dans le cadre de la campagne de publicité prévue et signée quelques mois auparavant. Mais entre-temps, la direction avait changé… Et n’avait visiblement pas apprécié notre article à son sujet.
Place Gre’net
Si le sujet est quasiment tabou, les pressions exercées sur les médias via les commandes d’encarts de communication sont courantes. Des méthodes révélatrices d’une confusion de la part de certains entre information et communication et faisant peu de cas de la liberté de la presse.
Place Gre’net n’a jamais cédé à quoi que ce soit au mais subit parfois, après coup, des suppressions ou des arrêts de commandes liés à sa liberté de ton. Comme en 2017, avec la Ville de Grenoble. La situation s’est, de ce côté-là, progressivement normalisée.
Un modèle économique mixte
Place Gre’net est un média au fonctionnement économique mixte qui repose à la fois sur la vente d’abonnements et d’espaces publicitaires. Notre média n’a jamais considéré la publicité comme une subvention déguisée et n’oriente pas sa ligne éditoriale en fonction de celle-ci.
Avec, à l’heure actuelle, 35 000 visiteurs uniques par semaine et une excellente visibilité sur les réseaux sociaux, notre média ne manque pas d’arguments auprès des annonceurs. La publicité se limite donc au cadre qui lui est réservée et ne déborde en aucun cas dans les articles du média.
Un article sur la MC2 qui a conduit à l’annulation de toutes les commandes
Bien sûr, aucun organisme n’a l’obligation d’acheter des encarts publicitaires à un média. Mais, dans ce domaine comme ailleurs, les règles du jeu ne sont pas censées changer en cours de route. Accepter pour se rétracter ensuite sans motif – si ce n’est le fait d’être contrarié par un article – pose naturellement question.
C’est visiblement ce qui a échappé à la MC2. Qui, après s’être engagée sur un devis allant de septembre 2020 à juin 2021, devenu caduque avec les fermetures imposées aux lieux culturels, avait demandé de différer la campagne de communication… avant de la remettre totalement en cause à la rentrée 2021. Ce à l’inverse de tous les autres partenaires qui avaient attendu le déconfinement pour honorer leurs commandes.
Place Gre’net
L’annulation, au travers d’un courriel laconique, ne donnait aucune explication. C’était sans compter sur l’insistance de notre service commercial qui a finalement pu avoir une personne proche de la direction au téléphone et s’entendre dire que notre article sur le nouveau directeur de la MC2 en était la cause. Notre tort ? Avoir osé signaler qu’Arnaud Meunier, dès son arrivée, avait “remercié” quatre cadres recrutés par son prédécesseur. Une information qui n’était pas sortie dans d’autres médias…
Voilà un motif qui a le mérite de la clarté, mais laisse perplexe. D’abord, parce que l’information délivrée dans l’article est factuelle. Ensuite, parce que l’article en question, et c’est bien normal, donne abondamment la parole au nouveau directeur, à sa vision et à ses ambitions. Enfin, parce que l’on peut attendre, de la part de quelqu’un qui se proclamait Charlie en 2015 sur les réseaux sociaux, un peu plus d’égard pour la liberté éditoriale d’un média.
Toujours est-il que, depuis son arrivée, Place Gre’net n’a plus jamais reçu de commandes de la MC2, alors que notre média travaillait régulièrement avec l’institution jusqu’alors. Interpellé sur le sujet en 2022, Laëtitia Rabih, présidente du conseil d’administration, n’a jamais donné suite, et donc indirectement cautionné cette mise au ban. Mais peut-être avait-elle aussi des comptes à régler avec Place Gre’net suite au portrait réalisé fin 2020. Portrait suite auquel elle avait appelé la rédaction pour faire part de son indignation.
Quand le maire de Saint-Martin-d’Hères pose son véto
Même topo du côté de la Ville de Saint-Martin-d’Hères. Tout semblait sur les rails en 2022 pour des campagnes de promotion des équipements culturels de la commune. Alors que tout avait été validé en interne, le maire David Queiros a finalement décidé unilatéralement de mettre son véto en fin de chaîne.
Le service communication puis la direction de cabinet avaient pourtant validé les différentes étapes préalables, sur la base des nombreux documents et informations demandées. La validation par le maire, au regard de ces éléments, apparaissait comme une formalité. David Queiros a pourtant refusé d’apposer sa signature, sans aucune explication.
Quelque peu surpris, Place Gre’net a demandé à le rencontrer. Sans jamais obtenir de réponse. L’explication nous semble toutefois claire, dans la mesure où la décision du maire a fait suite à la publication d’articles sur le dossier polémique Neyrpic. Depuis, plus de pub non plus !
