu’il
n’eft prefque jamais befoin de faigner dans les
maladies chroniques; car il n’y a que l’inflam-
mation & la pléthore qui permettent de faigner.
Ajoutons encore ici que les bains des pieds, les
boiflons rafraichiffantes équivalent fouvent aux
faignées , quand la fiévre n’eft pas violente.
$. XLVI. Des Bains. Les bains tiédes rela-
chent ; ils favorifent l’éruption à l’extérieur,
foit de la fueur , foit d’une matière de maladie
x T DE GRANDE CHIRURGr=, SX
auclconque, ils humectent , ils diflolvent Les hu-
meurs. Les bains froids fortifient , ils humectent
& ils diflolvent les humeurs comme les bains
tépes.
DE LA PATHOLOGIE MÉDICINALE
EN PARTICULIER.
$. XLVII. D E la Fiévre inflammatoire. Le
fiévre inflammatoire fe manifefte par la chaleur,
la douleur des parties ; par la dureté , & par la
fréquence du pouls. Elle à pour caufe la plé-
thore & les caufes des maladies dont nus avons
parlé. On faigne dans les fiévres inflammatoi-
res, de crainte qu’elles n’excitent la fuopura-
tion , ou la gangrène dans quelques parties ef+
fentielles à la vie. : On üufe de rafraïchiflans &
de délayans. Si la caufe principale de l’in-
flammation n’eft point la pléchore , on emploie
les remèdes prefcrits dans la Pathologie géné-
rale. k
$. XLVIIT. De la Fiévre putride. La fiévre
utride fe manifefte fur-tout par de mauvais
goûts à la bouche ; elle a pour caufe les
mauvaifes digeftions , l’abondance d’humeurs.
Les purgations conviennent dans cette mala-
die; les boiflons doivent être lésérement a-
cides.
6. XLIX. De la F’évre maligne. La fiévre ma-
ligne fe manifefte principalement par la perte
totale des forces du malade dès le commence
ment de la maladie ; la caufe de la fiévre
maligne eft la corruption des humeurs : fon re-
mède eftles purgatifs continués jufqu’au fou-
Cij
çz Princrres ps Mrprcins
Jagement du malade, une boïiflon légèrement
acide, & des alimens bien atténués, légèrement
cordiaux. |
6. L. Souvent les trois efpèces de fiévres, que
nous venons de décrire , les deux premieres
fur-tout fe trouvent réunies dans le même fu-
jet : on fait alors un traitement mixte, on fai-
gne & on purge par conféquent dans les fiévres
inflammatoires, putrides , &c. 1! :
6. LI. De la Phrénéfie. La phrénéfie eft un
délire long & ‘opiniâtre , accompagné de fié-
vres ; il a pour caufe ou l’inflammation du cer-
veau , ou l’inflammation de quelque vifcère
particulier , ou la matière de la maladie qui fe
orte au cerveau. La phrénéfie, qui a pour caufe
J’inflammation du cerveau , attaque fubitement.
La phrénéfie , qui dépend de l’inflammation .de
quelque vifcère , fe connoît par les fignes qui
marquent que ce vifcère eft enflammé. La phre-
néfe , qui a pout caufe la matière dela mala-
die mife en mouvement, arrive dans les tems
de crile : il eft donc en quelque forte plufeurs
efpèces de phrénéfie. La première fe guérit par
les faignées révulfives , les rafraichiffans , les
lavemens continués jufqu’à la diminution dè
la fiévre. On guérit la feconde en guériflant la
maladie principale dont elle eft l’effer. On gué-
sit la troifième par les médicamens révulffs ,
comme les ventoufes, kes véficatoires , les pur-
gatifs. |
$. LIL. De l’Apoplexie. L’apoplexie eft une
perte fubite de tous les fens & de tous les mou.
vemens volontaires, dans laquelle le pouls fe
conferve. L’apoplexie reconnoit pour caufe
toute compreffion du cerveau , qui empêche les
efprits de couler dans les organes des fens’,
ET DE GRANDE CHIRURCGIE 3
tandis que les efprits du cervelet vont au cœut
& à la refpiration. La pléchore , le fang ins
flammatoire , la qualité de la mañle du._fang,
groflière , tout ce qui rompt les vaifleaux du
cerveau , comme la férofité àâcre dans le fcor-
but, dans la mélancolie, dans la goutte, en
fin les caufes externes , les coups , les chutes
donnent lieu à l’apoplexie. L’apoplexie qui vient
de pléthore eft ordinaire aux perfonnes qui ont
beaucoup de fang , qui font attaquées de ma-
ladies inflammatoires : elle fe guérit par d’am-
ples faignées , par des purgatifs , par des lave:
mens , & par l’ufage des rafraïchiffans. Celle
qui a pour caufe une pituite groffière , eft or-
dinaïre aux perfonnes froides , pituiteufes, aux
vieillards fur-tout : elle fe guérit par l’ufage
des purgatifs , des doux apénrifs, des favons,
par l’application des emplätres faupoudrés de
cantharides qui difloivent la lymphe épaifle.
Celle qui vient de l’épanchement d’une férofité
âcre fe guérit difficilement ; on peut cependant
. tenter la réforption de la matière épanchée par
des faignées révullives prudemment faites, &
par l’ufage des remèdes contraires à l’âcre do-
minant. Nous parlerons de la curation de l’a-
poplexie, qui a pour caufe les plaies de tête,
en parlant des maladies chirurgicales, À eft en-
core une caufe d’apoplexie , c’eft les polypes.
L’apoplexie , qui a pour caufe les polypes, fe
guérit par les difloivans de la lyÿmphe , les mer-
curiaux , les avons ; ces polypes fe manifeftent
par la palpitation du cœur , l’obfcurciflement
de vue crès-fréquent; fymptômes qui s’augmen-
tent par le mouvement.
$. LIT. Des maladies argués de la poitrine.
Les maladies aiguës de la poitrine , comme la
C üj
°s4 Paincrrxs De MrDecine
pleuréfie, la péripnenmonie, font accompagnées
de fiévres aiguës & de difficulté de refpirer. Ces
maladies ont pour caufe la pléthore ou la caco-
chimie. Voyez les fignes de pléthore & de caco-
chimie dans la pathologie générale. On faigne
abondamment dans les maladies aiguës de poi-
trine qui font produites par la pléthore , afin
d’empécher la fuppuration ; on purge dans celles
qui pu produites par la cacochimie ; on favo-
rife cependant, même dans ce dernier cas, fa
coction , l’excrétion de la matière engorgée par
l’ufage de cordiaux mixtes.
$. LIV. De l’inflammation de l’eflomac. L’in-
flammation de l’eftomac fe manifefte principa-
lement par une grande douleur dès qu’on avale
quelque chofe. Elle eft accempagnée de fièvre,
& on faigne abondamment dans l’inflammation
de l’eflomac ; on ufe de rafraîchiffans , de clyf-
tères émolliens : on foutient le malade avec de
l’eau de poulet, &c.
$. LV. Des Maladies épidémiques. Ce que
nous allons dire fur les maladies épimédiques.
n’eft prefqu’une répétition de ce que nous avons
dit des maladies aiguës en général. Les caufes des
épidémiques font la dépravation des chofes na-
turelles , comme le vice de l’air, des alimens,
&c. Le fiége des caufes prochaines & immédiates
des maladies épid{miques eft ou dans les pre-
mières voies, ou dans les fecondes voies , ou
dans les premières & dans les fecondes voies ,
comme dans la pelle ? voyez à ce fujer les fignes
des maladies. Quand la caufe des maladies épi-
-démiques exifte dans les fecondes voies, il faut
en attendre la codion, léruption , à l’extérieur,
des forces de la nature. Quand la nature eft im-
puiflante , il faut l’aider ; c’eft pour ce que l’on
ET DE GRANDE CHIRURGIS.
ufe d’alkali volatil dans la morfure de la vipè-
re ; de cordiaux , de cautère dans la pefte, afin
de favorifer l’éruption de l’humeur morbifique
hors du corps. Quand l’humeur morbifique eft
cuite , & qu’il eft impoflible de la chafer hors
du corps, on purge. On purge auffi lorfqu’elle
fe porte fur quelque vifcere effentiel à la vie;
on purge même lorfqu’elle eft crue , quand les
vifcères en font tellement engorgés, qu’il gé-
nent la circulation des humeurs : il faut beau-
coup de prudence pour connoître ce cas. Tautes
les éruptions qui paroiflent au dehors dans les
maladies épidémiques , telles que celles de la
petite vérole & autres , doivent être refpectées
comme une expulfion de la matière de la mala-
die : il faut donc prendre garde de purger dans
les maladies épidémiques avec matière dans les
fecondes voies , qui quelquefois fe porte à la
peau ; finon , où au commencement, lorfqu’il y
a naufée ou cacochimie dans les premières voies ;
ou lorfque la matière de la maladie , devenue
mobile , n’affete aucune crife particulière; ou
lorfqu’elle rentre dans les humeurs, & qu’on
ne peut plus la pouffer au-dehors ; ou lorfque
les vifcères font tellement pleins de mauvaifes
humeurs qu’ils gênent l’éruption de la matière
morbifique 3 ou lorfque ces maladies avec ma-
tière dans les fecondes voies font compliquées
avec d’autres maladies des premières voies , qui
demandent eflentiellement des purgations ; ou
enfin finon lorfquele principal foyer des maladies
épidémiques eft dans les premières voies, ce
qui n’eft pas fi rare que l’on penfe. Il eft cer-
taines maladies épidémiques , dont le venin eft
fi grand , comme la pefte , &c. qu’il faut abfo-
lument faire fuppurer les parties qu’elles at-
Civ
s6 Prrncrres ne MEDÉCrneE
taquent à l’extérieur , parce que la réfolution eft
incapable d’en changer la nature. Il règne dans
le moment que j’écris une maladie épidémique
à Perpignan , dont les principaux fymprômes
font le délire & l’afloupiflement : on dit que
l’ouverture des cadavres à fait voir les vaifleaux
de ceux qui en font morts fort engorgés. Il n’eft
pas douteux que la faignée & les purgatifs, qui
diminuent le volume des humeurs, ne foient
les principaux remèdes de cette maladie. Je vis
il y a quelques années plufeurs enfans, âgés de
deux ans , pléthoriques , atteints d’une maladie
prefque femblable à celle que je viens de dé-
crire ; ils étoient prefque fans fiévre , toujours
affoupis,pre{que toujours froids. Un mourut quel-
ris jours après que je l’eûs rappellé à la vie d’une
yncope dans laquelle il paroît qu’il feroit morts
Je fis peut-être mal de ne pas avoir fait faigner
mon petit malade, & de l’avoir trop ménagé
dans les médecines que je lui donnai.
$. LVI. De la Paralyfie. La paralyfie eft l’im-
mobilité lâche d’un mufcle qu’aucun effort de la
volonté , ou des ations vitales, ne peut domp-
ter. Quelquefois il n’y a aucun fentiment, quel-
quefois il y en a peu dans le membre paralyti-
que. La caufe prochaine de la paralyfie eft tou-
jours le fuc nerveux , ou le liquide artériel qui
ne peut couler dans le membre paralytique. La
paralyfie reconnoît donc pour caufe lapoplexie,
J’obftrution , toute évacuation fupprimée , ac-
compagnée de vertige, dont la matière fe porte
à latête, les corps fort aftringens , Îes infiam-
mations , les tumeurs dans le cerveau. La na-
ture guérit quelquefois cette maladie , en atté-
nuant la matière obftruante ; l’art doit imiter
la nature ; pour la difloudre , il faut employer
s
ET DE GRANDE CHIRVROTE. 57
les apéritifs, les fudorifiques , les vomiffemens
pour mouvoir la matière. Celle qui a pour caufe
l’inflammation fe guérir par les antiphiogifti-
ques , par les rafraichiflans , les faignées. Celle
qui a pour caufe les tumeurs dans le cerveau fe
guérit par les diffolvans de la Iymphe.La paralyfie
procède aufli de plaies de tête ; mais des plaies
qui affectent l’intérieur du crâne , nous en par-
leroas parlant des plaies de tête. |
$. LVII. De l’Epilepfie. L’épilepfe eft une
privation des fens externes, avec une fecoufle
violente , involontaire , de tous ou de quelques
mufcles particuliers , avec un repos & des pa-
roxifmes alternatifs : l’épilepfe fuppofe donc
une diverfe influence du liquide nerveax. Les
caufes de l’épilepfe viennent de naiffance , de
plaies , d’apoftèmes à la tête, d’âcre dans l’ef-
tomac, de cacochimie , de pKrthore , de foi-
blefle dans le genre nerveux qu’un rien irrite.
L’épilepfe qui vient de naïffance pañle pour in-
curable ; celle qui vient de plaies de tête eft
curable : nous en donnerons la curation en par-
lant des plaies de rête.Celle qui vient d’âcre dans
l’eftomac, & de foibleffe dans le genre nerveux,
fe guérit, l’une par les flomachiques , l’autre par
l’excreice. Nous lifons l’hiftoire des épileptiques,
en quion foupçonnoit défaut de digeftion, guéris
par le quinquina. L’épilepfie , qui vient de ca-
cochimie fe guérit par la curation de la caco-
chimie : veyez les fignes des maladies. L’épilep-
fie , qui teconnoît pour caufe la pléthore, fe
guérit pat Îles faignées & par un. régime de vie
peu nourriffant, Remarquez ici que les vapeurs
approchent de l’épilepfie, ont les mêmes caufes,
& demandent le même traitement.
