A quelques jours de la réception du PSG en Ligue 1 (dimanche, 20h45) et à désormais moins de trois semaines du choc contre Chelsea en Ligue des champions, l’entraîneur du LOSC Jocelyn Gourvennec a accordé un entretien à RMC Sport. Il y parle de son adaptation, des critiques, et même… des hors-jeux du bouillant Burak Yilmaz.
Jocelyn, êtes-vous soulagé que le mercato soit terminé, même si Reinaldo est parti?
Oui, quand on est entraîneur, on est toujours content que le mercato se termine parce que ça crée des troubles auprès des joueurs, ils se posent des questions quant à leur avenir et c’est normal. Quand c’est terminé, on peut se projeter et expliquer au groupe que l’on est focus sur ce qui va se passer devant et on avance. Après, Reinildo a été un joueur important du Losc évidemment, il faisait partie des joueurs de base cette saison, c’est toujours embêtant sportivement mais maintenant c’est « la vie du foot », une fois que c’est terminé, je ne me retourne plus. Reinildo est parti, bon vent à lui, c’est un garçon charmant, un partenaire très important dans la vie du Losc et du vestiaire. Maintenant, on regarde devant et les échéances, c’est avec ceux qui sont là aujourd’hui.
Du coup, Gabriel Gudmunsson devra prendre ses responsabilités?
Oui, il y a Bradaric qui est resté malgré le peu de temps de jeu et qui aurait pu aller ailleurs, mais on garde un effectif compétitif.
On sent que vous maîtrisez votre équipe mais qu’il a fallu un temps d’adaptation…
On ne peut pas créer des relations du jour au lendemain, encore plus quand un groupe a été champion. C’est assez rare que l’entraîneur qui a été champion s’en aille, ça ne se passe pas souvent comme ça, donc c’est au nouvel entraîneur de s’adapter le plus vite possible. La relation avec les joueurs a été très bonne, très vite. On a pu construire des choses d’abord à travers le Trophée des champions, puis aussi, et c’est peut-être moins sympa, avec les hauts et les bas en début de championnat. Le parcours en Ligue des champions a renforcé nos liens parce que dans la difficulté on a répondu présent. On s’est jaugé aussi les uns et les autres. Je pense que les joueurs me connaissent bien maintenant, ils savent que j’ai un axe et que je m’y tiens et qu’il n’y pas de décalage entre ce que je peux dire et ce que fais. Pour bien coacher les joueurs, il faut bien connaître les hommes, c’est fondamental, pour ça on ne peut pas jouer avec la montre. C’est normal qu’après sept mois, le lien soit plus établi qu’au bout d’un mois ou deux.
Dès votre nomination, vous avez essuyé beaucoup de critiques?
Oui, je me suis fait massacrer et en même je me suis protégé de ça, je ne suis pas rentré dans la polémique, je ne me suis jamais plaint. Je n’ai pas voulu perdre de l’énergie pour rien. J’ai trouvé ça dur mais une fois que l’on fait ce constat-là, il faut avancer et je me suis mis dans ma bulle pour aider le Losc puisque c’est la mission que l’on m’a confiée. Je n’ai jamais voulu aller sur ce débat-là, j’avais mes preuves à faire et je pense que je les ai faites en respectant le club, la mission que l’on m’a offerte, en respectant les gens du club, et aussi les médias puisque je n’ai jamais fui le débat ou les discussions. Aujourd’hui, on a fait de très bonnes choses mais le travail n’est pas terminé parce que l’on a encore des choses importantes à faire en Ligue 1 et Ligue des champions. Il faut que l’on aille plus loin, que l’on fasse rêver les gens, on a encore plein de belles échéances à vivre.
Il y a un match qui ne vous a pas aidé, c’est la défaite contre Nice à domicile (4-0) et face à Christophe Galtier…
Il y a des moments difficiles dans une saison, c’était un moment difficile ce premier match. J’étais surtout très déçu de ce match-là parce que c’était les retrouvailles de l’équipe, championne de France, avec son public et j’ai trouvé ça très dur. J’ai trouvé que ni les joueurs, ni le public ne méritaient ça, il a fallu que l’on dépasse ça et je pense que la Ligue des champions nous a aidé à créer du lien entre l’équipe et le public. On a réussi à être invaincus chez nous depuis et il faut que l’on cultive ça parce que c’est important d’être fort chez soi.
