Mercredi, Michel-Édouard Leclerc, l’emblématique président du comité stratégique E. Leclerc, était auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat. Il s’est attiré les foudres de Laurent Duplomb, sénateur LR de la Haute-Loire, qui l’a accueilli sans ménagement : « Vous vous présentez comme le chevalier blanc du consommateur tout en faisant savamment oublier que vous vous enrichissez puisque, et c’était dans un article qui vient de paraître, vous vous êtes enrichi sur 2021 de près de 75 millions d’euros, augmentant votre rémunération de plus de 40 millions d’euros par rapport à 2020 », l’accuse-t-il.La réplique de Michel-Edouard Leclerc, mi-amusé, mi-agacé, n’a pas tardé : « On va dire que vous n’avez pas trop fait travailler vos collaborateurs. Je ne suis pas le Michel Leclercq dont vous parlez. Celui qui est dans le top 10 des fortunes de France, c’est Michel Leclercq avec un Q – moi j’en n’ai qu’un – et il est le fondateur de Decathlon, et je ne suis pas ce Michel Leclercq là, d’accord ? »
« Je fais mon mea culpa sur les chiffres »
Alors, le sénateur altiligérien s’est trompé de Leclerc(q) ? Pour avoir la réponse, nous l’avons appelé jeudi, quand l’affaire a commencé à faire le buzz sur les réseaux sociaux. « Je fais mon mea culpa : mes chiffres n’étaient pas les bons mais je parlais bien du patron des magasins Leclerc, pas du fondateur de Decathlon. En 2016, lors de l’émission Le Divan, Marc-Olivier Fogiel lui avait dit qu’il gagnait des centaines de millions d’euros. Michel-Édouard Leclerc avait répondu : “Non, vous pouvez diviser par dix.” Chez moi, ça fait quand même des dizaines de millions d’euros ! »Ce qui irrite le plus Laurent Duplomb, c’est que personne n’a remarqué que Michel-Édouard Leclerc a « été suffisamment malin et a profité de la confusion pour ne surtout pas répondre à ma question : la loi est-il dans votre cahier des charges ? »
L’élu reproche au dirigeant des grandes surfaces Leclerc de « contourner les lois»
L’élu reproche au dirigeant des grandes surfaces Leclerc de « contourner les lois à travers sa centrale européenne, qui refuse de se référer au droit français et continue de demander de la déflation sur les matières agricoles ».Parmi les nombreux griefs : les pénalités encadrées par la loi Egalim 2. « Il passe des commandes, même en période de pénurie. Comme ses fournisseurs ne peuvent pas répondre à la demande, il applique des pénalités qu’il appelle “de logistique”. Ça représente des millions d’euros. Dernièrement, je me suis entretenu avec un producteur de pain au sésame. Il n’avait pas pu assurer sa commande auprès de l’enseigne Leclerc, d’un montant de 15 000 euros : il a eu une pénalité de 150 000 euros ! »Mercredi, lors de la commission des affaires économiques du Sénat, Laurent Duplomp a pourtant tenté de faire réagir Michel-Édouard Leclerc : « Lors de la crise, vous avez été le meilleur, c’est-à-dire celui qui demandé le moins de pénalités. Mais le naturel est vite revenu au galop : vous vous êtes extrêmement bien arrangé après à regagner tout ce que vous aviez perdu au départ. » Au lendemain de cette polémique, pour le sénateur altiligérien, son interlocuteur « s’est arrangé à ne pas évoquer la réalité : à savoir qu’il a des pratiques en dehors des règles. »Dernièrement, je me suis entretenu avec un producteur de pain au sésame. Il n’avait pas pu assurer sa commande auprès de l’enseigne Leclerc, d’un montant de 15 000 euros : il a eu une pénalité de 150 000 euros !