Interview de la semaine : Jacques Raymond, Vincent Mollet « Vos affaires sont leur affaire »


Par Xavier Paccagnella
Publié le

24 Avr 24 à 11:32
 

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Pour parler des Avocats du Thélème, ce cabinet de conseil en droit des affaires bien connu des Montpelliérains, il aurait fallu tous les inviter. Tous, cela signifie six avocats associés, mais aussi 11 avocats collaborateurs ou juristes et pas moins de cinq assistantes et comptables. Alors, comme cela risquait tout de même de faire beaucoup de monde autour de la table, ils seront finalement deux à nous rejoindre et à accepter de sortir de leur réserve habituelle pour se frotter à l’exercice médiatique.

Cette semaine, souhaitons la bienvenue à Maître Jacques Raymond et à son confrère Maître Vincent Mollet. Au menu de notre déjeuner : l’actualité de leur cabinet (ouvert en 1978  ! ) mais aussi une réflexion plus large sur le domaine de la santé, en particulier celui de la pharmacie, dont ils sont devenus l’un des cabinets-conseils référents dans le Sud, quand on parle de fusion-acquisition.

Interview

Métropolitain : Chers maîtres, à qui revient l’honneur de présenter le cabinet Les avocats du Thélème ? Vincent Mollet : Jacques ayant rejoint le cabinet avant moi, je propose de le laisser ouvrir le bal.

 Jacques Raymond : C’est trop de pression pour un seul homme, vraiment  ! Sourire. Je vais tâcher de faire très simple, pour ne pas ennuyer vos lecteurs : nous sommes une société d’avocats spécialisée en droit des affaires, créée en janvier 1978 par Jean-Michel Carlier, initialement sous la forme d’un cabinet de conseil juridique et fiscal à destination des entreprises. Cette société bientôt cinquantenaire s’est, avec les années, étoffée à mesure qu’elle montait en compétences et recrutait des spécialistes dans différents domaines du droit.

Aujourd’hui, Les Avocats du Thélème regroupe 6 associés, dont Vincent et moi faisons partie, mais aussi 7 avocats, 4 juristes et 5 salariés. Je précise que nous sommes inscrits au barreau Montpellier, mais que nous disposons également d’un bureau à Béziers, sur les allées Paul Riquet. Cela, tout simplement parce que l’un des associés, Maître Thibault Gandillon pour ne pas le citer, est Biterrois… et très fier de l’être.

 Vincent Mollet : J’aimerais pouvoir citer le nom des quatre confrères et consœurs associé.e.s, si vous me le permettez : Maître Thibault Gandillon, qui pratique le contentieux du droit du travail, droit pénal des affaires mais aussi le droit de la famille; Maître Virginie Arcella-Lust, positionnée, elle aussi, sur le contentieux du droit du travail et de l’immobilier-construction.

Citons aussi Maître Olivier Mingasson. Lui, exerce principalement en matière de contentieux commercial et de droit des successions. Mais il compte aussi d’autres cordes à son arc : droit bancaire, les champs de responsabilité civile médicale et de contentieux disciplinaire médical et paramédical.

Last but not least, Maître Delphine Terrasson. Elle, conseille tous les types d’entreprises en droit des sociétés et en droit commercial.

« La proximité avec les entreprises est un facteur essentiel de notre réussite » ©MétropolitainJe note toutefois qu’à l’origine, il était question d’un cabinet de « conseil juridique ».

La nuance est importante, n’est-ce pas ? Jacques Raymond : Effectivement, elle l’est car cette activité de conseil juridique, qui pouvait autrefois s’exercer de manière « différenciée », dirons-nous, a été absorbée par la profession d’avocat en 1991. Pour autant, cette activité de conseil juridique reste très estimée par les professionnels, dont nous restons très proches, avec cette volonté affirmée de répondre de façon très pragmatique à leurs besoins, à leurs questions. La proximité avec les entreprises est un facteur essentiel de notre réussite, c’est même dans l’ADN des Avocats du Thélème.

Chez nous, on n’envisage pas les clients comme des « dossiers ». Bien sûr, afin d’éviter une forme de marginalisation et de pouvoir apporter une réponse complète à nos clients, le cabinet s’est renforcé avec les années. Des spécialistes dans tous les domaines du droit ont complété, petit à petit, l’équipe.