$. LVIX, De le Goutte, La goutte eft un âcre
CY
8 Prractrss Dr M£rëDprcirns
dans la lymphe, qui produit des douleurs dans
les ligamens des articles, & qui lorfqu’il atta-
que ces parties prend le nom de goutte. Cet
âcre procède d’un vice de digeftion à peine fen-
fible Cerâcre caufe l’inflammation. La curation
de la goutte , appuyée de la théorie, & vérifiée
par l’expérience confifte à rendre à l’eftomac fa
p’emiere vigueur, & à évacuer le liquide cor-
rompu , qui exifte, dans les fecondes voies. On
remplit la première indication par lesamers, par
le régime , par l’exercice ; la feconde, par quel-
que fel volatil, dont on doit prendre une petite
dofe pendant long-tems , par de doux apéritifs.
On peut employer les purgatifs dans la goutte,
lorfque la douleur eft fur fon déclin. Pour cal-
mer l’extrême violence de la goutte, on ufe de
petit lait, de la faignée , de cataplames faits
avec la mie de pain & le lait, appliqués far la
partie. S’il paroïfloit que la goutte voulüt fe
porter fur quelque vifcère important , on doit
tenter fans délai de la rappeller aux jointures ,
en y appliquant des véficatoires. |
$. LIX. De l’Hydropifie. L’hydropifie eft ou
un épanchement de la férofité du fang dans des
cavités particulières , ou la ftagnation de cette
même Érobré dans fes propres vaifleaux qu’elle
diftend trop. On voit que les caufes de lhydro-
pifie font tout ce qui rompt les vaifleaux lym-
phathiques , & rout ce qui empêche la férofité
de couler. La caufe de la rupture des vaiffleaux
lymphariques & de l’obftacle à la circulation de
la férofité du fang ceft la foiblefle du rempé-
rament, le lenteur du mouvement des petites
artères, un âcre dans les humeurs qui rompt
Jes vaiffeaux lymphatiques. Dans un fujet bien
sonftitué l’hydropifie eft bénigne , la férofité
ÉT DE GRANDE CHIRURGIR. $9
n’cit pas encore corrompue. Dans un fujet mal
confttué, dans une hydropifie ancienne, l’hydre-
pifie eft maligne, la férofité eft corrompue. On
guérit l’hydropifie en faifant couler la férofité.
On fait couler fa férofité par les flomachiques,
les apéritifs. On peut employer la paracentchefe ,
les forts purgatifs quand l’hydropifie eft bénigne.
Les forts purgatifs & la paracenthèfe accélerent
la mort quand l’hydropifie eft maligne. Dans ce
dernier-cas , fi on fait l’opération de la paracen-
thèfe, il ne faut tirer qu’une certaine quantité
d’eau ; car on a remarqué que l’affaiflement des
vifcères que la paracenthèfe occafionne dans
l’hydropifie maligne, en accélere la putréfaction.
Si le malade eft tourmenté de foif, on luifait
ufer d’acides avec les apéritifs.
$. LX. Des Fiévres intermitrentes. Les fiévres
intermittentes ont pour caufe principale un vice
de digeftion. La matière des fiévres intermitten-
tes exifte , & dans les premieres & dans les fe-
condes voies. Pour guérir les fiévres intermit-
tentes, il faut délayer la matière de la maladie,
l’expulfer par les purgatifs , les apéritifs, & per-
fectionner enfuite les digeftions par les amers,,
par le quinquina fur-tour.
$. LXI. De la Phrifie. Si l’habitude du corps
paroît confumée à la fuite d’un ulcère au poul-
mon , on appelle ce mal phtfie pulmonaire.
Quand elle eft ancienne , elle pafle pour incura-
ble. On tente la curation de la phtifie pulmo-
naire, en procurant par Îles ftomachiques de
bonnes digeftions au malade , de lait fur-tout ;
en lui faifant ufer de doux apéritifs, de balfa-
miques , de déterffs, tels que la fleur de
foufre, & fes autres préparations ; & en tentant
Jes cautères, On peut prévenir les phrifies pul-.
Cyr
6o Erracerprs De MEDECINE
monaires qui fuccèdent aux fluxions de poitrine.
Lorfqu’il s’eft fait une vomique au poulmon,
l’indication médicale eft de la rompre, ce qui
fe fait par l’équitation, & enfuite de faire l’o-
pération de l’empyème , lorfqu’elle n’affeéte au-
cun iflue par la bouche. On connoît qu’il y à
du pus dàns la poirrine par la néceflité on eft le
malade , de fe coucher fur un feul côté, par le
bruit que fait le pus lorfque l’on fe remue , par
une pefanteur fur le diaphragme.
$. LXII. De la Mélancolie. La mélancolie eft
une trifteffe longue & opiniâtre pendant laquelle
le malade eft toujours occupé d’une feule & mêé-
me penfée. Ce mal procède de l’épaiffiffement
des humeurs. L’épaifliffement des humeurs pro—
céde ou du chaud, où du froid. Le chaud qui
occafonne l’épaifliffement des huments eft la
chaleur de l’air, les alimens échauffans, la force
de la vie, quand elle eft confidérable. Le froid
qui occafionne l’épaiffiffement des humeurs exifte
dans la foibleffe de l’eftomac. Les caufes de
Ja foibleffe de l’eftomach font la triftefle, les.
mauvais alimens , J’intempérance, &c. On gué-
rit la mélancolie qui procède du chaud par les
atténuans , par des délayans , par le vin mêlé à
beaucoup d’eau, par des alimens faciles à digé-
rer. La mélancolie qui procède du froid deman-
de du vin pur, du moins tempéré avec peu d’eau,
des alimens qui renferment beaucoup de mucila- ‘
ge bien atténué, Iégerement aromatifé. Quand [a
mélancolie dure l’épaiffiffement humeurs augmen-
te. 11 faut évirer dans tous les tems de la mélan-
colie de vouloir la guérir par de forts purgatifs.
Les purgatifs ne-conviennent dans aucune ma-
lâdie, fur-tout dans la mélancolie, que quand on
a délayé l’humeur morbifique par les favonneux,
ET DE GRANDE CHIRURGIE. 61
il faut purger les m‘lancoliques en fortifiant. La
mélancolie, quand elle eft invétérée produit tou-
tes les acrimonies dont nous avons parlé. Et ces
acrimonies produifent tous les fymprômes de
toutes les maladies imaginables. La mélancolie
invétérée produit fur-tout la manie. La manie
cependant peut aufli être produite dans le tems
que l’humeur de la mélancolie eft encore bé-
nigne.
Ajoutons ici que la mélancolie peut aufli être
l’effet des pañlions de l’amour fur-tout.
DE LA PATHOLOGIE CHIRURGICALE
EN GENERAL ET EN PARTICULIER.
$. LXIII. D ES Caufes des maladies chirur-
© gicales en général. Les caufes des maladies chi-
rurgicales font internes ou externes. Les caufes
internes des maladies chirurgicales , font les
mêmes que les caufes des maladies médicales.
Les maladies chirurgicales qui dépendent de
caufes internes dépendent ou du vice , ou de
l’abondance des humeurs. Le vice qui formeles
maladies chirurgicales eft ou benin ou malin ;
ileft malin quand il y a corruption d’humeurs.
Cette corruption fe manifefte par une douleur
tout-à-fait infupportable, par une fiévre lente,
aiguë, peftilentielle, épidémique par l’érofion de
fubftance de la partie malade , par l’écoulement
d’un pus fétide, d’une infupportable odeur. Il eft
benin, quand on n’apperçoit aucun des vices que
mous venons de marquer; c’eft-à-dire , quand
le fujet eft habituellement fans fiévre , quand il
digère bien, quand la douleur que caufe la ma-
ladie n’eft point exceflive. Ce vice benin & mae
Fr
x Prirncrres bx MrEprcrn#
li 1 qui produit les maladies chirurgicales eft lo-
cal ou univerfel: ce vice foit qu’il foit benin ,
foit qu’il foir malin, n’eft que local, c’eft-à-dire,
il n’exifte que dans une feule partie du corps,
quand le malade eft fans fiévre , quand le fujet
eft fain, quand il digère bien, quand la mala-
die chirurgicale fe manifefte à la fuire des ma-
ladies aiguës dans lefquelles on a vules fignes de
cottion , quand on n’apperçoit aucun figne d’œ-
dême ni de jaunifle. Ce vice , foit benin, foit
malin, eftuniverfel, c’eft-à-dire , répandu dans
toutes les humeurs, quand on apperçoit des
fignes oppofés à ceux que nous venons de dé-
crite, quand il n’eft que local, c’eft-à-dire , lorf-
que la maladie chirurgicale eft accompagné de
fiévre, quand le fujet eft mal fain, &c.
Les Maladies chirurgicales qui procèdent uni-
quement de l’abondance d’humeurs font plus
rares que certains penfent; on peut cependant
croire que toute maladie chirurgicale procède
uniquement d’abondance d’humeurs, quand elle
cft dans un fujet bien conftitué, fans fiévre,
fans aucun figne de cacochimie; une maladie
chirurgicale qui ne procède que d’abondance
d’humeurs peut êrre accompagnée de fiévre qui
procède de pléthore. Cette fiévre qui procède de
pléthere eft caufe de la maladie chirurgicale.
Les maladies chirurgicales qui procèdent des
caufes externes, font les contufions à la fuite de
coups, de chutes , les fymptômes qui procèdent
à la fuite de la piqure de bêtes venimeufes, de
quelques poifons appliqués extérieurement, de
quelque bleflure. Les maladies chirurgicales qui
procèdent de caufes extérieures , font ou avec
corruption d’humeurs , ou feulement avec folu-
sion de continuité-des parties folides. Cette cor-
ET DE GRANDE CHIRURGIE, 63
ruption d’humeurs eft tantôt bénigne, tantôt
maligne, tantôtuniverfelle , tantôt locale. Il eft
cependant aufli des maladies chirurgicales qui
procèdent de caufes externes, dont la nature
n’eft qu’une rétention de matière excrémenti-
ticlles ou récrémentitielles, Voyez ce que nous
venons de dire ci-deflus, fur les caufes internes
des maladies chirurgicales ; voyez aufli la fé-
méiolique , &c.
Quand les maladies chirurgicales dépendent
de caufes intérieures , il faut premièrement trai-
ter la caufe intérieure: quand elles dépendent
d’abondance d’humeurs, ou de certains vices
benins , on tâche de les réfoudre, fi ce font des
abcès |, ou des rumeurs ; fi ce font des ulcères
on les defleche , foit par les purgatifs, foit par
des poudres abforbantes. Quand les maladies
chirurgicales dépendent d’un vice malin, foie
qu’il foit local, foit qu’il foit univerfel , on le
détruit par les corrofifs, enfuite par les deffica-
tifs : on traite premièrement la dépuration des
humeurs quand le vice dont nous parlons eft uni-
verfel , on en tente la coétion fur-tout par les
moyens prefcrits aux articles des maladies inter-
nes.
II faut remarquer au fujet du vice malin qui
caufe les maladies chirurgicales , que ce vice eft
de différentes fortes. II n’y a que fa nature, fes
fymptômes connus qui peuvent décider fi la
fuppuration eft préférable à la réfolution pour
le détruire. Nous allons parler des différentes
cfpéces de ce vice ; ces différentes efpéces de
vice font le virus écrouelleux, pforique , dar-
treux, variolique, vérolique , fcorbutique, can-
cereux, peftilentiel, & un autre qu’on peut ap-
peller virus anonyme, ou fans nom, dont on ne
64 Proncires Dr MreDrcinrs
peut pas déterminer la nature ; qui approche
néanmoins de la nature des différens virus con-
nus. |
$. LXIV. Le virus écrouelleux procède de
mauvailes digeftions ; dans fon premier tems,
ce virus n’eft qu’un épaiflifflement de Ja lymphe,
qui cage les glandes du col principalement;
dans fon fecond tems ce virus eft une infamma-
tion de ces mêmes glandes ; dans fon trcifiéme
tems, c’eft la fuppuration qui furvient à l’inflam-
mation des glandes engorgées. Il ne faut pas
croire que l’inflammation des glandes écrouel-
leufes foit toujours l’effet d’un être malin & inin.
telligible , comme le mot wrrus le fignifie dans
tous les auteurs. L’inflammation des glandes
écrouclleufes eft plus fouvent l’effet de la cha-
leur du tempérament , ou de la glande engor-
gée que celui d’un virus malin & nuifible a la
fanté. Ce virus eft plutôt l’effet de l’inflamma-
tion , qu’il n’en eft la caufe. Nous ne refufons
cependant pas de croire qu’il peur être l’effet de
mauvaifes digeftions , & enflammer enfuire les
glandes engorsées. On guérit fur-tout les écrouel-
les en reétifiant les digeftions par les ftomachi-
ques, en délayant la lymphe épaillie par les doux
apéritifs, & en la diffolvant par les fudorifiques.
C’eft fur-tout dans la curation des écrouelles qu’il
faut faire attentionà cet aphorifme d’Hippocrate. .
