On aurait cru à une mauvaise blague. Le docteur Arruda et François Legault qui envoient encore une fois des signaux contradictoires dans la même journée.
Ça se justifiait encore il y a quelques mois.
Mais après près de deux ans de pandémie, quand tout le monde en a ras le bol, la pilule passe moins bien.
À quatre semaines de Noël, les Québécois ne savent toujours pas sur quel pied danser.
Pendant que le shérif Horacio nous met en garde contre les rassemblements à plus de dix, son patron nous fait miroiter un Noël en famille élargie.
Confronté à ces contradictions, François Legault s’est plaint hier qu’on ne peut plus « dire ce qu’on pense » et qu’il devait « apprendre » à ne plus répondre à ce « genre de questions ».
Un peu plus et le premier ministre blâmait la rectitude politique imposée par le « wokisme » ambiant.
Sévère
Sur le fonds, il est utile d’offrir un peu de perspective.
François Legault n’a pas tiré d’un chapeau le chiffre de 25 convives autorisés durant le temps des Fêtes.
Même si les Québécois sont parmi les plus vaccinés au pays, ils sont aussi les plus limités dans les rassemblements privés.
Est-ce le traumatisme de la première vague ?
Les Ontariens ont le droit de se rassembler à 25, tout comme en Nouvelle-Écosse.
Au Nouveau-Brunswick, un ménage a le droit d’inviter les mêmes 20 personnes, comme une sorte de grosse bulle.
Au Manitoba, les non-vaccinés peuvent inviter seulement un autre ménage, alors que les gens pleinement protégés n’ont aucune limite à respecter.
Idem en Saskatchewan et en Colombie-Britannique, où l’on n’impose aucune restriction aux rassemblements intérieurs, sauf dans certains secteurs.
Seule l’Alberta est aussi sévère que nous. Elle a vécu l’enfer l’été dernier à cause d’un déconfinement trop rapide avant que les vaccins arrivent en masse.
Dépoussiérage
Que François Legault veuille dépoussiérer nos mesures sanitaires est tout à fait normal.
Le risque de décrochage dans la population est plus que réel, il a déjà commencé. Êtes-vous allé faire un tour dans un bar ou un restaurant récemment ?
En théorie, la règle veut que les gens portent le masque lorsqu’ils ne sont pas assis, ou lorsqu’ils ne mangent ou ne boivent pas.
Le verre de bière qu’on tient à la main, qu’il soit plein ou vide, devient vite un simple accessoire pour s’en libérer.
On nous a dit que nous devions apprendre à vivre avec le virus. C’est-à-dire, en bonne partie, avec une part d’incertitude.
Une incertitude, malheureusement, que notre classe politique alimente encore sans le vouloir.