Pour parler à la façon des professions de santé que nous accompagnons en très grand nombre, nous sommes des « généralistes » à l’échelle collective par la complémentarité humaine de notre cabinet, mais des « spécialistes » à l’échelle individuelle. Au final, cela donne un cabinet très complet, avec toutefois une identité très forte sur la cession d’entreprises et de fonds de commerce.
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Vincent Mollet : Comme Jacques vient de le dire, nous accompagnons, de manière « historique », les professionnels de santé en tête desquels les praticiens libéraux, mais je tiens à souligner que nous touchons à tous les secteurs et à toutes les tailles d’entreprises, d’une à cinquante salariés ou plus.

 Jacques Raymond : Pour ma part, j’ai structuré ces quinze dernières années un « pôle pharmacie » car le droit relatif à ce type de sociétés est extrêmement complexe, codifié, encadré. Notamment par l’Ordre, très puissant et vigilant sur le sujet des cessions et transferts d’officines. Dans cette matière, il faut maîtriser le code de la santé publique, le code de Commerce, mais aussi le Code général des impôts.

Et toutes les circulaires qui tombent régulièrement. Sans compter les enjeux financiers représentés par les pharmacies… Ticket d’entrée : un million d’euros minimum.

« On suit les clients sur 6 mois en moyenne pour une simple acquisition » ©Mario SinistajRares sont les pharmaciens qui achètent seuls, j’imagine ? Jacques Raymond : C’est en effet plutôt rare.

D’autant qu’on observe l’arrivée progressive de fonds d’investissements qui viennent sinon déséquilibrer le marché, le complexifier. Pacte d’associés, équilibrage financier, conseils en termes de social comme de fiscalité… Notre job, c’est d’apporter une valeur ajoutée. D’ailleurs, sur ces dossiers, on suit les clients sur 6 mois en moyenne pour une simple acquisition.

 Faut-il nécessairement être pharmacien pour acheter une pharmacie ? Jacques Raymond :  Oui. En cela, les pharmaciens plus que d’autres professions, ont su se protéger. Même si, comme je l’évoquais il y a quelques instants, les fonds d’investissements se positionnent progressivement, à la faveur de certaines habiletés juridiques qui leur permettent de pénétrer le marché.

 Vincent Mollet : Ce phénomène se développe bien au-delà de cette profession et concerne plusieurs activités médicales telles que les vétérinaires, les oncologues… Nous sommes spectateurs de ces bouleversements et attentifs aux réactions des différents ordres encadrant ces professions. Certains ordres ont modifié leur procédure d’examen des dossiers afin d’essayer de contenir le phénomène de financiarisation des professions et n’hésitent plus à saisir les juridictions pour contester le bienfondé ou la légalité de montages complexes. Nous sommes parfois interrogatifs sur la pérennité de ces modèles économiques fondés sur des acquisitions à des valorisations largement supérieures à la valeur de marché jusque-là pratiquées.

 Nous avons ainsi pu assister à la prise de contrôle d’une clinique vétérinaire par un fonds d’investissement sur la base du double du prix proposé par le collaborateur du vétérinaire, repreneur « naturel » de la clinique. Sur le long terme, cette financiarisation peut inquiéter les jeunes professionnels arrivant sur le marché du travail qui ne pourront prétendre qu’à postes des rémunérations de simples salariés éloignées du statut et de la rentabilité de cabinets indépendants tels que nous les connaissons aujourd’hui.

« Nous avons pourtant des échanges très productifs avec nos amis experts-comptables » ©Mario SinistajVous évoquez étrangement assez peu les experts-comptables, qu’on retrouve pourtant souvent aux côtés des entreprises.

 Vincent Mollet : Nous avons pourtant des échanges réguliers et très productifs avec nos amis experts-comptables. D’ailleurs, nous partageons notre siège avec le cabinet Cazes-Goddyn et avons su créer, avec les années, une véritable association. Cela nous permet d’adresser à nos clients des propositions de missions communes… et ultra-complètes.

