« Ils n’ont pas arrêté de tuer Lokman, bien avant cette nuit-là »


Ils répondent tous  : « On n’y peut rien à écrire, à s’amuser, à être éloquent, il avait un arabe pur et parfait comme notre père. Mon frère a consacré son travail à la négation du silence. Il pensait qu’on ne pouvait pas construire un pays sans confronter notre propre violence et toutes les saletés qu’on a commises et qu’il fallait arrêter avec ce discours  : « Ce n’est pas nous, ce sont les autres qui ont tué.

 » Il pensait que le Liban devrait faire une pause dans les conflits, comme celui avec Israël, et prendre le temps de se reconstruire. Et pour cela on l’a accusé d’être un « agent » ! Qu’ils arrêtent d’étiqueter les gens « de chiites d’ambassades » ou de « collabos ». Il faut en finir avec cette façon d’appréhender les choses.

« Ils n’ont pas arrêté de tuer Lokman, bien avant cette nuit-là »

Ils n’ont pas le monopole de l’éthique ! En tout cas, ils l’ont tué. Ils ont tué Lokman et je leur demande  : Qu’est-ce que vous avez gagné ? Vous êtes mieux ? Vous êtes soulagés ? Le monde est-il mieux sans lui ?Rasha el-Ameer, cofondatrice de la maison d’édition Dar al-Jadeed, revient dans un entretien avec L’Orient-Le Jour sur l’assassinat de son frère Lokman Slim, il y a un an. « Mon frère était foncièrement libanais », dit-elle.

« Tout le monde sait qui sont les auteurs (du crime) », ajoute la romancière. Entretien. Comment vous sentez-vous un an après.