Jean-Louis Cornalba ou la passion du trait dans le Perche


Publié le

8 Fév 24 à 8 :00

Jean-Louis Cornalba ou la passion du trait dans le Perche

 

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Désormais installé au Mêle-sur-Sarthe (Orne), Jean-Louis vit de ses dessins. Depuis qu’il est tout petit, et aussi loin qu’il s’en souvienne, il dessine : « Je dessinais n’importe quoi, tout, oui n’importe quoi oui, d’autant que je n’étais pas un grand bavard, on va dire ».Sans compter que « le dessin est lié à l’imaginaire et à l’enfance. Les gens pensent que le dessin c’est pour les enfants, parce que dessiner c’est plutôt rigolo et pas sérieux ».

Fais-moi un dessin

Il insiste  : « D’ailleurs c’est comme une évidence, tous les enfants passent par le crayon pour s’exprimer, et puis ça occupe – fais-moi un dessin, demande-t-on souvent aux plus petits ».Mais une fois passé un certain âge, assez vite en fait, on ne s’autorise plus à dessiner, on n’ose plus.Les adultes redoutent le jugement – on nous a tellement inculqué les notions de réussite et de maîtrise, alors que dans le fond on s’en fiche royalement de savoir si un dessin est beau ou pas », remarque le dessinateur-graphiste, installé à Mortagne-au-Perche.Après le bac, Jean-Louis choisit Estienne, l’une des quatre écoles supérieures d’art de Paris.Son diplôme en poche, il se lance comme graphiste  : « Je travaille l’expression visuelle à travers des images de communication, logos et typographie, pour des boîtes de sucre ou des pochettes de disque pour le compte d’agences de communication où j’ai un statut de DA (directeur artistique) ».Vidéos : en ce moment sur ActuJean-Louis dessine aussi pour les autres.Les autres, c’est par exemple les éditions Seuil Jeunesse pour lesquelles en compagnie de Vincent Malone, il a œuvré sur Cochon Neige, Le Petit Chaperon de ta couleur, Kiki en Amérique, Kiki fait un cauchemar, Kiki fait des crêpes…

Pages d’Histoire

C’est encore les magazines jeunesse du groupe Bayard, en particulier les pages d’Histoire de J’aime Lire ou Pomme d’Api  : « Pour les besoins éditoriaux, je réfléchis à la commande que l’on vient de me passer, le format, les couleurs, et je travaille sur l’ordinateur.Cela me permet de rectifier plus facilement les corrections à apporter, sur le petit bout de dessin par exemple.L’ordinateur offre cette souplesse et cette rapidité d’exécution.Je travaille à partir de petits croquis que j’exécute au kilomètre, pour me représenter ce que l’on me demande, pour le mettre en images. »Jean-Louis illustre aussi bien des univers de pirates, des jeux pour les petits et les ados, que des questions de société, autour de l’école ou de la sexualité…

Dessiner pour soi

Et à la marge des commandes, le dessinateur dessine – pour lui ! Ses dessins, dit-il, ne sont pas académiques, d’autant qu’ils ne représentent pas un but en soi  : « Il s’agit de faire surgir des choses à partir de rien, et de voir ces choses surgir. Je travaille en noir & blanc, parce que le dessin jeté est plus direct, plus vivant. Et puis j’ai un problème avec la couleur, je ne suis pas un coloriste » explique-t-il.

Encre de Chine, feutre, plume, pinceau

Il aime l’encre de Chine, le feutre, la plume, le pinceau, mais dans le fond peu importe  : « C’est le trait qui me plaît ».Et puis il y a « des trucs en collage », des découpages, des assemblages…Jean-Louis utilise toutes sortes de papiers, vierges ou pas, des coins de journaux  : « Il est plus facile de bosser sur un papier quelconque que sur un beau papier, sur un papier de valeur, de peur de le gâcher.Pour mes croquis personnels que je ne garderai pas, où je développe des styles, des choses en devenir, un bout de papier suffit, des pages de vieux bouquins, la trame de gravures…Je ne construis pas mentalement une image en amont, tout dépend du matériel de base que j’utilise. »Jean-Louis présente un physique élégant et distingué. Il parle doucement, posément, avec un soupçon de retenue et de timidité.Comme il pratique le caviardage (le fait de masquer des mots pour en révéler d’autres), il s’amuse au jeu du cadavre exquis, initié par les surréalistes.La question de l’utilisation des mots dans son travail se pose, mais des mots, il se méfie  : « Les mots, ça se barre trop, je n’arrive pas à les fixer. Mon travail est très visuel, et je n’utilise des mots précisément que s’ils proposent une part graphique intéressante. »Depuis 2005, avec Chloé Sadoun, ils ont posé leurs valises au Mêle-sur-Sarthe, pas très loin de Paris – pour poursuivre leurs collaborations, Chloé est aussi dessinatrice, et se mettre « au vert, entre champs et prés, vaches et chevaux » pour respirer.

Un espace qui nourrit

d’enseignes, de néons, de feux rouges, d’embouteillages, de bruits et de fureur.Et à la question pourquoi dessinez-vous ? Jean-Louis répond dans un sourire tendre et implacable  : « Je dessine parce que je dessine ! Ce n’est pas une question que l’on se pose quand on crée ! ». Et toc ! Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.