la rudesse de la première ascension, les 1 450 m de dénivelé de la Tête de la Tronche au-dessus de Courmayeur, pousse à relativiser quelque peu la dimension accessible de la CCC. Nous n’en sommes qu’aux premières heures et Cyril, modeste traileur parisien ayant fait ses armes sur sentiers depuis quelques années et entamant son premier ultra, est vite rentré dans le vif du sujet : la dernière partie de la montée est raide et le nombre important de coureurs rend la progression lente et laborieuse. Déjà, les cuisses montrent des signes d’usure.
Sur la CCC, il faut courir
les barrières horaires imposent une allure, certes douce, mais n’admettant pas le pas lent sur sentier roulant. « Ça va, mais ce ne sont pas les jambes de grands jours », concède Cyril, un peu nerveux. Sommes-nous vraiment dans un mauvais jour ou simplement pas à la hauteur du défi qui se présente devant nous ?
Les Français ont signé un doublé sur la CCC : victoire pour Thibaut Garrivier (à l’image) en 10h23, devant le Néo-Zélandais Scott Hawker et Thibaut Baronian, pour son premier ultra. (Dunouau/UTMB)
Arnouvaz, 27e km. Devant nous, le Grand Col Ferret, un mythe de l’UTMB. De celui qui désigne des vainqueurs et qui brise des destins. C’est aussi le vrai premier challenge de la CCC. 850 m de dénivelé à encaisser et un col à franchir par grand vent. Le rythme est lent mais le pas régulier. Et puis la suite n’est qu’une longue descente jusqu’au pied de la base de vie de Champex-Lac (km 55). 23 km de descente en montagne, ce n’est pas exactement une promenade de santé lorsque l’on vit en plaine et que nous n’ingurgitons pas du dénivelé à chaque sortie. Une erreur commune chez les apprentis ultra-traileurs. Cyril s’apprête à l’apprendre au prix fort. Ce fut d’abord un pincement derrière le genou, puis une douleur qui pousse à la réflexion : musculaire ou tendineuse ? Il est possible, mais peu recommandé, de continuer avec une douleur musculaire. Il peut devenir impossible d’avancer avec une tendinite.
Une épreuve exigeante
Passé La Fouly, Cyril vit un calvaire, peinant désormais à plier la jambe droite. C’est une tendinite. La messe semble dite pour cette première expérience : Cyril n’ira pas plus loin que le 55e km. « Frustrant car j’avais retrouvé de l’énergie et je me sentais bien dans le vertical », explique le jeune homme en éteignant sa montre. Que faut-il retenir de ce premier test sur un ultra ? La CCC est-elle trop dure pour un premier 100 km en montagne ? « Pas forcément, répond Cyril. Il faut simplement respecter la distance et se préparer consciencieusement. Je n’étais pas prêt. Mais je suis capable de finir un tel défi un jour. Il faut en faire un objectif central dans une saison et faire le « taff ». Avant ce premier test, j’en doutais, sincèrement. » « Sur la CCC, les grosses difficultés commencent après Champex-Lac », prévenait un concurrent croisé en début de course. Et les 40 derniers kilomètres sont les plus durs. Ils se font de nuit, après déjà, environ, 10-12h d’effort. La CCC a beau ne jamais dépasser les 26h30 de course, ne pas excéder les 100 km et paraître sur le papier une bonne première expérience sur ce format : elle reste une épreuve exigeante pour le corps et l’esprit. Et ne doit surtout pas s’envisager à la légère.