Aujourd’hui, on vous sent épanoui au sein de votre équipe, même si vous avez perdu beaucoup de points sur pas grand-chose..
C’est vrai, c’est une saison un peu bizarre parce qu’il y a un décalage entre nos productions et ce que l’on récolte mais en même temps il faut que l’on s’améliore, que l’on soit un peu plus méthodique pour mieux finir nos situations. Je trouve que l’équipe joue mieux maintenant, elle a un bon équilibre. On doit s’améliorer encore pour prendre moins de buts parce que les équipes qui s’améliorent le plus, ce sont celles qui prennent moins de buts, c’est corrélé. C’est assez frustrant, ce sentiment-là il faut qu’on le dépasse et que l’on soit encore meilleurs.
Vous avez des joueurs à fort tempérament, notamment Burak Yilmaz, qui est encore sorti énervé durant le match contre Brest…
C’est le match en lui-même qui était frustrant parce que l’on dominait et que l’on n’arrivait pas à marquer, il faut avoir une bonne relation avec le joueur et bien connaître l’homme. Je pense que je connais bien les joueurs, Burak comme les autres. C’est que l’on a un groupe qui a beaucoup de tempérament et de caractère et quand ça ne tourne pas, ça peut être volcanique. Ça fait partie de la force de ce groupe, après c’est à moi de gérer tout ça en sachant que je suis l’entraîneur du Losc et non l’entraîneur d’untel ou untel.
Burak, c’est le plus compliqué à gérer?
Non, ce n’est pas le compliqué, c’est un garçon à fort caractère qui peut parfois avoir des colères, ce n’est pas le seul. C’est un des joueurs historiques de la Turquie, toujours en activité, c’est le capitaine de la Turquie donc il focalise toujours l’attention. La moindre de ses réactions est toujours scrutée mais j’échange beaucoup avec lui et on revoit ça au calme, à tête reposée.
Pourquoi Burak est-il le joueur le plus « hors-jeu » du championnat?
Ça fait partie des caractéristiques du joueur, c’est quelqu’un qui pèse beaucoup sur les défenses et qui est toujours à la limite, il faudrait faire un focus sur les défenseurs centraux, ils sont toujours sur le « qui-vive », ils ne sont jamais tranquilles, car la moindre inattention peut être fatale.
Dimanche, il y a un gros match face au PSG. Pourquoi Paris est si loin au classement sans être extraordinaire?
Parce qu’ils ont lâché peu de points, ils sont peut-être moins dominateurs cette saison, mais ils sont très efficaces et ont beaucoup de talent. On a connu des PSG plus dominateurs, c’est moins le cas, par contre ils sont très efficaces. Ils ont un trio offensif qui est très fort. Après nous, nous jouerons notre jeu contre eux, on aura un stade plein, ce qui est fantastique après les stades quasiment vides. On a toujours eu une belle ambiance, même si on n’a pas toujours gagné.
Ne pas se qualifier en Ligue des champions serait-il une grosse déception?
Il reste seize matchs, on a lâché des points mais on sait que l’on n’est pas très loin parce que c’est très serré. Après quand on joue Paris, on veut créer l’exploit et on ne pense pas aux conséquences d’un match raté. Il faudra que l’on soit très, très bons, que l’on emmène le stade avec nous et que l’on soit bons tactiquement. Ils ont des joueurs très forts mais nous aussi, on a des arguments.
Bientôt le huitième de finale de la Ligue des champions contre Chelsea (22 février et 16 mars): est-ce imaginable de passer?
C’est une très grosse équipe, ils ont beaucoup d’expérience et ils sont tenants du titre. Bien sûr que l’on a le droit de rêver mais il faudra que l’on soit à un très haut niveau et que l’on arrive à les faire douter.Propos recueillis par Jean Bommel