l’essentiel
Comment Vinci voit-il la colère des riverains de la centrale d’enrobés Eurovia installée à Gragnague ? Y a-t-il un risque qu’elle reste dans ce village? Directeur opérationnel de l’infrastructure Ouest pour le Groupe, Cédric Tajchner a accepté de répondre à nos questions.
Quels sont les travaux que vous réalisez sur l’A68?
Il s’agit de renouveler, sur 17 km doublés, la couche de roulement pour des raisons de sécurité. Si l’on n’a plus d’adhérence, elle est mise à mal et le confort est réduit. La dernière réfection date d’il y a plus de dix ans.
Combien de tonnes d’enrobés seront nécessaires à ce chantier?
72000 tonnes,soit environ 1600 tonnes produites quotidiennement à Gragnague.
N’y avait-il pas une autre solution que de revenir à Gragnague où l’usine suscite une levée de boucliers?
Il faut d’abord rappeler que Vinci est maître d’ouvrage et que le mot d’ordre est une réduction de 50% des émissions de C02. Nous l’imposons aux entreprises qui réalisent les travaux.Avec ce site, on ne pouvait pas faire plus proche du chantier. Nous obligeons aussi les camions de fonctionner avec du bio carburant. Ce volet décarbonation est important dans le groupe. L’autre contrainte est d’avancer au plus vite les travaux pour réduire la gêne des usagers.
N’est-ce pas plutôt un choix pour faire des économies…?
Pas du tout ! En tant que maître d’ouvrage, notre priorité n’est pas le coût mais l’aspect environnemental, la vitesse et la qualité d’exécution. Nous venons par ailleurs d’installer un nouveau système de traitement des odeurs sur les cheminées de la centrale et un merlon pour réduire le bruit…
Vous insistez sur le fait qu’il s’agit d’enrobés et non de goudron. Cela change quoi pour les riverains?
Beaucoup utilisent ce terme mais on ne fait plus de routes en goudron depuis quarante ans ! Ce procédé nécessitait du charbon. Les enrobés sont faits avec du pétrole. Quant aux questions de santé sur les populations, elles doivent être posées à l’ARS…Ce n’est pas ma partie.
Pourquoi des camions passent-ils maintenant la nuit dans le village?
Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de ceux du chantier. Il n’y a aucune raison pour qu’ils passent par là. Où alors, est-ce en fin de nuit, pour rentrer?Est-ce des poids lourds déviés depuis l’A68? Nous nous pencherons sur le sujet.
Pourquoi ne pas utiliser des sites de production toulousains pour stopper la colère?
Ce n’est pas envisageable. Cela augmenterait le nombre de trajets et irait contre notre engagement de décarbonation. Mais en plus, les autres centrales ne peuvent fournir ces enrobés car elles le font pour d’autres multiples chantiers en cours sur l’agglomération. Gragnague était le choix optimum pour une telle usine. Tout ce qui se serait fait ailleurs aurait fragilisé nos objectifs. Le site est historique, le choix pertinent.
Près de 300 personnes dans l’association «Nature et vie sur les coteaux» et nombre d’élus mobilisés… cela ne vous dérange-t-il pas?
Notre tort a été de ne pas suffisamment expliquer ce que nous faisons. Il y aune gêne, certes, mais elle est liée à des travaux d’intérêt public, il ne faut pas le perdre de vue. Nous nous emploierons à mieux expliquer les prochains chantiers.
La crainte des habitants de revoir la centrale pour de futurs travaux est-elle justifiée?
La certitude est que cette centrale Eurovia s’en ira comme prévu à la fin août. Pour la future 2×2 voies entre Castelmaurou et Verfeil, Vinci consultera l’ensemble des entreprises. Le marché reste ouvert. On ignore qui réalisera les travaux. On sait que cette plateforme est pleine d’avantages. Le potentiel du site est connu. S’il devait y avoir une stratégie pour qu’on revienne, il y aura une nouvelle procédure d’autorisation ICPE avec consultation du public et décision du préfet.
Une association de plus en plus forte
«Nature et vie sur les coteaux» compte près de 300 adhérents.Elle a été rejointe dans son combat par de nombreux élus dont la présidente de Région Carole Delga. Régulièrement, ses membres se réunissent devant le site Eurovia, filiale du groupe Vinci, pour gêner le ballet des camions. Leurs craintes se sont justifiées avec des odeurs qui entrent dans certaines maisons .«Pas de jardinage, pas, de repas dehors et pas de piscine cet été ! », clament-ils tout en exprimant des craintes pour «la santé des enfants du vilage». L’association travaille également sur un recours devant le tribunal administratif.Une «visite» chez le préfet est également en discussions.