Le sujet est (presque) aussi vieux que le GF38. Et le besoin est immense si le club veut se pérenniser au niveau professionnel et poursuivre sa croissance. Le projet centre de formation et d’entraînement devrait être officialisé d’ici quelques semaines. Il est un signal fort envoyé par Stéphane Rosnoblet et l’entité grenobloise. Faisons un point complet sur la question avec les éléments en notre possession.
Un centre de formation / entrainement loin de l’agglo’ : échec ou opportunité pour le GF38 ?
La question du lieu brûle toutes les lèvres. Il faudra un peu attendre pour en avoir la. Après les projets Sassenage et Froges évoqués ces derniers mois, le dernier « bruit de couloir » du moment plaçait la Côte Saint-André comme lieu d’accueil. Après une petite enquête, l’information nous a été confirmée. Il y a bien eu des contacts entre la ville et le club, on évoque la zone des Tisserands (où les terrains appartiennent au Département).
« Aujourd’hui, en toute transparence il n’y a rien de signé. On avance nos pions », nous a lui répondu Max Marty. Le Grenoble Foot 38 discute toujours sur « 2-3 possibilités » (un de nos twittos évoquait lui la piste Crolles).
on m’avait parlé de ce secteur pour Froges… (on n’est vraiment pas très loin) pic.twitter.com/H6wmJ0ebDC
— Métro-Sports (@MetroSports_fr) April 22, 2021
Des possibilités qui se situent toutes hors Métropole. Le choix peut surprendre. Il s’explique par plusieurs facteurs (plans locaux d’urbanisme compliqués, coûts, longueur des discussions, rareté des terrains). Mais finalement cette décision, dont l’origine est présidentielle, est récente comme nous l’a expliqué le manager du club. « En février dernier on a fait une réunion avec mon président (Stéphane Rosnoblet, ndlr) à Annecy comme on en fait souvent, pour brainstormer sur le foot, sur le club. Il m’a d’abord demandé si lors de mon premier passage à Grenoble j’avais trouvé des terrains possibles pour ce centre d’entraînement/formation. Je lui ai dit qu’à part lors des 2-3 dernières années on s’était surtout concentré sur le stade. Puis il m’a malicieusement demandé depuis combien de temps j’étais revenu au club et si j’avais trouvé un terrain, ce qui est la base du projet. Je lui ai répondu ce qu’il savait : non, malgré 7, 8, 9 études et que c’était dur de trouver quelque chose qui nous corresponde. Le prés’ m’a alors dit : « Max il y a donc deux solutions : soit tu n’es pas bon, soit tu ne cherches pas au bon endroit. Dans la Métropole, dans la vallée, il n’y pas ces terrains de 15 à 20 hectares constructibles, aménageable rapidement, dans un délai cohérent pour nous. Tous les mois qui passent sont du temps perdu et je pense que tu ne cherches pas au bon endroit. »J’ai donc élargi ma recherche en poussant des distances en temps raisonnable et je suis arrivé à trouver 2-3 endroits qui pourraient nous satisfaire et sur lesquels on essaie d’avancer. »
Après des années à chercher la perle rare à proximité, le Grenoble Foot 38 a donc accéléré le mouvement alors que le temps presse et que les conditions déplorables d’entraînement sont de plus en plus fréquemment pointées du doigt, de l’extérieur comme au sein même du club où la réussite sportive de cette saison ne masque pas les dysfonctionnements au niveau des infrastructures.
Le temps perdu n’est pas sans laisser quelques regrets. Peut-on également parler d’échec de ne pas avoir su trouver une solution intra-muros ou dans la proche agglomération grenobloise ? « Avant ces derniers mois, je me disais que ça serait un échec de ne pas trouver d’emplacement à proximité et je n’étais pas hyper favorable à chercher plus loin. Encore une fois notre président a été visionnaire à ce sujet. Maintenant que je connais ces 2-3 endroits de très grande qualité qui s’offrent à nous, je me dis que mon erreur et mon échec c’est surtout de ne pas être allé chercher ailleurs plus tôt. »
Un centre de formation et d’entraînement pour le GF38 à une trentaine de minutes de la ville-centre permettra sans doute au club d’un peu mieux mailler le territoire au sein du département (même si les travaux de séduction restent déjà nombreux à réaliser dans l’agglo). Dans un récent entretien au Dauphiné Libéré, Max Marty rappelait le « 38 » du nom du club. Une réponse « politique », bien évidemment, d’autant si les potentiels futurs terrains appartiennent au Département, mais aussi un rappel que la croissance du club passera par l’extension de son domaine d’attractivité. Aussi bien pour les supporters que pour les jeunes talents. On rappellera par exemple que la Côte Saint-André, club proche de l’ASSE aujourd’hui, a fourni dans le passé des Ruben Aguilar, Flo Michel, Vincent Di Stefano… Parfois pas besoin d’aller bien loin pour récupérer du talent.
