Interview. Michel Sardou a commencé la préparation de son retour sur scène dans son manoir près de Deauville


Publié le 25 Déc 22 à 19 :16 

Le Pays d’Auge

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chanteur qui possède un manoir près de Deauville (Calvados) remontera sur scène à l’automne 2023 il y a presque 15 ans Pour moi, Deauville c’était l’Angleterre, de la pluie tout le temps. Un soir, au restaurant, je lui dis écoute, je veux bien acheter une maison mais je veux qu’elle soit dans un rayon de sept kilomètres autour de mes profiteroles au chocolat. En sortant du restaurant, je passe devant l’agence immobilière et je vois un petit manoir charmant que je décide aussitôt d’acheter. Il il était minuit et demi, je réveille madame Boitard, qui nous propose une visite le lendemain. Ce jour-là il neigeait, la maison sous la neige était magnifique et je l’ai achetée comme ça. Si on m’avait dit à l’époque que je m’installerais en Normandie…C’est toujours une résidence secondaire ou un peu plus maintenant ?Moitié, moitié. Mais cela va devenir résidence principale quand j’aurais fini la tournée en 2024. J’ai un appartement à Paris qui me sert puisque je travaille là-bas. Mais il est très grand et c’est des emmerdes. Je n’aime pas la copropriété. J’aime faire ce que je veux, quand je veux. Cela va donc peut-être devenir ma résidence principale mais pour l’instant, nous n’habitons pas là toute l’année.Avez-vous toujours des chevaux ?Non, j’ai arrêté les chevaux parce que j’étais très déçu. J’ai fait de l’élevage, mes produits n’ont pas donné ce que j’espérais et pourtant j’avais mis le paquet ! Au bout d’un moment, j’en ai eu marre d’être quatrième, cinquième… Ça coûte une fortune. Pourtant j’ai gagné pas mal de courses, j’étais content, c’est davantage une déception d’éleveur. Je n’aurais pas dû me lancer dans l’élevage. J’ai dit à Rouget, si mes derniers yearlings ne sont pas bons, on laisse tomber. Et nous avons laissé tomber. Et puis il y a eu la vente du haras du Quesnay, Alec Head était mon ami. Maintenant je ne saurais plus où mettre mes chevaux. J’étais chez moi au Quesnay, je faisais ce que je voulais, j’allais, je venais… C’est un peu triste que ce soit terminé.

Interview. Michel Sardou a commencé la préparation de son retour sur scène dans son manoir près de Deauville

« Mon style, c’est pas de style »

À propos de votre retour, vous expliquez que votre épouse vous a convaincu de remonter sur scène. Pourtant dans votre tête, c’était clair vous vouliez vous consacrer au théâtreOui c’est vrai. Et puis je suis allé à Caen voir Je vais t’aimer, la comédie musicale qui reprend mes chansons. Or, je ne m’écoute jamais. Le public connaît mes chansons par cœur, moi je n’écoute jamais mes disques. J’écoute en studio pour choisir les pistes qui iront sur le disque mais après, c’est fini. Je ne regarde pas les émissions de télévision non plus. Je ne suis pas mon client.À Caen, j’étais dans la salle avec le public, je voyais les réactions et j’entendais les commentaires. Il y avait tous les âges, ce qui m’a étonné parce que je m’attendais à trouver des gens de ma génération. Ce qui me paraissait logique parce que les disques que j’écoute sont ceux des gens que j’aime depuis longtemps. Je voyais des jeunes qui connaissaient mes chansons mieux que moi. Ma femme m’a dit, tu devrais remonter sur scène pour ton plaisir et pour le plaisir de retrouver le public.Justement, qu’avez-vous pensé de Je vais t’aimer, la comédie musicale inspirée de vos plus grands succès ?Quand on est venu me proposer l’idée d’une comédie musicale qui tournerait autour de mes chansons, je n’étais pas très chaud. Non pas parce que je n’aime pas mes chansons mais parce que je n’ai pas de style défini. Mon style, c’est « pas de style ». Je chante aussi bien une chanson d’amour qu’une chanson engagée ou sociale comme Le France. J’ai donc dit comment allez-vous faire une histoire autour de cela ? Et ils ont réussi, et très bien réussi. Quand je suis allé à Caen voir le spectacle, j’étais sur le cul. On dit toujours que les jeunes sont moins bons que les anciens, je peux vous dire que là, j’ai vu une troupe de jeunes gens qui chantent, qui dansent, qui jouent la comédie…. Formidable ! Qu’on ne vienne pas me dire qu’avant il y avait des artistes et que maintenant il n’y a plus rien.Vidéos : en ce moment sur ActuCe doit être émouvant de voir ses chansons reprises par une troupe de jeunesÇa fait drôle parce que moi, je ne les ai jamais écoutées. J’ai redécouvert certaines chansons que j’ai mises dans le nouveau tour de chant. Je les avais complètement oubliées. J’ai même dit à ma femme, ce n’est pas moi qui ai écrit cette chanson. Elle m’a répondu, mais si tu l’as écrite en 1995 et elle s’appelle Parlons de toi de moi. Je l’avais complètement oubliée.Il y a une chanson qui est numéro 1 sur un site de téléchargement, elle s’appelle Souris-moi. Je ne l’ai jamais enregistrée et elle n’est jamais sortie sur un disque. Quand ils ont sorti le le coffret Millésimes, Souris-moi a été numéro 1 chez les mômes, du coup je la mets parce qu’elle est bonne en plus !