Il faut rendre fluides Les matières que l’on veut
purger. La fuppuration dans les écrouelles eft
toujours lente ; on peut l’aider par les fappura-
tifs, afin de détruire toute la glande engorgée,
On peut aufli extirper les glandes cngorgées,
quand la réfolution en eft impofñlble. Le virus
écrouelleux produit fouvent des fiévres lenres.
On prefcrit fagement des cautères en ce cas,
. ET DE GRANDE CHIRURGIX. 6$
des doux fudorifiques & des ftomachiques.
$. LXV. Le virus galleux & dartreux confifte
dans un âcre plus ou moins confidérable , répan-
du dans la partie féreufe du fang. Ces deux virus
ont beaucoup de rapport entr’eux. Le virus gal-
leux engendre des puftules dans l’articulation
des doigts fur-tout ; ces puftules produifent des
. demangeaifons. Le virus dartreux fcorie la peau
& produit un pus qui fe forme en croute par le
contact de l’air. Ces virus dépendent de la di-
geftion de mauvais alimens, ces virus (le galleux
fur-tout ) fe communiquent par le contaét ;ilne
font alors quelocauxsils fe propagent enfuite dans
toutes les humeurs, & deviennent univerfels.
Comme tout virus qui a fa fource dansles premiè-
res voies demande des purgatifs , il n’eft pas dou-
teux qu’il ne faille les emploier , quand ces deux
virus dont nous venons de parler , ont leur four-
ce dans les premières voies ;il faut joindre aux
purgatifs les ftomachiques, les apéritifs ; les fto-
machiques empêchent la régénération de ces
virus ; les apéritifs les chaffent hors du corps, &
fouvent ils en font la coétion. Le foufre détruit
le virus galleux & généralement toutes les hu-
meurs putrides des fecondes voies. Quelquefois
le virus galleux qui eft à l’extérieur, fe jette fur
quelques vifcères, & produit des maladies aiguës
dangereufes. Il faut dans ce cas rappeller la gal-
le à l’extérieur, en faifant revêtir au malade
une chemife de galleux, foit une de celles qu’il
mettoit ayant la galle, foit celle d’un autre
alleux.
$. LXVI. Le virus fcorbutique procède du
vice de l’air, & de la digeftion, Quelquefois ce
virus n’eft qu’un épaiflifiement de la lymphe,
quelquefois c’eft une âcreté répandue dans l’une
66 Prracrres De Meprcrnr
des parties du fang , quelquefois c’eft une âcreté
dans une partie du fang, & un épaifliffement
dans l’autre. Il eft difficile de déterminer la na-
ture de cette âcreté. Voyez Les fignes des mala-
des. Quand cette âcreté eft alkaline, de nature
à échauffer , on ufe d’acides; quand cette âcreté
eft acide, de nature à produire des érofons len-
tes, des tumeurs froides, on ufe d’alkalis qui
Ééchauffent , & qui diflolvent ce qui eft épaifli.
Les ulcères fcorbutiques rendent quelquefois.
une odeur infupportable, & font environnés
de callofités On guérit les ulcères fcorbutiques
calleux en en tentant la fuppuration , & enfuite
l’exficcation quand les chairs font belles ; on fe
fert aufli des antiputrides extérieurement; mais
avant tout il faut traiter le vice intérieur. Un cé-
Jébre Chirurgien croit que pour détruire le fcor-
buc, il faut ufer d’alimens qui engendrent beau-
coup d’air, parce que l’air qu’on mêle aux corps
co:rompus en détruit la corruption. Je crois tou-
tes fes expériences vraies 3 mais je crois faufle
l’application qu’il en fait au corps humain: un
des grands remèdes antifco:butiques & de tou-
ces les maladies chroniques, eft les bonnes di-
geftions, & les remèdes ftomachiques par con-
féquent. On cf prefque toujours ou dans l’erreur,
ou près de l’erreur, quand on veut expliquer les
phénomènes de l’æconomie animale , par compa-
raifon avec les phénomènes phyfiques , chymiques
& fenfibles ; cette penfée eft de Fizes, Médecin
de mérite.
6. LXVII. Le virus cancéreux eft difficile à
déterminer , à définir ; on fçait qu’il eft le fruit
d’une mauvaife inflammation , & d’une corrup-
tion fpontanée des humeurs qui a peut-être {a
fource dans les premières voies. Ce virus pro-
ET DE GRANDE CHIRURCGIE. 67
duit une douleur & une odeur infupportables
dans les parties cancérées ; il ronge, il détruit
les parties qu’il attaque. Ce virus eft local, ou
uaiverfel. Il eft local quand il furvient à la fui-
te de quelques coups, de quelques chutes, de
linflammation de quelques tumeurs. 11 eft uni-
verfel quand le fujet eft mal conftitué , quand
ce virus s’engendre fubirement dans plufieurs en-
droits du corps, lorfqu’après avoir été guéri
dans un endroit, il s’engendre dans un autre.
Ce virus produit des ulcères intérieurs & exté-
rieurs. Quand ce virus n’eft que local, on peutle
détruire, foit par l’amputation , foit par l’appli-
cation des corrofifs. Quand il eft univerfel, il eft
pus difficile à détruire 3 l’ufage des caurères,
des flomachiques, des apéritifs, des fuppurarifs,
des deflicatifs fur la partie cancérée , font les
moyens dont on peut fe fervir pour le détruire ;
ces remèdes me paroiflent devoir être employés.
Plufieurs vantent l’extrait de ciguË ; rien ne
A , , A
peut en empêcher l’ufage. Quand l’ulcère can-
céreux eft intérieur, il paffe pour incurable ; on
ufe cependant des remèdes intérieurs que nous
venons de prefcrire, & de l’opium fur-tout pour
calmer Îes douleurs qu’il produit.
$. LXVIIL. Le virus peftilentiel s’engendre de
matières corrompues , foit dans l’eftomac , foit
dans l’air. Ce virus eft contagieux , il produit
dass l’eftomac des envies de vomir, & dans les
fecondes voies une foibleffe confidérable , & fur
la peau des charbons. Sa curation confifte à éva-
cuer les matières corrompues des premières voies
& à ranimer les folides, pour cuire, chaffer ce
virus hors des fecondes voies. On fait fuppurer
1
le charbon, & généralement les tumeurs que
produit le virus peftilentiel, doivent être traitées
€3 Princrres De MEDEcINr
par la fuppuration. Quand la force de l’inflam-
mation des tumeurs peftilentielles fait appré-
hender la gangrène , on faigne plus ou moins
le malade, on peut même faire une faignée lo-
cale, après laquelle on fe fert de doux Rs
tifs. Des Auteurs de mérite confeillent les cau-
tères dans Ja pefte ; c’eft un moyen de guérir qui
ne peut être que falutaire. |
$. LXIX. La vérole approche de la nature du .
virus écrouelleux , dartreux , eancereux & fcor-
butique. Le virus vérolique imite tous les fymp-
tômes de ces différens virus, quand il eftrécent; :
& prefque tous les fymprômes des maladies
aiguës & chroniques quand il eft ancien
dans le corps. Le virus vérolique eft ou local ,
exiftant dans une feule partie du corps, ou
univerfel répandu dans tout le corps. Le virus
vérolique fe communique parle contaét. Quand
les fymptômes furviennent promptement à la
fuite du conta@ , dans la partie qui a fouffert
le contaét, on peut croire que le virus n’eft que
local ; quand les fymptômes furviennent tard
après Le contaë , fur-tout dans des parties qui
n’ont point fouffert le conta@, quand on n’a
fait aucun traitement , ou quand on en a fait un
mauvais aux fymptômes qui furviennent promp-
tement après le conta&, on peut croire que le
.virus vérolique eft univerfel. Quand le virus
vérolique n’eft que local, on traite fes {ymp-
tômes comme on traire les fymptômes des ma-
ladies qu’il imite Le plus. Si le virus vérolique
produit des chancres,il n’eft pas douteux qu’il ne
faille les deffécher , en empêcher le progrès avec
Je minium. S’il produit la chaude-piffe ( c’eftun
écoulement dela femence occañonné par l’inflam-
mation des proftates ) il n’eft pas à douter qu’il
|
ET DE GRANDE CHIRURGrE. 63
ne faille ufer des antiphlogiftiques; s’il produit
* des tumeurs à laine , il faut ufer d’émolliens,
de réfolutifs, & de fuppuratifs , fi ces bubons
veulent fuppurer; s’il produit des excroiffances:
de chair , il faut les couper , les ronger, les ré-
foudre. Comme il exifte toujours quelque peu
de virus dans la partie vérolée , il eft prudent de
la frotter avec l’onguent mercuriel, comme il eft
à craindre que ce virus qui n’eft que local, ne fe
foit répandu impercepriblement dans les hu-
meurs, il faut ufer de friétions ou de prépara-
tions. mercurielles felon l’âge du fujet & felon
l’ancienneté des fymptômes véroliques. Quand
le virus vérolique eft ancien ou univerfel$kn le
détruit par l’ufage du mercure. Voyez l’article
du mercure ou nous difons la manière de s’en
fervir dans la vérole confirmée.
La fuppuration eft un feu naturel qui détruit
les virus dans le corps, comme le feu les détruit
dans l’air ; il paroït furprenant que nous ne
l’ayons recommandé que pour détruire le virus
peftilentiel. L’expérience à montré dans une in-
finité de fujets,que le mouvement que la réfolu-
tion produit étoit fuffifant pour détruire les
virus ( excepté le peftilentiel ) dont nous avons
parle jufqu’a préfent ; il n’eft donc pas furpre-
nant que nous n’ayons pas prefcrit la fuppura-
tion , comme un moyen néceffaire pour guérir
les maladies dont nous venons de parler. Quoi-
que la réfolution détruife le virus vérolique,
quoiqu’en conféquence de ce principe vérifié par
maintes expériences nous ayons enfeigné que
l’on pouvoit faire cefler les accidens primitifs de
vérole , les chancres, par exemple, par des def-
ficatifs,les chaudes-pifles dans lefquelles l’inflam-
mation étoit paflée parles purgauifs ; il eft tou-
70 Parncires pr Mepzrcrnr
tefois prudent dans ces derniers cas d’ufer des
préparations mercurielles , comme nous l’avons
dit plus haut. On voit dans ce dernier paragra-
phe que c’eft le mouvement vital augmenté ou
la fiévre qui guerit la vérole : cette doctrine
paroît vraie, puifque l’on a guéri des véroles
anciennes pat des plantes fudorifiques. Cette re-
marque ne doit pas furprendre ; la fiévre eft un
remède deftructeur de tous les virus imagina-
bles.
$. LXX. Le virus variolique s’engendre dans
l’air & dans les humeurs des premières & des fe-
condes voies. Ce virus eft malin ; dans fon pre-
mierlféms il produit des accablemens , des en-
vies de vomir ; c’eft dans ce tems qu’il eft pru-
dent d’évacuer le malade; enfuite il produit des
taches rouges fur la peau , qui grofliffent tous
les jours jufqu’à ce qu’elles fuppurent ; après
qu’elles ont fuppuré elle fe defféchent. La fuppu-
ration eft néceflaire pour la deftruction du virus
variolique , il eft imprudent de la hâter pardes
ANA , il faut feulement relâcher la peau
par l’ufage du thé, entretenir les forces de la
vie par des bouillons, pouffer le virus au-dé-
hors, & faire {uppurer les boutons varioleux
par l’ufage des doux apétitifs, Quand le virus
varioleux rentre dans le corps fans qu’on puifle
l’en faire fortir, la vie eft en danger on peut
tenter des purgatifs en ce cas. Quand la petite
vérole eft compliquée avec la fiévre maligne,
des Médecins n’héfitent point de purger le ma-
lade, même dans le tems de l’éruption ; fi cette
pratique eft permife, ce n’eit qu’autant qu’on
joint aux purgatifs de légers cordiaux & apéri-
tifs , pour foutenir la force dela vie qui chafle
hors du corps & qui cuit le virus variolique.
ET DE GRANDE CHIRURGIE. #1!
$. LXXTI. Les virus anonymes , dont nous de-
_vons aétuellement parler, font des virus dont
* on connoît moins bien la nature que cell des
autres virus. Ces virus produifent à l’extérieur
la plüpart des fymptômes des virus décrits. Tan.
tôt ils produifent des maladies internes & ex»
ternes ; tantôt ils produifent des maladies exter-
nes feulement ; rantôt les virus anonymes ont
leurs fources dans l’eftomac; tantôt dans l’airs
tantôt ils font locaux , ils n’exiftent que dans la
partie qu’ils attaquent; tantôt ils font répandus
dans tout le corps. Ces virus produifent des ma-
ladies chirurgicales aiguës & chroniques 3 (car
on peut appeller maladie chirurgicale aiguë ,
celle qui fe guérit en peu de tems, comme les
abcès 3 & maladie chirurgicale chronique , celle
qui n’a point un tems fixe pour la guérifon,
comme les ulcères. ) Tantôt les virus anonymes
font de la dernière malignité , ils font plus be-
nins que malins; tantôt ils fe détruifent, quoi-
que malins, ( heureufement pour le malade }
par la réfolution. Il importe pour la deftruétion
des virus anonymes, de connoître quelle eft leur
fource , leur dégré de malignité ; s’ils demandent
la réfolution , ou la fuppuration, pour leur def=
truction ; s’ils font locaux ou univerfels.