 Le contexte actuel a-t-il « accéléré » vos affaires ? Vincent Mollet : Qu’entendez-vous par là ? Je veux dire qu’entre les Gilets Jaunes, les retraites, les épisodes de Covid, la hausse fatale des coûts de l’énergie pour certains commerce… Les cessions d’entreprises sont revenues sur le tapis. Vincent Mollet : Notre cabinet a eu à faire face comme toutes nos entreprises clientes, à des crises immobilières ou financières comme en 1992, 2008 et dernièrement la crise COVID.  Pour cette dernière, le cabinet n’a pas rencontré de difficultés majeures grâce notamment en l’occurrence, à notre veille technologique et cette volonté de chacun des associés et collaborateurs, de rester à la pointe des pratiques.

Exemple avec la signature électronique. Si les notaires s’étaient emparés du sujet depuis plusieurs années déjà, c’était loin d’être le cas pour nous, avocats… Alors quand le Covid a surgi, nous n’avons pu que nous féliciter d’avoir anticipé la dématérialisation de nos process quotidien. Nos clients, aussi, ont apprécié et pu concrétiser leurs cessions ou acquisitions en cours malgré les confinements.

 Le temps du droit est un temps long, mais celui des affaires est beaucoup plus rapide. Comment vous positionnez-vous par rapport à la demande de vos clients ? Jacques Raymond : Je partage votre constat : le monde d’aujourd’hui va vite, très vite, parfois trop vite. Une culture de l’instantanéité s’est développée.

Pour autant, un travail rigoureux, un conseil avisé, cela requiert un peu de temps. Personnellement, je ne manque jamais de le rappeler à nos clients. Mais pour tous les « petits services » du quotidien, comme l’envoi de documents, le renseignement de premier niveau, on fait comme tout le monde : au mieux, et au plus vite car c’est ce que les chefs d’entreprises attendent de nous.

 Vincent Mollet : Heureusement que nous sommes nombreux. On peut s’aider sur un dossier, s’interroger les uns les autres selon nos spécialités.

« Nous cherchons à recruter de nouveaux collaborateurs »

Êtes-vous au complet, du point de vue des spécialités ? Jacques Raymond : Nous offrons un prisme déjà très large, mais nous cherchons à recruter de nouveaux collaborateurs pour répondre à la demande, absorber une partie du travail et bien sûr, étoffer l’offre du cabinet.

Nous privilégions pour cela les recrutements, auprès du DJCE (Diplôme Juriste Conseil en Entreprise, NDLR) dont la plupart des avocats sont issus fondé par le professeur Jean-Marc Mousseron. D’autant que notre périmètre s’est étendu au fil du temps. Quel est-il ? Vincent Mollet : Nous couvrons l’Occitanie, la région PACA et la grande région Auvergne Rhône-Alpes.

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« Le lien humain est vecteur de confiance  » ©Mario SinistajVous évoquiez la proximité tout à l’heure. Comment pouvez-vous la garantir à vos clients auvergnats, par exemple ? Vincent Mollet : Nous mettons un point d’honneur à entretenir des liens humains. Et chacun de nous effectue de nombreux rendez-vous « terrain », c’est-à-dire au cœur des commerces et des entreprises.

Cela étonne parfois certains clients, mais c’est très apprécié. D’autant que cela permet parfois de mettre au jour certaines problématiques.  Jacques Raymond : Le lien humain est vecteur de confiance.

On comprend souvent plus de choses en 1h de temps passé avec le client qu’en échangeant mille mails, aussi précis soient-ils… J’en reviens au sujet des pharmaciens : notre expertise a permis que nous soyons sollicités au-delà des frontières des territoires que Maître Mollet vient d’évoquer. Pour la restructuration ou la mise en société de leurs activités, comme en vue de la vente ou de l’achat d’officines, je suis amené à me déplacer dans tout la France.Si vous deviez définir votre cabinet en trois adjectifs ? Vincent Mollet : Nous assistons, conseillons et défendons nos clients grâce à un service personnalisé couvrant l’ensemble des besoins juridiques et judiciaires, les trois adjectifs sont donc….

 Jacques Raymond :  Cette question, on nous l’a déjà posée et la réponse a fait consensus : prudence, discrétion, réactivité. Et c’est cohérent car plus qu’un suivi, les Avocats du Thélème proposent un véritable accompagnement. Leurs affaires… sont nos affaires.

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