Lui-même estimait encore récemment que la Fed devrait remonter ses taux trois fois cette année.
« Je pense en fait maintenant que nous devrions peut-être passer à quatre hausses en 2022 », déclare-t-il au WSJ. Compte tenu de la menace inflationniste, il juge même crucial que la Fed s’y attelle « le plus tôt possible ».
Les marchés pourraient se rappeler au bon souvenir de la Fed
Le raisonnement est le suivant : plus la Fed agira vite, moins elle aura besoin de remonter ses taux au fil du temps.
Un point essentiel. Les liquidités ont tellement alimenté la hausse des marchés qu’au-delà d’un certain stade dans le resserrement monétaire, ces derniers pourraient se rappeler au bon souvenir de la banque centrale américaine. « Même si la Fed considère que le taux neutre des Fed funds (celui qui permet une croissance non inflationniste, ndlr) se situe autour de 2,5 %, elle va avoir du mal à les amener au-dessus de 1,5 %, sans que les marchés financiers ne lui coupent les ailes », ironise Albert Edwards, le stratégiste de Société Générale, bien connu pour son biais baissier.
Plus de hausses de taux, plus vite ? Plusieurs membres de la Fed se sont prononcés ces derniers jours en faveur d’un premier relèvement dès mars. Parmi eux, Mary Daly, la présidente de la Fed de San Francisco, généralement considérée comme une « colombe » (favorable à une politique monétaire accommodante) et Patrick Harler, le patron de la Fed de Philadelphie.
Bilan de la Fed
Interrogée sur la rapidité avec laquelle elle estimait que le bilan de la Fed devait se réduire, la présidente de la Fed de Cleveland, Loretta Mester (classée de son côté parmi les « faucons ») a, par ailleurs, déclaré : « Franchement je voudrais le réduire le plus vite possible, à condition que cela ne perturbe pas le fonctionnement des marchés financiers.
»Certains mettent en parallèle le nouveau zèle de la Fed à lutter contre l’inflation et la baisse de la popularité de Joe Biden dans les sondages, alors que les Américains commencent à souffrir de l’augmentation du coût de la vie. Une chose est sûre : les craintes inflationnistes ont fait passer au second plan son souci de pré-annoncer ses décisions très longtemps à l’avance pour ne pas surprendre les marchés. « La communication de la Fed est devenue beaucoup plus agressive en l’espace de quelques semaines.
Il y a un mois, rares étaient ceux qui s’attendaient à une première hausse des taux en mars », remarque Vincent Juvyns chez JP Morgan AM.
Virage bien négocié
explique-t-il.
Compte tenu de la sensibilité du cycle réel américain aux effets de richesse, ce n’est pas quelque chose que la Fed pourrait complètement ignorer. »Il souligne toutefois le risque que les taux de marché « suivent cette année une courbe en cloche et dépassent momentanément le seuil de 2 % au premier semestre, surtout si le ralentissement attendu de l’inflation tarde un peu. ».