Quand ces virus paroiffent à la fuite des ma-
ladies aiguës , dans lefquelles on a vu les fignes
de codion, on peut croire qu’ils ne font que
locaux. Quand ils paroiffent dans le courant des
maladies aiguës, on peut croire qu’ils font uni-
verfels ; qu’ils font une fuite des maladies aiguës.
Il faut s’attacher à connoître la nature du virus
de la maladie aiguë, pour déterminer fi la ré-
folution eft préférable à la fuppuration. Relifez
ce que nous avons dit. plus haut des maladies
92, Prinorrrs De Mrprcinre
LI
chirurgicales en général notre feméiolique fur-
tour. Les virus anonymes produifent des éréfy-
pèles , des phlegmons, des ulcères , des char-
bons , des bubons, &c.
$. LXXIL L’éréfipèle eft une inflammation de
la peau; il eft malin quand il eft accompagné
de fiévre confidérable ; la caufe exifte fur-rout
dans les premières voies, c’eft une abondance
de bile corrompue. Les purgatifs guériffent prin-
cipalement l’éréfypèle , on faigne dans l’éréfy-
pêle malin , pour diminuer l’ardeur de lafiévre,
ui occafionneroit la fuppuration. On ufe de
hé, de fureau, pour purifier la mafle du fang. Il
eft auffi des épidémies d’éréfypèles, dont la cau-
fe principale fe répand de l’air dans les humeurs.
$. LXXIII. L’ulcère eft une érofion de fubf-
tance , avec écoulement de pus. Pour connoître
fi l’ulcère eft benin, ou malin, pour en connot-
tre la caufe, la fource, relifez les fignes des ma-
ladies , & ce que nous avons dit plus haut des
maladies chirurgicales en général. Il cft aifé de
voir par ce que nous avons dir jufqu’à préfent
des maladies chirurgicales , que leur théorie eft
inféparable de la théorie des maladies inter-
ñes. |
&. LXXIV. Le charbon eft une tumeur rou-
ge , élevée en pointe, accompagnée d’une dou-
eur vive, d’une chaleur brülante , & d’une ; ou
de plufieurs puftules qui deviennent prompte-
ment noires. Le Charbon fe gangrène aifément ;
quand la force de l’inflammation fait appréhen-
der la gangrène , on faigne plus ou moins Je ma-
lade , on peut même faire une faignée locale.
$. LXXV. Des Maladies des os. Nos os font
fujets aux mêmes maladies, que nos parties
molles; à l’inflammation, à la gangrène, à la
catic ;
ET DE GRANDE CHIRURGIE 7%
carie ,ala vifcofité glutineufe, au skirre, aux
boffes , à la foiblefle , au ramolliflement, au re-
fâchement de leurs ligamens, à l’hydropifie de
leurs articles. Nos os font fujets tant intérieure-
ment, qu’extérieurement, à toutes ces mala-
diess parce qu’ils renferment tant intérieure-
ment , qu’extérieurement, des artères & des
veines, dans lefquelles il fe fait une circulation
des humeurs ; comme dans les artères «& les
* veines des parties molles : d’où il fuit que, qui-
conque connoît l’hiftoire des maladies des par-
_ties molles, connoît celle des os. Nous allons
cependant décrire ici quelques remarques , pour
la connoiflance & pour la curation de quelques
maladies des os. Si la moëlle croupit dans fes vé-
ficules, elle fe corrompt par la chaleur & le mou-
vement vital, elle devient âcre , putride, elle
détruit la fubftance des os. Il eft évident que les
fignes de ce mal & de fon état, font ceux d’une
inflammation profonde, & infenfible quand on
la touche extérieurement. Quand on ne peut
aifément féparer, nétoyerla partie , c’eft une
marque que la cure fera très-difficile. La meil-
leure méthode qu’on puifle fuivre dansla curation,
eft d’ufer abondamment de décoétion faite de
remédes fort pénétrans , capables de nétoyer,
& de réfifter à la pourriture, & enfin de percer
l’os avec un trépan, fi les premiers fecours ne
réufliffent pas. Une des maladies de l’os la moins
devait eft l’inflammation du périofte exter-
ne, dont il y a autant de caufes, qu’il y a de
caufes des maladies internes & externes. On
connoît que le périofte externe eft enflammé
par les fignes de l’inflammation profonde , que
le ta augmente, & rend plus violente. On gué-
tit l’inflammation du périofte externe, en relà-
| D
74 Prixnctres De Meprcinz
chant la partie par des fomentations, & micux
encore quelquefois par des incifions. On con-.
noît que cette inflammation fe difpole à fuppu-
rer par les fignes de la fuppuration expliqués dans
la ae La fuppuration étant faite, il
faut mettre l’os à nud, évacuer le pus, purifier
l’ulcère,& traiter l’os comme onletraite ordinai-
rement de la manière fuivante; on perce lége-
remeng l’os avec un petit trépan en divers en-
droits , lorfqu’il eft gâté ou prefque noir ; pat là
on prévient l’exfoliation, & le périofte fe régé-
nerc 3 on met l’os à couvert du pus , de la fanie;
on rejette pour les panfemens les matières graf-
fes, aqueufes ; on empêche l’impreflion de l’air ;
on applique de petits plumaceaux trempés dans
l’efprit de vin, dans lequel on a fait fondre du
maitic. Cette façon de traiter eft fur-tout nécef-
faire quand flinflammation du périofte externe
cft changée en gangrène. Voyez les fignes de
gangiène dans la feméiotique. L’inflammation
du périofte interne eft plus à craindre , elle pro-
vient des caufes ordinaires des maladies. On con-
noît l’inflammation du périofte interne par les
fignes ordinaires de l’inflammation par une dou-:
Ieur fourde, fixe, profonde, longue, qui ne
cède à aucun remède externe & qui ne s’augmen-
te point parle raët, mais feulement par le mou-
vement des mufcles & l’ufage intérieur des ma-
tiéres Âcres & aromatiques. On guérit l’inflam-
mation du périofte , foit interne, {oit externe,
comme l’on guérit l’inflammation, par les fai-
gnées , par les délayans, par les purgatifs , par
les lavemens, par les antiphlogiftiques. Mais fi
Ja fuppuration ou la gangiène eft formée dans le
sérictte interne, ( onconnoît que l’un oul’autre :
}
alieu par les fignes certains del’infammation in-
terne, qui a précédé, & par une douleux four-
_ 2T DE GRANDE CHIRURCIE 7ÿ
de, profonde fixe, ) on les guérit comme on
guérit les accidens que produit la corruption
de la moëlle, dont nous avons parlé ci-deflus.
Si les remèdes prefcrits dans le cas de la corrup-
tion de la moëlle ne réufliflent pas, if n’y a que
F’extirpation qui puifle guérir. Les maladies des
os dont nous venons de parler, & dont nous
allons parler, peuvent aufli procéder dés diffé-
rens virus décrits ci-deflus. On ne guérit dans
cette fuppoñtion les maladies des os , qu’en dé-
truifant les virus qui en font la caufe.
L’exoftofe eft une obftruétion, une tumeur
skirreufe dans l’os. On guérit l’exoftofe en dé-
layant les matières engorgées par les bains, par
les vapeurs d’efprit de vin , dé plantes aromati-
ques furtout , qu’on dirige fur l’exoftofe, par
l’ufage des fudorifiques , des apéritifs, des fto-
machiques. |
$. LXXVI. Des Membres gelés & des Enge-
lures. Les grands froids gèlent les membres, ils
empêchent la circulation des humeurs, il arrive
même que les grands froids tüent en peu de
minutes, ils gênént la circulation du fang , ils
en déterminent une partie confidérable au cer-
veau qui excite un léger affoupiflement où fom-
meil qui caufe la mort fi on s’y livre. Quand
les membres font gelés, on les dégèle en les
mettant dans l’eau froide. Expofer les membres
gelés au feu, c’eft les faire gangréner, par ce
que la chaleur du fea donnetrop de mouvement
aux humeuts engorgées: celle qui exifte dans
l’eau froide (car il n’eft aucun corps dépourvu de
la matière du feu) ne leur donne qu’un fi doux
mouvement, qu’il eftimpoflible, qu’elle rompe
leurs vaiffeaux.Boerhaave explique différemment
pourquoi l’eau froide dégèle les membres, il dit
D ij 1
76 Princrres DE Mspzcrns
que l’eau froide attire les parties frigorifiques
qui font dans le membre gelé, & que le cœur
a par ce moyen moins de réfiflance à vaincre
pour y faire circuler les humeurs. Souvent les
grands froids ne gélent pas f fort les membres;
ils n’attaquent que la peau ils y forment ce que
nous appellons engelure. Dans le preimier tems
des engelures, la peau s’enfle, eft douloureufe 3 :
dans le fecond tems l’enflure & la douleur au-
gmentent ; dans le troifième tems la peau s’ex=
corie & s’ulcère 3 dans le quatrième temselle fe
gangrène. On peut regarder la douleur dans ces
trois derniers tems comme un figne certain de
linflammation. Dans le premier tems les enge-
Jures fe guériflent quelquefois d’elles-mêmes.
Dans le É cond tems on frotte la partie avec la
neige, Ou on la met dans l’eau froide. Les per-
fonnes délicates qui ne peuvent endurer ce re-
mède , mettent leurs engelures dans une décoc-
tion un peu moins que tiède, de plantes réfolu-
tives. Dans le troifième tems on traite les enge-
lures avec les fuppuratifs, quand l’engorgement
eft confidérable ; quand il eft moindre, on les
traire avec les réfolutifs. Quand la fuppuration,
l’engorgement font pañlés, on ufe de deflica-.
tifs. Souvent les engelures font entretenues
dans le troifiéme tems par un vice benin ou ma-
lin dans les humeurs. Dans le cas d’un vice be-
nin on ufe de purgatifs, d’apéricifs. Dans le cas
d’un vice malin, on tente la deftruétion du vice,
connu par les fignes des maladies dont nous
avons parlé. Quand la gangrène furvient aux en-
gelures , on ufe d’antiputrides intérieurement êc
extérieurement.
$. LXXVII. Des Contufions, La contufion n’eft
autre chofe que la rupture de pluleurs petits
vailleaux, faite par un corps dur. La contufion
ÊT DE GRANDE CHIRURGÉIE. 7}
la plus dangereufe eft celle qui fe fait dans un
endroit différent de celui qui a reçu le coup,
Dans la cure de ce mal il faut toujours tenter
. la réfolution, craindre la fuppuration & encore
plus la gangrène. La réfolution confifte à otet
la liqueur extravafée , fans bleffer davantage
les vaiffleaux ; pour cela il faut la rendre fluide,
relâcher les vaiffleaux voifins, la déterminer à
couler dans ceux qui lui font propres en les
évacuant ou en les frottant. Ainfi de copieufes
faignées fuivies de purgations fortes, & qui
n’échauffent point, des fomentations fur la par-
tie qui pénétrent, relâchent , atténuent , font
employées avec fuccès de même que les diuréri-
ques, les diflolvans ptis intérieurement. Mais fi
la contufon eft fi confidérable , fi profonde,
comme les contufions faites par les plaies d’ar-
“mes à feu, qu’on ne peut efpérer de la réfoudre,
on fcarifie la partie , on l’ouvre, on la fait fup-
ÉDUPOR ES
6. LXXVIIT. De la Gangrine. L’on appelle
gangrène l’affection d’une partie qui abolit le
flux de l’humeur vitale dans les artères, & fon
reflux dans les veines. Les caufes générales de
la gangrène font tout ce qui produit l’infamma-
tion , une forte ligature des veines , leur com-
preflion par quelque caufe que ce foit, par une
tumeur, &c. le grand froid , la tranfpiration ar-
rêtée dans les abcès par les aftringens, un âcre,
un vice quelconque répandu dans les humeurs.
Les fignes auxquels on reconnoît la gangrène
font l’infenfibilité de la partie, fa couleur pâle,
cendrée , noire , des puftules pleines d’une lym-
phe ichoreufe. Quand on voir augmenter ces
fignes, c’eft une marque que la gangrène dégé-
nère en fphacèle, ou mort entière de la parue.
AUDI
”m$ Prinerrzs DE MrDEcINE
On fçait qu’une partie eft fphacélée , lorfqu’en
brülant, coupant la partie, on s’apperçoit qu’el-
le eft entièrement privée de fentiment. Il faut
fur le champ remédier à la ganogréne. L’on doit
très-promptement extirpet le fphacèle. Les indi-
cations curatives de la gangrène confiftent à af-
fermir les forces, à empêcher la putréfa@tion de
pénétrer dans les veines, à en arrêter le progrès.
On fçait comment on affermit les forces, par les
cordiaux ; on empêche les matières corrompues
d’entrer dans les vaifleaux, en augmentant le
mouvement des humeurs à l’extérieur , par le
kina , par les fudorifiques, par des fcarifications.
On arrête les progrès de la gangrène en détrui-
fant fes caufes fenfibles. Mais fi Les vaifleaux ont
abfolument perdu leur reflort, on ne rend point
par ces remédes la fanté à la partie corrompue.
