Gard / Clinique psy de Quissac : l'Agence régionale de santé a enquêté pendant trois jours


Publié le 30 Sep 22 à 16 :28 

Métropolitain

Voir mon actu

Suivre ce média

Une aile de la clinique neuro-psychiatrique de Quissac (D.R.)La clinique neuro-psychiatrique de Quissac, au lieu-dit Le Cros, entre Sommières et Alès dans le Gard est en pleine tourmente, avec des contrôles des autorités qui s’enchaînent. Ainsi, après l’Inspection du travail au printemps dernier, ce sont des inspecteurs de l’Agence régionale de santé -ARS- Occitanie dépêchés de Montpellier, qui ont débarqué récemment.

Gard / Clinique psy de Quissac : l'Agence régionale de santé a enquêté pendant trois jours

Leur mission, suite à des signalements, a duré trois jours, les 19, 20 et 21 septembre. Un contrôle surprise de l’établissement qui se serait déroulée sous tension, car quand les agents de l’ARS se sont présentés lundi 19 septembre, la direction de l’établissement n’avait pas été avisée : visites des chambres, de l’infirmerie, de la pharmacie, mais également du service administratif et de comptabilité. Les inspecteurs sont repartis en emportant un stock de documents qu’ils vont analyser.

Chambres dégradées

dans le rapport de l’ARS adressé en préfecture.Les agents de l’ARS auraient également relevés plusieurs problèmes d’hygiène et d’entretien des locaux. Leurs rapports, ainsi que ceux de l’Inspection du travail sont notamment adressés à la préfecture du Gard, également destinataire des enquêtes des gendarmes de la compagnie du Vigan sur les récents cas d’intoxications avec des produits illégaux, dont du GHB retrouvé dans des fioles, saisies dans la chambre d’un patient.

Décret critiqué

Dans des documents que Métropolitain a pu consulter, la crise au sein de la clinique neuro-psychiatrique de Quissac perdure depuis de nombreuses années. En effet, les délégués du personnel ont alerté dès novembre 2015 le gouvernement et notamment la ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine, pointant déjà des dérives et craignant que la situation n’empire grâce au décret N° 2015-1721 du 21 décembre 2015 relatif aux conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé privés autorisés à exercer l’activité de soins en psychiatrie bouleverse le mode de fonctionnement de ces services de soins de façon alarmante.

R.)Dans le courrier envoyé à la ministre sous la présidence de François Hollande, les délégués du personnel de cet établissement dénonçaient que, « sous l’argument fallacieux que les hôpitaux psychiatriques public n’étaient pas contraints à aucune norme de personnel vous avez supprimé les normes d’effectifs global (3 infirmiers pour 10 patients) remplaçant cette norme par article 6124-465 un infirmier est présent en permanence dans l’établissement…Vous avez donné un blanc seing aux directeurs d’établissements quant au fonctionnement de leurs unités de soins. Avec cette logique financière qui privilégie le profit on assiste au démantèlement de l’organisation des soins. Depuis notre direction n’a de cesse  de supprimer des postes de soignants. Ces groupes ont eu vite fait de chercher à mettre en place une réorganisation des équipes avec toujours moins de personnel pour toujours plus de profit. Les équipes de soins de la clinique de Quissac vont être réorganisés sans aucune concertation avec les délégués du personnel et les équipes soignantes, avec toujours pour seul objectif l’amélioration d’une rentabilité qui est déjà conséquente. Ce décret, sous votre ministère, initie la dégradation des services de soins en psychiatrie ». Incontestablement, ils étaient des visionnaires, puisque la situation chaotique n’a pas été réglée, au contraire.Six ans après ce cri d’alarme, les soignants sont toujours en souffrance à la clinique de Quissac : perte de moyens pour assurer les soins, fuite du personnel en CDI, développement de l’insécurité pour le personnel et pour les  patients. Des agressions ont été commises ces derniers mois. « Allez-vous laisser les centres de psychiatrie devenir des lieux de maltraitance, le patient devenir un produit financier, favoriser la dévalorisation de la profession infirmier ? A Quissac, il y a eu 80 agents qui ont quitté la clinique en 5 ans. Comment remplir nos missions de soignants dans ce contexte avec un infirmier présent en permanence ? Alors qu’il est question de mettre au centre du soins le patient, les soignants  ont toujours répondu présent pour mettre en place des projets en ce sens : éducation thérapeutique, psycho-éducation, amélioration du partenariat soignant/soigné, prise en charge de la douleur etc. Nous vivons le paradoxe d’un retour à l’asile du XIXème. Remplacer les soignants par des caméras est symptomatique de cette mutation amorcée aujourd’hui », écrivait encore les délégués du personnel à l’ancienne ministre socialiste. A la clinique de Quissac, il faut manifestement avoir une santé de fer.Vidéos : en ce moment sur ActuCet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Métropolitain dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.