Publié le 18 Déc 22 à 15 :04
Actu Toulouse
Voir mon actu
Suivre ce média
L. / Actu Toulouse)Il est l’une des figures du Parti socialiste au niveau national, et fut l’un des grands artisans des négociations à gauche pour la naissance de la Nupes. Ancien patron de la fédération locale du PS, Sébastien Vincini, est devenu le 6e président du Conseil départemental de la Haute-Garonne. Après avoir démissionné de son mandat de maire de Cintegabelle, l’ex-bras droit de Georges Méric vient de prendre, à 44 ans, les commandes du Conseil départemental. Dans un entretien accordé à Actu Toulouse, il livre les grandes priorités de son mandat.Comment avez-vous vécu la passation avec votre prédécesseur, Georges Méric ?« Georges Méric a été d’une très grande élégance à l’égard de notre génération, pas seulement de moi. C’est une chance d’avoir un homme qui décide d’arrêter ainsi, alors que rien ne l’y oblige, sans arriver en mode dégradé de gestion politique en fin de mandat, sans faire semblant de passer la main à un an d’une élection.En réalité, nous avons fait un long compagnonnage depuis 2011 – bien avant qu’on ait eu à traverser le désert politique ensemble sous le joug de l’ancien président du conseil général, Pierre Izard. On a pu travailler un projet politique, il y a eu transmission de valeurs.En passant la main, Georges Méric a parlé de ‘continuité adaptative’, ce qui n’est pas sans rappeler ‘l’évolution révolutionnaire’ de Jaurès : cela veut dire que je vais changer des choses, pour beaucoup sur la méthode.
« Georges observait les événements de notre temps avec beaucoup de sagesse, de recul. Moi, je suis en prise avec un réel d’une autre nature. Je les observe en les vivant, car je suis père de famille de trois enfants, à trois niveaux d’école différents. Et comme beaucoup de monde, je perds trois heures dans les bouchons tous les jours. Car on ne dit plus j’habite à 39 km, mais j’habite à 1h30 de Toulouse aux heures normales de travail. Tout ça, cela nous donne un regard sur la société, sur l’évolution de ses maux et au-delà, sur les grands défis que l’Humanité doit relever ».Sébastien VinciniPrésident (PS) du Conseil départemental de Haute-Garonne
de capacité d’écoute et de compréhension de ce qu’il se passe. Il faut agir, et pour cela, moi, j’ai une méthode, c’est le cumul des forces. Tout scientifique connaît cela : si tu arrives à cumuler les forces, tu décuples les capacités d’action. Cela veut dire qu’on doit trouver les voies du partenariat, de la concertation.Vidéos : en ce moment sur ActuIl y a des faux sujets avec l’État, où la contractualisation est une mise sous tutelle, où on se fait simplement faire les poches. Mais il y a de vrais sujets où on peut tisser des liens avec les services de l’État, pour répondre à de vraies problématiques : la protection de l’enfance, la prise en charge de l’insertion, le retour à l’emploi des personnes au RSA… Des dossiers très complexes ».
Les bouchons ? « C’est un poison dans le quotidien »
bâtisse des projets et les mette en œuvre, à sa place ».Mais de quoi parle-t-on ? Du RER toulousain ?« Des trains du quotidien, mais aussi des transports collectifs et de toutes les mobilités. On a aucun tabou à avoir. Quand les gens vont à la gare de Muret ou de Saint-Jory, qu’ils sont sur le quai et attendent un train, qu’ils aimeraient en avoir un plus vite ou moins bondé, ils ne regardent pas qui gère, ce qu’ils veulent, c’est des solutions ! C’est vrai aussi pour les personnes en situation de handicap ou de recherche d’emploi. Quand elles franchissent les portes d’un service public quel qu’il soit, ou qu’elles consultent le site internet d’une collectivité, elles ne regardent pas qui gère, mais si on va apporter une réponse à leurs problématiques. Là-dessus, on doit tous faire preuve d’intelligence collective et de concertation. Même si on a des vraies divergences de philosophie politique, on ne peut plus se contenter de joutes verbales, de déclarations.
« Si on ne fait rien quand on accède aux responsabilités et qu’on n’a pas 50 balais, que vont dire les gens ? Ils vont nous demander : ‘Mais à quoi vous servez ?’ Je veux pouvoir être serein envers la génération qui nous suit ».Sébastien Vincini
Il y a actuellement une question qui divise la scène politique locale : vous êtes plutôt RER toulousain ou ligne C du métro ?« Mais il faudrait tout ! Je pense que nous devons aussi prendre un peu de recul et de hauteur de vue : est-ce que le problème des transports collectifs ne commence qu’à la limite du périphérique, à Portet-sur-Garonne, à Saint-Jory, à Colomiers, ou à Labège ? Il faut regarder réellement d’où viennent les gens, où commencent les bouchons, qui débutent bien avant Ikea ! Je ne veux pas concentrer un débat qui serait stricto sensu toulousain, ce serait une erreur.Et ne commettons pas l’erreur de considérer que ce qui compte, c’est d’arriver toujours plus vite à l’intérieur de Toulouse. Il faut penser l’aménagement différemment… Mais avant d’aller sur ces réflexions, je veux d’abord ouvrir un dialogue avec l’ensemble des collectivités territoriales ».
