La question des colonies en Cisjordanie brouille la normalisation des relations entre le Maroc et Israël


Le président de la Knesset, Amir Ohana (à gauche), et le président de la Chambre des représentants du Maroc, Rachid Talbi Alami, à Rabat, le 8 juin 2023. – / AFP L’événement avait déjà été repoussé quatre fois depuis mars. Mardi 20 juin, le Maroc a notifié son partenaire israélien que le Forum du Néguev, réunion sous parrainage américain de ministres de quatre pays arabes ayant des relations avec Tel-Aviv, qui devait se tenir cette année dans le royaume chérifien, était une nouvelle fois reporté. D’après une source au sein du ministère des affaires étrangères de l’Etat hébreu, Rabat a fait part de son « insatisfaction à propos des constructions israéliennes dans les colonies ». Dimanche, Israël avait annoncé vouloir faciliter l’édification de plus de 4 500 logements dans les colonies en Cisjordanie occupée, illégales aux yeux du droit international. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Entre le Maroc et Israël, le « coming out » d’une relation très spéciale Pourtant, au vu du défilé des responsables israéliens à Rabat ces dernières semaines et de la participation de soldats de Tsahal à des manœuvres sur le sol marocain, la normalisation entre les deux pays, scellée le 10 décembre 2020, semblait en bonne voie. Après six décennies de coopération officieuse, excepté un bref épisode de normalisation après les accords d’Oslo, les touristes israéliens affluent vers le royaume et des partenariats culturels, militaires et commerciaux sont régulièrement annoncés… La relation entre les deux pays, nourrie par une importante communauté d’origine marocaine en Israël (472 800 selon Tel-Aviv, 800 000 selon Rabat), semble bien plus profonde que celle établie avec les autres pays arabes qui ont signé des accords de paix ou de normalisation avec Israël. Mais cette idylle semble freinée sur les plans politique et diplomatique. Les bureaux de liaison respectifs à Tel-Aviv et Rabat n’ont pas été transformés en ambassades. Soucieux de ménager une opinion publique majoritairement propalestinienne, les ministres marocains ne font pas, eux, le déplacement de l’autre côté de la Méditerranée. Et le Forum du Néguev est sans cesse repoussé.

Les accords « d’Abraham »

Après une première édition qui s’est tenue dans le désert éponyme, dans le sud d’Israël, en mars 2022, l’Etat hébreu, ses nouveaux partenaires des accords dits « d’Abraham » (Maroc, Bahreïn, Emirats arabes unis), ainsi que l’Egypte et les Etats-Unis, devaient se retrouver en mars au Maroc. Mais le pays hôte tergiverse, invoquant de possibles tensions entre Palestiniens et Israéliens lors du mois sacré de ramadan, puis, en mai, les frappes israéliennes à Gaza ou encore la proximité des dates avec la fête de l’Aïd-el-Kébir, qui débute le 28 juin. Un changement de nom a également été envisagé pour que le forum soit plus inclusif. Il vous reste 64.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.