Le boycott pur et simple de Place Gre’net par Actis
L’annulation d’un budget pub n’est pas le seul moyen d’exercer des représailles sur un média pour sa liberté de ton. Certains organismes ont recours au boycott pur et simple. C’est le cas du bailleur social Actis qui, « suite à une difficulté de fonctionnement avec média », a décidé de ne plus nous répondre et de ne plus nous inviter à ses conférences, comme nous l’a fait savoir sa chargée de communication en septembre 2021.
sans lien avec ce dernier. Nous l’avions d’ailleurs immédiatement remplacée par une autre, suite à un mail d’Actis craignant un amalgame. Un courrier signé de la main même de Stéphane Duport-Rosand, le directeur général d’Actis, qui semblait plus s’adresser à un subordonné qu’à un média indépendant. Jugez plutôt.
« Nous ne pouvons laisser passer la diffusion d’une telle image et l’amalgame intolérable qu’il génère, cela met en difficulté le travail des 260 collaborateurs d’Actis, les entreprises qui travaillent sur nos chantiers et les locataires de nos résidences. Je vous demande de bien vouloir retirer au plus vite cette image de vos publications et de signaler sur votre compte twitter (en réponse aux questions posées) que l’image choisie est une erreur et n’a aucun lien avec le sujet. »
Mais au-delà de cette question, nous a‑t-on confié par téléphone, la curiosité de nos journalistes avait aussi fini par déplaire. Quelle idée en effet de poser des questions sur la fusion Actis – Grenoble Habitat ou sur les Volets verts quand le bailleur social voulait juste mettre en avant Le Grand Air, un immeuble flambant neuf !
Place Gre’net
Ironie du sort, Place Gre’net n’a appris sa “disgrâce” que plusieurs mois après que celle-ci n’ait été prononcée. Et ceci, double ironie, en contactant Actis pour lui demander de réagir aux accusations de censure formulées par des associations de locataires. Depuis, notre média a tenté de renouer le dialogue avec la direction, sans grand succès (cf. encadré), dans la mesure où la rédaction ne reçoit plus désormais que quelques communiqués au compte-gouttes vantant tous les initiatives du bailleur.
Place Gre’net n’a pas obtenu plus de réaction de la Métropole, institution de tutelle d’Actis, dont les élus Élisa Martin et Nicolas Beron-Perez étaient à la tête du conseil d’administration. Nos sollicitations se sont heurtées à un refus de tout commentaire. Pour enfoncer le clou, Actis n’a pas renouvelé son abonnement à Place Gre’net. Surprenant, alors que, quelques mois plus tôt, un membre d’Actis nous avait dit que certains collaborateurs aimaient nous lire. Le font-ils désormais en cachette ?
Après plusieurs mois de silence, Actis a finalement invité Place Gre’net à l’inauguration du Haut-Bois, le 13 mai 2022, le bailleur social voulant sans doute donné un maximum d’audience à cette information. Questionné sur ce changement de stratégie ) notre égard, Actis a répondu : « Nous avons volontairement recommencé à vous envoyer nos invitations. En revanche, nous n’avons pas encore évoqué avec la direction de répondre à vos sollicitations ». Ni celle de la liberté d’informer, visiblement.
Nous restons évidemment ouverts au dialogue, aux explications ou aux réactions de chacune des institutions citées. Une erreur d’interprétation ? Un malentendu ? C’est avec plaisir que nous accueillerons toutes les corrections possibles, si celles-ci s’avèrent justifiées.
Les réguliers procès d’intention
Malgré les années qui passent, notre média, comme les autres, fait encore parfois les frais de procès d’intention. Tel camp, puis tel autre, aime à nous prêter des opinions en fonction des articles que nous publions. En 2020, le site pro-Carignon Grenoble le changement accusait (nommément) un de nos journaliste d’être de « connivence » avec la majorité. En 2022, des élus de cette même majorité nous soupçonnaient d’être pro-Carignon pour avoir mentionné l’existence d’un groupe Facebook hostile. Non, les journalistes de Place Gre’net ne roulent pour personne. Tous sont soucieux de faire au mieux leur travail et seule les anime la volonté d’informer.
Place Gre’net
Place Gre’net est un média indépendant et sans chapelle, dont la liberté de ton n’est pas négociable. Elle constitue notre projet, conditionne notre existence même, et ne saurait courber face à l’indélicatesse des uns ou la susceptibilité des autres. Souhaitons, dès lors, que le message soir passé et de ne pas avoir à écrire de pareille tribune en 2023.