lequel était le plus fou ou drôle à faire ?Avec Philippe Lacheau, c’était cool, comme avec Sara Forestier, une actrice incroyablement brillante.
Rencontrer Olivier Giroud dans un film qui s’appelle Haters, j’ai trouvé ça cool car c’est un des footballeurs les plus critiqués alors qu’il a marqué un nombre de buts incroyable pour la France. Il y a Pascal Demelon, un mec brillant (notre personnage préféré, ndlr). Mais mon passage préféré est celui avec Franck Dubosc.
On parlait de comédie populaire tout à l’heure, lui en est un des représentants. Son numéro d’acteur dans le film, ce schizophrène qui a 18 personnes en lui, c’est top. Comme la scène avec Audrey Fleurot et Fred Testot.
Il n’y a pas un jour où je n’étais pas heureux en plateau. J’allais un peu au spectacle en fait. Seth Gueko est devenu un pote depuis, à des années lumière de l’image publique que l’on peut avoir.
On a fait beaucoup de lecture avec tous les personnages, c’était très écrit, très rythmé. Et Jean-Claude Van Damme alors ?On a pas échangé vraiment, non. C’est une déception de pas rencontrer JCVD mais le fait qu’il ait accepté de jouer dedans, c’est ouf ! Il m’a dit qu’il connaissait bien ce phénomène de haters.
“Tu as l’impression d’être dans les arènes de la Rome Antique, que les gens veulent du sang, de la haine, voir qui va démonter qui et ça, ça me fait flipper”Durant votre carrière, vous avez dû faire face à quelques polémiques : le sketch “Les Chinois”, Aya Nakamura, l’instagrameuse Maeva Ghennam. On vous tombe dessus, vous accusant de racisme, sexisme… Comment vous le gérez ? Il y avait eu cette petite fille qui vous avait dit avoir été choquée par votre sketch avec l’accent chinois…C’est bouleversant quand une petite fille de 10 ans te dit ça. Toutes ces polémiques m’énervent mais c’est le métier que j’ai choisi.
Il n’y a pas de métiers où il n’y a pas d’inconvénients. Je suis dans un milieu où j’ai un paquet d’avantages. 90% du temps je rencontre des gens qui me disent “Kev on t’adore, on kiffe ce que tu fais…” Je me sens bien à 30 piges dans ma carrière, donc j’essaie de relativiser.
Mais ce saurait te mentir de te dire que cela ne m’énerve pas. Pour revenir sur chacune des polémiques, car je n’ai absolument aucun souci à le faire, voilà ce qu’il faut savoir. Le sketch des chinois est un truc que l’on fait avec Gad Elmaleh.
L’assistante de Gad est d’origine asiatique et le premier truc qu’on lui demande est si elle trouve cela choquant car si ça l’est, on ne le joue pas. Si je ne parle pas de politique et de religion dans mes spectacles ce n’est pas pour offenser sur les races. Elle nous a dit qu’elle trouvait cela hyper drôle, que son père le trouvait génial et qu’il fallait le garder.
On termine la tournée, je pars à Los Angeles, nous voilà quatre mois plus tard et tu as les équipe de Clique (émission télé présentée par Mouloud Achour sur Canal+, ndlr) qui sortent cette espèce de polémique de nulle part. Quand je dis de « nulle part », il y a sûrement quelque chose qui a choqué les gens dans ce sketch, ce n’est pas le plus drôle que j’ai fait dans ma carrière, mais c’est fou car ce spectacle a fait 4 millions de téléspectateurs à la télé, on l’a joué devant 400.000 spectateurs et quatre mois après ça sort… J’ai trouvé ça fou, inédit.
Normalement tu détruis quelqu’un en live, t’attend pas quatre mois. J’ai vu ça comme une forme de violence. Pareil pour Aya Nakamura (Kev Adams comparait son nom à un sort d’Harry Potter, ndlr).