On tente fur-tout la fuppuration de la partie
gangrénée , fans négliger l’ufage intérieur des
antiputrides. Quand le fphacèle fuccède à:la
gangrène, il ne refte de fecours à attendre pour
la vie du malade , que de l’amputation, On fait
l’amputation dans le. mort ; on fait enfuite ,
fur ce qui refte de fphacelé ,une efcarre avec le
fer rouge , ayant auparavant fait la ligature des.
artères confidérables. |
$. LXXIX. Des plaies de Téte. Les plaies de
tête endommagent ou les os du crane, ou l’in-
térieur, ou l’extérieur du crane. La légéreté du
coup fait connoître que l’extérieur du crane eft
fé. Le déplacement des os , le cliquetis font
connoître que les os du crane font endomma-
gés. La force , la profondeur du coup , la para-
Îyfie, qui furviennent quelques jours après le
coup, marquent que l’intérieur du crane eft blef-
{é. Les effets des plaies de têre , comme fiévre,
ET DE GRANDE CHIRURGIE 99
vomiflement , apoplexie font fouvent les mêmes
au commencement des plaies de tête , foit que
12. bleflure foit faite à l’intérieur , foit à l’exré-
rieur du crane, Si toutefois ces effets, la para-
lyfe fur-tout, furviennent Jlong-tems après 1e
coup , il ne faut pas douter que le crane ne foit
bleflé intérieurement , ou du moins fes os, eu
fa dure-mère ,ou le péricrane. Les effets fufdits,
fi peut-être on excepte la paralyfie, peuvent
donc arriver, le péricrane externe étant bleffé:
maïs on connoît ce cas par quelque tumeur , par
quelque douleur extérieure. Il faut dans le com-
mencement des plaies de tête ne pas tout-a-fait
s’intimider, ni trop efpérer , puifqu’une plaie
qui ne paroifloit rien a été fuivie des plus funef-
tes accidens, & puifque celles qui étoient ac-
compagnées dans leurs commencemens des plus
funeftes accidens, fe font terminées heureufe-
ment. Comme il eft toujours à craindre l’inflam-
mation , ou la rupture des vaïfleaux fanguins
dans les plaies de tête, il faut faigner abondarm-
ment , copieufement le malade au commence-
ment de {a bleflure , faire même une incifion
cruciale ou à la partie bleffée, quand la violence
des fymptômes, comme apoplexie , phrénéfie ne
cède point aux faignées ; où dans la partie op-
pofée à la partie bleflée , s’il y paroît une tu-
meur. On pratique l’opération du trépan , quand
ces fymptômes ne cèdent point à l’incifion cru-
ciale. Nous ofons aflurer que , quand ils paroil-
fent long-tems après le coup , fans que le péri-
crane paroifle bleffé , l’incifion cruciale eff inu-
tile. L’opération du trépan eft le feul moyen de
guérir le bleflé. La paralyfie exifte prefque tou-
jours dans le côté oppolé au coup,& l’on peut dis
re généralement après de fçavans Aureurs que les
Div
– L
Se Prrxvorres De MEDECINE
fymptômes qui arrivent après les plaies detête,
ont prefque toujours leur caufe dans la partie du
crane oppofée à celle où ils exiftent. Aucun raifon-
aæement phyfologique , ni aucune expérience ne
peuvent démontrer précifément l’endroit à F’in-
térieur , ou à l’os du crane, où exifte la plaie.
La raifon & l’expérience ont appris feulement
que, fi la paralyfie par exemple furvient après
une plaie à la face, la plaie exifte dans la bafe
du crane , & on préfume, fans ofer l’affurer ,
(car le contraire arrive fouvent } que files {ymp-
tômes ci-devant mentionnés furviennent après
une léfion faice au cuir chevelu , la plaie eft à
l’extérieur du cerveau.
$.LXXX. De La Brülure. Si un feu ardent , ou
quelqu’autre corps, qui en a été échaufé , cft
appliqué à notre corps, il occafionne tous les
différens dégrés & toutes les différentes fuites
de l’inflammation, felon la différence de fa cau-
fe , de fa durée & de la partie aflectée. Ainfi les
phénomènes, le dgnoitie , le prognoftic de la
brülure font les mêmes que ceux de l’inflamma- |
tion. La cure n’en diffère point, il eft toujours .
néceffaire d’employer une boïflon antiphlogifti-
que. La brûlure qui n’eft qu’une inflammation
que l’on peut réfoudre , doit fe guérir par des
remèdes qui donnent du mouvement aux li-
queurs, comme le feu modéré, les fomentations
des plantes réfolatives. La brülure qui doit fe ter-
miner en fuppuration, doit fe traiter comme la
fuppuration ordinaire par des émolliens , par
des digeftifs. H eft bon cependant même dans les
brûlures où on ne peut abtenir de réfolution,
d’employer la faignée, les purgatifs antiphlo-
giftiques , les délayans , &c. En mettant ces re-
mèdes en ufage fur le champ, on guérit (ous
ZT DE GRANDE CHIRUROIE. 81
vent la gangrène commencante. La combuftion
qui a dégénéré en croûres gangrèneufes, ou
fphacelées doit être traitée comme ces maladies;
obfervant néanmoins de ne point appliquer fur
la gangrène par combuftion des fpiritueux ;
mais des émolliens. La raifon en eft fenfble; les
fpiritueux augmenteroient le racorniffement des
vaiffeaux , &c.
DE LA PHARMACIE CHYMIQUE
ETGALENIQUE.
“
6. LXXXI. D Es Principes des Chofes. Si om
réfléchit profondément fur ce texte de l’hiftoire
de la création du monde. Au commencement
“Dieu créa le Ciel & la Terre…… enfuite 1/
forma l’homme ; on conviendra que le feu, l’eau,
‘l’air , les femences, les minéraux, les VÉOÉTAUX ,
les animaux ont été formés uniquement de la
terre ; on verra que la terte eft devenue air,
fen, &c. par les différentes combinaifons du
mouvement que Dieu Jui à imprimé. Aucun
agent artificiel ne peut détruire la forme dû feu,
de l’eau, de l’air, & faire de la terre avec ces
corps , & tour-à-tour faire du feu, de l’air, de
l’eau avecla terre. Nous n’ofons point afflurer
que la”nature ne forme plus chaque jour du
feu, de l’eau, de l’air avec la terre. Prefque
tous les corps que nos fens apperçoïivent font
compofés de terre, d’air, d’eau & de feu. L’air
fert à unir les autres principes pour former
les différens corps que nous voyons. Si on ap-
perçoit tant de différence dans les corps, it faus
D y
Ÿ
82 Parrncrrrs Dr MeDpEcinr
en chercher la railon dans les différentes propot-
tions des principes fecondaires, comme l’eau,
l’air, le feu ; 8 dansles différentes combinaï-
fons du mouvement, qui uniflent ces princi-
pes pour former tantôt une plante, tantôt du
fang., &cc. | |
$. LXXXII. Des Principes. de quelques fubf-
tances compoftes, & de leurs Vertus. Le fel eft.
un compofé de terre, d’eau & de feu. On diftin-
gue trois fortes de fel, l’acide , l’alkali, & le
neutre. Le fel acide eft un compofé de terre,
d’eau & de feu. Le fel alkali diffère du fel acide
en ce qu’il renferme une plus grande quantité
de terre que le fel acide. Il eft deux fortes de
fel alkali, l’un volatil , l’autre fixe. L’alkali vola-
til renferme une partie d’huile du mixte dontil
eft formé ; l’alkali fixe n’en renferme point. Le
{el neutre eft un compolé d’acide & d’alkali. Les
acides modérement pris rafraîchiffent , conden-
fent, refferrent. Les alkalis échauffént. Le fel
neutre a diffrentes vertus felon la différence
qu’il acquiert dans l’union de fon acide avec
{on alkali. L’huile eft compofée du phlogiftique
uni à l’eau par le moyen d’un acide & d’une cer-
taine quantité de terre, plus ou moins atténuée
felon les différentes efpéces d’huile. Il y a des
huiles minérales , végétales & animales. Si les
huiles font combinées avec beaucoup d’acide ,
elles forment des baumes & des réfines ; fielles
font combinées non-feulement avec beaucoup
d’acide, mais encore avec beaucoup d’eau, elles
forment des gommes, Si les huiles font combi-
nées avec des alkalis , elles forment des favons.
Les métaux font compolés du, phlogiftique &
d’une terre différemment modifiée où conf-
QUrÉe+ j
LS
not
D l k ] |
ET DE cRANDe CHIRURGIEz. 8%
$. LXXXII. Du Rapport des différentes [ub[-
fænces entr’elles. IL eft des corps dans la nature
qui ont un rapport fi intime les uns avec les au-
tres, qu’ils s’uniflent quand on les verfe les uns
fur les autres. Les Chymiftes rendent raifon de
ces phénomènes par ces axiômes. Les corps ferm-
“blables s’uniffent entreux. Ils abandonnent le
corps femblable auquel its font unis pour s’unir au
corps plus femblable qu’on leur préfente. Nous
admettons la vérité de ces axiômes. Nous fom-
mes cependant perfuadés que la nature dans la
formation du fel, par exemple, & de mille au-
tres corps formés de principes diflemblables, fçait
trouver différens moyens pour les unit plus par-
faitement entr’eux, que s’ils étoient parfaite-
ment femblables. Les Chymiftes ont dreflé une
table très-inftru@ive pour nous apprendre l’or-
dre des rapports des différentes fubftances en-
tr’elles. Des modernes fe font beaucoup fatigué
lefprit pour fçavoir comment une fubftance
abandonne une fubftance femblable à laquelle
elle eft unie, pour s’unir à une fubftance plus
femblable qu’on lui préfente. I nous paroît qu’il
eft inutile de chercher d’autres raifons de ce
phénomène que celle-ci ; elle eft vaguc à la vé-
rité , mais très-probable. Taat qu’un corps n’eft
point parfaitement uai à fan femblable, il refte
toujours plus poreux, que s’il étoit uni à fon
femblable 3 donc il peut-être pénétré par ces
pores, par un corps plus femblable , & laifler
échapper le corps moins femblable , auquel il
eft uni, par ls mouvement que la pefanteur,
‘ou la projection du corps plus femblable exerce.
: On peut me faire ici cette objection: rien , par
exemple, n’eft plus ferablable au fer que le fer ;
doncle fe ne eut pas être diffous par un corps
D vj
84 PRINCIPES DE MEeDeciNE
plus femblable. Voici ma réponfe à certe objec-
tion. Rien n’eft plus femblable intrinféquement
au fer que le fer; j’en conviens. Rien n’eft plus
femblable extrinféquement ou extérieurement
au fer que le fer ; je diftingue cette propofition.
Rien n’a la forme vifble & apparente , plus fem-
blable au fer , que le fer ; j’en conviens ; rien
n’a la forme extérieure invifñible, ou inapparen-
te, fi je peux parler ainfi, plus femblable au fer
que le fer; je le nie. À
© 6. LXXXIV. Explication de la Table des Rap-
ports. À la tête de la première colonne on vai
le figne de l’acide en général. Deflous le figne
de l’acide en général on voir le figne du phlo-
giftique. Deflous le figne du phlogiftique on vait
le figne de l’alkali fixe. Deflous le figne de l’al-
kali fixe on voit le figne de l’alkali volatl. Def-
fous le figne de l’alkali volatil on voir Le figne
des terres abforbantes. Enfin deffous le figne des
terres abforbantes on voit le figne des fubftan-
ces métalliques en général. Cet ordre manifefte
clairement qu’un acide quelconque, foit nitreux
ou autre a plus de rapport avec le phlogiftique
qu’avec aucune autre fubitance ; 1l démontre
qu’un acide quelconque uni à une fubftance:
métallique , peut en être féparé par une terre ab-
forbante. Il marque encore que ce même acide
uni à une terre abforbante peut en être féparé
par un alkali volatil ; & ainf de fuite. La ma-
nière dont nous expliquons cette première co-
Jonne doit fervir pour expliquer les fuivantes.
À la tête de la feconde colonne on voit le figne
de l’acide marin. Immédiatement deflous le
figne de l’acide marin eft placé le figne de l’é-
tain. Deffous le figne de l’étain ch placé le
figne du régule d’antimoine, Deflous le figne
f
ET DE GRANDE CHIRURGIE. 8
du régule d’antimoine eft placé le figne da cui-
vie. Au-deflous du figne du cuivre eft placé le
figne de l’argent. Au-deflous du figne de l’ar-
gent eft placé le figne du mercure. L’or eft pla-
cé deux cafes au-dellous du mercure, pour faire
comprendre que l’acide marin feul ne peut point
le difloudre , qu’il a befoin de l’acide nitreux,
au moins du phlogiflique, pour en faire la dif
folution. La troifième colonne repréfente les
affinités de l’acide nitreux. Le figne qui le dé-
figne fe trouve à la tête ; immédiatement au-
deflous de ce figne fe trouve le figne du fer.
Deffous le figne du fer on voit le figne du cui-
vre. Deflous le figne du cuivre on voit le figne
du plomb. Deflous le figne du plomb on ap-
perçoit le figne du mercure. Deffous le figne du
mercure on apperçoit le figne de l’argent. La
quatriéme colonne explique Les affinités de l’aci-
de vitriolique. Deflous le figne de l’acide vitrio-
lique on voit le figse du fer, du cuivre & de
Pargent. Chacun de ces fignes cft placé dans une
cafe différente felon l’ordre de fon rapport.
