Humains contre robots: la guerre est déclarée!


25 mai 2021
Aujourd’hui à
19:22

110 millions: c’est la somme payée par Netflix à Sony pour ce génial « Les Mitchell contre les machines ». Tous à vos postes!

Un véritable phénomène. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier « Les Mitchell contre les machines » et son succès grandissant. Si certains d’entre nous ont déjà découvert le film un peu par hasard sur Netflix, d’autres ont profité du fameux bouche-à-oreille pour dégoter cette perle perdue au milieu de l’offre. Car, pour une raison non identifiée, la plateforme a d’abord marketé le film avec comme cible… la tranche des 10-14 ans. Or il s’agit ici d’une véritable comédie d’aventures avec en filigranes le poids d’un conte philosophique, susceptible de ravir toutes les générations – dans la digne lignée de ce qui nous est habituellement proposé par Pixar.

Une nouvelle génération de scénaristes est en train de changer la donne, avec ce mélange très intelligent d’action, de psychologie et de réflexion sur notre société.

Dans la famille Mitchell, je demande… la fille. Future étudiante en art pleine d’imagination (et de névroses), Katie vient d’être reçue dans une prestigieuse université de Californie. Plutôt que de faire ses adieux à l’aéroport, sa famille décide de marquer le coup et de l’escorter à travers tout le pays au moyen de son antique break jaune. Tous à bord: le père technophobe avec qui Katie a bien du mal à communiquer, la mère hyper-maternante, le petit frère complice et même le chien de la famille, un carlin en surpoids.

Au même instant à l’autre bout du pays, une sorte de néo-Steve Jobs a décidé de lancer sa nouvelle version du robot personnel. Adieu les téléphones portables, place aux aides-domestiques androïdes. Mais ces nouveaux dieux se rebiffent et prennent le contrôle de la Terre en quelques heures seulement. Les seuls humains à échapper aux grandes arches où ils sont stockés: les Mitchell. Comment cette famille hautement dysfonctionnelle va-t-elle tenter de sauver l’humanité de la tyrannie robotique? Certainement pas comme vous l’imaginez!

Bande-annonce « Les Mitchell contre les machines »

Le nouveau Pixar?

À l’origine du projet, Phil Lord et Chris Mitchell, soit les deux producteurs de l’un des meilleurs films d’animation de ces derniers temps: « Spiderman: Into the Spider-Verse » (2018). Dans ce film mené tambour battant, l’homme-araignée devait faire face à un vortex où des scientifiques peu scrupuleux voulaient inverser l’espace-temps pour vaincre la mort et multiplier les existences en autant de dimensions. Entre transhumanisme et clonage, le film posait déjà, dans un feu d’artifice visuel, toutes les bonnes questions.

Bande-annonce « Spiderman: Into the Spider-Verse »

Au scénario ici, Mike Rianda et Jeff Rowe, les auteurs d’une série culte passée sur Disney Channel: « Souvenirs de Gravity Falls ». Une nouvelle génération est donc bel et bien en train de changer la donne, avec ce mélange très intelligent d’action, de psychologie (familiale) et bien sûr de réflexion sur notre société. On retrouve ici pas mal des grands thèmes agités par la « gestion » pandémique et déjà abordés par Yuval Noah Harari dans la suite de son best-seller mondial: « Homo deus: Une brève histoire du futur » (Albin Michel, 2017). La robotisation – consentie! – de l’être humain va-t-elle déboucher sur une guerre entre les êtres de chair (et de conscience) et les êtres robotiques (fallacieusement nommés « intelligence artificielle »)?

C’est officiel: le méchant nouvelle génération est un smartphone

Pour répondre à cette question, quoi de mieux que les heurts et malheurs d’une famille comme toutes les familles? Loin des clichés hollywoodiens où tout le monde tient son rang retranché derrière un sourire, ici chacun des membres existe à travers ses faiblesses, ses lacunes, ses obsessions.

La reconnaissance faciale devient un instrument d’oppression – mais quelle jubilation pour le spectateur lorsqu’elle sera déjouée par la face hilare d’un carlin obèse.

Au passage on égratigne tout ce qui est censé nous assurer un avenir rassurant. Pal, le smartphone maître du monde, est bien sûr un faux ami… La reconnaissance faciale, de même, devient très vite un instrument d’oppression – mais quelle jubilation pour le spectateur lorsqu’elle sera déjouée par la face hilare d’un carlin obèse. Autre trouvaille visuelle et symbolique: ces ruches géantes où les humains sont séparés et empilés, humains d’une docilité extrême à condition qu’on leur octroie un accès « privilégié » à des « contenus exclusifs » et bien sûr connectés. Encore!

Animation/Aventure familiale

« Les Mitchell contre les machines »

De Mike Rianda et Jeff Rowe