« Cela va donner une autre dimension au club. On va sortir de la pollution, de la circulation, d’une forme d’insécurité par moment, pour se mettre un peu au vert et construire nos projets en toute tranquillité », égraine Max Marty. « Des territoires qui nous correspondent mieux avec ce côté ruralité, simplicité. On apprécie qu’on nous montre l’envie d’être avec nous, qu’on soit content de nous voir arriver. Ca change tout ! Il y a un côté facilitateur. Dans une métropole dense, où les terrains sont cher, où c’est concurrentiel, c’est compliqué. Ce n’est pas que nous n’étions pas les bienvenus mais il fallait souvent convaincre, expliquer. »
Un signal fort envoyé autour du GF38
Non pas qu’on ne soit pas les premiers ravis de voir les choses enfin bouger autour de ce projet discuté depuis des lustres mais le timing surprend. Le football professionnel est en crise et si à Grenoble on aime dire qu’on l’est moins qu’ailleurs, cela ne veut pas dire que la situation économique est florissante pour autant.Et pourtant le club a eu à cœur de continuer à avancer sur ce projet avec « un coût moyen investi qui sera sensiblement égal à ce qu’on envisageait pour un centre autour de Grenoble », précise Max Marty. Pas de centre au rabais, donc. Et c’est un signal fort envoyé par le club et son président sur l’ambition et la stabilité souhaitées pour les années à venir. « C’est un signe énorme. Cela prouve l’engagement du président sur le projet qui est dans une logique de progression. Cela va asseoir nos fondations sur les 10-15 ans qui viennent. Le club va se stabiliser. On peut penser qu’on va exister dans le monde professionnel pendant de longues années, avec les aléas sportifs bien sûr, mais c’est ça l’objectif. Et cet outil sera important. »
Si la question « où » revient souvent, elle s’accompagne en général d’un « quand ». Ce n’est pas la première fois que des avancées sont espérées et, jusque là, ce fameux centre a eu des airs d’arlésienne.« Le président m’a fixé une deadline : il faut que d’ici la fin de la saison le choix du futur centre puisse être annoncé », rassure le manager isérois.Après l’annonce et donc l’achat des terrains, viendra le début des travaux. Laissons Max Marty détailler la suite du calendrier. « Les choses se feront en deux deux. Peut-être de 12 à 18 mois pour voir débarquer le centre d’entraînement pour les pros et de 18 à 24 mois pour voir homologuer le centre de formation. A quelques mois près bien sûr, nous ne sommes pas des devins. Mais ça serait facile de dire qu’il ne sera prêt que dans 4 ans. Je préfère parler de deux ans, si c’est dans trois, vous pourrez me critiquer. Mais on doit se mettre dans des objectifs serrés. Cela ne me dérange pas d’être en retard tant qu’on aura tout fait pour que ça avance. Je veux que cela aille vite désormais. »
La Poterne, l’autre grand chantier
Ce futur centre de formation et d’entraînement du GF38 n’est pas le seul projet qui va se concrétiser au cours des prochaines semaines. Et on aurait d’ailleurs tord d’estimer que c’est le principal. Ce qui va se passer à la « Poterne » marque également une étape importante dans le développement du GF38.Par la Poterne on parle de l’actuel centre d’entraînement, le stade Vercors, où se situe l’ancien centre de formation. Ni d’Espagnac, ni de Stijovic. Des terrains qui appartiennent aujourd’hui à la Ville et sur lesquels le club grenoblois n’a donc pas la main.
Une situation en passe d’être changée. Un bail emphytéotique va confier l’emplacement au GF38 pour une durée de 25 ans (susceptible d’être plus importante, le club négocie en ce sens). Le club grenoblois aura à charge de « valoriser » l’endroit et pourra donc mener les travaux qu’il souhaite. L’intérêt est double. A court terme, en attendant le déménagement du groupe pro’ au nouveau centre d’entraînement, il permettra d’améliorer les structures sur place (terrains, infrastructures). A moyen terme, laissons là aussi le manager du club détailler l’ambition. « C’est un élément indispensable pour notre préformation et notre équipe féminine. Si l’accord se finalise, ce sera uniquement pour ça. Après c’est juste du bon sens que l’équipe pro utilise ce qui existera avant son déménagement.Il faut que nous ayons une équipe en D1, le creuset grenoblois est exemplaire sur la question du sport féminin et on doit être une vitrine importante. On sait que les filles accèdent au haut niveau plus jeunes que les garçons et qu’elles sont moins « mobiles », il faut donc leur offrir des structures en « intra-muros ». Quant à notre préformation, elle sera un axe très important de notre réussite. Pas question d’exclure les Grenoblois de notre formation, bien au contraire. Il nous faut donc sur place un outil pour tous ces jeunes de moins de 15 ans et qu’il soit qualitatif, qu’il donne envie. On apprécie la démarche de la Ville qui a compris notre demande. »
La démarche est engagée et seulement quelques détails doivent encore être affinés. Un accord définitif pourrait être validé lors du prochain conseil municipal en juin, ce qui pourrait permettre au GF38 d’engager des premiers travaux dès juillet avec l’objectif que les nouvelles installations soient prêtes courant novembre 2021.
Que Grenoble soit en Ligue 1 ou en Ligue 2 la saison prochaine, ces projets seront enclenchés. Max Marty a rappelé que « les structures actuelles ne sont pas dignes d’un club professionnel ». Un avis unanimement partagé. Le GF38 va ainsi se doter d’outils pour bonifier le présent et préparer l’avenir. « En restant vraiment Grenoblois, vraiment Métropolitain, vraiment Isérois », conclut le dirigeant. Ce sera sans doute une des clés de la réussite future. Grandir oui, mais en conservant son identité.