Sans-abri ou sans-école : alerte sur les conséquences de la pauvreté sur les enfants
Des enfants épuisés à l’école car ils dorment dans la rue, d’autres privés de scolarité du fait de leurs conditions de vie précaires : plusieurs associations sonnent l’alarme sur les effets délétères de la pauvreté sur des milliers de mineurs. Le phénomène échappe en partie aux radars, mais mérite une attention plus marquée de la part du gouvernement, selon les militants mobilisés pour ces causes, qui appellent également à une « vigilance collective ». Les difficultés concernent pour partie les élèves scolarisés, mais dont les enseignants mettent parfois du temps à se rendre compte qu’ils vivent avec leur famille dans la rue ou dans une voiture. Or, « avoir un toit sur la tête est un préalable pour apprendre sereinement », a souligné mardi lors d’une conférence de presse Anne-Sophie Huchard, une professeure membre du collectif lyonnais Jamais sans toit. Selon des données du 115, communiquées par un collectif de 39 associations de solidarité et par la fédération de parents d’élèves FCPE, plus de 1 600 enfants sont ainsi sans abri en France à la veille de la rentrée. Ce chiffre a grimpé de 86 % depuis la fin de janvier, et il pourrait être sous-évalué puisque toutes les familles concernées n’appellent pas le 115. « On ne peut pas s’habituer à ça », martèle Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre, qui déplore « une forme de passivité » de la part du gouvernement, qui doit prochainement réduire d’environ 200 000 à 190 000 le nombre de places d’hébergement d’urgence. Lorsqu’un élève dort dans la rue avec sa famille, la mobilisation de ses enseignants ou des parents de ses camarades d’école peut être décisive, expliquent les associations, qui ont créé un « réseau d’aide aux élèves sans toit ». L’objectif est de « propager des pratiques militantes » déjà expérimentées avec succès par Jamais sans toit à Lyon, et de faire en sorte que « les gens sortent de la passivité et du fatalisme », a expliqué M. Domergue. « Goûters solidaires », concerts de soutien, appel aux élus locaux… en dernier recours, la mobilisation peut même passer par une occupation temporaire de l’école, ont détaillé les militants : les familles sans abri sont invitées à venir dormir dans les locaux scolaires avec leurs enfants, en compagnie de militants membres de leur comité de soutien. Enfants vivant dans des bidonvilles, des squats ou des hôtels sociaux, mineurs non accompagnés (MNA) dont l’âge est contesté par les autorités, enfants du « voyage », migrants de Mayotte ou de Guyane : au total, quelque 100 000 enfants sont privés de rentrée scolaire, affirme le collectif #EcolePourTous, qui veut attirer l’attention sur leur sort. Le collectif #EcolePourTous milite également pour que la « trêve hivernale », qui empêche les expulsions locatives jusqu’au printemps, soit prolongée jusqu’à la fin de l’année scolaire, afin que les difficultés de logement ne se traduisent pas par des mois de déscolarisation, voire un « décrochage ».