Comme l’acide en général repréfente à la rète
de la première colonne les acides en particulier,
ileft clair qu’il faut fuppofer dans la colonne
des acides en particulier, felon le même ordre
& felon le même rapport , toutes les fubftançces
qui font placées au-deflus des fubftances métal-
Jiques dans la première colonne. Ainfi par exem-
ple , dans la colonne de l’acide nitreux, il faut
fuppofer immédiatement au-deflus du figne du
fer le figne des terres abforbantes. Deflusle figne
desterres abforbantes , il faut fuppofer le figne
de l’alkali volatil. Deffus le figne de l’alkali vo-
latil , il faut fuppofer le figne de l’alkali fixe.
Deflus le figne de l’alkali fixe, il faut fuppo-
86 Prrncrrss pe MeDprcrnr
fer le figne du phlogiftique. La cinquième co-
lorne repréfente les affinités des terres abfor-
bantes, Au-deflous de leur figne on voit Île
figne de l’acide vitriolique , nitreux , marin, &
du vinaigre, placé l’un après l’autre dans des
cafes diront felon l’ordre de leur rapport,
La fixième colonne repréfente les afhinités des
alkalis fixes, avec les acides qui font les mêmes
que celles des terres abforbantes. On y trouve
de plus le fonfre placé au-deflous de tous les
acides , parce que le foie du foufre qui eft une
combinaifon du foufre avec l’alkali , eft décom–
poié par un acide qui fe joint à l’alkali. On
pourroir placer dans la même cafe du fouftre,
l’efpric fulfureux volatil { c’’eft une combinaifon
particulière de l’acide vitriolique avec le phlo-
giftique ) parce qu’il a, de même que le {oufre,
moins d’affinité avec les alkali fixes qu’avecles
acides. On pourroit également placer dans cette
même colonne les huiles à côté du foufre, par-
ce qu’elles s’uniflent aux alkalis fixes , & forment
avec eux des favors qui font décompofés par un
acide quelconque. La feptième colonne repté-
fente les affinités des alkalis volatils ; elles font
les mêmes que celles des terres abforbantes. À
la tête de la huitième colonne on voit le figne
des fubftances métalliques , enfuite celui de l’a-
cide marin , vitriolique , nitreux & du vinaigre.
Jl faut remarquer ici que l’acide marin ne peut |
point féparer les acides vitrioliques & nitreux du
fer & du cuivre , cette remarque forme une ex-
ception à cette huitième colonne. On voit dans
la nenvième colonne les affinités du foufre. L’al.
kali fixe, le fer, le cuivre, le plomb, l’argent,
Je regule d’antimoine, le mercure, & l’or fonc
placés l’un après l’autre deffousle foufre, fuivant
ET DE GRANDE CHiIRuURG1E. 97
Pordre de leur affinité. IL faut remarquer à l’é-
gard de l’or qu’il ne fe laiffe difloudre que par
le foie de foufre. À Ia rête de la dixième colon-
ne on voit le mercure ; au-deffous de lui on voit
différentes fubftances métalliques placées l’une
après l’autre fuivant l’ordre de leur affinité. Ces
fubftances font l’or , l’argent, le plomb, le cui-
vre, le zinc & le régule-d’antimoine. On ne
trouve point le figne de l’étain dans cette dixie-
me colonne, on pourroit cependant le placer
entre le plomb & le cuivre. La onzième colonne
marque l’afinité du plomb plus grande avec l’ar-
gent qu’avec le cuivre. La douzième colonne
marque que le cuivre a plus d’afñnité avec le
mercure qu’avec la pierre calaminaire. Ea trei-
zième colonne marque que l’argent a plus d’af-
finité avec le plomb qu’avec le cuivre. La qua-
torzième colonne marque les affinités du fer.
Le régule d’antimoine eft placé dans certe co-
lonne deffous le fer. On voit deflousl’antinoine,
l’argent, le cuivre , Ie plomb dans la même ca-
fe, parce que leur dégré d’affinité avec le fer
n’eft pas bien déterminé. I en eft de même de
la quinzième colonne : le régule d’antimoine cft
à la tête , le fer eft immédiatement au-deffous,
& les trois mêmes métaux dans une même cafe
au-deflous du fer. Enfin la feizième colonne
marque que l’eau a plus de rapport avec l’efprit
de vin qu’avec les {els neutres ; les alkalis fixes
au contraire , & les acides minéraux ont plus
d’affinité avec l’eau qu’avec l’efprit de vin. Quel-
ques-uns ajoutent à la table des re une
petite colonne à la tête de laquelle cft le figne
de l’efprit de vin, fous le figne de Fefprit de vin
eft le figne de l’eau, fous le figne de l’eau eft
le figne de l’huile. Quand cependant l’huile par-
23 Prerncrres be Mzprctns
ticipe de la nature du favon , elle ne peut point
étre féparée de l’efprit-de vin par le moyen de
l’eau.
: S EXXXV. Du Plomb. Paracelfe dit que Île
plomb eft le quatriéme pilier de la chirurgie.
Les ulcères fe nétoyent & fe cicatrifent fouvent
mieux fous une plaque de plomb, que fous la
plüpart des emplätres. On fait entrer le plomb
dans un grand nombre d’onguens. Les bons .
effets du plomb employés extérieurement vien-
nent de Ê pefanteur qui s’oppofe à la produc-
tion des chairs baveufes, qui empêchent la c-
catrice. L’ufage intérieur du plomb eft ( pour
parler en général ) nuifible. Tout le monde con-
noit les coliques de plomb. L’alkali de tartre,
les forts purgatifs font un remède contre Îles
mauvais effets du plomb. On fe fert de la pou-
dre de plomb pour les ulcères cancéreux. Le
plomb adoucit les âcres aigres qui s’attachent
a ce méral & le diflolvent ; c’eit pourquoi la.
poudre de plomb adoucit les âcres des ulcères.
On peut employer la calcination de plomb aux
mêmes ufages que le plomb. La calcination de
(plomb abforbe les âcres , elle cicatrife les ul-
eères. Tout le monde fçait que le zrirnium fau-
poudré defféche les chancres véroliques, & ar-
réte fes progrès. On fait la cérufe avec le plomb.
La cérufe eft une efpéce de rouille de plomb
faite par le vinaigre. La cérufe eft deflicative,
rafraîchiffante , & répercufive : on s’en fert ex-
térieurement : il faut prendre garde qu’en rafrai-
chiffant par la cérufe les parties enflammées,
& qu’en defféchant quelqu’ulcère, on ne nuife au
malade : ce qui arrive quand l’inflammarion &
J’ulcère font fymptomatiques , ou effet de quel-
que vice des humeurs. Aveç la cérufe on fait le
ET DE GRANDE CHIRURGrz. 29
vinaigre de Saturne. Réduifez en poudre la cé-
rufe ; verfez deflus de bon vinaigre d’Orléans.
Quand le vinaigre devient jaune, doux, fucré,
le vinaigre de Saturne eft fait. Le vinaigre de
Saturne eft, comme la cérufe, rafraïchiffant,
répercuflif ; il semploye extérieurement , on en
gargarife les inflammations de la gorge. Si on
fait évaporer une partie du vinaigre de Saturne,
fi on met le refte dans un lieu frais & fec, il fe
forme des cryftaux, qui font le fel de Saturne :
on le fait prendre intérieurement dans les chau-
des-piffes depuis un demi-grain jufqu’à quatre
grains; il eft extrêmement rafraïchiffant.
LXXXVI. Du Fer. La limaille de fer bien
porphyrifée eft un bon remède pour les pales
couleurs. Elle fertaufli à rétablir les regles fup-
primées ou diminuées. On la donne depuis trois
grains jufqu’a dix-huit grains. Elle eft apériri-
ve, tonique, diflolvante des humeurs épaifles
& glaireufes. M. Lemery a inventé cette prépa-
ration du fer 3 on met de la limaille d’acier
dans un pot de terre , on y verfe de l’eau deffus,
on remue tous les jours , on ajoute de nouvelle
eau à mefure que l’ancienne s’évapore , on con-
tinue cette manœuvre jufqu’a ce que la limaille
foit réduite en poudre impalpable. Cetre pré-
paration a les mêmes vertus que le fer porphy-
nifé; ileft plus pénétrant, :1l eft excellent pour
les eftomacs glaireux , relächés.
6. LXXXVII. Du Soufre. On fe fert des fleurs
de foufre en médecine On fait ces fleurs de
foufre en mettant du foufre ordinaire dans un
vaiffeau de terre non vernifié fur un petit feu,
on ajafte un récipient. Les fleurs de foufre in-
corporces dans une conferve quelconque de-
puis la dofe de huit grains, jufqu’à dix-huic,
9» Prrncrres DE Mzrprcinxs
font excellentes pour les ulcères du poulmon,
des reins, contre un vice acre, obftruant dans
les vaifleaux. Les fleurs de foufre mélées avec
de l’axouge font un remède excellent pour la
galle. Le foufre fe diffout dans l’huile de téré-
bentine. On peut employer intérieurement cet-
te diflolution pour les mêmes ufages que l’on
-employe les fleurs de foufre. La dofe de cette
diflolution eft de douze gouttes.
$, LXXXVIIL Du Mercure. de fes prépara-
tions , & de leur ufage. Le mercure dont on fait
ufage en médecine eft du mercure révivifié du
cinnabre. ( Le cinnabre eft une union du mer-
cure avecle foufre. Révivifier le mercure de fon
cinnabre , c’eft féparer le mercure du foufre ,
qui forme avec lui un corps dur & rouge ,
qu’on nomme cinnabre. ) On employe le mer-
cure intérieurement & extérieurement. On en
fait une pommade pour oindre le corps. Prenez
‘du mercure révivifié du cinnabre & de la graif-
fe de porc, de chacun une livre ; triturez en-
fuite la graifle & le mercure pendant huit ou
douze heures , jufqu’à ce qu’en regardant avec
une bonne louppe , il ne paroiffe aucun globule
de mercure. –
L’onguent mercuriel guérit la vérole ; la
galle , il détruit l2 vermine. On l’emploie en
frictions pour la vérole confirmée à la dofe de
deux gros tous les jours. On en continue l’ufa-
ge jufqu’a ce que les fymptômes principaux de
vérole foient guéris. On fufpend les fritions
quand la falivation paroît ; on les entretient en-
fuite à la même dofe qu’on les employoit , lorf-
qu’on les a interrompues, On peut détourner
l’humeur de la falivation par les purgatifs vers
Tanus. Quand le mercure fe porte à la tête,
;
ET DE GRANDE CHIRURGIE. 91
ên doit néceffairement l’en détourner par les pur-
gatifs. Partie égale de nitre bien fort & de met-
cure forme la diffolution mercurielle. Si on ver-
fe huit fois autant d’eau pure fur cette diflolu-
tion, on fait l’eau mercurielle. On fe fert de cet-
te eau mercurielle à l’extérieure comme corrofif
pour les maladies de la peau où il y a un vice
local qu’il faut détruire. Si on fait évaporer la
diflolution mercurielle jufqu’à ficcité, on obtient
une poudre rouge, nommée précipité rouge.
Le précipité rouge eit un bon efcarrotique
gen les chancres ulcérés, pour ronger les chairs
baveufes des vieux ulcères. Si on verfe quatre
fois fur le précipité rouge de bon efprit de vin
jufqu’a ce qu’il en foit couvert, fion y met le
feu chaque fois on fait avec le précipité rouge
l’arcanum corallin. On peur regarder f’arca-
le]
num corallin comme un des grands fondans des
‘humeurs froides & véroliques anciennes. $a do-
fe eft d’un demi-grain, ou d’un rain, quand on
le donne comme purifiant ; elle eft d’un grain
jufqu’à trois,lorfqu’on le donne comme évacuant.
Si on broie du mercure & du fel marin enfem-
ble ,& fi on met le tout à la diftillation, il paf-
fera d’abod du mercure, enfin il fe fera une fu-
blimation d’un fublimé corrofifbien formé, L’aci-
de du fe maïin ne faitque la quatrième partie
du fublimé corrofif. On employe Le fublimé corro-
fif pour guérir la vérole. Prenez feize grains de
fublimé corroff, faires les difloudre dans deux li-
vres d’eau de vie de France, donnez-en une cuil-
lerée le foir au malade dans un verre de décoc-
tion de graine de lin, augmentez infenfible-
ment jufqu’a en donner deux & même trois cuit.
lerées par jour. Le fublimé corrofif ne guérit ja-
mais plus furement que lorfqu’il n’excite aucune
lez Principes De Mrnprcrk?
