Là où elle voyait un moyen simple et rapide de gagner de l’argent, la réalité a été tout autre. Elle revient sur cette expérience, et rappelle les difficultés de ce type de travail du sexe.
ce sera génial et je gagnerai de l’argent sans efforts ». Il y a quelques années, alors que j’étais face à un gros découvert que je ne savais pas comment combler, j’ai décidé de sauter le pas.
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comme une solution purement financière. Je me disais que ce serait facile, et que quoi qu’il arrive, ça ne pourrait pas être pire que la situation dans laquelle j’étais.
je ne voyais pas cette pratique comme un travail du sexe.
J’ai commencé à faire des recherches sur les réseaux sociaux, à observer comment certains comptes, notamment sur Twitter (à l’époque, il n’y avait pas encore de plateformes comme OnlyFans ou MYM) fonctionnaient. Quand j’ai eu l’impression de comprendre, je me suis lancée et j’ai créé mon propre compte, très angoissée à l’idée que l’on puisse me reconnaître ou que mes proches l’apprennent.
avec ou sans vernis que je pouvais ensuite envoyer rapidement.
Quand j’ai réalisé que c’était un travail du sexe
les envoyer merci et profiter de l’achat pour discuter avec la personne qui les vend. Parfois, ils veulent des vidéos pendant lesquelles je n’allais pas rester statique…
Hannah Gullixson / Unsplash
Alors, forcément, même s’il n’y avait rien de sexuel pour moi dans le fait de montrer mes pieds, je jouais le jeu. Parce que je ne voulais pas me moquer des désirs des autres, parce que je ne voulais pas que mes clients se sentent ridicules (il y a une vraie personne derrière l’écran), mais aussi parce que c’est un business et que quand on veut faire payer des gens, il ne faut pas leur envoyer un truc nul.
C’est là que j’ai compris que mon travail était un travail du sexe.
Mais même si j’exposais clairement ces limites, elles n’étaient pas toujours respectées. Souvent, les clients cherchaient à me mettre la pression, et à faire en sorte que je sois disponible pour eux sans cesse.
Des interactions parfois violentes, et des pressions
Un jour par exemple, alors que j’étais avec des amis en train de faire autre chose, un de mes clients les plus réguliers a pris contact avec moi. Je lui ai répondu que j’étais en train de faire autre chose, que je ne travaillais pas à ce moment-là, mais que je reviendrai vers lui plus tard. Là, il a pété un plomb, s’est énervé et m’a fait des reproches. « C’est juste un travail pour toi, ça ne te fait pas du tout plaisir de me parler ? ! »
J’étais pourtant sincère : si je disais à quelqu’un « Tu es très sympa », je le pensais vraiment. Mais bien sûr que c’était un travail pour moi, un travail du sexe que je n’aurais jamais fait si je n’avais pas eu besoin d’argent.
notamment parce qu’elle s’exprimait de plusieurs manières différentes.
Il y a des mecs qui ont l’air très agréables au début, et qui, au bout d’un moment, se mettent à t’insulter, à t’imposer leurs délires sexuels sans consentement. Il y avait des clients qui voulaient aller de plus en plus loin, qui me disaient des choses violentes qui n’avaient rien à voir avec le cadre qu’on avait posé à la base, même si on n’avait pas signé de contrat.
puis en essayant de m’amadouer pour que je dépasse mes propres limites pour eux, que j’accepte des choses que je refusais.
ça fait un client en plus pour elle, quitte à parfois se faire des coups bas.
Dans cet isolement, quand je trouvais un client régulier avec qui les choses se passaient bien et qui me payait sans m’arnaquer, je me retrouvais à avoir envie de presque tout accepter. Je me disais « C’est une perle rare, il faut que je le garde, je n’ai pas envie de faire quelque chose qui ne lui plaît pas », ou bien « Normalement, je ne fais pas ça, mais pour lui… ». Ça reste un rapport de pouvoir, même si j’avais choisi cette situation, et il est épuisant à gérer.
C’est là que c’est devenu compliqué, et c’est ce qui m’a amenée, entre autres, à arrêter.
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Puis, voyant que les choses commençaient à marcher et que je pouvais gagner de l’argent comme ça en étant relativement en sécurité, je me suis posé la question : est-ce que ça ne valait pas le coup de continuer ?
ce n’est pas arrivé, du moins à ma connaissance.
Il y avait aussi une question de principe. Je me disais que ce fétiche autour des pieds n’était pas le mien, que je l’avais « utilisé » pour gagner ce dont j’avais besoin, mais qu’il était temps de laisser la place à celles qui partageaient ce kink… Ou à celles qui avaient plus besoin d’argent que moi.
Enfin, la manière dont les hommes agissaient a largement contribué. J’étais fatiguée de trouver sans cesse des stratagèmes pour éviter les arnaques, pour faire respecter mes limites, pour répondre au marchandage…
Un travail qui n’a rien d’une solution de facilité
la retoucher, échanger… Tout ça est long, et on ne se rend pas compte des compétences que ça demande.
À titre personnel, je ne regrette pas cette expérience. Cela m’a forgée d’apprendre à poser mes limites, à faire en sorte de les respecter, et à faire mon chemin dans un milieu que je ne connaissais pas, en assurant au maximum ma sécurité. Je n’irais pas raconter cette expérience à n’importe qui, mais je n’ai pas honte non plus de l’avoir fait.
dans un milieu de requins.
J’ai longtemps haï mes pieds pas comme les autres
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