réalisateur l’année dernière de Connectés, le premier film sur le confinement, Haters a été écrit « assez vite » puis tourné « dans la foulée », « avec quasiment nos propres moyens » : « C’est un film qu’on a fait à l’arrache et au final je trouve que le résultat est plutôt très plaisant », se réjouit Kev Adams, qui insiste sur la distinction entre ce qu’il produit pour le streaming et pour le cinéma :
« Ce n’est pas avec ce film que j’avais prévu de faire mon retour, mais en même temps ce n’est pas non plus mon retour au cinéma. C’est un film de plateforme, mais pour un film de plateforme, il se consomme très, très bien. C’est un peu un film à sketches. Un film de plateforme doit être fabriqué avec l’intelligence de se dire que les gens peuvent mettre en pause pour aller chercher des chips ou aller pisser à n’importe quel moment. Je ne ferai pas un grand thriller comme Inception sur une plateforme ! »
Haters a été imaginé pour dénoncer la libération de la parole haineuse sur les réseaux sociaux. « Il y a de plus en plus de haine sur Internet », insiste Kev Adams. « Cette situation mène parfois à des tragédies donc je me suis dit qu’il y avait un film sympa à faire, une comédie évidemment légère, avec un sujet de fond qui touche énormément de monde, que ce soit Gad avec CopyComic, les YouTubeurs quand ils sortent une vidéo un peu bancale dont le sujet n’est pas compris, les hommes politiques en campagne ou les footballeurs. »Haters fait surtout penser à ce fameux sketch de 2018 où un Kev Adams grimé s’en prenait à sa propre carrière dans un numéro assez étonnant d’autodérision. Il ne cache pas s’en être inspiré pour ce film méta où il se fait insulter pendant une heure et demie. Une forme de catharsis un brin masochiste qu’il assume complètement. « Ça m’a fait marrer. Je trouve ça cool. On donne du sens à chaque ‘hater’ pour dédramatiser tout ça. C’est important d’avoir du recul. Beaucoup d’artistes qui subissent la haine décident d’être vraiment ultra silencieux face à ça. » Lui refuse.
Rôles métas
mais se heurte à ses propres limites. »C’est presque inconscient, mais c’est juste », répond Kev Adams, qui a écrit et produit la majorité de ses films. « Et effectivement, comme je suis à l’origine des projets, je mets souvent beaucoup de moi dans ces films. Amis publics, c’était vraiment méta, avec ce mec qui se filme, qui demande de l’aide sur les réseaux sociaux. J’ai fait très peu de films qui m’ont été proposés par l’extérieur. J’aime bien avoir un contrôle total sur ce que je fais pour pouvoir l’assumer pleinement. » Et le comédien d’insister : « Forcément, il y a des films que j’aime plus que d’autres, mais je ne regrette rien. Il ne faut pas regretter les films. C’est déjà une chance d’en faire. »
« Pas sûr d’avoir un bon instinct »
blockquote class= »embed embed_quote »> »Quand je faisais Les Profs, dans ma tête, je ne faisais pas de film pour les enfants. Je me disais que je faisais un film, et qu’il toucherait qui il devait toucher. De la même manière que pour mes spectacles j’ai toujours écrit ce qui me faisait plaisir, ce que je ressentais. Il se trouve que ça a touché un public très, très jeune au début, puis moins jeune après. C’est plus un travail de marketing de réfléchir qui on va toucher avec un film. Ce n’est pas un travail artistique. Le travail artistique, c’est l’histoire que tu veux raconter, le rôle que tu veux défendre. »
Kev Adams a malgré tout été confronté à cette question. Entre Aladin et Gangsterdam, il s’est passé seulement deux ans. Deux ans pendant lesquelles ses ambitions de cinéma ont grandi plus vite que sa fan-base. Les films ne semblaient plus tout à fait leur correspondre et les entrées s’en sont ressenties:
« Ce n’est pas faux. C’est la preuve que je ne réfléchis pas vraiment à qui le film va parler ! Je me demande plus si ça m’amuse de faire ça à ce moment-là. Je peux y aller tête baissée, quitte à me planter parfois. C’est tellement particulier de passer deux mois sur un plateau de cinéma. Il faut vraiment aller là où ça te fait kiffer. Il faut faire un film que tu aimerais voir. Parfois, c’est totalement en accord avec mon public, et parfois ça ne l’est pas. C’est comme ça. »
Kev Adams fonctionne surtout à l’instinct. « Si tu enlèves l’instinct, dans ce métier, il n’y a plus rien », affirme-t-il. « Il y a trop de gens qui ont quelque chose à dire et après tu t’y perds. J’essaye donc de suivre l’instinct à fond. » Pour autant, il n’est pas toujours sûr de lui. « Franchement, je ne suis pas sûr d’avoir un bon instinct. Parfois, c’est mortel. Parfois, c’est moins mortel. C’est le jeu de ce métier. Dans tous les cas, j’assume à mort. Je ne vais pas lâcher ma conviction. »Kev Adams se prépare pour une année 2022 très chargée. Le 19 janvier, ses fans et ses détracteurs pourront le voir dans L’Amour c’est mieux que la vie, le cinquantième film de Claude Lelouch où il tient « un petit rôle bouleversant ». « J’ai adoré tourner avec lui, c’est un de nos plus grands metteurs en scène. »Le 23 février, il donnera la réplique à Gérard Depardieu, Daniel Prévost, Mylène Demongeot et Liliane Rovère dans Maison de retraite, comédie de Thomas Gilou (Black Mic Mac, La Vérité si je mens) dont le tournage a été interrompu à plusieurs reprises par le Covid. « Ça a été un peu l’enfer ce tournage et en même temps c’est ce qui je crois a rendu le film magique », précise l’humoriste, qui a refusé des propositions de rachat par les plateformes. Il voulait qu’il soit projeté sur grand écran :
« C’est un film très important pour moi. Ça touche à la famille, aux personnes âgées. J’ai toujours été très proche de mes grands-parents. J’ai perdu mon grand-père pendant la pandémie. C’est un film que je lui ai dédié, ainsi qu’à toutes les personnes âgées qui ont été isolées, qui ont été les plus grandes victimes de ce Covid-19. »
En fin d’année 2022, l’acteur achèvera son retour avec Bloqué, une comédie avec Camille Lellouche sur deux personnes coincées dans un ascenseur un soir du nouvel an. Kev Adams sera omniprésent en 2022 et il en est presque désolé. « Pendant trois ans, j’ai sorti aucun film, et là je me retrouve avec quatre films sur la saison 2021-2022, ce qui est franchement beaucoup trop ! » Les « haters » seront au rendez-vous. Il le sait, mais il n’a pas peur : « Je leur répondrai qu’il y a un film pour eux sur Prime Video ! »