évacuation fenfible, foit par les felles, foit pat
Ja falivation. La meilleure méthode de donner
le fublimé corrofif eft de le donner le foir à la
fortie du bain , ayant fait boire avant d’entrer
dans le bain une demi-pitite de tifanne fudori- –
fique. Avec le fublimé corrofif, on fait lé mercure
doux. Prenez quatre parties de fublimé corrofif,
& trois parties de mercure coulant ; broyez en
poudre fine dans un mortier de marbre avec un
pilon de bois, en y verfant peu-à-peu le mercu-
re, enfuite mettez ce mélange dans plufieurs
fioles dont vous n’emplirez que letiers, à
les mettrez au baïn de fable, donnant un feu
. doux d’abord, qu’on augmente jufqu’à ce que
Ja fublimation it faire. Alors on laifle éteindre
le feu & réfroidir les fioles ; enfuite on les cafle,
On met en poudre le fublimé qu’on y trouve & on
y verfe peu-a-peu , en broyant, une‘ partie de
mercure coulant ; enfuite on fait réfublimer
comme la première fois : on réitère la fublima-
tion jufqu’à trois fois. On a ainfi le mercure
doux. On le porphyrife pour l’ufage, on ie mouil-
le avec un peu d’efprit de vin reétifié : on le
hifle:dans un lieu chaud, & lorfqu’il eft fec on
J’enferme. Le mercure doux eft un fondant;
ce grand nombre de reftifications diminue beau-
coup fa vertu fondante ; c’eft pourquoi de bens
Praticiens ne fe fervent du mercure doux, autre-
ment dit aguila alba, que de Ja feconde fubli-
mation, Ils le mettent tremper dans l’efprit de
vin lorfqu’ils veulent s’en fervir. Le mercure
doux eft purgatif à la dofe de huit, douze grains,
il eff altèrant à la dofe de trois, quatre grains.
LXXIX. De l’Antimoine de fes préparations
chyrmiques,&c.L’antimoine eft un: fubftance mé-
tallique unie au foufre ; difpofée en longues ai-
ZT DE CRANDE CHIRURGIZ». 93
guilles. Kunkel a le premier fait ufage de l’an-
tmoine-crud pour lui-même, dans de grandes
douleurs de rhumatifme au bras gauche avec
paralyfie ; il en prit d’abord pendant fept jours,
dans la conferve de rofes , commençant par cinq
grains & finiflant par trente-cinq, jufqu’à gué-
rifon. Cinq ansapiès étant attaqué d’une fiévre-
dE avec douleur entre les deux épaules , il
it qu’il prit encore de l’antimoine avec le mé-
me fuccès. L’antimoine , comine l’on voit , eft
un remède convenable contre les obfiructions
& contre Ja cacochimie. On ne prend point
l’antimoine en diflolution ; on s’en abftient aufle
lorfqu’il y a des aigres dans les premières voies.
Si l’on vouloit en faire ufage dans ce dernier
€as, on purgeroit. Sion expofe le régule d’an-
timoine à un degré de chaleur modéré, il fe.
calcine , il perd une partie de fon phlogifti-
que ; fi on expofe cette chaux à un desré de feu
très-violent, elle fe convertit en verre. Prenez
une partie d’antimoine crud & trois parties de
nitre purifié, mettez le tout en poudre fine,
expofez-le à l’action du feu, vous aurez un an-
* timoine diaphorétique dépouillé entièrement de
fen phlosiftique. L’acide nitreux dans cette opé-.
ration détruit le phlogiftique du foufre & de
J’antimoine, Comme une partie de l’acide du
foufre ne fe détruit pas dans cette opération,
elle fe combine avec l’alkali du nitre; c’eft pour-
quoi pour avoir l’antimoine diaphorétique pur, il
convient de le laver. L’antimoine diaphorérique
eft un grand fondant des humeurs froides. Si
on fait déronner enfemble parties égales de nitre
& d’antimoine, & fi on y ajoute une partic de
quelque fubftance , qui contienne abondam-
ment du phlogiftique , on obrieaæt un régule bien .
54 Princrres pe Mrprcrns,
pur, fans alliage de foufre. ( Le régule d’anti-
moine cft la partie métallique de l’antimoine
exempte de tout alliage. Dans cette opération
l’acide nitreux détruit à la vérité une partie du
phlogiftique , du régule de. l’antimoine 3 mais
elle lui eft rendue par la partie qui abonde en
phlosiftique , que l’on brüle avec lui. ) Pour fai-
re le régule des métaux prenez partiés égales
de cuivre, de fer, d’antimoine & détain ; fai-
tes bien fondre le tout pour en faire un mélange,
vous aurez le régule des métaux. Le régule des
métaux fert à faire Le lilium. Pour faire le lilium
mélez une partie de régule des métaux , & trois
parties de nitre purifñé , bien fec ; le tout en
poudre fine , jettez ce tout dans un creufet rou-
gi, faites un feu de fonte ; coulez enfuite la
mafle dans un mortier de fer, & pulvérifez-la
groffièrement ; lorfqu’elle eft fuffifamment re-
froidie , mettez-la dans un matras , verfez pat
deffus, tandis qu’elle eft chaude , de l’efprit de
vin trés-recifié, jufqu’à ce qu’il en furnage,
faites digérer ce mélange au bain de fable, juf-
qu’a ce que l’efprit de vin ait acquis une cou-
léur rouge. Pendant la fufion des métaux le
nicre s’alkalife , fon acide détruit le phlogifti-
que du réoule , les autres métaux fe calcinent,
leur chaux augmente Ia caufticité du nitre ; le
nitre alkalifé pendant la digeftion agit fur l’ef-
ptit de vin ; une de fes parties s’empare de l’a-
cide de l’efprit de vin , l’autre agit puiflamment
fur le principe huileux , avec lequel il formeun
favon roux. Si l’efprit de vin n’étoit pas parfai-
tement déphlesmé , l’eau furabondante diffol-
veroit une partie de l’alkali ; le favon qui s’eft
formé avec l’huile de l’efprit de vin fe diffou-
droit dans l’alkali réfous par l’eau furabondan
ET DE GRANDE CHIRURGIZ. es
te, & non par l’efprit de vin. Le lilium eft un
des plus forts cordiaux que nous ayons; douze
gouttes dans fuffifante quantité d’eau raniment,
pour ainfi-dire, un mourant. Enfin avec l’an-
timoine on fait le kermes minéral, Prenez une
livre de bon ancimoine concaflé groffièrement ,
quatre onces de nitre fixé, une pinte d’eau de
pluie, faites bouillir le tout pendant deux heu-
res ; filtrez la liqueur toute bouillante, il fe pré
cipitera une poudre nommée Kermes minéral.
Elle corrige ,elle fond les humeurs épaiflesà un
grain ; elle fait vomir , à trois grains : ce remè-
de cepdant comme purgatif& vomitif eft inufi-
té, fon action n’eft pas fure & il vaut mieux
employer le tartre ftibié pour faire vomir. Nous
omettrons plufieurs, préparations d’antimoine,
foit par ce qu’elles rendroient notre euvrage
trop long, foit par ce que nous fommes per-
fuadés que la connoiffance du regne végétal,
peut fuppléer à la connoiffance de plufeurs re-
médes trés de l’antimoine. Nous omettons,
par exemple, l’ancihectique de la Poterie, &c.
( cet antihectique eftun mélange de chaux d’an-
timoine & de plomb) parce que nous fommes
perfuadés qu’on peut guérir avec les fommités
de fapin , le creffon, les maladies de poitrine.
Nous exceptons cependant les humeures froi-
des. Les remèdes altérans de l’antimoine font
préférables pour cette maladie. Pourluivons la
defcription des préparations de l’antimoine., Mé-
lez enfemble partie égale d’antimoine crud &.
de nitre, expofezde mélange à l’aétion du feu,
embrafez-le avec un charbon, il fe fera une
grande détonnation. La détonnation pañlée, & les
vaifleaux refroidis , retirez-en la matière, fé-
parez les fcories , vous aurez deflous le foie.
96 Parncrres De Mrprcines
d’antimoine d’une couleur luifante & rougeâtre.
Dans ce foie d’antimoine il y a une diffolution
du régule par le foie de foufre, du nitre fixé,
du tartre vitriolé, & une partie d’antimoine.
Avec le foie d’antimoine on fait le fafran
des métaux. Pour faire le fafran des métaux,
mièttez en poudre le foie d’antimoine, ex ofez-
le à l’air deux ou trois jours dans un lieu humi-
de, verfez de l’eau chaude deffus , remuez-la,
laïffez-la repofer , renverfez-la enfuite, & lavez
ainfi plufieurs fois la poudre qui tombe au fond;
elle eft dans cet état d’une couleur jaune qui l’a
fait nommer fafran des métaux. Cette poudre
eft abfolument débarraflée du nitre fixé, du tar-
tre vitriolé & de la diflolution du régule par
le foie de foufre. Ainfi ce que l’eau ne diflout
pas lorfqu’on lave le foie d’antimoine , ceft
use partie de l’antimoine qui n’eft diffoute que
fuperficiellement par la pattie du nitre alkalifé
qui n’eft point alliée au foufre pour faire le
foie de foufre. Cette diflolution fuperficielle fe
fait lorfqu’on met le foie d’antimoine dans l’eau.
Avec le verre d’antimoine , le fafran des métaux
& la crême de tartre on fait le tartre émétique.
Pour faire le tartre émétique prenez du verre
d’antimoine & du fafran des métaux autant de
l’un que de l’autre; & dela crême de tartre le dou-
ble. On prend, par exemple, du verre d’anti-
moine & du fafran des métaux, de chaque une
demi-livre & une livre de crême de tartre. On
réduit le verre d’antimoine en poudre groffière,
& on réduit la crême de tartre en poudre fine,
On partage la crême de tartre en quatré parties,
on méle une de ces parties avec le verre d’anti-.
moine & le fafran des métaux ;on met ce mê=
linge dans un chaudras, on y verfe quatre
pintes
£T DE CRANDE CHIRURGIEX 9Y
pintes d’eau bouillante. On place le chauderon
fur un fourneau, on remue le tout dans l’eau.
II faut augmenter infenfiblement le feu pour que
l’eau dans le chauderon foit plus de deux heures
avant de commencer à bouillir. Lorfqu’elle bouil-
lira ; on rétirera aufli-tôt du feu , & on verfera
doucement l’eau dans une terfine. On ajoutera
un quartcron de crème de tartre à ce qui refte-
ra dans le chauderon, & on y verfera quatre
pintes d’eau froide ; ( quantité néceffaire pour
difloudre la crême de tartre.) On remettra le
tout fur le fourneau ; on graduera tellement le:
feu, qu’il ne bouille qu’après deux heures de
digeftion ; dès que l’eau bouillira verfez-la dans
une autre terrine. Mettez encore avec le reftant:
un quarteron de crème de tartre, & quatre pin-
tes d’eau, opérez comme les premières fois.
Réitérez cette opération un quatrième fois. On
renvetfe dans une ou deux térrines nouvelles,
l’eau des quatre terrines refroidie , pour avairce:
qui s’eft dépofé au fond , où il fe trouve de la
grème de tartre, qu’il faut mettre dans le chau-
deron avec ce qui y eft refté : on y verfe quatre
intes d’eau ; on remue le tout enfemble , on le
Life en digeftion pendant deux heures , & on le
fait bouillir comme les quatre autres fois. Enfin,
on.filtre toute l’eau de ces cinq décoétions, &
on la fait évaporer ‘jufqu’à ce qu’il ne refte
qu’une matière faline fous la forme de poudre
fine , qui ef le cartre émétique. On fait évapo-
rer à feu bien doux pour ne pas décompofer le
tartre émécique, Un grain de tartre émétique
fait vomir. On peut cependant en mettre trois
grains dans une chopine d’eau que l’on divife
€n trois verres , afin que fi le premier verre ne
fait pas affez d’effet , on puifle en donner ua
E |
9% PRINCIPMS DE MrpzcIns
fecond & ainfi de fuite. Un grain d’émétique
dans une pinte de tifanne fait aller par bas. Il
faut remarquer ici que routes les dofes des mé-
dicamens que nous avons décrites jufqu’à pré-
fent & que nous décrirons , font pour des adu-
tes. |
6. LXXX. Des Végétaux en général, & de
leurs préparations. Les végétaux font formés de
femence. Dans ces femences il eft des vaifleaux
qui impriment invariablement ( du moins ordi-
nairement.) une, figure particulière à tous les
“corps que la chaleur & le mouvement font pañler
dedans eux. Les {ucs des végétaux ne font dans
leur commencement que de l’eau mêlée d’un peu
de terre Cette eau mêlée d’un peu de terre de-
vient infenfiblement fel. Ce fel enfuite s’atté-
nue;quelques-unes de fes parties forment du feu;
ce feu s’unic à une partie de fel, ce fel s’unit à
l’eau. De cette combinaifon naît l’huile. Une
artie de cette huile en s’atténant devient ef-
pit volacil. Il’eft. cependant des végétaux com-
me le laurier , l’oranger, enfin tous les végétaux
aromatiques , en qui la formation des principes
actifs n’eft pas fi fenfible, ni fi fente que dans
les végétaux non aromatiques. La çaufe de la
différence des produits des végétaux eft la dif-
férente texture des fibres des plantes, & la dif-
férenre combinaifon de mouvement que la cha-
leurs imprime. Lorfque des végéraux.ont produit
leur fel,leur huile & leurs. parties terreufes ils fete
menrent,C’eft la chaleur qui eft le premier agent
de la fermentation, Pour qu’un cerps fermente,
il doit contenir une certaine proportion dge pat
ties aqueufes , falines, huileufes & cerreftres,
Si la chaleur defunit ces-principes, les atténue,
les combine différemment,de forte queles particé
* #T Dr GRANDE CHIRURGIE. 99
falines foient envéloppées de parties huileufes;
il fe forme une liqueur vineufe ; fi la chaleut
Join d’envelopper lés parties falines des parties
huileufés les laifle nuds , ou ne les unit que foi-
blement avec les parties huileufes, il fe fait du
vinaigre ; & fi enfin la chaleur combine d’une
manière particulière l’huile avec la partie faline ,
il fe fait un alkali ou un corps corrompu. En
voici affez fur la formation des principes des
végétaux, &c. Parlons de leurs ufages en méde-
cine, &c. Lorfqu’on cueille les plantes , ou leurs
parties, pour les fécher, il fauc choifr un beau
tems, fec. Il faut remarquer ici que les plantes
qui agiflent par des principes fort actifs, com
me la lavande , ne font dans leur état de vi-
ueur que loifque leurs fléurs commencent à
s’épanouir. Celles qui agiffent par des principes
moins a@ifs ne fonc jamais plus falubres que
dans leur jeunefle. 11 vaut mieux arracher les
racines en automne ou aù commencelnent «€
l’hiver qu’en toute autre faifon. Les racines
– Au printems font remplies de fucs aqueux impar-
faitement élaborés; en été elles font trop deffé-
chées ; en auromne lorfque les feuilles commen-
cent à tomber, la féve retombe en grande pars
tie dans les racines. Le tems de cueillir les fleurs
eft lorfqu’’elles commencent à s’épanouir. On
doit fécher rapidement fes plantes au foleïl , ou
dans une éruve. Une deflcation lénte enlève
fes de leurs principes a@ifs. On doit conferver
des plantes aromatiques dans des vafes bien bou-
chés de crainte qu’elles ne perdent trop de leurs
freres actifs par l’évaporation. On emploie
es plantes en médecine où en infufion, ou en
décoction , ou en en exprimant le füs, ou en
bien d’autres manières dont noùs fee parlér
| Eij
Là
«co Parncrres De MEeDrcIne
fucceflivement. Faire infufer une planté, c’eft
-verfer deffusune liqueur dans laquelle an la laifle
tremper quelque tems. Les infufions fe font où
dans l’eau bouillante comme le thé, où dans
use liqueur froide. On peut infufer les plantes
dans le vin, dans l’eau de vie. Ces différents
.menftrues fe chargent des différens principes
aétifs des plantes. On a coutume de ne faire
tnfufer que les plantes aromatiques ; on les fait
-infufer afin de moins perdre de leur odeur.
