« J’ai été élevé dans la haine du bourgeois. En vieillissant, on se détend »


Un café chicos porte d’Auteuil. Public de rombières, familles cossues, couples illégitimes, quelques têtes télévisuelles du 16e arrondissement de Paris. On s’est assis au fond sous le portrait du maréchal d’Empire en beau gosse. « J’ai été élevé dans la haine du bourgeois. En vieillissant, on se détend. Chabrol m’a appris ça. Il me disait  : “Ecoute, j’ai fait un Macbeth avec Roger Hanin qui avait l’accent pied-noir. Tu vois, on survit à tout…” »

« Parfois, dans les salles, on me hèle encore  : “Eh ! Momo  !” »

« J’ai été élevé dans la haine du bourgeois. En vieillissant, on se détend »

Le fait est qu’il n’habite pas loin. On opte pour des vodkas-Martini façon 007, shaken, not stirred – « secouées, pas remuées », avec les olives en broche flottant à la surface. Ça arrache. Il grimace. « Faut être humble  : j’ai fait 70 films… Demande à quelqu’un d’en citer plus de trois. Personne n’y arrive, c’est toujours Walter dans La Pianiste, Momo dans La vie est un long fleuve tranquille… C’est tout. Pour tous les acteurs, c’est pareil. Demande à Sophie Marceau  : La Boum  ! Parfois, dans les salles, on me hèle encore  : “Eh  ! Momo  !? Ça commence là, ou presque. Dans le quartier des Gobelins, à Paris. Michèle, la mère, est infirmière. D’abord à l’hôpital du Val-de-Grâce, puis en libéral. Grand cœur, elle ramène la misère du monde à la maison pour en prendre soin. Le père, employé de banque, est du genre à ne pas supporter les poils de chien et à rêver de réussite sociale. Il a tôt fait de déserter, en laissant ses deux garçons. Un homme le remplace, il s’appelle Benoît. Du coup, l’enfant devient « le petit Benoît ». Il grince  : « C’était hors de question. Gamin, je gonflais toujours le torse. C’était presque une obsession. J’avais peur de ne pas être assez fort. » Le beau-père ne fait pas de vieux os et part en laissant une petite sœur.

Un pied dans le sérieux, un autre dans la rue

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