Le chef du Parti libéral du Canada (PLC) a accusé le chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, de vouloir freiner les efforts déployés pour contrer les changements climatiques en abaissant les cibles de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
M. O’Toole propose noir sur blanc de revenir à l’approche Harper, aux cibles Harper. On les a déjà dépassées de loin. Alors, il veut non seulement ne pas en faire plus, il veut reculer dans la lutte contre les changements climatiques.Une citation de :Justin Trudeau, chef du Parti libéral
Justin Trudeau a mené cette charge frontale lors d’une conférence de presse matinale au cours de laquelle il a annoncé que, s’il était reporté au pouvoir, le Parti libéral du Canada investirait un milliard de dollars sur 10 ans pour restaurer et protéger les grands écosystèmes lacustres et fluviaux. Dimanche, les libéraux avaient présenté leur plan pour lutter contre les changements climatiques.
L’économie d’aujourd’hui et de demain passe par la lutte aux changements climatiques. Le Canada a perdu 10 ans sous le règne du Parti conservateur, qui propose maintenant de revenir en arrière, a-t-il dénoncé. On a travaillé fort depuis 2015 pour rattraper le temps perdu. On a fait énormément de progrès, a ajouté le chef libéral.
M. Trudeau a parlé de la nécessité d’avoir du leadership pour faire face à la crise climatique et d’en faire davantage pour protéger l’environnement. Erin O’Toole n’est pas capable de convaincre tous les membres de son parti que les changements climatiques sont réels, tout comme il n’est pas capable de convaincre tous ses candidats de se faire vacciner, a-t-il déploré.
Le plan des conservateurs
Pour sa part, le chef conservateur Erin O’Toole a écorché le programme libéral qui, selon lui, a failli à atteindre ses objectifs. Il a dit souhaiter que les cibles de réduction de GES, qu’il reverrait, soient honorées.
Erin O’Toole,: Radio-CanadaJe veux que le Canada respecte ses engagements. M. Trudeau fait des engagements, mais n’a pas un vrai plan. Nous voulons que ce pays se remette à travailler et à s’attaquer aux émissions, a-t-il dit en anglais.
Les Canadiens méritent un plan réel pour le changement climatique. M. Trudeau a raté ses cibles chaque année. En avril, j’ai lancé notre plan pour les changements climatiques. Commençons par atteindre nos objectifs et, après ça, on verra pour les augmenter, a-t-il indiqué.
Finalement, Erin O’Toole a dit prendre au sérieux le réchauffement de la planète. Nous sommes unis dans la lutte contre le changement climatique. Comme j’ai dit, tous nos candidats vont appuyer notre Plan de rétablissement du Canada, incluant les engagements pour le changement climatique, a-t-il déclaré.
Fronts ouverts contre le Bloc et le NPD
Justin Trudeau s’en est aussi pris au chef du Bloc québécois. Yves-François Blanchet a une vision à géométrie variable de ce qui est bon pour l’environnement. D’ailleurs, si vous pensez que c’est le Bloc qui fait avancer les choses pour l’environnement depuis 2015, j’ai des nouvelles pour vous. Ce n’est pas le Bloc qui a mis un prix sur la pollution partout au pays, a corrigé le chef du Parti libéral.
En outre, M. Trudeau a relevé des incongruités dans les positions de son rival. Ce que ça prend en matière d’environnement, c’est du leadership sans équivoque. Ce qu’on est en train de voir maintenant de M. Blanchet, c’est qu’encore une fois, il est plein de contradictions. Il essaie de dire que tout le monde se trompe; il n’y a pas de contradictions, puisqu’il le dit, a-t-il affirmé.
Notre cible présentement – et nous sommes en train de la mettre en oeuvre – c’est de 40 à 45 %. Alors, c’est facile pour le NPD d’arriver et de dire qu’il a une cible plus ambitieuse, a-t-il affirmé.
Défendre le bilan libéral
M. Guilbeault s’est fait interroger entre autres sur le bilan environnemental du PLC et sur ses attaques à l’endroit du chef bloquiste Yves-François Blanchet au sujet de l’aval donné à un potentiel développement pétrolier et gazier à l’île d’Anticosti, à l’époque où M. Blanchet était ministre au sein du gouvernement de Pauline Marois au Québec.
Aujourd’hui, nous investissons deux fois plus dans l’économie verte que dans les combustibles fossiles. Nous sommes le premier gouvernement dans l’histoire du pays à faire cela. Je suis le premier à reconnaître et à dire qu’on doit en faire plus et qu’on doit aller plus vite.Une citation de :Steven Guilbeault, candidat libéral et ministre sortant du Patrimoine canadien
Il a évoqué le fait que Greenpeace avait qualifié le plan libéral de lutte contre les changements climatiques de sérieux et ambitieux. Il a rappelé que le plan d’Yves-François Blanchet, alors qu’il était ministre québécois de l’Environnement, manquait de sérieux.
Pourquoi est-ce plus acceptable d’acheter un pipeline que d’être favorable à un projet d’exploration pétrolière qui n’a pas vu le jour? M. Trudeau a d’abord répondu en invoquant le besoin de réduire les émissions liées à la production et à l’utilisation du pétrole, tout en indiquant que nous vivons encore dans un monde qui dépend du pétrole.
On sait que les oléoducs, c’est plus sécuritaire, ça produit moins d’émissions que des camions-citernes ou des trains. Nous allons continuer de garder les gens en sécurité pendant qu’on fait cette transformation. On avait l’opportunité de vendre notre pétrole ailleurs qu’aux États-Unis. C’était une décision responsable et ça va amener des profits. Tous ces profits vont être investis dans la lutte contre les changements climatiques et dans le virage vert, a-t-il justifié.
Blanchet dénonce le double discours libéral
De son côté, Yves-François Blanchet a accusé les libéraux de dire une chose en matière environnementale et de faire le contraire en matière pétrolière.
Les libéraux prennent des engagements en matière de changements climatiques tout en soutenant la pire source d’émissions de gaz à effet de serre qui peut exister. Il y a évidemment un double discours, un double langage, un double standard. Les libéraux maintiennent une volonté d’augmenter la production et l’exportation de pétrole, alors qu’il faut au contraire plafonner et réduire ça, a-t-il soutenu.
Yves-François Blanchet,: Radio-CanadaLe chef bloquiste a dénoncé l’hypocrisie libérale. Moi, je continuerai à défendre résolument la nécessité de concilier la création de richesse, le développement et l’environnement, et les projets verts. Il faut concilier, l’avenir économique passe par-là. Et il n’y a pas, chez nous, d’hypocrisie dans les propositions, a-t-il assuré.
M. Blanchet croit que la loi doit être contraignante pour lutter contre le réchauffement planétaire. Le gouvernement, si jamais il est encore libéral, devra s’imposer des mesures contraignantes. Dans le cas des conservateurs, un changement de culture complet. Sinon, on se dirige vers une séquence de catastrophes écologiques qui vont être très coûteuses, a-t-il affirmé.
Yves-François Blanchet a aussi critiqué les promesses brisées de Justin Trudeau. Je réitère que des deux milliards d’arbres promis , bien il n’y en a pas un de planté. Cela reste des slogans, alors que le Canada reste le très, très, très mauvais élève en matière de lutte contre les changements climatiques, a-t-il soutenu.
Un texte de l’équipe de La Vérif de Radio-Canada fait cependant état d’au moins 800 000 arbres plantés jusqu’à maintenant sur les 2 milliards en 10 ans promis en 2019.