Grégory Alaux, président de l’Ordre des Médecins de Tarn-et-Garonne : "L’Ordre, acteur majeur de la santé"


Le docteur Grégory Alaux, 44 ans, vient d’être élu président de l’Ordre des Médecins de Tarn-et-Garonne. L’occasion pour cet anesthésiste réanimateur de la clinique Pont de Chaume, à Montauban, de poser les jalons de son mandat. Il y a 906 médecins inscrits au Tableau de l’ordre 679 actifs et 227 non actifs.

Le Dr Alaux, nouveau président de l’ordre des Médecins du 82, qui vient de succéder au Dr Marie-Christine Rossignol a répondu aux questions de la Dépêche du Midi.

Grégory Alaux, président de l’Ordre des Médecins de Tarn-et-Garonne :

Pourquoi avez-vous brigué cette responsabilité ?

J’étais secrétaire général de l’ordre des médecins depuis trois ans et auparavant pendant six ans conseiller ordinal titulaire. C’est dans la continuité.

L’Ordre a un rôle très important pour la communauté médicale et la santé publique au sens large.

Quel rôle souhaite remplir votre institution dans le domaine de la santé ?

Nous souhaitons être, comme c’est prévu dans les statuts un acteur de la santé du territoire. Nous devons être conseils pour les autorités pour apporter notre expertise.

Cela passe par des relations étroites avec les services de l’État et les collectivités. J’ai déjà été reçu par madame la préfète avec des échanges très fructueux. Nous aurons aussi très vite une réunion de travail avec le procureur de la République de Montauban.

Il y a des problématiques très prégnantes comme les violences conjugales mais aussi celles contre les professionnels de santé.

Comment allez-vous vous organiser avec votre activité à la clinique ?

Je connais la maison et j’ai la chance d’avoir une super équipe. Un secrétaire général très efficace, une vice-présidente, ma binôme.

Nous avons des profils très variés tant en termes d’âges, que de spécialités, de répartition entre le public et le privé et zone géographique. C’est une force. Je compte déléguer mais sur le régalien j’aurai la main.

Quels sont vos grands objectifs ?

D’abord, c’est de faire évoluer le conseil sur ses tâches quotidiennes. C’est l’inscription au tableau (les inscriptions, la gestion des plaintes). Le lien avec les tutelles et notamment la gestion de la démographie médicale constitue évidemment un sujet capital.

Où en êtes-vous sur ce dossier sensible ?

C’est un très gros dossier, comme vous le savez. En France, on va toucher un point bas en 2028. Les mesures mises en place par les pouvoirs publics pour rectifier le tir ne suffisent pas.

 On considère pour revenir à l’état actuel qui n’est pas satisfaisant, que ça ne sera pas avant 2032. Il faut former les médecins, avoir les structures adéquates. On subit les orientations des dernières décennies.

Soit on pleure, ce n’est pas mon caractère. Soit on se met tous autour de la table et on essaie de trouver les meilleures solutions. Tout notre système de santé repose aujourd’hui sur le médecin généraliste.

Une commission sera chargée de ce dossier. La priorité c’est l’accès aux soins de premiers recours pour les patients. On manque cruellement de médecins traitants.

Il y a des soucis partout, dans le département, avec des situations plus sensibles.

Quelles sont les solutions ?

Elles doivent être collectives et venir des médecins. On peut s’appuyer sur les dispositifs de l’État mais les acteurs que nous sommes doivent être au cœur du réacteur.

Je n’ai pas d’a priori. Il faut tout utiliser si ça se fait avec l’aval du médecin. Il faut écouter les acteurs de terrain, sur un territoire donné, qui ont les bonnes idées avec le respect des règles, du code de déontologie et de l’indépendance professionnelle.

Comment attirer de jeunes médecins chez nous ?

Combien manque-t-il de généralistes aujourd’hui?

Il nous en manque autour de 10 %.

Soit une vingtaine. On en compte 188 aujourd’hui. Il faut trouver des solutions pragmatiques.

Il n’y a pas de solution magique, je le répète. Il faut faire du sur-mesure.

Comment avez-vous traversé la crise du covid ?

Il y a beaucoup de résilience du corps médical et des soignants.

Nous étions face à une impréparation majeure tant au niveau logistique qu’organisationnel. Malgré cela, tout le monde a tenu. Avec une coopération public-privé magnifique.

On fera le bilan plus tard.

Et la vaccination ?

Aujourd’hui, 90 % des médecins sont vaccinés. Il faut donner l’exemple.

La vaccination c’est important et pas dangereux. Comment des soignants ne veulent -ils pas se faire vacciner ? Je ne comprends pas. Il faut qu’ils conservent leur magnifique bienveillance quotidienne auprès des patients en se faisant vacciner pour les protéger.

Nous avons une superbe dynamique dans les centres de vaccinations dont les médecins sont à l’origine avec tous les soignants. Tous, actifs et retraités, se sont mobilisés, dès le début et continuent de le faire. Le vaccin ce n’est pas une contrainte, c’est un facteur de liberté.

Cette crise va induire de gros changements structurels qui s’appliqueront à la médecine. La santé, c’est la première priorité des gens.

Et les 200 médecins salariés par la région promis par Carole Delga durant la campagne ?

Si la nécessité et efficacité le réclament sur des zones sous dotées pourquoi pas ? Si c’est du saupoudrage, ça ne veut rien dire.

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