Les décotions fe font lorfqu’on fait bouillir les
plantes dans un liquide quelconque. Les décoc-
tions des plantes font ou tifannes, ou apozè-
mes, ou bouillons médicinaux. Les tifannes font
-des légeres décoctions des racines , des feuilles,
&c. des plantes. Les apozèmes.font de fortes
décoétions des feuilles, ou racines des plantes,
‘auxquelles on ajoute un peu de fyrop. Les bouil-
lons médicinaux font de plus fortes décoctions
que celles des apozèmes, des fubftances végé-
tales ou animales, ou de ces deux fubftances
réunies enfemble. Les fucs des plantes font en
général plus efficaces que ne le font leurs infu-
ions , ou leurs décoétions, parce que les prin-
.cipes des plantes font plus naturels & plus
-atondans dans leurs fucs que dans les déco@ions
ouinfufons. Les fucs des plantes donnent quel-
.quefois un fel qui cryftalife , qui a la même
vertu, les mêmes principes que le fuc de la
-plante. Lorfqu’on veut garder quelque tems le
jus des plantes , il faut aufi-tôt qu’il efttiré en
.xemplir une bouteille jufqu’au col. I] faut que
le col de la bouteille foit étroit. On verfe en-
fuite un peu d’huile qui empêche la commu-
ni ation de l’airextérieur. Pour préparer les fucs
des plantes , il faut choifir les herbes nouvelle-
ment çuçilies; on les pile fur le champ dans
ET DE GRANDE CHIRURGITE. 10
un mortier de pierre. Fl eft des plantés très.
dures, très-fucculentes qu’il faut laiffer macérer
avant de les battre pour en extraire le fuc. On
nomme extrait les fubftances qu’on a féparées
des corps par une menftrue convenable, & qu’on.
raflemble fous un petit volume par l’évapora-
tion d’une partie ou de la totalité du véhicule,
II cft des extraits gommeux ou mucilagineux,
des extraits réfineux-sommeux & des extraits
purement réfineux. L’ébullition defféche la réfi-
ne , la fépare de la gomme ; il faut donc prépa
rer les extraits réfineux avec le moins d’eau qu’il
eft poflible, fans les faire bouillir & les faire
deflécher au bain-marie. L’eau eft le diffolvant
des fucs gommeux & des fucs réfineux-gom-
meux. L’efprit de vin eft le diflolvant des fucs
réfineux. On nomme diftillation une évapora-
tion qu’on fait dans des vaiffeaux appropriés des
fubftances que le feu fait monter. En mettant
dans un vaifleau diftillatoire au bain-marie, une
plante aromatique , on en retire une eau chargée
de toute fon odeur. Si ondiftille la plante à feu
nud obfervant de mettre dans le vaifleau diftil-
latoire une certaine quantité d’eau , il pañle pre-
mierement l’efprit recteur , enfuite l’huile eflen-
tielle qui furnage dans le récipient. L’eau peut
fervir de moyen pour extraire prefque tous les
principes des plantes ; elle diffout les minéraux
& les animaux. Elle ne fe charge cependant
point des huiles eflentielles , ni des réfines , l’ef-
prit de vin eft le véritable diflolvant de ces der-
nières fubftances. |
$. LXXXXI. Des Animaux en particulier &
de leurs vertus médicinales\ La vipère purifie
le fang par les pores de la peau : elle eft un
grand reftaurant ; on en fait des bouillons mé:
E
to2 Princorres Dx MrDpicrrs, ci
dicinaux: on en retranche la tête , la peau & les
boyaux. On fait ces bouillons au bain-marie ;
avec un poulet dans un vaiffeau bien clos.La pou-
dre de vipère a la même vertu que la vipère
qu’on emploie en bouillon. Sa dofe eft d’un pie
pule. On retranche la tête de la vipère à caufe’
de fon venin , & Îcs boyaux à caufe des excré-
mens. Les cloportes font apéritifs C’eft pour
quoi onen met dans les apozèmes apéritifs pour
Fhydropifie, la jaunifle, & la lymphe épaiffie.
On donne les cloportes écrafés dans chaque pri:
fe d’apozème , ou dans chague bouillon depuis
cinq jufqu’à dix. $i on emploie la poudre de clo-
portes , on en donne depuis cinq grains jufqu’à
dix.Lescantharides ont la vertu des cloportes,on
m’a coutume de les emploier qu’extérieurement ;
elles font alors un ulcère fur la peau , elles paf-
fent en partie dans la maffe du fang , & ellesert
diflolvent les épaififfemens.On fait avec la corne
de cerf rapéc une décoétion & une gelée. Cer+
te gelée eft nourriffante, adouciflänte ; on
peut Flaromatifer feloñ le befoin. On peut
ajouter à la corne de cerf, quand on veut ren-
dre fa gelée plus fortifiante, plus cordiale , une
Vieille perdrix. Il y en a qui au lieu de corne de
écrf , ëmploient , pour faire la gélée, les os des
animaux. D’autres rejettent tout mélange de
parties d’autres animaux. Cette conduite M pré
judiciable aux malades. Latorne de cerf rend un:
#ucilège plus atténué , moins relächant que les
Ôôs des animaux qu’on veut lui fubftituer ; & les:
fucs des vieux animaux tels que la perdnix, le
coq, &c. rendent la gêlée de corne de cerf plus
cordiale , fur-tout lorfqu’ôn l’acomatife au goût
du malade , avec l’eau diitillée d’une plante ares
Matique quelconque. ie
Ce
FI NF RE
bn 2
# +
RABLE
DES. MATIERES.
D: la Phyfologie AE en tant
qu’elle explique les dérangemens de l’es
_conomie animale, page 7:
De l’Hypiène. 1É
De /a Pathologie en général: 2%
De la Thérapeutique: 38
De la Pathologie médicinale en particu<
lier, SI
De la Pathologie Chirürgicale en genéra/
& en particulier. 6E
De la Pharmacie Chymique &, Gains:
que. | St
Fin de la Table,
APPROBATION.
Ta lu par ordre de Monfeigneur le Vice-Chan-
celier, un Ouvrage Manufcrit intitulé. .Princi=
pes de Médecine & de Grande Chirurgie , &c. pat
M. LANSEt DE Macny, Docteur en Mé-
decine , &c. Je n’y ai fien trouvé qui puifle en
empêcher l’impreffion. A Paris ce 2 Mai 1768.
GARDANE.
PRIVILEGE DU ROÏI.
Louis PAR LA GRACE DE DIEU RO1 DE FRAN-
ex er pe NAVARRE: À nos amés & féaux Confeil-
ders,les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maî-
rtes des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand
Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux,
Jeurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticiers
qu’il appartiendra , Sazur. Notre amé le fieur
L’ansez DE Macny, Dodeur en Médecine, 6c.
Nous a fait expofer qu’il defireroit faire impri-
mer & donner au Public, Des Principes de Mé-
decine & de Grande Chirurgie, Extraits des Ou-
vrages d’Hippocrate 6 de Boerhaave , &c. s’il
Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilé-
ge pour ce néceflaires. À CES CAUSES, voulant fa-
vorablement traiter l’Expofant, Nous lui avons
permis & permgttons par ces Prélentes, de faire
imprimer leditOuvrage autant de fois que bon lui
femblera, & de le vendre, faire vendre & débiver
me
‘paf touf notre Royaumë pendant le tems dé fix
années confécutives, à compter du jour de la
date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Impri-
meurs , Libraires, & autres Perfonnes de quel-
que qualité & condition qu’elles foient, d’en in:
troduire d’impreflion étrangere dans aucun lieu
de notre obéifance; comme aufli d’imprimer,
faire. imprimer, vendre, faire vendre, débiter
ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d’en faire aucun.
extrait, fous quelque prétexte que ce puiffeêtre ,
fans la permiflion exprefle & par écrit dudit
Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui,
à peine de confifcation des Exemplaires contre-
faits , de trois mille livres d’amende contre cha-
cun des contrevenans, dont un tiers à Nous,
un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers
audit Expofant ou à ceux qui auront droit de lui,
& de trous dépens, dommages & intérêts : à la
charge que ces Préfentes feront enregiftrées rout
au long fur le Regiftre de la Communauté des
Imprimeurs & Libraires de Paris , dans tiois mois
de la dare d’icelles ; que l’impreffion dudit Ou-
vrage fera faite dans notre Royaume, & non ail-
leurs, en beau papier & beaux caracteres, confor-
mément aux Réolemens de la Librairie, & no-
tamment à celui du 10 Avril 172$, à peine de
déchéance du préfenc Privilége ; qu’avant de l’ex-
pofer en vente , le Manulcrit qui aura fervi de
copie à l’impreffion dudit Ouvrage , {era remis
dans le même étar où l’Approbarion y aura été
donnée , ès mains de notre très-cher & féal Che-
valier, Chancelier de France, le Sieur pe La=
MOI6NON ; & qu’il en fera enfuite remis deux
Exemplaires dans notre Bibliotheque publique ,
un dans celle de notre Château du Louvre, un
dans celle de notredit Sieur DE LAMOIGNON, &
un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier,
Vice-Chancelier & Garde des Sceaux de France,
Je Sieur rx Mavrhov; le routà peine de nullité
des Préfentes. Du contenu defquelles vous man-
dons & enjoignons de-faire jouir ledit Expofant
ê& fes ayans caufes , pleinement & paifiblement,
fans fouffrir qu’il leur foit fait aucun trouble où
empêchement. Voulons que la copie des Préfen-
tes , qui fera imprimée tout au long au commen:
cement ou à la fin dudit Ouvrage, foit tenue pour
düement fignifiée , & qu’aux copies collation-
nées par l’un de nos amiés & féaux Cenfcillers-
Sécreraires , foi foi: ajoutée comme à l’original.
Coïnmandons au premier notre Huiflier ou Ser-
gent fur ce requis, de faire pour l’exécution d’i-
celles tous aétes r quis & néceffaires, fans de-
mander autre permiffion , & nonobftant clameut
de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce
contraires : Car tel eft notre plaifir. Donné à
Paris le premier jour du mois de Juin, l’an de
grace mil fepr cent fotxante-huit, & de notre
KRegne le cinquante-troifieme. Par le Roi en fon
Confeil.
%
Signé, LE BEGUE.
Repgifiré fur le Regiftre XVII de la Chambre-
Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs
de Paris, n° 4$ fol. 496 , conformément au régle-
ment de 1723, qui fait défenfes art. ar , à toutés
perfonnes de quelque qu’ilité & condition qu’elles
Jotent , autres que les Libraires & Imprimeurs ,
de vendre, débiter, faire afficher aucuns livrés
P’ur les vendre en leurs noms, foit qu’ils s’en di-
Jent les Auteurs , ou autrement , & à la charge de
fouruir à la fufdite Chambre , neuf exemplaires
prejcrits par l’art. 108 du même réglement. À
Paris ce 17 Août 1768.
BRIASSON, Syndie