La quinzaine d'Ukrainiens quittera Assas fin août pour rejoindre Montpellier


Alors que le village s’était grandement mobilisé pour accueillir et faciliter l’intégration de la petite communauté en mars 2022, le maire a décidé de mettre un terme à leur séjour. 

Le 1er septembre, elle rejoindra la résidence des Violettes, avenue de Lodève, à Montpellier, un ancien Ehpad récemment rénové et transformé en centre d’accueil.

La quinzaine d'Ukrainiens quittera Assas fin août pour rejoindre Montpellier

La quinzaine d’Ukrainiens y sera prise en charge par l’association Adages, qui étudiera leur situation au cas par cas. Ils « devront montrer leur volonté d’intégration ». Les questions de l’emploi (ou de la formation) et de l’apprentissage de la langue seront déterminantes pour prétendre à un logement durable et rester en France, le souhait d’une grande majorité de ces réfugiés. 

« Il nous fallait prendre une décision »

on les a logés dans nos gîtes Logivert, rappelle le maire Benoît Amphoux. Mais on ne peut les y laisser éternellement. Ce ne serait pas leur rendre service. Et puis leur logement actuel n’est pas adapté aux familles sur la durée. Trois adultes et un enfant dans 35 m2, ça ne va pas. À un moment donné, on s’est posé la question de la suite. L’Adage s’est proposé de les accueillir. Il nous fallait prendre une décision. Le 31 août nous a semblé une bonne date car leur séjour doit être renouvelé et les enfants pourront débuter l’année scolaire dans un nouvel établissement. »

La décision a été notifiée aux Ukrainiens ce mercredi soir. Tous se sont rendus à la mairie pour entendre Benoît Amphoux leur expliquer la décision et « la possibilité d’une suite près du centre de Montpellier, tout en continuant à suivre les cours de français trois fois par semaine à Assas ».

L’annonce a été prise comme « une douche froide » par l’association Mots clefs pour l’avenir, créée à l’initiative du maire dans le but d’enseigner le français aux Ukrainiens. Depuis plusieurs mois, une petite équipe constituée autour de Klyne et Jacques Vanel, Michel Dalmier et Jacky Vilacèque s’était investie dans cette mission.

« Cette décision balaie cinq mois d’efforts »

Grâce à deux enseignants, des cours réguliers sont désormais dispensés trois fois par semaine. « Cette décision balaie cinq mois d’efforts », regrette l’association. Informés mardi soir de la décision, ses membres s’inquiètent du choc que pourrait créer le déménagement. « La description de l’ancien Ehpad des Violettes – pas de possibilité de faire sa propre cuisine, hébergement dans des chambres, impossibilité de loger toutes les affaires, règles strictes d’accès- semblait avoir convaincu le maire de ne pas remplacer un provisoire acceptable par un provisoire spartiate. La réunion des adjoints a pris une décision contraire. »

L’émotion suscitée par la suite donnée à ce dossier est à la hauteur de la mobilisation de la commune. Quand la quinzaine d’Ukrainiens est arrivée à Assas en fuyant la guerre début 2022, l’élan de solidarité y a été assez exceptionnel.

En première ligne, la mairie a d’abord tout initié et porté, y compris les lourdes démarches administratives et l’emploi d’un Ukrainien comme agent technique. Mais la population a vite été au relais, multipliant les initiatives, offrant de généreux dons, pourvoyant aux besoins de la communauté. Un élan qui a inclus la création de jardins partagés, l’intégration dans des associations sportives et, bien sûr, la scolarisation des enfants.

« Les Ukrainiens ne nous appartiennent pas »

Seize mois plus tard, le bilan était encourageant. Surtout, des liens forts se sont naturellement tissés, même si la communauté est restée discrète à Assas.  

« Avec la mairie, nous nous sommes séparés avec l’amer constat que c’en était bien fini d' »Assas, terre d’accueil », qui avait été célébré par un grand article de Midi Libre le 7 avril 2022″, écrit l’association qui pointe aussi « le côté précipité de la décision ».

« Les Ukrainiens ne nous appartiennent pas », répond Benoît Amphoux, qui reconnaît que beaucoup de gens se sont attachés et liés. « On ne tournera pas le dos aux Ukrainiens parce qu’ils habitent désormais à dix minutes. On continuera à les croiser », assure la première adjointe Corinne Martinez.

Au village, certains espéraient pouvoir faire un peu plus que les croiser.