« Je me suis senti très en danger et ça se voyait », déplore Mattéo, éliminé au deuxième épisode


Il était le chouchou des téléspectateurs et des téléspectatrices de Koh-Lanta, le totem maudit. Mattéo, 20 ans, avait conquis le public en un épisode, suscitant une énorme empathie lorsqu’il n’a pu cacher sa tristesse d’avoir été choisi en dernier lors de la constitution des équipes. La tribu violette ne lui a définitivement pas fait de cadeau puisqu’à l’issue de la deuxième émission diffusée mardi sur TF1, elle l’a éliminé sans tergiverser. Le danseur de l’ Opéra de Paris, remis de sa déception, a répondu aux questions de 20 Minutes.

Lorsque Denis Brogniart éteint votre flambeau, vous semblez presque soulagé. C’est exagéré de dire ça ?

Oui  ! (rires) C’est un soulagement parce que le dernier jour a été très long. Le conseil a eu lieu tard et je savais depuis plusieurs heures que j’allais être éliminé. Mais, sur l’ensemble de mon aventure, ce n’est pas du tout un soulagement, c’est une énorme déception.

« Je me suis senti très en danger et ça se voyait », déplore Mattéo, éliminé au deuxième épisode

Votre alliée Stéphanie a voté contre vous et vous contre elle. Vous n’avez pas envisagé de profiter du bracelet noir de Yannick pour tenter une stratégie contre lui ?

On était tous les deux visés. Ils étaient cinq contre nous. On ne pouvait rien faire, on n’avait pas de collier et on savait très bien qu’ils allaient séparer leurs votes entre nous deux. Ils auraient mis trois votes sur l’un et deux sur l’autre. Si on avait voté contre Yannick, cela aurait fait trois votes contre lui en prenant en compte son bracelet noir. Cela aurait fait une égalité et on aurait dû revoter. Yannick aurait quoi qu’il en soit été sauvé. On s’est donc dit qu’on allait voter l’un contre l’autre, comme ça, la personne qui resterait dans le jeu ne se mettrait personne à dos.

Le fait d’avoir été choisi en dernier lors de la formation des équipes a conditionné tout le reste de votre parcours ?

Quand il y avait encore Céline et Setha, je pouvais me dire qu’elles sortiraient probablement avant moi… Mais je savais que je n’étais pas dans l’alliance majoritaire et j’avais l’impression d’avoir une cible sur le front. Parce que j’avais été choisi en dernier, que j’avais montré une faiblesse… Et comme dans Koh-Lanta, on juge très vite, sur les apparences, et que je n’ai semble-t-il pas une apparence qui fait flipper ou qui donne envie de m’avoir dans son équipe… Après avoir pleuré, je me suis dit  : « C’est bon, t’es catégorisé, direct  : faible ». Je me suis senti très en danger et ça se voyait.

Cela a fait remonter de mauvais souvenirs d’école ?

Pas du tout  ! Moi, à l’école, j’ai toujours été très intégré. J’étais celui qui était choisi en premier parce que j’étais très sportif, d’où la violence du moment. Ce genre de choses ne m’était jamais arrivé. Aujourd’hui, je reçois plein de messages de gens me disant  : « Ne t’inquiète pas, j’ai connu ça toute ma scolarité… », mais moi, je n’ai jamais vécu ça. J’étais toujours intégré dans les groupes.

Vous êtes l’un des candidats qui ont suscité le plus de réactions lors de la diffusion du premier épisode. Vous recevez beaucoup de messages ?

Je reçois des messages toute la journée ma façon de ne pas cacher mes émotions, etc. plaisent aux gens.

Vous étiez le benjamin de cette saison. Aviez-vous l’impression de devoir faire vos preuves ?

Je n’arrêtais pas de dire qu’il fallait que je me surpasse, que je fasse trois fois plus que les autres. C’est ce que j’ai fait sur les épreuves. Je me suis arraché parce que je n’avais pas le choix. Hélas, ça n’a pas suffi. Sur le camp, c’est pareil, je n’osais pas m’asseoir, malgré la fatigue. Je marchais comme un zombie. J’étais extrêmement fatigué mais je n’osais pas me poser. Quand on se sent en danger, on ne passe pas la même aventure que quand on est dans une alliance majoritaire, dans un climat de confiance.

Il semblerait que vous ayez eu du mal à cacher votre pessimiste à vos camarades d’aventure…

dont je parlais tout à l’heure, a joué sur tous les tableaux. Je suis toujours comme ça dans la vie  : je verbalise beaucoup les choses. J’ai besoin de beaucoup parler et je suis excessif, c’est-à-dire que je m’exprime avec des émotions et des mots assez forts, dans le positif comme dans le négatif. Cela se voit aussi dans mon attitude. En voyant le premier épisode à la télé, j’ai constaté que j’avais les épaules complètement fermées alors que d’habitude je me tiens droit parce que je suis un danseur. Je vois à ma posture que je ne me sens pas bien. Et sur le camp, à mon allure, les gens voyaient que je n’allais pas bien. Personne n’a été méchant avec moi, mais j’étais lucide sur le fait qu’à partir du moment où il y allait avoir un choix à faire , ça tomberait sur moi. Je me suis senti rejeté.

Après votre élimination, dans votre interview face caméra, vous dites que vous n’avez pas pu montrer ce que vous vouliez montrer. Aujourd’hui, vous seriez toujours aussi dur envers vous-même ?

(Un temps, il réfléchit) Je ne doute pas du fait que mes proches, dont je parle à ce moment-là, sont fiers de moi et ne me jugent pas. Ils ont très bien compris ce qu’il s’est passé. Je suis fier de moi parce que, malgré le fait qu’on ne m’ait jamais réellement fait confiance, j’ai réussi sur les épreuves à faire le maximum. J’étais très à l’aise sur le jeu des élastiques ou sur le confort de la deuxième émission. J’ai montré que, mentalement, je n’avais aucun problème. J’insiste bien  : le fait de me sentir en danger était la seule cause de mon mal-être. La force mentale, la résistance mentale à l’effort, je l’ai puisque je fais de la danse classique. Je passe ma journée à résister dans des positions délicates.