Guilhem Guirado présente son livre Tomber, se relever, toujours


Comment vous est venue votre passion pour le rugby ?A Arles-sur-Tech, où j’ai grandi, mes copains jouaient. Je les ai retrouvés après une expérience au football. Le rugby m’a plu immédiatement. C’est devenu une passion.On jouait tout le temps, avec les copains. En moi-même, je me disais que j’aimerais devenir rugbyman professionnel. Mais je ne le disais pas, parce qu’à l’époque, gagner sa vie avec le rugby paraissait un peu irréel. Je n’en parlais pas parce que j’avais peur que l’on se moque de moi. J’ai eu la chance de jouer une finale très vite avec mon club de l’Entente du Vallespir. Et quand j’ai rejoint les juniors de l’USAP, le club phare de mon département, les Pyrénées-Orientales, la passion n’a fait que décupler. J’avais rêvé de jouer un jour à l’USAP. J’ai atteint rapidement l’objectif. Et j’ai même vécu deux finales de Top 14 avec Perpignan. Le bonheur intégral  ! Grave  !

que j’ai connu pendant ma carrière, parce que je me suis dit que c’était le moyen idéal de transmettre aux générations futures le témoignage d’un vécu. Devenir joueur pro n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des hauts… mais beaucoup de bas également. J’ai pensé aussi que c’était l’occasion rêvée d’expliquer à mes enfants ce que fut la vie de leur papa vingt ans durant. Je suis dans la transmission et ce livre était une formidable courroie de transmission entre ma jeunesse et la leur.

Vous avez failli tout plaquer à plusieurs reprises. Qu’est-ce qui vous a motivé à poursuivre ?Je suis du genre déterminé. Obstiné presque. A chaque blessure, et il y en a eu, à chaque coup dur, et il y en a eu aussi, à chaque critique, j’ai trouvé la force de ne pas sombrer, de poursuivre la voie que je m’étais fixée. Ce livre veut aussi montrer qu’une carrière n’est jamais linéaire, et lorsque les coups durs s’enchaînent il faut chercher à se relever. Le plus vite possible. Avec force et humilité. Pour ne pas laisser le doute s’installer. Ces périodes incertaines sont le lot des joueurs de haut niveau. La blessure, la méforme, l’incertitude font partie du métier. Et le dénouement de mon histoire, un titre de champion de France avec Montpellier, montre que j’ai eu raison d’insister, de ne pas baisser les bras, de me remettre en question et de regarder devant moi  ! Toujours.

Est-ce qu’il y a un moment de votre carrière qui vous a particulièrement marqué ?Ma période des juniors certainement. Champion de France avec les juniors Reichel de l’USAP, je suis rentré la même saison au pôle Espoirs à Marcoussis, et la saison suivante, nous sommes devenus champions du monde avec les moins de 21 ans français. Cette période a validé les choix que j’avais faits, la volonté que j’affichais de vouloir faire du rugby ma profession. Quand on est juniors, on est un peu à la croisée des chemins. Cette réussite m’a permis de trouver un surplus de motivation.

En juin dernier, vous avez remporté le championnat de France avec le club de Montpellier Hérault Rugby. Comment avez-vous vécu personnellement ce match et l’après match ?Ce fut un grand moment. Quitter le rugby sur un titre de Champion de France n’est pas donné à tout le monde. Je mesure la chance que j’ai eu. Je n’ai pas profité pleinement de la finale contre Castres, puisque j’ai dû sortir du terrain après une vingtaine de minutes de jeu, victime d’une commotion. Mais à ce moment-là, la finale était déjà pliée (20-0). La suite fut incroyable. Sur le bord du terrain, j’étais excité comme si je jouais. J’ai crié, poussé mes coéquipiers, râlé. Et au coup de sifflet final, j’ai explosé  ! Ma famille était là. J’ai partagé avec eux ce bonheur unique. En brandissant le bouclier, j’étais si fier. Je me remémorais tous ces moments de doute, de galères traversées pour en arriver là. La troisième mi-temps fut à la hauteur des deux premières… La ferveur, la communion avec mes coéquipiers. J’ai terminé sur les coussins d’un club de plage de La Grande Motte, le dimanche au petit matin  ! Et nous avons rajouté une petite cerise sur le gâteau en partant une semaine à Barcelone pour fêter notre titre  ! Enorme  !