« Je me porte bien ! » ou la pédagogie par l’émotion


des magistrats et des membres d’associations.

Sonya Aya se retrouve au cours d’une intervention dans le XIXème arrondissement de Paris qui va changer sa vie. Interpellée dans la rue pour venir en aide à une femme agressée au couteau par son compagnon, Sonya est frappée par l’intensité du regard de la victime à qui elle sert la main en attendant les secours.

« Je me porte bien ! » ou la pédagogie par l’émotion

Dix minutes d’attente qui lui semblent alors une éternité.

Son sentiment d’impuissance et d’incompréhension ne la quittera plus. Elle décide alors de se consacrer à la problématique des violences conjugales en créant un outil pédagogique et de prévention  : une œuvre théâtrale.

Dans un premier temps, cet outil serait destiné à ses collègues pour leur permettre d’avoir un regard juste et bienveillant sur les victimes à l’issue de la représentation. Un outil pour comprendre la complexité du fléau des violences conjugales et pourquoi il n’est pas si simple pour une victime de quitter son bourreau.

En 2005, l’autrice écrit la pièce en une semaine mais la parachève pendant quinze ans. Il y a l’expérience professionnelle bien sûr, mais aussi et surtout des centaines de journées de travail sur son temps libre consacrées à cette cause. Elle multiplie les rencontres avec les associations, des psychologues, psychotraumatologues, des spécialistes de la prévention et tente de comprendre pourquoi ces individus – souvent des femmes – restent aux côtés de la personne qui les maltraite.

Pourquoi acceptent-elles la première injure, la première gifle ? Pourquoi déposer plainte pour ensuite retirer cette plainte ?

Toutes ces questions, la gardienne de la paix depuis vingt ans affectée à la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) y répond avec Je me porte bien  ! traduit par la voix et les gestes de la comédienne Caroline Misbach, seule en scène.

C’est l’histoire de Rose, 22 ans, pleine de vie et amoureuse d’Alexandre, un homme violent. C’est l’histoire d’une descente aux enfers.

La jeune femme explique son incapacité à se séparer de son prince « charmant » et comment trouver les ressources pour s’en sortir.

La pièce est rôdée pendant deux ans au théâtre de l’Echo à Paris ainsi qu’au festival Off d’Avignon en 2019.

« C’est la magie du théâtre, il se passe quelque chose, je le vois dans le regard des collègues, ça les marque »

Sonya Aya, autrice et metteure en scène « Je me porte bien ! »

pour faire avancer les choses », confie l’autrice.

psychologues, médecins, délégués aux droits des femmes. Et des réactions qui s’impriment  : « Quand une jeune femme vous dit  : « Merci j’ai compris plein de choses et je serai hyper vigilante dans mes rencontres futures », c’est cadeau », s’enthousiasme la metteure en scène.

« C’est la magie du théâtre, il se passe quelque chose, je le vois dans le regard des collègues, ça les marque », observe Sonya Aya.

continue ou autre.

sachant que la création s’adresse à un public âgé de 16 ans et plus.

Sonya Aya projette également de présenter sa création à des personnes condamnées pour violences, par exemple dans le cadre du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) qui a pour mission principale la prévention de la récidive.

Enfin, une deuxième pièce est en cours d’écriture, consacrée à l’impact des violences sur les enfants.

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