Alors qu’un nouveau visage se dévoile, celui d’Annie Genevard au ministère de l’agriculture depuis ce samedi 21 septembre, les réactions sont vives dans l’Aude du côté de la filière viticole, malmenée par une crise sans précédent.
La nouvelle ministre de l’agricultrice Annie Genevard est issue d’un département rural, le Haut-Doubs, réputé pour la fabrication du célèbre Comté. Ancienne vice-présidente de l’assemblée nationale, députée, et vice-présidente du parti Les Républicains, cette ancienne professeur de français était chargée du programme « éducation » de François Fillon lors de la campagne des présidentielles de 2017. Quels détours sinueux l’ont-ils propulsé à la succession de Marc Fesneau ? L’ancien ministre avait retroussé ses manches, et, se montrant à l’écoute, s’était rendu plusieurs fois dans notre Région, notamment sur le littoral audois pour constater les dégâts de la sécheresse. La filière lui doit notamment le déclenchement des fonds d’urgence. Annie Genevard reçoit ce portefeuille alors que les viticulteurs vivent l’un des pires moments de leur existence. La nouvelle ministre saura-t-elle mesurer l’ampleur de la crise ? Saura-t-elle manier les leviers indispensables pour sauver la filière ? C’est la question que nous avons posée à quelques leaders.
Une ministre en mode commando ?
« Il va falloir que d’ici à mi-octobre elle soit au rendez-vous de l’électrochoc dont notre filière a besoin ! Répond sans ambages Jean-Marie Fabre, le président national des vignerons. Il en va de la performance de l’économie française et de celles de nos territoires. On a besoin d’une ministre en mode commando qui n’ait pas peur de faire des choix forts pour l’avenir de notre filière et pour l’avenir des entreprises familiales du secteur ».
Le président des vignerons français attend d’elle « qu’elle place son action sur le terrain de la consolidation et de la réactivité car le temps n’est ni au constat ni à l’analyse. On a les éléments qui nous permettent de déployer de façon massive les leviers adaptés et calibrés. Si les dossiers sont prêts, il faudra peut-être réabonder volumiquement sur le sujet de l’arrachage pour permettre à ceux qui le peuvent de continuer en recalibrant leur exploitation, et à ceux qui vont s’arrêter d’être accompagnés socialement par un dispositif de sortie ».
Pour déclencher cet électrochoc de compétitivité censé consolider les trésoreries, Jean-Marie Fabre évoque la flexibilité bancaire et des outils pour donner de l’oxygène aux trésoreries et le plan massif de prévention face aux aléas climatiques. « La feuille de route est connue, on va vite savoir si elle place son action en mode combat ou vers des soins palliatifs, d’accompagnement en pente douce de la disparition d’un pan entier de l’économie française ».
Vers la désertification de l’Aude ?
Pour Ludovic Roux, le président des vignerons coopérateurs d’Occitanie, « il était grand temps d’avoir cette nomination, il y a urgence à trouver des solutions pour passer cette crise, pour s’adapter à une désertification de l’Est de notre département. On a des propositions, on va les lui transmettre et après il faudra des réponses rapides sinon le monde agricole va exploser. Sachant que l’on est la première économie du département ! »
Même réaction spontanée du côté du président du syndicat audois des vignerons, qui s’est rapproché du préfet pour alerter la ministre sur les revendications : « La situation est gravissime : tous les dossiers sont sur sa table, on a travaillé pendant cette pause où le gouvernement n’a pu qu’expédier les affaires courantes, décrit Frédéric Rouanet. Ça a été préjudiciable pour nous tous. Il faut qu’elle prenne conscience de la gravité de la situation et nous donner les moyens de pouvoir continuer, nous permettre de vivre. Sinon le département de l’Aude ne sera plus jamais le même après ce que nous venons de vivre. Les situations sociales sont critiques ».