Ligne C du métro : « Le débat a été tranché par deux fois »
Vous avez déjà fait un courrier dans lequel vous vous inquiétez du financement de la ligne C du métro, êtes-vous critique sur ce projet ?« C’est un courrier qui ne remet pas du tout en cause le projet. Mais à quelques jours du démarrage des travaux, on demandait simplement où on en était. Jean-Michel Lattes m’a répondu qu’il était en train de finaliser les chiffrages (ce qui a été divulgué depuis, ndlr), cela me va très bien. On est l’un des cofinanceurs, il était légitime qu’on demande quelle était la réalité du coût du chantier, et du plan de financement qui va avec. Sur un chantier comme celui-ci, qui sera forcément impacté par l’inflation, on a besoin d’avancer avec transparence. Tout comme on a besoin de connaître l’impact sur l’échéance de la réalisation.Il n’y a pas un sujet qui n’est pas touché par l’inflation ! Pour nous, construire un collège, ça coûtait 20 millions d’euros il n’y a même pas six mois, il sort désormais à 27 millions d’euros, sans rien faire de plus ! C’est du délire, l’inflation qu’on est en train de vivre dans les marchés publics.
« Mais il ne s’agit pas de dire que ce projet est infaisable, ou qu’il ne faut plus le faire. Le débat, pour moi, a été tranché par deux fois, approuvé à deux reprises par les électeurs. Alors, même si je ne suis pas un promoteur de ce projet, on a pris des engagements et je n’entends pas les remettre en cause ».Sébastien Vincini
ce jeudi… Pourquoi toujours en restant bienveillant sur les personnes La communauté éducative, les parents d’élèves : tout le monde le réclame, et bientôt, les associations de quartier le feront aussi. Quand on voit la densification urbaine dans les communes de l’agglo qui gagnent 2 000, 3 000, ou 4 000 habitants, et la poussée démographique dans le nord toulousain, il faut faire quelque chose si on ne veut pas dégrader le niveau d’enseignement et les conditions de scolarisation. On ne va pas pousser les murs, ni mettre des bâtiments modulaires, il faut construire. L’accès aux soins est aussi une de nos préoccupations, y compris en milieu urbain. Cela pose problème que les seuls médecins que voient certaines populations sont ceux de la PMI à la Maison des Solidarités de Borderouge. Ce n’est pas notre rôle et cela m’inquiète.
« Et puis, il faut amener des équipements dans tous les quartiers neufs qui, pour l’instant, sont mixtes, avec des gens qui travaillent, des étudiants, des seniors… Si on ne met pas ces équipements publics, quel est le risque ? C’est que dans 30 ans on se demande : mais est-ce qu’on n’a pas encore fait un nouveau grand Mirail au nord, qu’on appellerait ‘le nouveau grand Nord’ ? Ce serait dommage quand même ! Chacun doit investir cet espace dans ses compétences ».Sébastien Vincini
« Je compte bien être encore un des acteurs de la gauche nationale »
cela nous a permis de démontrer qu’on était encore capables de se parler vous laissez beaucoup de talents sur le bas-côté, mais j’étais convaincu par l’unité de la gauche et des écologistes, que nous avions déjà défendue dans cette enceinte et que je vais continuer à le défendre. Donc je défends des valeurs et une certaine philosophie politique, mais je ne suis à la solde de personne, je ne suis pas sous tutelle de quelque tendance de la gauche que ce soit ».Et concernant votre place au PS ?« On est dans une phase de congrès, et je n’ai aucun primat sur le poste que je pourrais occuper demain. Si celui que je défends et avec lequel je chemine (Olivier Faure, ndlr) ne gagne pas, mon sort sera réglé dans une direction nationale, mais comme on va gagner, j’aurai encore un rôle à jouer ! Être secrétaire national aux fédérations, c’est un travail d’animation politique considérable, et je pense que ce ne serait plus raisonnable pour moi d’occuper ce type de fonctions, mais j’aime porter des collectifs, pourquoi pas rester impliqué dans la mobilisation, le portage de projets ? La gauche doit aller plus loin que se regarder en chien de faïence, à l’occasion d’un accord électoral lié à l’expression d’un suffrage, elle doit bâtir, confronter ses idées. Quand Mitterrand a fait le programme commun en 1974, il y a eu des débats sur le fond jusqu’en 1981″.Considérez-vous que les péripéties de gouvernance chez LFI ouvrent une nouvelle voie à un autre leadership à gauche ?« Je suis déçu du spectacle que la gauche en règle générale donne parfois. Ça ne m’intéresse pas de parler d’une affaire ou d’une autre, mais depuis septembre, on ne peut pas dire qu’on soit tous collectivement à la hauteur des enjeux, alors qu’il y a des risques démocratiques. La gauche a besoin de trouver des leaderships, des visages, jusqu’à ce qu’une option préférentielle se dégage ».Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Actu Toulouse dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.