Je fais un sketch, il faut savoir que je suis fan de sa musique, et elle répond avec une violence dingue, puis elle dit que c’est pas elle qui a répondu, et après elle va à la radio et dit “j’aime pas ce gars”. Tu te dis “c’est fou quand même”. Moi je viens d’un école où jamais publiquement je ne permettrai de dire que je n’aime pas un ou une artiste, ne serait-ce que par respect pour les fans qui m’apprécient et apprécient cet(te) artiste.
Et puis, là récemment Maeva Ghennam, c’est un non-lieu pour le coup. Je la parodie dans une vidéo car c’est quand même dingue de faire une vidéo où tu te dis que tu refais faire le vagin et dire “J’ai un vagin d’une fille de douze ans”. S’il n’y a que moi que ça fait marrer et réagir, et bien on est dans une société dans laquelle j’ai perdu complètement le contact.
Mais j’ai fait le truc. Quelques personnes ont dit c’était honteux de se moquer d’elle mais 90% ont dit “oui, on peut se moquer d’elle”. C’est grave quand même de faire une vidéo où on fait ça.
Elle m’a envoyé un message pour me dire que ce n’était pas cool, mais je lui ai dit que si ça lui faisait du mal, j’enlevais la vidéo. Je suis là pour faire marrer, pas pour faire du mal aux gens. Et elle m’a dit de la laisser.
Souvent, quand tu creuses un peu dans les histoires, ça part de petites choses, d’incompréhension, de petits malaises qui prennent des proportions énormes. Et encore une fois j’ai l’impression que c’est parce que je suis dedans que ça devient gigantesque et que plein de gens saisissent le truc pour me critiquer. C’est comme ça.
Bourvil et Louis De Funès disaient à leur époque : “On ne va pas tendre le bâton pour se faire battre puisque l’on sait qu’il y en a plein qui n’attendent que ça”. Je ne me compare évidemment pas à eux, mais c’est quelques chose qui a toujours existé de péter à la gueule de quelqu’un à la première occasion. Je ne sais pas si j’ai la chance ou la malchance d’en faire partie.
Donc la sempiternelle question “Peut-on rire de tout ?” n’a même plus lieu d’être posée. Il faut faire attention à tout ce que vous dites…Tout ce qu’on dit, tout ce que l’on fait, oui. On parlait du sketch “Les Chinois” mais il y a d’autres humoristes à qui on a ressorti des sketches aussi.
Ahmed Sylla par exemple. On va fouiller ton CV, ton background, la moindre erreur. Alors que l’erreur, l’à peu près, c’est aussi ce qui crée des sketches mythiques donc c’est dommage.
Dans le film Haters, Philippe Lacheau dit “Si je ne dis pas que c’est de la merde, personne me retweete”. C’est fantastique comme phrase. C’est toute notre génération résumée là-dedans.
Typiquement, GQ si vous écrivez “On a adoré le dernier Wes Anderson”, vous allez faire 9 retweets, alors que si vous écrivez “Kev Adams, son dernier film est la pire des daubes que la France ait portée”, vous allez faire 500 RT. C’est dingue. Et ce n’est pas forcément de votre faute, vous êtes un média, vous avez besoin de clics.
On vit dans une époque où on célèbre la critique, le clash avec des millions de clics. Tu as l’impression d’être dans les arènes de la Rome Antique, que les gens veulent du sang, de la haine, de la hargne, voir qui va démonter qui et ça, ça me fait flipper. J’ai un petit frère qui a 15 ans et il ne parle que de qui a clashé qui, qui s’est séparé de qui, “t’as vécu le TikTok de cette fille comme il est horrible”… On est dans une célébration constante de la haine, du clash, de la méchanceté.
C’est terrible. J’espère que ce film sera un petit message subliminal pour dire “Est-ce que l’on a vraiment besoin de tant de haine, de méchanceté ? Je ne crois pas.”.