Quelle sorte de spectacle préparez-vous pour ce retour ?Un récital, mais je voudrais montrer aux spectateurs quelque chose qu’ils n’ont pas déjà vu. Je ne veux pas faire de copié-collé de mes récitals d’avant avec les mêmes chansons. Il y aura évidemment les grands succès, je ne peux pas les retirer, mais ils seront traités d’une façon spéciale.Vous voulez dire que vous les avez réorchestrés ?Non, non. Cela s’appelle un « mash up ». J’ai découvert cela dans la comédie musicale et j’ai trouvé que c’était très intelligent. Je fais cela pour 17 chansons, 17 énormes tubes. Le reste ce sera des chansons que j’ai peu mises en tour de chant ou alors il y a longtemps. Des succès moins forts que le Connemara par exemple ou Je vais t’aimer, plutôt des chansons que le public n’a pas entendues depuis longtemps. Réorchestrées, arrangées… et des effets scéniques, c’est-à-dire une mise en scène du spectacle différente de ce que j’ai fait jusqu’à présent. Une surprise en réalité. Ça ne m’intéresse pas de refaire ce que j’ai déjà proposé dans mes derniers spectacles. D’ailleurs je l’ai constaté pour la comédie musicale, quand on leur offre quelque chose de différent, les gens réagissent différemment. Il ne faut pas croire que le public est là pour vous regarder, c’est un partenaire. Il connaît les chansons et il faut réussir à le surprendre avec ce qu’il connaît déjà et c’est ça le secret. C’est ce que je cherche à faire.Je ne veux pas vous donner trop de détails parce que nous sommes en train de construire le spectacle. Nous avons plein d’idées sur le papier. Est-ce que c’est réalisable ? Est-ce que c’est finançable ? Je crois qu’on y arrive et ça va être spectaculaire.Comment fait-on pour choisir 17 tubes dans un répertoire comme le vôtre ?C’est facile, vous prenez tous les titres dont vous vous souvenez et vous arriverez à 17, un peu plus ou un peu moins. Il y en a certaines que je ne reprends pas pour des raisons vocales. Il faut être honnête je sais que je n’arriverai pas à monter au contre-ut.Comment vous préparez-vous à ce retour ?Je prends des cours de chant. Mais cela va commencer vraiment trois heures par jour à partir du premier janvier.

Travailler sa voix 

dans le pays d’Auge Mais j’ai commencé J’ai gagné deux tons déjà, ça va vite. C’est une question d’entraînement. C’est comme le vélo. Je répète à Rouen, je débute à Rouen et après je chante à Caen, je suis donc chez moi.Dans Chanteur de jazz, sortie en 1985, écrite avec Jean-Loup Dabadie, vous chantez « des nuées de pédales sortaient de Carnegie Hall… » Est-ce qu’on peut encore chanter cela aujourd’hui ?Bien sûr qu’on peut ! J’ai été favorable au mariage pour tous et tout le monde sait que je ne suis pas homophobe, tout le monde sait que je me fous complètement de la vie privée des gens. On peut toujours le chanter, en tout cas moi je peux le chanter. Je ne vais pas changer les paroles pour sacrifier au bon ton actuel que je trouve très exagéré. La vie privée des gens ne devient pas un sujet de chanson, des attaques ou des critiques. Il y aura toujours des gens pour me traiter de réac, ce à quoi j’ai eu droit toute ma vie. J’ai toujours été traité de réac, de fasciste, pourtant je suis populaire donc ça prouve qu’ils se trompent.D’où vient cette réputation ?Quand j’ai écrit Les Ricains, la gauche, m’a traité de facho, les gaullistes d’emmerdeur. Après, les réputations restent.Dans votre répertoire avec vous une chanson favorite ?Je n’en ai pas. Je les aime à peu près toutes autrement je ne les enregistre pas. En général, c’est la dernière sortie la préférée mais je mentirais si je vous en citais une. En revanche, celle qui m’a le plus surpris, c’est Les Lacs du Connemara. La chanson faisait 7 minutes 40 et je me suis dit ça ne marchera jamais. Personne ne passera à la radio une chanson aussi longue. Et vous voyez…Le France, par exemple, il était vendu depuis deux ans quand la chanson est sortie. Plus personne n’en parlait. D’un seul coup je crée une révolution. Si on m’avait dit ça. Pierre Delanoë avait écrit sur mon oreiller, je suis Le France, pas la France (démerde-toi). J’ai fait la chanson dans la nuit.Le spectacle préféré, ça va être le prochain. Vous verrez, il y a des trouvailles.Les concerts au Zenith de Rouen, le 3 octobre 2023 et Caen, le lendemain, sont complets.  Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Le Pays d’Auge dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.