"La dépendance des pays en développement est terrible"


Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, en charge de la «task force» sur le renforcement de la production de vaccins, répond aux questions de Paris Match.

Covid-19 : l’Afrique en état d’urgence

« Un projet digne d’une économie de guerre « 

Tout va très vite, on essaie de gagner la « guerre » contre la pandémie en Europe, mais aussi de permettre dans le même temps de la gagner dans les pays moins développés. Il fallait se mettre en mouvement pour le continent africain, développer une infrastructure, effectuer un transfert de technologies et permettre une plus grande autonomie.

Vous saluez la rapidité avec laquelle ce projet a été mis en place, il est vrai que tout va très vite depuis un an et demi…Oui, c’est fou. Je disais que c’était une économie de guerre, et ça l’est. C’est notre nouvelle vie depuis le début de la pandémie.

C’est bien sûr le cas avant tout pour la science qui a développé des vaccins en temps record dans l’histoire de l’humanité, mais c’est aussi le nouveau rythme des institutions publiques. L’Europe produit environ 300 millions de doses par mois, les usines fonctionnent H24. Il y a un an, je le rappelle, on ne savait même pas si un vaccin fonctionnerait.

Comment voulez-vous avancer plus vite sur le plan scientifique, industriel, du point de vue de la coopération également. A présent, dans sept ou huit mois, cette usine de production verra le jour à Dakar. Il a fallu tout inventer.

Avec ce projet qui se concrétise, on constate que rien n’est impossible. Et cela permettra à terme une autonomie sur cette partie du continent face aux futures pandémies ?C’est le projet. Au départ, nous allons évidemment nous focaliser sur un vaccin COVID et qui a démontré sa capacité face au variant.

Derrière, il y aura une plateforme multi-technologique avec des vaccins à vecteur viral, ARN messager, ou protéine recombinante. Il y a l’aspect sanitaire mais aussi la capacité de mouvement. Il faut un vaccin qui puisse permettre aux Africains de voyager et qui soit reconnu par l’agence de santé européenne et américaine.

Il y aura la palette complète. Puis dans l’avenir, on mise sur une plateforme nettement exportatrice de vaccins pour les générations futures dans le continent.