"il y a une frénésie pour aller vite mais ça prendra du temps", prévient EDF


En route pour demain : Le train fait sa révolution – Samedi 25 septembre

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Expérimentations en pagaille, commandes multiples et même premières circulations commerciales. Le train à hydrogène prend son essor sur le rail européen. L’idée est de les faire rouler sur les réseaux ferrés non électrifiés (50% en Europe, 40% en France) afin de remplacer les rames alimentées en diesel et d’accélérer la transition énergétique du ferroviaire. Rappelons que la SNCF a commandé 12 trains à hydrogène à Alstom pour le compte quatre régions. Les premiers essais sont annoncés pour 2023 avec une mise en service commerciale en 2025. Pour autant, beaucoup de problèmes techniques sont encore à résoudre pour tenir ce calendrier (déjà retardé de deux ans). « Il y a une frénésie, c’est vrai, pour aller vite mais ça prendra du temps », confirme à BFM Business, Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics, filiale hydrogène d’EDF.

Calendrier serré

Principale problématique : le ravitaillement des trains. Alstom et Hynamics ont ainsi signé en novembre dernier un partenariat afin de « définir un standard international de ravitaillement qui permettra de limiter l’immobilisation des trains à hydrogène lors de leur remplissage ». »L’objectif numéro un est d’être capable de respecter demain les engagements des opérateurs pour remplir les réservoirs dans un temps très court, en toute sécurité », explique la responsable.Et il y a du travail. Pour le moment, les deux partenaires planchent sur des travaux communs de modélisation, calcul et simulation, soit « une phase théorique » explique Christelle Rouillé. Les industriels de la filière devront également attendre la publication cette année d’un appel d’offres pour ces infrastructures. « La deuxième phase sera de définir des standards internationaux, des standards qui sont toujours en cours de rédaction car ce marché est encore émergent », poursuit-elle. Il faut dire que les différences technologiques entre les pays sont nombreuses. En Allemagne par exemple, où des trains à hydrogène ont circulé commercialement, les rames utilisées ne sont pas les mêmes qu’en France.

Des standards internationaux complexes à mettre en place

« Les trains sont différents, les législations sont différentes, l’historique ferroviaire est différent », souligne la responsable. De quoi provoquer pas mal de complexité, et de délais.Enfin, la question du foncier sera cruciale car « il faut trouver les endroits stratégiques pour installer les infrastructures de remplissage. Elles devront être au plus proche des trains », souligne Christelle Rouillé mais parfois, dans des zones urbaines denses, l’espace manque. « Ce sont des ouvrages complexes à installer dans un milieu citadin, il faudra travailler avec les collectivités ».Le défi pourrait être néanmoins facilité en s’appuyant sur le foncier de la SNCF ou d’EDF « qu’on peut réhabiliter ».A ce moment là, le défi ne sera pas totalement relevé. Pour Hynamics, le modèle économique de l’hydrogène pour les transports ne sera viable qu’à travers « une mutualisation des infrastrctures pour différents types de transports terrestres ». On peut ainsi imaginer des stations de recharge qui délivrent aussi bien de l’hydrogène pour les trains que pour les cars présents à proximité des gares.

Mutualiser, massifier, délivrer

« La complexité, c’est mutualiser pour massifier la production et la distribution. C’est un enjeu essentiel pour un écosystème qui rappelons-le engage des acteurs publics et privés. La massification est le seul levier pour baisser les coûts de production » poursuit-elle. Si Hynamics va intensifier ses efforts sur le train, l’entreprise possède déjà une expertise pour les infrastructures hydrogène pour les cars et les bateaux. Mais là encore, c’est la complexité qui prédomine. « Chaque cas est spécifique donc on doit quasiment repartir d’une feuille blanche à chaque fois même s’il y a un tronc commun », explique la dirigeante.Quant à l’avion à hydrogène qui est perçue par certains comme l’alpha et l’omega de l’avion propre, l’horizon paraît encore plus lointain. « Le calendrier (voulu par Emmanuel Macron, NDLR) est très audacieux mais le monde de l’hydrogène est audacieux. Plus vite on s’y mettra, plus vite on détectera les eccueils », espère Christelle Rouillé. Reste que la filiale d’EDF « regarde le dossier d’un peu loin pour le moment. Car on se concentre sur le délivrable », insiste-t-elle.